Logo de l'exposition virtuelle 4 pandémies à la Une en 80 documents
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Illustration
Bouyon fecit. St Roch ora pro nobis, 1721
Jean-François Bouyon, notaire et greffier du conseil de ville de La Valette, a dessiné et invoqué « Saint-Roch » sur un registre communal à la suite d’un bref mémoire récapitulant les biens de l’hôpital du Saint-Esprit, auquel il a alors recours pour lutter contre la contagion. Intercesseur thérapeute par excellence, saint Roch est invoqué dans 30% des testaments enregistrés par le notaire Bouyon, alors que saint Sébastien, autre saint anti-pesteux, semble ignoré. Pourtant la dévotion à saint Sébastien n’était pas absente du bourg provençal (on y trouve un chemin, une confrérie et une chapelle) alors que saint Roch, au culte tardif mais auquel est consacré le plus grand nombre de chapelles dans la France de la fin du XVIIe siècle, n’apparaît pas dans la topographie religieuse locale.. Dans le couvent des Minimes, présent à La Valette, on n’observe pas de dévotion en faveur du fondateur de leur ordre, à savoir saint François de Paule dont la protection contre la peste est pourtant recherchée à Bormes et plus encore à Fréjus ainsi que le rappelle avec force le vœu renouvelé par la communauté fréjussienne, le 20 octobre 1720, en souvenir de la protection accordée en 1609. Menacées par la propagation du fléau, les autorités avignonnaises prévoient également, le 24 août 1721, « une fête magnifique dans l’église des révérends pères Minimes en l’honneur de leur patriarche saint François de Paule qu’ils ont choisi pour leur Patron et Protecteur contre la peste. » Rien de tel parmi les références valettoises laissées par le notaire Bouyon. Le culte de saint Roch, dont la vie reste mal connue, malgré de nombreux travaux de qualité, est assez tardif. Sans doute né à Montpellier au début du XIVe siècle, le saint avait contracté la peste en Italie lors d'un pèlerinage, alors qu'il s'empressait de secourir les malades en faisant le signe de la croix sur les bubons et charbons. Retiré dans une forêt, il aurait été soigné par un ange et nourri par un chien lui apportant quotidiennement un pain dérobé à son maître, un certain Gothard. Le dessin du notaire est tout à fait conforme aux multiples représentations du saint largement diffusées, surtout après sa canonisation en 1623. Saint Roch, barbu, porte la tenue traditionnelle du pèlerin (pèlerine, panetière, gourde et bâton noueux ou bourdon) et soulève de sa main droite un pan de son vêtement pour laisser apparaître la marque d’un ancien bubon. Au reste, il semble que Bouyon ait dessiné, outre une fibule maintenant le manteau, la marque en forme de croix attestant dès sa naissance que l'enfant était consacré à Dieu. L'animal, à ses côtés, malgré une silhouette quelque peu chevaline, est probablement le chien de Gothard qui accompagne ordinairement les représentations du saint. Étant donné le stéréotype de la scène reproduite, le notaire ne peut que transcrire une représentation familière. Le paysage, à l’arrière-plan, fournit un complément d’information dans la mesure où, au pied du versant nord-est du mont Faron (exagérément escarpé), sur le terroir de La Valette, se trouvait une chapelle saint-Clair (anciennement dédicacée à saint-Roch ?), aujourd’hui détruite, étape obligatoire d’une ancienne procession annuelle. Ce romérage, aux limites de La Valette et du bourg voisin du Revest, constituait un des temps forts de la vie religieuse locale, et se déroulait le premier dimanche du mois de mai. Or, en ce dimanche, la <em>serrado</em> interdit pareil rassemblement que dirigeait la confrérie des Pénitents blancs à laquelle appartenait le notaire Bouyon.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/177"><em>Frais de La Comuntté Pandant la pestte du lieu en 1721</em></a>, Jean-François Bouyon, 1721, Archives municipales de La Valette-du-Var. II-20. Livre jaune</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bouyon%2C+Jean-Fran%C3%A7ois+%281688-1766%29%2C+notaire">Bouyon, Jean-François (1688-1766), notaire</a>
Archives municipales de La Valette-du-Var. II-20. Livre jaune
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1721">1721</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public
Buti, Gilbert, « La peste à La Valette en 1721 : Livre jaune et grand témoin », <em>Provence historique</em>, fasc.189, juillet-septembre 1997, pp. 513-534.
Buti, Gilbert, « Lettres de Toulon pendant l’épidémie de peste de 1720-1722 », dans Signoli Michel, Dutour Olivier, Boëtsch Gilles, Cheve Dominique, Abadian Pascal, (dir.), <em>Peste : entre épidémies et sociétés</em>, Florence, Firenze university Press, 2007, pp. 155-162.
Bel Pierre, <em>La Valette, vieux village de Provence</em>, La Valette, 1930 (rééd. 1989).
Bertrand, Régis, « L’iconographie de la peste à Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », dans <em>Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen-âge au milieu du xx<sup>e</sup> siècle</em>, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1992, pp. 75-87.
Bertrand, Régis, « Danger de peste et culte de Saint-Roch. L’épigraphie des infirmeries», <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 64-70.
Bertrand, Régis, <em>Mort et mémoire. Provence XVIIIe-XXe s. Une approche d’historien</em>, Marseille, La Thune, 2011.
Martin, Philippe, <em>Les religions face aux épidémies. De la peste à la covid-19</em>, Paris, éditions du Cerf, 2020.
Sigal, Pierre André, <em>Les marcheurs de Dieu</em>, Paris, A. Colin, 1974.
Vovelle, Michel, <em>L’heure du grand passage : chronique de la mort</em>, Paris, Gallimard coll. « Découvertes », 1993.
