L’épidémie de grippe serait en décroissance à Paris

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Titre

L’épidémie de grippe serait en décroissance à Paris

Description

Cet article du Petit Journal s’inscrit dans le contexte de la seconde vague de l’épidémie qui s’étend en France d’août à novembre 1918, la saison automnale constituant son point culminant. Le nombre d’articles consacrés à la situation sanitaire augmente de façon significative au cours de l’été. Clairement identifiée désormais sous le vocable de « grippe espagnole », l’épidémie est envisagée au prisme du nombre de ses victimes. La couverture de l’événement s’intensifie à partir de septembre 1918 lorsque la courbe de mortalité croît : à Paris, entre le 5 octobre et le 2 novembre on compte 3 734 morts. Les signes de la mobilisation des pouvoirs publics se multiplient en conséquence durant cette période. Le Ministre de l’intérieur a rendu obligatoire la déclaration de la grippe en tant que maladie contagieuse. Le sujet s’invite en outre dans les débats parlementaires. A la mi-octobre une cellule interministérielle est créée destinée à gérer la crise à l’échelle du territoire. De son côté, la presse relaie les recherches conduites par l’Académie de médecine sur les origines et les moyens thérapeutiques disponibles. Le traitement médiatique de l’information grippale se reflète dans ces données quantitatives : pour le seul mois d’octobre 1918, Le Figaro consacre 32 articles à la pandémie ; Le Petit Parisien, 41. Dans ces conditions, l’annonce d’une décrue de la contagion suscite le soulagement. Comme dans toute situation de crise sanitaire, la culture du chiffre s’affiche. C’est par la baisse du nombre d’hospitalisations que l’on rend intelligible le recul de la contamination. Au cœur du dispositif de lutte contre l’épidémie, l’hôpital occupe une place centrale, idéalement pour soigner, de façon plus pragmatique pour servir à l’isolement des malades comme l’indique l’allusion aux lits qu’on desserre dans des locaux bondés.

Cet article constitue une illustration significative de la spécificité de la mise en récit de la crise sanitaire par les médias durant la pandémie grippale de 1918. Si la question de la responsabilité des autorités dans la gestion de l’épidémie est en effet posée, l’article ne conclut pas à leur incurie. « On ne peut incriminer personne », telle est la leçon tirée de la situation dépeinte par Le Petit Journal. La presse écrite ne rejoue donc pas le scénario qui a caractérisé la couverture médiatique de la grippe russe de 1889, orchestrée autour des défaillances de l’action publique. Si le contexte guerrier incite en 1918 les journalistes à ne pas réclamer de comptes, ils n’en informent pas moins leurs lecteurs sur la situation de pénurie qui domine. Celle-ci est manifeste au niveau des médicaments, en nombre insuffisant ; du personnel médical, amplement mobilisé au front comme à l’arrière au chevet des soldats ; en termes de locaux enfin, puisque, des établissements dépendant directement du Service de santé aux armées jusqu’aux services des hôpitaux civils réquisitionnés pour soigner les blessés, l’ensemble des structures de soins a été mobilisé pour soutenir la France en guerre. A rebours des propos du Directeur de l’Assistance et de l’Hygiène, rapportés dans l’article, la thèse de Frédéric Vagneron (2015) a montré que le gouvernement a été largement dépassé en termes de gestion de la situation, laissant place « à une mosaïque d’expériences locales » constituant autant d’initiatives désynchronisées entre elles, engageant les pouvoirs municipaux dans la lutte contre la maladie. La concurrence que l’économie de guerre fait peser en la matière sur les autorités civiles s’exerce dans divers domaines : non seulement pour ce qui est de la prise en charge des malades qui manquent de soignants et de médicaments, mais aussi pour ce qui concerne le traitement des défunts dont il faut assurer au plus vite l’inhumation. A titre d’exemple, le 1er octobre 1918 le maire de la ville de Marseille attire l’attention du général commandant la place (15ème région militaire) au sujet du service municipal des Pompes funèbres. Face aux difficultés que ce dernier rencontre « à raison du taux exceptionnellement élevé de la mortalité et de l’impossibilité absolue de se procurer des chevaux et des conducteurs (nécessaires au transport funèbre) », le maire demande à l’armée de mettre à sa disposition pour un temps limité les moyens en hommes et en bêtes qui manquent à ce service pour mener à bien sa mission (AM, D.4.D 141, folio 36, Correspondance).

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Paris

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"L’épidémie de grippe serait en décroissance à Paris", in Le Petit Journal, Édition de Paris, 1918-10-29 (n° 20395), p.2.

Source

Bibliothèque nationale de France

Notice du catalogue :  http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Identifiant :  ark:/12148/bpt6k622078p
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