Vue de l’hôtel de ville de Marseille pendant la peste de 1720 (avec détails)

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Titre

Vue de l’hôtel de ville de Marseille pendant la peste de 1720 (avec détails)

Description

Montrer la peste, en garder le souvenir :
la Vue de l’hôtel de ville de Marseille pendant la peste de 1720 par Michel Serre


Né à Tarragone en 1658, Michel Serre a séjourné à Rome, Naples et Gênes. Il s’est installé à Marseille en 1675 et a vite obtenu la clientèle de notables et des couvents. Il est depuis la fin du XVIIe siècle « l’artiste le plus en vue de Marseille » selon sa biographe, Marie-Claude Homet, et il a été reçu à l’Académie royale de peinture en 1704. Il est mort en 1733. Il a été commissaire du quartier Saint-Ferréol pendant la peste et il est donc un témoin direct et un acteur de premier plan. Il a peint ce tableau entre mai et octobre 1721 (Serre s’est représenté à bord d’une barque en train de l’exécuter). Il réalise ensuite une Vue du Cours. Les deux toiles étaient approximativement de même dimension mais la Vue de l’hôtel de ville a été amputée de sa partie gauche avant la Révolution. Ces deux tableaux sont présentés à Paris par les fils de Serre au Régent puis ils les montrent à la foire Saint-Germain de 1723 et « ils prennent de l’argent pour les faire voir », ce qui scandalise les membres de l’Académie royale de peinture : ils votent l’exclusion de Michel Serre le 21 août 1723. Serre fait cesser l’exposition et s’excuse auprès de l’Académie, laquelle le 30 octobre, selon ses procès-verbaux, « l’a rétably dans sa qualité d’académicien, ainsy qu’il étoit auparavant, joint aussi à la forte recommandation de Monseigneur l’evesque de Marseille ». Henri de Belsunce est donc venu à la défense de son peintre favori. On ignore ce que ces tableaux deviennent au cours des décennies suivantes. Une acquisition par Mgr de Belsunce est possible. Les deux toiles se trouvent au collège Belsunce, le collège marseillais des jésuites, fondé par l’évêque, lors de sa fermeture en 1764. L’historiographie jésuite avance qu’elles avaient fait partie d’un don consenti en 1747 par l’évêque au collège. Elles sont acquises par les échevins qui les placent dans la salle des pas perdus de l’hôtel de ville d’où elles entreront au musée en 1845. Michel Serre a sans doute vu lors de son séjour à Naples la toile de Micco Spadaro, La peste à Naples en 1656 qui a pu lui inspirer la représentation réaliste des corps pestiférés. Mais Spadaro montre la Piazza Mercatello où l’on déposait les cadavres. L’audace de Serre est de montrer le cœur monumental de la ville et de peindre des malades, mourants et morts et ceux qui s’occupent d’eux. Ces deux œuvres sont fondées sur le contraste entre l’architecture moderne de la ville et le spectacle d’effroi, digne d’un autre âge, qui s’y déroule. L’artiste a voulu montrer le paroxysme de l’épidémie et le moment où les autorités commencent à reprendre le contrôle de l’espace public. La Vue de l’hôtel de ville semble avoir initialement montré peu de membres du clergé et pourrait mettre l’accent sur le rétablissement de l’ordre, le courage et le dévouement civil. Mais plusieurs jésuites, avec leur bonnet carré, ont été rajoutés a posteriori, sans doute lorsque les deux toiles sont entrées au collège Belsunce. Ces deux tableaux constituent, en dépit de leurs conventions picturales, de très intéressants témoignages de l’état de la ville pendant le fléau. À quelques détails près, les architectures semblent exactes. Pour les scènes de la peste, il est aisé de les confronter aux récits d’autres témoins et acteurs majeurs, ceux de Pichatty de Croissainte ou du docteur Bertrand, avec cette légère réserve que ces derniers étaient parus lorsque ces tableaux furent achevés. Ces toiles ont eu au collège Belsunce puis à l’hôtel de ville pendant plus d’un siècle valeur de mémorial et d’exemplarité.

Couverture

Couverture spatiale

Marseille

Couverture temporelle

Date

Type

Peinture

Contributeur

Relation

Bertrand, Régis, « L’iconographie de la peste de Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », actes du colloque Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen Age au milieu du XXe siècle, Marseille, 30 mai-1er juin 1991, Aix, Public. de l’université de Provence, 1992, pp. 75-87, ill.

Wytenhove, Henri  (dir.), La peinture en Provence au XVIIe siècle, Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 202, pp. 147-148 (notice de M. Cl. Homet).
Homet, Marie-Claude, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Aix, 1987, n° 122.A, pp. 142-143.
Chevé, Dominique; Signoli,  Michel; Dutour, Olivier ; Boêtsch, Gilles, « Réalité et imaginaire de la peste en Europe : représentations iconographiques de l’épidémie » , Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2002, t. 125-3, Paris, Cths,  pp. 137-152.

Référence bibliographique

Serre, Michel, Vue de l’hôtel de ville pendant la peste de 1720, Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Source

Musée des Beaux-Arts de Marseille / ville de Marseille

Droits

Domaine public

Ayants droit

Ville de Marseille
Photographies des détails : Frédérique Bertrand, architecte dplg

Format

h. 3, 06 m x l. 2,77 m.

Support

huile sur toile

Original Format

h. 3,06 m x l. 4,40 m

Physical Dimensions

h.,3, 06 m x l, 2,77 m.