18 cm x 21 cm
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Archive
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Antienne à la Sainte Vierge contre la peste / Antienne à Saint Roch aussi contre la peste
<p><b>Formulaires de prières et talismans individuels</b></p>
<p>Comme lors des pestes précédentes circulent des <i>occasionnels</i> (feuilles volantes) imprimés ou manuscrits qui portent des prières à la Vierge, <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/211">saint François</a>, saint Antoine ou saint Roch. Elles pouvaient être lues mentalement par les alphabétisés et aussi lues à voix haute par eux à des analphabètes jusqu’à ce qu’ils les mémorisent et puissent les réciter. Certains de ces <i>occasionnels</i> pouvaient aussi servir de <i>préservatifs</i>. Ils étaient réputés susceptibles d’avoir une fonction protectrice d’amulette pour qui les portait sur lui. Il en était de même de la médaille de saint Benoît, qui était bénie et portée au cou par une chaîne, ou de la croix à double croisetée dite de saint Zacharias (patriarche de Jérusalem qui préserva la « Vraie croix » lorsque la ville fut prise par les Perses en 614). Des exemplaires de ces deux derniers objets ont été réédités et vendus sur Internet lors de la dernière pandémie de Covid 19.</p>
<p><b>Prières et cérémonies publiques</b></p>
<p>Au début de l’épidémie, Mgr de Belsunce, évêque de Marseille, et d’autres évêques ont ordonné au clergé de réciter quotidiennement des prières à saint Roch de Montpellier. Ce pèlerin aurait vécu au XIV<sup>e</sup> siècle. Il aurait soigné des pestiférés avec succès puis aurait été lui-même atteint par la peste. Il fut mis en isolement mais un petit chien (le « roquet ») serait venu chaque jour lui apporter un pain dans sa gueule et il guérit. Il était donc un intercesseur par excellence. Sur la vignette de l’occasionnel reproduit, un ange dévoile le bubon sur la cuisse de Roch et le roquet est derrière lui.</p>
<p><b>Les voeux collectifs</b></p>
<p>Les dirigeants civils et religieux d’une cité pestiférée suivent souvent le schéma biblique de la « peste du roi David » (2 <i>Samuel</i> 24, 7-30) : pour que « Dieu arrête la main de son ange exterminateur », David, sur le conseil de l’ange, a élevé un autel à Dieu. Des conseils de ville font vœu d’élever une chapelle, de financer un hôpital, de célébrer particulièrement la fête d’un membre de la cour céleste qui devient le saint patron de leur communauté.</p>
<p><b>Henri de Belsunce, les échevins de Marseille et le culte du Sacré-Coeur</b></p>
<p>Au pire moment de la contagion, Mgr de Belsunce cherche un culte d’intercession nouveau. Il opte pour un culte christique récent, celui du Sacré-Cœur de Jésus, encore très controversé, en particulier par les jansénistes. Il va avoir l’audace de lui consacrer son diocèse, ce qui est sans précédent. Il décide d’organiser à l’occasion de la fête de tous les saints, le 1<sup>er</sup> novembre, une grande cérémonie expiatoire : une procession, la célébration de la messe sur le Cours et la consécration de son diocèse au Sacré-Cœur. Il traverse Marseille pieds nus, sans mitre et la corde au cou, comme l’avait fait saint Charles Borromée, pour montrer qu’il prend à sa charge tous les péchés de la ville. Il met le diocèse sous la protection du Sacré-Cœur et « en réparation de tous les crimes qui ont attiré sur (la ville) la vengeance du Ciel », il établit la fête du Sacré-Cœur, qui sera célébrée « tous les ans, le premier vendredi qui suit immédiatement l’octave du Saint-Sacrement ». Il sera suivi par la plupart des autres évêques provençaux.</p>
<p>Lorsque la peste revient à nouveau en avril 1722. Mgr de Belsunce obtient des échevins que la ville elle-même soit placée sous la protection du Sacré-Cœur : le 28 mai, les échevins font vœu d’assister à la messe du Sacré-Cœur et d’offrir un cierge de 4 livres portant les armes de la ville. Ils promettent de renouveler ce geste chaque année. Il a depuis 1986 pour cadre la basilique du Sacré-Cœur du Prado. Le texte de la consécration qui est lu chaque année par l’archevêque est une version modernisée de celui composé par Mgr de Belsunce.</p>
<p>La <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/231">gravure reproduite, due sans doute à l’Avignonnais Jean Michel</a>, est postérieure à 1731 : H. de Belsunce reçut à cette date le <i>pallium</i>, bande d’étoffe qui entoure ses épaules. L’iconographie est encore hésitante. Le Christ tient son coeur entouré d’une couronne d’épines ; il sera ultérieurement représenté sur sa poitrine. La Vierge est figurée en intermédiaire entre lui et les hommes alors que la spécificité du culte du Sacré-Coeur est qu’il s’adresse directement au Christ et à Dieu, figuré sur la gravure.</p>
<ul><li>Voir également dans cette exposition<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/231"><em>Vœu de Henri de Belsunce</em></a>, Jean Michel, après 1731<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/211"><em>Prière à Saint François</em></a>, à Aix, Chez Joseph Senez, imprimeur, 1720<a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/232"><em><br /></em></a></li>
</ul>
BMVR 2263 77, fonds spéciaux, ville de Marseille
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=c.+1720">c. 1720</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public
Régis, Bertrand, <em>Henri de Belsunce (1670-1755). L’évêque de la peste de Marseille</em>, Marseille, Gaussen, 2020, pp. 157-192.
