Billet de santé Joseph Mingeaud établi par les intendants de la santé de Cabasse

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Titre

Billet de santé Joseph Mingeaud établi par les intendants de la santé de Cabasse

Description

« Nous Intendants de la santé établis en ce lieu de Cabasse certifions que Joseph Mingeaud, soldat de Marine portant trois chemises de coton et une paire bas et une paire soulier est parti de ce lieu où il n’y a aucun soupçon de mal contagieux, pour aller à Toulon, passant par Le Luc et Collobrières et Solliès. Prions de le laisser passer librement. À Cabasse, ce vingt six octobre 1721 [signé] Agnelly, consul. Vu au Luc le vingt six décembre 1721 : [signé] Barbarroux, officier de santé. Vu à Solliès le 27 décembre 1721 [signature] Vu à Collobrières le 27 décembre 1721 où il a couché [signé] Brémond, capitaine de garde. Vu à Solliès le 27 décembre 1721 [signé] Gensollen, officier de santé. Vu à la barrière de Raganas le où M. Blanc l’a refusé disant que le lieu d’où il est parti était consigné. A Toulon, Desaretier. »

Dès l’annonce de la contagion chaque localité adopte, pour se protéger, des mesures inédites ou en réveille d’anciennes en privilégiant le contrôle de la circulation des hommes et des marchandises. Des barrières sont placées sur les routes et les chemins, des fossés sont creusés et des postes de gardes sont aménagés avec des sentinelles et des hommes en armes affectés à tour de rôle pour vérifier l’identité des personnes s’y présentant munis d’indispensables billets de santé. Ainsi, à Salon, près d’Aix, outre une garde sur les voies de communication, les consuls préconisent dès le 4 août 1720 d’établir, de jour comme de nuit, des cavaliers ou archers autour de la ville, de confier la porte où sera le corps de garde à d’anciens capitaines d’infanterie et de mettre à chaque poste une personne sachant lire afin d’examiner les « billettes » ou « bullettes ». Les cités du littoral provençal suivent rapidement de semblables précautions. À Bandol comme à Saint-Tropez, dès août 1720, les conseils de ville obligent les pêcheurs à se munir de tels billets. L’arrêt du conseil d’État du 14 septembre 1720, interdit de franchir les lignes matérialisées par le Rhône, la Durance et le Verdon sans avoir fait une quarantaine et sans présenter des billets de santé, « à peine de galère à temps contre les hommes, de fouet et de bannissement à temps contre les femmes et filles pour la première contravention, et de mort en cas de récidive. » L’usage dépasse le cadre provençal : les parlements de Toulouse, Dijon et Besançon exigent des « billettes de santé » dans tous les lieux de passage et repoussent les marchands et marchandises venant de Provence. Sur ces billets, délivrés par les responsables sanitaires, sont indiqués, à l’instar des patentes des navires exigés à l’entrée des ports, l’état sanitaire du lieu d’origine, l’identité du porteur, sa qualité, parfois la nature des marchandises ou le contenu des bagages, ainsi que le jour du départ. Toutefois, alors que les patentes portent les noms des lieux qui ont été visités, les billets mentionnent parfois ceux qui le seront par le porteur au fur et à mesure de son déplacement. Ces éléments permettent aux divers gardes de vérifier la progression du parcours et d’accorder ou non l’entrée, comme c’est le cas pour le soldat Mingeaud qui se présente à la barrière de Réganas, près de Toulon. Un tel refus, passible selon le parlement d’Aix de 3 000 livres d’amende, est parfois brièvement justifié sur la « billette », comme fait pour le soldat Mingeaud. Ces pièces essentielles pour se déplacer sont quelquefois pré imprimées à l’instar de celles de Cabasse ou de Draguignan, où les consuls ont fait « menuiser une planche pour mouler les billets de santé [qui seront ensuite] imprimés et marqués aux armes de la ville » afin d’authentifier le document. Néanmoins, la découverte près d’Oraison (vallée de la Durance) d’un portefeuille appartenant à des marchands de Valensole « plein de billets de santé non signés et non datés », laissent entrevoir de possibles trafics et malversations…

Couverture

Couverture spatiale

Provence

Couverture temporelle

Date

Type

Archive

Langue

Contributeur

Relation

Buti, Gilbert, « L’Intendance de la Santé de Marseille au XVIIIe siècle : service sanitaire ou bureau de renseignements ? », in P. Calcagno et D. Palermo (dir.), La quotidiana emergenza. Il molteplici impieghi delle istituzioni sanitarie nel Mediterraneo moderno, Palerme, New Digital Frontiers, 2017, pp. 43-61.
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Mouysset, Sylvie, La peste en Rouergue au XVIIe siècle, Pont-les-Bains, Pour le Pays d’Oc, 1992.
Windsor, John, « Valensole. La peste de 1720 », Amis du vieux Valensole, 1984.
Hildesheimer, Françoise, « La protection sanitaire des côtes françaises au XVIIIe siècle », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 1980, oct.-déc., pp. 443-467.
Buti Gilbert, Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020, Paris, Le Cerf, 2020.
Biraben, Jean-Noël, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, 2 volumes, Paris-La Haye, Mouton, 1975-1976.

Référence bibliographique

Billet de santé Joseph Mingeaud établi par les intendants de la santé de Cabasse , AN, Mar/B/3/275. Intendances de santé de Marseille et de Toulon. Documents relatifs aux épidémies. 1721. Folio 265 recto et verso.

Source

Intendances de santé de Marseille et de Toulon

Ayants droit

Cliché : G. Buti

Format

12 cm x 10 cm

Support

Archives (papier)