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Texte
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Vœu de Henri de Belsunce
<p><b>Formulaires de prières et talismans individuels</b></p>
<p>Comme lors des pestes précédentes circulent des <i>occasionnels</i> (feuilles volantes) imprimés ou manuscrits qui portent des prières à la Vierge, <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/211">saint François</a>, saint Antoine ou saint Roch. Elles pouvaient être lues mentalement par les alphabétisés et aussi lues à voix haute par eux à des analphabètes jusqu’à ce qu’ils les mémorisent et puissent les réciter. Certains de ces <i>occasionnels</i> pouvaient aussi servir de <i>préservatifs</i>. Ils étaient réputés susceptibles d’avoir une fonction protectrice d’amulette pour qui les portait sur lui. Il en était de même de la médaille de saint Benoît, qui était bénie et portée au cou par une chaîne, ou de la croix à double croisetée dite de saint Zacharias (patriarche de Jérusalem qui préserva la « Vraie croix » lorsque la ville fut prise par les Perses en 614). Des exemplaires de ces deux derniers objets ont été réédités et vendus sur Internet lors de la dernière pandémie de Covid 19.</p>
<p><b>Prières et cérémonies publiques</b></p>
<p>Au début de l’épidémie, Mgr de Belsunce, évêque de Marseille, et d’autres évêques ont ordonné au clergé de réciter quotidiennement des <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/232">prières à saint Roch de Montpellier</a>. Ce pèlerin aurait vécu au XIV<sup>e</sup> siècle. Il aurait soigné des pestiférés avec succès puis aurait été lui-même atteint par la peste. Il fut mis en isolement mais un petit chien (le « roquet ») serait venu chaque jour lui apporter un pain dans sa gueule et il guérit. Il était donc un intercesseur par excellence. Sur la vignette de l’occasionnel reproduit, un ange dévoile le bubon sur la cuisse de Roch et le roquet est derrière lui.</p>
<p><b>Les voeux collectifs</b></p>
<p>Les dirigeants civils et religieux d’une cité pestiférée suivent souvent le schéma biblique de la « peste du roi David » (2 <i>Samuel</i> 24, 7-30) : pour que « Dieu arrête la main de son ange exterminateur », David, sur le conseil de l’ange, a élevé un autel à Dieu. Des conseils de ville font vœu d’élever une chapelle, de financer un hôpital, de célébrer particulièrement la fête d’un membre de la cour céleste qui devient le saint patron de leur communauté.</p>
<p><b>Henri de Belsunce, les échevins de Marseille et le culte du Sacré-Coeur</b></p>
<p>Au pire moment de la contagion, Mgr de Belsunce cherche un culte d’intercession nouveau. Il opte pour un culte christique récent, celui du Sacré-Cœur de Jésus, encore très controversé, en particulier par les jansénistes. Il va avoir l’audace de lui consacrer son diocèse, ce qui est sans précédent. Il décide d’organiser à l’occasion de la fête de tous les saints, le 1<sup>er</sup> novembre, une grande cérémonie expiatoire : une procession, la célébration de la messe sur le Cours et la consécration de son diocèse au Sacré-Cœur. Il traverse Marseille pieds nus, sans mitre et la corde au cou, comme l’avait fait saint Charles Borromée, pour montrer qu’il prend à sa charge tous les péchés de la ville. Il met le diocèse sous la protection du Sacré-Cœur et « en réparation de tous les crimes qui ont attiré sur (la ville) la vengeance du Ciel », il établit la fête du Sacré-Cœur, qui sera célébrée « tous les ans, le premier vendredi qui suit immédiatement l’octave du Saint-Sacrement ». Il sera suivi par la plupart des autres évêques provençaux.</p>
<p>Lorsque la peste revient à nouveau en avril 1722. Mgr de Belsunce obtient des échevins que la ville elle-même soit placée sous la protection du Sacré-Cœur : le 28 mai, les échevins font vœu d’assister à la messe du Sacré-Cœur et d’offrir un cierge de 4 livres portant les armes de la ville. Ils promettent de renouveler ce geste chaque année. Il a depuis 1986 pour cadre la basilique du Sacré-Cœur du Prado. Le texte de la consécration qui est lu chaque année par l’archevêque est une version modernisée de celui composé par Mgr de Belsunce.</p>
<p>La gravure reproduite, due sans doute à l’Avignonnais Jean Michel, est postérieure à 1731 : H. de Belsunce reçut à cette date le <i>pallium</i>, bande d’étoffe qui entoure ses épaules. L’iconographie est encore hésitante. Le Christ tient son coeur entouré d’une couronne d’épines ; il sera ultérieurement représenté sur sa poitrine. La Vierge est figurée en intermédiaire entre lui et les hommes alors que la spécificité du culte du Sacré-Coeur est qu’il s’adresse directement au Christ et à Dieu, figuré sur la gravure.</p>
<ul><li>Voir également dans cette exposition<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/211"><em>Prière à Saint François</em></a>, à Aix, Chez Joseph Senez, imprimeur, 1720<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/232"><em>Antienne à la Sainte Vierge contre la peste / Antienne à Saint Roch aussi contre la peste</em></a>, vers 1720</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Michel%2C+Jean">Michel, Jean</a>
Aix, Musée Paul Arbaud / Académie des Sciences, Agriculture, Belles-lettres et Arts d'Aix-en-Provence
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public
Régis, Bertrand, <em>Henri de Belsunce (1670-1755). L’évêque de la peste de Marseille</em>, Marseille, Gaussen, 2020, pp. 157-192.
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=latin">latin</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
La peste dans la ville de Marseille en 1720
<strong>Que faire des morts ? L'action du chevalier Nicolas Roze à la Tourette (Marseille)</strong><br /><br />La toile <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/exhibits/show/quatre-pandemies-a-la-une/item/165"><em>Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette</em></a>, considérée comme anonyme lors de son entrée au Musée Atger de Montpellier en 1950, a été rendue par Marie-Claude Homet à Michel Serre lors de la grande exposition La peinture provençale au XVIIe siècle tenue à Marseille en 1978 où elle put être confrontée aux deux autres tableaux de l’artiste. Elle n’est pas documentée mais pourrait avoir été commandée par le héros de la scène, le chevalier Nicolas Roze, car elle correspond par ses dimensions à un tableau « représentant l’enlèvement des cadavres de la peste de 1720 » qui est signalé dans son inventaire après-décès. La scène représentée eut lieu le 16 septembre 1720. De nombreux cadavres issus des maisons de la vieille ville avaient été accumulés sur l’esplanade de la Tourette, qui surplombait le mur d’enceinte et dominait la mer entre le fort Saint-Jean et la cathédrale Sainte-Marie Majeure - la silhouette de cette dernière ferme la scène. <br /><br />Nicolas Roze (1675-1733), qui a été consul au Levant et y a été témoin de la peste, est commissaire général du quartier de Rive-Neuve, au sud du port. Il a l’idée de faire dégager la Tourette par des galériens en précipitant les corps dans deux bastions de l’enceinte dont il fait crever les voûtes - on en aperçoit un au second plan à gauche. Il est lui-même au centre de la composition, à cheval, en compagnie du commandant des galériens et de celui des soldats qui les encadrent. On a distribué aux galériens des mouchoirs imbibés de vinaigre qui leur servent de « préservatifs » selon la théorie aériste de la contamination par le « mauvais air », ici la puanteur qu’exhalent les cadavres. On avait promis aux galériens la liberté mais cinq seulement survécurent. Roze fut atteint de la peste mais en « réchappa », comme l’on disait alors. <br /><br />La représentation du grand portail plaqué vers le milieu du XVIIe siècle contre le flanc méridional de la cathédrale de la Major est sans égale par sa précision. Cette partie de l’édifice a été détruite sous le Second Empire. <br /><br />Claude Roze, frère du chevalier, aurait commandé en 1725 une autre toile au peintre parisien Jean-François de Troy (1679-1752). Ce vaste tableau (h., 2,27 x l., 3,77 m, Musée des Beaux-Arts de Marseille) fut gravé à l’eau-forte en 1727 par Simon Thomassin ou son fils Henri-Simon. Le chevalier Roze possédait un exemplaire de cette gravure selon son inventaire après décès. Un autre exemplaire figurait à la fin de l’Ancien Régime dans l’hôtel de ville de Marseille. L’oeuvre originale a reçu maintes repeints abusifs qui ont fait disparaître des détails et ses glaçures. Sa restauration récente les a supprimés ; mais privée de ses couches superficielles et de ses touches de finition, la toile a désormais l’apparence d’une immense esquisse. La gravure de Thomassin a donc été préférée. Comme la plupart des gravures du temps, elle est inversée par rapport au tableau. Aussi, pour faciliter l’identification du paysage, lui avons-nous fait subir ici un retournement horizontal. <br /><br />Son point de vue est pris depuis les alentours de la cathédrale, en direction du sud. On reconnaît le clocher de l’église Saint-Laurent, le fort Saint-Jean et au large les îles du Frioul. On ignore si de Troy est venu à Marseille - il a peut-être pu voir dans ce cas l’oeuvre de Serre. Il a pu se faire envoyer des croquis pris sur place par un artiste local. À la différence de Serre, il n’était pas témoin de la peste et il est bien moins fiable dans la représentation de l’action des forçats (qui ne sont pas protégés du mouchoir vinaigré et sont prétextes à de belles interprétations du nu masculin). On notera les anges exterminateurs dans les nuées, à la différence des trois tableaux de Serre qui en sont dépourvus. On sait qu’ils figurent dans une des deux versions des gravures de J. Rigaud. <br /><br />Ces deux commandes privées sont les seules à ne montrer que des pestiférés morts. Leur propos est de témoigner de la bravoure du chevalier Roze et de la part qu’il prit à la lutte contre le fléau. Il en fut de fait assez peu récompensé.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition Michel Serre, <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/exhibits/show/quatre-pandemies-a-la-une/item/165"><em>Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette</em></a>, huile sur toile, h., 1,25 x l., 2,10 m. </li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Thomassin%2C+S.+%28graveur%29">Thomassin, S. (graveur)</a>
Gravure : gallica.bnf.fr / BnF
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public
Wytenhove , Henri (dir.), <em>La peinture en Provence au XVIIe siècle</em>, Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 203, pp. 148-149.
Potet, L.-Robert, <em>Nicolas Roze, chevalier de Saint-Lazare de Jérusalem et de Notre-Dame du Mont-Carmel (1675-1733), essai de biographie critique</em>, Marseille, 1938, en particulier pp. 131-134.
Marie-Claude Homet, <em>Michel Serre et la peinture baroque en Provence</em>, Aix, 1987, n° 124.A, pp. 144-145.
Leribault, Christophe, <em>Jean-François de Troy, 1675-1752</em>, Paris, Arthéna, 2002.
<em>Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Snoeck-Ville de Marseille, 2022, p. 228 n° 54 :huile sur toile anonyme (Musée d’histoire de Marseille). Bien que le catalogue ne l’indique pas, ce tableau a été peint à partir de la gravure de Thomassin, car comme dans la gravure, le paysage de la Tourette y est inversé.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Peinture
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Vue du Cours de Marseille dessinée sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720
<b>Un fléau d’un autre âge dans un magnifique décor urbain: l</b><b>a </b><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/163"><i><b>Vue du Cours </b></i><i><b>de Marseille </b></i></a><i><b><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/163">pendant la peste de 1720</a> </b></i><b></b><b>par </b><b>Michel Serre et celle de Jacques Rigaud</b><br /><br />Le Grand cours est la réalisation majeure de l’agrandissement de Marseille décidé par Louis XIV en 1666. Sa largeur est sans équivalent dans le tissu urbain, de même que ses plantations d’arbres et ses bancs qui devaient inviter à la promenade et à la sociabilité. Sur ses deux côtés, les îlots, au gabarit identique, sont constitués par une rangée de maisons dont les façades sont unifiées par un parti décoratif baroque chaque fois différent, de façon à donner l’impression d’autant de vastes palais. Il constitue alors la plus belle réalisation d’urbanisme de la ville, très admirée des contemporains, en particulier les voyageurs de passage à Marseille. Comme dans la <em>Vue de l’hôtel de ville</em>, Serre y montre une situation tragique dont les échevins, aidés par le commandant de Langeron, nommé par le roi, commencent à prendre la maîtrise, d’où la présence de « gens du bel air », comme l’on dit alors, à cheval ou à pied, qui donnent des ordres. Ils sont identifiés par une légende sur le bord inférieur gauche. La <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/163"><em>Vue du Cours</em></a> montre en position centrale le petit groupe formé par l’évêque, Henri de Belsunce, et ses proches. Au second plan à gauche, un vicaire général est également entouré de prêtres et de religieux. L’œuvre regorge de scènes de charité, de confession ou d’absolution par des membres du clergé, en particulier franciscains, jésuites, dominicains, carmes, trinitaires, servites, etc. Elle pourrait illustrer le dévouement religieux. Cette toile n’est pas documentée. Sans doute réalisée au cours de l’année 1722, elle n’est mentionné qu’à partir de son exposition à Paris en 1723. Elle offre, comme celle de l’hôtel de ville, une description de la situation qui est corroborée par des témoignages écrits. Les pestiférés tendaient à s’établir le long du cours, où ils espéraient être plus aisément secourus que s’ils restaient chez eux ou dans des rues voisines. On y note en particulier l’action des galériens qui emportent les cadavres, celle des médecins et chirurgiens et surtout l’état des malades et des mourants. Serre a su représenter des bubons sur certains d’entre eux, suggérer les convulsions et le raidissement cadavérique, ménager des contrastes. Une marchande de légumes est établie sur un banc. Au dernier étage du grand îlot de droite, un galérien aidé par un autre homme entreprend la descente par une fenêtre d’un cadavre suspendu par les pieds à une corde, cependant qu’un spectateur est accoudé au balcon de l’étage noble (le premier, au-dessus de l’entresol). La représentation de l’architecture est précieuse. Les vues ultérieures et les éléments qui subsistent permettent d’en vérifier l’exactitude. Le dessinateur et graveur Jacques Rigaud, né à Puyloubier, près d’Aix-en-Provence, en 1680, mort à Paris en 1754, a publié deux versions gravées d’une <em>Veue du Cours</em> et d’une <em>Veue de l’hôtel de ville</em>. La variante dans les deux cas est la présence ou l’absence de deux anges exterminateurs, correspondant au récit biblique de la peste du temps du règne de David (qui n’évoque cependant qu’un seul ange). Les ressemblances avec les deux tableaux de Serre sont évidentes mais la vue de l’hôtel de ville est selon un angle différent, qui a permis à l’artiste de représenter le débarcadère qui le précède (le « carré du port ») et une large partie du quai, jusqu’à la passe encadrée des deux forts. L’hypothèse d’une libre interprétation des oeuvres de Serre semble possible. Ses gravures seront imitées, en général avec des simplifications, au cours du XVIIIe siècle, en particulier pour des vues d’optique. Les scènes de peste s’amenuiseront puis disparaîtront de ces répliques qui, à la fin du siècle, ne présenteront plus que le décor architectural.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition Serre, Michel, <em><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/163">Vue du Cours de Marseille pendant la peste de 1720</a>, </em>Musée des Beaux-Arts de Marseille</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Rigaud%2C+Jacques+%28+1680-1754%29">Rigaud, Jacques ( 1680-1754)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1722+%3F">1722 ?</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Régis, Bertrand, « L’iconographie de la peste de Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », actes du colloque <em>Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen Age au milieu du XXe siècle</em>, Marseille, 30 mai-1er juin 1991, Aix, Public. de l’université de Provence, 1992, pp. 75-87, ill.
Wytenhove, Henri (dir.), <em>La peinture en Provence au XVII<sup>e</sup> siècle,</em> Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 201, p. 145-146 (notice de M.-Cl. Homet).
Homet, Marie-Claude, <em>Michel Serre et la peinture baroque en Provence</em>, Aix, 1987, n° 121.A. pp. 141-142.
Chevé (Dominique), Signoli (Michel), Dutour (Olivier), Gilles Boêtsch (Gilles), « Réalité et imaginaire de la peste en Europe : représentations iconographiques de l’épidémie », <em>Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques</em>, Année 2002, t. <a href="https://www.persee.fr/issue/acths_0000-0001_2002_act_125_3?sectionId=acths_0000-0001_2002_act_125_3_4820">125-3</a>, Paris, Cths, pp. 137-152.
eau-forte : h., 21,9 x l., 47,5 cm
Peinture
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste
La peste de 1720-1722 a fait naître nombre de textes narratifs, de longueur et surtout de qualité très variables, selon que leurs auteurs ont exercé des responsabilités ou bien ont été des témoins prudents et distants, ou même ont répété les échos qui leur parvenaient de la ville, s’ils s’étaient réfugiés dans leur bastide (maison de campagne du terroir ou des communes voisines). Deux acteurs de premier plan ont publié un récit détaillé ce qu’ils ont vécu et fait. Nicolas Pichatty de Croissainte (vers 1674-1737) était « conseil[ler] et orateur de la communauté et procureur du roi de la police ». Cet homme de loi était un personnage essentiel de l’hôtel de ville, qui assurait auprès des échevins le rôle que dans les autres villes provençales l’assesseur (conseiller juridique) jouait auprès des consuls. Il a arrêté le 10 décembre 1720 son <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/166"><em>Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion</em></a> et l’a aussitôt publié. Le rôle de l’auteur auprès des autorités en fait un observateur privilégié et aussi un acteur direct. Selon le docteur Jean-Baptiste Bertrand, il a été blâmé pour avoir révélé des délibérations entre les dirigeants ; de plus, certains de ces derniers s’estimaient moins loués que d’autres. Les échevins auraient empêché la vente de son ouvrage. Une seconde édition modifiée sur quelques points paraît l’année suivante. En revanche, une publication plus ample qu’il annonçait ne verra pas le jour. Le docteur Jean-Baptiste Bertrand (1670-1752) est un des vingt médecins du collège de médecine de Marseille. Il prend une part active à la lutte contre le fléau et selon ses dires, il aurait été atteint lui-même à trois reprises par la peste, qui frappe durement sa famille. Sa <em>Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste,</em> est prétendument édité à Cologne chez Pierre Marteau en 1721, avec réédition en 1723. Cet imprimeur fictif a servi de raison sociale aux auteurs qui ne souhaitaient pas soumettre leurs écrits à la censure et en particulier en France, à des presses clandestines jansénistes de Paris ou Rouen. Cet acteur de terrain n’hésite pas à écrire que ses observations contredisent les théories universitaires des médecins de Montpellier. Ancien élève des oratoriens et jansénisant, il faire preuve d’objectivité au sujet de l’action de l’évêque et du dévouement des jésuites. En 1722 paraît une <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/227">réfutation anonyme de quelques-uns de ses propos</a>, en particulier au sujet de la consécration de la ville au Sacré-Coeur. Elle est réputée imprimée à Turin et la précision de ses informations suggère qu’elle ne peut guère venir que de l’évêché. Bertrand modifie légèrement son texte dans la seconde édition, parue en 1723. Il fera partie des vingt fondateurs de l’académie des belles-lettres de Marseille en 1726. Mgr de Belsunce, inquiet de voir figurer parmi eux plusieurs jansénistes ou réputés tels, exigera d’en être le vingt-et-unième membre. L’historiographie de l’événement a commencé très tôt à s’élaborer à partir de ces deux ouvrages fondamentaux. D’autres témoignages manuscrits seront ensuite publiés, tel celui du trinitaire Paul Giraud. Certains de ceux restés manuscrits ont été tardivement mis par écrit, ce qui pose les questions du travail de la mémoire et de l’utilisation inavouée des textes déjà parus.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition <br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/166"><em>Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville</em> de<em> Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion. Tiré du Mémorial de la Chambre du Conseil de l'Hôtel de ville […]</em></a>, Nicolas Pichatty de Croissainte, Marseille, Jean-Baptiste Boy, 1720,.<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/227"><em>Notes sur la Relation historique de la peste de Marseille en 1720 (...)</em></a>, Anonyme, Turin, Fontana, 1722</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertand%2C+Jean-Baptiste">Bertand, Jean-Baptiste</a>
<strong>Edition 1721</strong><br />Bibliothèque nationale de France, <span>département Arsenal, 8-H-14129</span><br /><a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb34122323g">Notice du catalogue</a><br />Identifiant de la notice: <span>ark:/12148/cb31104997b</span><br /><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15202849">Permalien du document</a>
<strong>Edition 1723</strong><br />Collection particulière (Régis Bertrand)
Impression peut-être parisienne ou rouennaise
Impression turinoise ou peut-être marseillasie (Anonyme)
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1721">1721</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1723">1723</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
<strong>Edition 1721</strong> <br />Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
<strong>Edition 1723</strong><br />Cliché: Régis Bertrand
Bertrand, Régis, « Étudier la « peste de Provence ».Trois siècles d’historiographie », actes du colloque <em>Loimos, pestis, pestes – Regards croisés sur les grands fléaux épidémiques</em>, Marseille, 27-30 octobre 2020, Aix, PuP, à paraître.
Jauffret, Louis.-François (éd.), <em>Pièces historiques sur la peste de Marseille et d'une partie de la Provence, en 1720, 1721 et 1722 [...]</em>, Marseille, chez les principaux libraires, 1820, 2 vol. procure les textes de Pichatty de Croissainte, 1ère éd., au t. I, pp. 34-126 (et observations de Jauffret, pp. 127-133), des passage de l’ouvrage de Bertrand, t. I, pp. 201-229 et le texte de l’Anonyme de 1822, t. I, pp. 230-311.
Giraud, Père Paul, « Journal de 1720 », publié dans [Jauffret Louis-François éd.], <em>Le conservateur marseillais, contenant des fragments inédits, tirés des manuscrits les plus curieux de la bibliothèque de Marseill</em>e, Marseille, chez les principaux libraires, 1830, t. II, pp. 41-247.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Livre
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Notes sur la Relation historique de la peste de Marseille en 1720
La peste de 1720-1722 a fait naître nombre de textes narratifs, de longueur et surtout de qualité très variables, selon que leurs auteurs ont exercé des responsabilités ou bien ont été des témoins prudents et distants, ou même ont répété les échos qui leur parvenaient de la ville, s’ils s’étaient réfugiés dans leur bastide (maison de campagne du terroir ou des communes voisines). Deux acteurs de premier plan ont publié un récit détaillé ce qu’ils ont vécu et fait. Nicolas Pichatty de Croissainte (vers 1674-1737) était « conseil[ler] et orateur de la communauté et procureur du roi de la police ». Cet homme de loi était un personnage essentiel de l’hôtel de ville, qui assurait auprès des échevins le rôle que dans les autres villes provençales l’assesseur (conseiller juridique) jouait auprès des consuls. Il a arrêté le 10 décembre 1720 son <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/166"><em>Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion</em></a> et l’a aussitôt publié. Le rôle de l’auteur auprès des autorités en fait un observateur privilégié et aussi un acteur direct. Selon le docteur Jean-Baptiste Bertrand, il a été blâmé pour avoir révélé des délibérations entre les dirigeants ; de plus, certains de ces derniers s’estimaient moins loués que d’autres. Les échevins auraient empêché la vente de son ouvrage. Une seconde édition modifiée sur quelques points paraît l’année suivante. En revanche, une publication plus ample qu’il annonçait ne verra pas le jour. Le docteur Jean-Baptiste Bertrand (1670-1752) est un des vingt médecins du collège de médecine de Marseille. Il prend une part active à la lutte contre le fléau et selon ses dires, il aurait été atteint lui-même à trois reprises par la peste, qui frappe durement sa famille. Sa <em><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/228">Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste</a>,</em> est prétendument édité à Cologne chez Pierre Marteau en 1721, avec réédition en 1723. Cet imprimeur fictif a servi de raison sociale aux auteurs qui ne souhaitaient pas soumettre leurs écrits à la censure et en particulier en France, à des presses clandestines jansénistes de Paris ou Rouen. Cet acteur de terrain n’hésite pas à écrire que ses observations contredisent les théories universitaires des médecins de Montpellier. Ancien élève des oratoriens et jansénisant, il faire preuve d’objectivité au sujet de l’action de l’évêque et du dévouement des jésuites. En 1722 paraît une réfutation anonyme de quelques-uns de ses propos, en particulier au sujet de la consécration de la ville au Sacré-Coeur. Elle est réputée imprimée à Turin et la précision de ses informations suggère qu’elle ne peut guère venir que de l’évêché. Bertrand modifie légèrement son texte dans la seconde édition, parue en 1723. Il fera partie des vingt fondateurs de l’académie des belles-lettres de Marseille en 1726. Mgr de Belsunce, inquiet de voir figurer parmi eux plusieurs jansénistes ou réputés tels, exigera d’en être le vingt-et-unième membre. L’historiographie de l’événement a commencé très tôt à s’élaborer à partir de ces deux ouvrages fondamentaux. D’autres témoignages manuscrits seront ensuite publiés, tel celui du trinitaire Paul Giraud. Certains de ceux restés manuscrits ont été tardivement mis par écrit, ce qui pose les questions du travail de la mémoire et de l’utilisation inavouée des textes déjà parus.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition <br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/166"><em>Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville</em> de<em> Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion. Tiré du Mémorial de la Chambre du Conseil de l'Hôtel de ville […]</em></a>, Nicolas Pichatty de Croissainte, Marseille, Jean-Baptiste Boy, 1720,.<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/228"><em>Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste</em></a>, Jean-Baptiste Bertrand, à Cologne, chez Pierre Marteau, 1721, seconde édition corrigée et augmentée, id., 1723, réédition, Amsterdam, et se vend à Marseille, J. Mossy, 1779.<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/227"><em></em></a></li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1722">1722</a>
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Domaine public
Bertrand, Régis, « Étudier la « peste de Provence ».Trois siècles d’historiographie », actes du colloque <em>Loimos, pestis, pestes – Regards croisés sur les grands fléaux épidémiques</em>, Marseille, 27-30 octobre 2020, Aix, PuP, à paraître.
Jauffret, Louis.-François (éd.), <em>Pièces historiques sur la peste de Marseille et d'une partie de la Provence, en 1720, 1721 et 1722 [...]</em>, Marseille, chez les principaux libraires, 1820, 2 vol. procure les textes de Pichatty de Croissainte, 1ère éd., au t. I, pp. 34-126 (et observations de Jauffret, p. 127-133), des passage de l’ouvrage de Bertrand, t. I, pp. 201-229 et le texte de l’Anonyme de 1822, t. I, pp. 230-311.
Giraud, Père Paul, « Journal de 1720 », publié dans [Jauffret Louis-François éd.], <em>Le conservateur marseillais, contenant des fragments inédits, tirés des manuscrits les plus curieux de la bibliothèque de Marseill</em>e, Marseille, chez les principaux libraires, 1830, t. II, pp. 41-247.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Livre
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Carte du voyage du <em>Grand Saint-Antoine</em> (1719-1720)
Le <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/168"><em>Grand Saint-Antoine</em></a> a quitté Marseille le 22 juillet 1719 pour Smyrne qu’il a atteint le 20 août et y a effectué divers chargements pour préparer son retour. Il se rend ensuite à Mosconissy (Muskonisia, golfe d’Edremit), puis à Seyde (antique Sidon, actuelle Saïda), Sour (ancienne Tyr) et Tripoli de Syrie. La mort, le 5 avril 1720, d’un passager turc embarqué deux jours auparavant lors de cette escale, ne semble guère avoir attiré l’attention du capitaine Jean-Baptiste Chataud, tout au moins suscité son inquiétude. Le chirurgien du bord considère qu’il s’est étouffé en dormant, tandis que les quatre autres passagers turcs demandent à partager les hardes et bagages du défunt. Le <em>Grand Saint-Antoine</em> qui a essuyé une forte tempête effectue une escale technique à Larnaca (Chypre) avant de prendre le chemin du retour. Le vaisseau a laissé Chypre à la mi-avril 1720 muni d’une patente nette et chargé de marchandises diverses prises aux précédentes escales (Seyde, Sour et Tripoli) : balles de coton « en laine » (brut), de coton fin, de coton filé, de laine rousse, de ballots de soies, de bourre de Damas, de toiles imprimées dites « indiennes », de sacs de cire…embarquements effectués alors que la peste sévissait en Syrie, ce que semblaient ignorer le capitaine Chataud et le consul de France qui a délivré la patente. La cargaison, estimée à quelques 350 000 livres-tournois ou 100 000 écus (ce qui pourrait être estimée de 9 à 10 millions d’euros) appartient en partie au capitaine, mais surtout à de puissants négociants marseillais à commencer par les échevins Jean-Baptiste Estelle, Bernard Dieudé et Jean-Baptiste Audimar. Ces notables attendent les marchandises levantines pour en diriger une large part vers la foire annuelle de Beaucaire, près d’Arles. La foire de la Madeleine, dont l’ouverture est fixée au 22 juillet, est un grand marché international fréquenté par des commerçants de toute l’Europe méridionale. Durant la traversée de retour furent dénombrés plusieurs autres décès parmi les hommes de l’équipage : cinq matelots et le chirurgien de bord qui avait diagnostiqué, pour rendre compte des décès de ses camarades, tantôt une « oppression de poitrine », tantôt « une sorte de fièvre due certainement à la fatigue ». Pourtant, la peste est à bord, bien que ses manifestations caractéristiques, comme la présence de bubons ou charbons, ne semblent pas clairement établies sur les corps des victimes. Le capitaine et les matelots peuvent-ils l’ignorer, eux qui fréquentent le Levant et qui connaissent les symptômes du mal ? Avant d’arriver à Marseille, le <em>Grand Saint-Antoine</em> a fait une surprenante escale en rade du Brusc, non loin de Toulon, du 4 au 10 mai. Le temps pour le capitaine de prévenir les armateurs intéressés à la cargaison du navire, à commencer par le premier échevin Jean-Baptiste Estelle, et de recevoir des instructions. Pour éviter une immobilisation des marchandises destinées à Beaucaire, à cause d’une longue quarantaine qui serait imposée à Marseille, le capitaine se rend à Livourne en quête d’une patente « rassurante ». Le 15 mai 1720, alors que le vaisseau se trouve en rade du port toscan, l’équipage compte trois nouvelles victimes, dont le mousse. À la suite des examens des corps effectués par le médecin du port sont diagnostiquées des « fièvres malignes pestilentielles ». Le capitaine n’obtient pas une patente nette mais un certificat qui mentionne ces « fièvres » que l’on ne saurait confondre, dans la terminologie du temps, avec la peste. Muni de ce document délivré par les autorités du grand port voisin, le capitaine Chataud se rend à Marseille où sa déposition est enregistrée par les membres du bureau de la Santé le 25 mai 1720. Et complétée ultérieurement : <br /><br />"Dudit jour, soit le 25 mai 1720 : Monsieur Tiran, intendant semainier, a interrogé Jean-Baptiste Chataud, capitaine du vaisseau le <em>Grand Saint-Antoine</em>, venant de Seide avec patente [ces deux derniers mots barrés], en manque depuis le 30 janvier, chargé de diverses marchandises pour plusieurs. Il a touché à Tripoly, en est parti le 3 avril, et de Chypre le 18, il a relâché à Livourne, d’où il manque depuis le 19 du courant y ayant laissé le capitaine Buech. Il a 8 passagers, le capitaine Carré disgracié, un arménien et son valet et autres pour les infirmeries. [*en ajout et surcharge : « ayant déclaré que les gens de son équipage qui lui sont morts, tant en route qu’à Livourne, sont morts de mauvais aliments »]. Il faut 1 garde. Il faut 4 portefaix ; la voile à M. Laurens."<br /><br /> Après la mort d’un matelot intervenue le lendemain de cette déposition, le bureau de la Santé songe à imposer une longue quarantaine au navire sur l’île de Jarre, qui fait partie du dispositif sanitaire le plus éloigné de la ville mais qui est dépourvue de structures pour abriter les marchandises. Le Bureau se reprend pourtant le jour même – a-t-il subi une pression extérieure ? ‑ et décide de laisser le vaisseau à Pomègues, îlot dans la rade de Marseille. Le capitaine Chataud débarque aux Infirmeries les passagers et les marchandises fines, que le soleil risquerait de gâter à l’île de Jarre où sont expédiés les produits plus grossiers : 40 jours de quarantaine sont imposés aux produits, 30 au navire et 20 aux passagers. Cependant, inquiets à la suite de plusieurs décès, les responsables du Bureau assignent le navire à un isolement complet à l’île de Jarre, avec purge des marchandises restantes. Le vaisseau y est remorqué pour être désinfecté, les balles sont défaites et leur contenu aéré pour en chasser les miasmes. Là cesse le voyage du <em>Grand Saint-Antoine</em>.<br /><br /><ul><li>Voir également dans cette exposition le <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/168">modèle du navire <em>Grand Saint-Antoine </em></a>extrait du <em>Dictionnaire de Marine contenant les termes de la navigation et de l’architecture navale</em>, Amsterdam, Jean Covens et Corneille Mortier, 1736 (2nde édition)</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert+">Buti, Gilbert </a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Courties%2C+Michel+">Courties, Michel </a>
Gilbert, Buti, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1720-1722">1720-1722</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Tous droits réservés
Gilbert, Buti, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
Carrière Charles, Courdurié Marcel, « Un document nouveau sur la peste de Marseille », <em>Provence historique</em>, n°131, janvier-mars, 1983, pp. 103-108 (document signalé par Pierre Viatte dans les archives hospitalières de Toulon).
Goury, Michel, « Hypothèse de la transmission de la peste à bord du <em>Grand Saint-Antoine</em> », dans Signoli Michel, Dutour Olivier, Boëtsch Gilles, Chevé Dominique, Abadian Pascal (dir.), <em>Peste : entre épidémies et sociétés</em>, Florence, Firenze univ. Press, 2007, pp. 163-176.
Goury, Michel, « Déposition du capitaine Jean-Baptiste Chataud. Complaisance d’un Bureau de la Santé défaillant », <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 71-81.
Goury, Michel, <em>Un homme, un navire : la peste de 1720</em>, Marseille, Jeanne Laffitte, 2013.
Goury, Michel, « Le Grand Saint-Antoine. Les fouilles archéologiques sous-marines d’un navire maudit », C<em>atalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 33-44.
Saman, Édouard, « Le dernier voyage du Grand Saint-Antoine », revue <em>Marseille</em>, 1984, n°137-138, pp. 39-49
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Carte
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=M%C3%A9diterran%C3%A9e">Méditerranée</a>
Carte des hospitalisations en France sur le site officiel d'information du gouvernement sur le coronavirus, le 31 octobre 2020
<h4>Cartographier la pandémie : le rôle des chiffres dans les représentations de la maladie</h4>
Cette capture d’écran du site internet du Gouvernement français présente les statistiques officielles sur la progression de l’épidémie en France – ici, au moyen d’une carte où des cercles proportionnels représentent le nombre d’hospitalisations dans le pays au 31 octobre 2020. <br />Les deux tiers droits de l’écran sont occupés par cette carte des hospitalisations, accompagnée, dans le premier tiers gauche de l’écran disposé en bandeau, d’un certain nombre d’autres indicateurs généraux (nombre de cas confirmés et nombre de décès), ainsi que des principales données hospitalières actualisées : hospitalisations, nombre de cas en réanimation, retours à domicile, décès à l’hôpital… Le site donne également accès à une série d’autres représentations graphiques et cartographiques de la progression des contaminations, des indicateurs de résultats de tests, etc. <br />Les données proviennent de Santé Publique France et l’élaboration cartographique est réalisée par le département de la direction interministérielle du numérique (DINUM) du gouvernement, qui fait office de « Chief Data Officer » de l’Etat (lit-on sur le site web <a href="http://www.etalab.gouv.fr">www.etalab.gouv.fr</a>). Ce département coordonne la politique d’ouverture et de partage des données publiques provenant des administrations de l’État, qu’il met à disposition sur sa plateforme de données ouvertes <a href="https://www.data.gouv.fr/fr/">www.data.gouv.fr</a>. Comme l’indique la légende de la carte, la représentation utilise des supports (fonds de cartes) eux aussi disponibles en open source : sur GitHub, via OpenMapTiles.org (projet open-source de l’OMT community et de MapTiler), ainsi que sur OpenStreetMaps. <br />L’aspect général de cette page d’accueil se distingue par la clarté : une harmonie de beige, de gris pâle et de gammes de bleus rassurants prédomine, la page est structurée par les encadrés du bandeau gauche et la barre horizontale supérieure du menu, qui enchâssent la carte. La nature des chiffres est mise en relief par l’usage discret de couleurs pour la typographie des étiquettes de données, couleurs qui légendent également la carte. Celle-ci est interactive, les données représentées dans les cercles (et la couleur de ceux-ci) variant en fonction du choix de l’usager, qui clique à cet effet sur les étiquettes des données qu’il souhaite voir représentées sur la carte. <br />Ce document pose néanmoins la question de la représentation cartographique de la pandémie, un « art délicat » selon Cécile Marin (2020), qui souligne la prolifération de data visualisations de l’épidémie, qui ont envahi nos écrans pendant la crise du coronavirus notamment dans sa phase initiale. La disponibilité des données chiffrées sur la propagation du virus n’est plus un problème : chaque pays, via ses Ministères, recueille, centralise et publie durant la crise du Covid-19 les statistiques liées à l’épidémie sur son territoire. <br />Organiser les données de progression de la pandémie au niveau international pose néanmoins de nombreux problèmes méthodologiques, eu égard notamment aux variations nationales sur les modes de recueil des statistiques, le type de données collectées et les critères de décompte mesurant la progression de la maladie (par exemple, le fait que le nombre de cas recensés dépendent étroitement des politiques de détection ; ou encore, le fait que les décès survenus à domicile, à l’hôpital ou en résidences médicalisées de type EPHAD en France ne soient pas toujours distingués dans les statistiques des pays concernés). Cette disparité des données rend les comparaisons entre États difficiles. De ce fait, la source internationale la plus consultée, et qui sert notamment de source principale aux médias pour documenter leurs représentations infographiques, est la banque de données Coronavirus Resource Center, abritée par la John Hopkins University.<br />En ce qui concerne la représentation cartographique, le risque encouru est celui de la simplification abusive, soit par manque de rigueur dans le légendage des cartes utilisées, soit par les biais de représentation induits par les modes de codification sémiologiques employés (Bertin, 2017). Le recours à la cartographie pour représenter la pandémie dans les mass médias relève ainsi souvent d’une « sémiologie graphique balbutiante », ainsi que le pointe Cécile Marin. La cartographe estime notamment que « l’utilisation d’aplats de couleur pour montrer des dénombrements », souvent utilisée pour établir des comparaisons internationales, est une erreur trop fréquente : sur ce type de carte, la visibilité d’une couleur (et donc de la donnée correspondante) dépend in fine de la superficie du pays concerné, et non de la valeur absolue ou relative de la donnée représentée… Sur une carte, l’implantation localisée, et non zonale, des données, est donc à privilégier pour des représentations plus exactes, comme dans cette carte du site web du gouvernement français.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gouvernement+fran%C3%A7ais">Gouvernement français</a>
Site web du gouvernement français : <a href="https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus">https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-10-31">2020-10-31</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Arsène, Séverine, Mabi, Clément (coord.), <em>L’action publique au prisme de la gouvernementalité numérique</em>, dossier de la revue <em>Réseaux</em>, vol. 225, n°1, 2021, En ligne: <a href="https://www-cairn-info.lama.univ-amu.fr/revue-reseaux-2021-1.htm">https://www-cairn-info.lama.univ-amu.fr/revue-reseaux-2021-1.htm</a>
<p>Bertin, Jacques, <em>La Graphique et le Traitement graphique de l’information</em>, 2e éd., Zones sensibles, Bruxelles, 2017.</p>
Charaudeau, Patrick, <em>Les médias et l’information. L’impossible transparence du discours</em>, De Boeck-Ina, Bruxelles, 2005.
John Hopkins University, site web <em>Coronavirus Resource Center</em>, <a href="https://coronavirus.jhu.edu/map.html">https://coronavirus.jhu.edu/map.html</a>
Marin, Cécile, “Cartographie d’une pandémie”, <em>Carto. Le Monde en cartes</em>, n°52-53, septembre-octobre 2020, pp. 52-53.
Marin, Cécile, « Illusions à la carte », in Le Monde Diplomatique, "Fake news, une fausse épidémie ?", <em>Manière de voir</em>, n°172, août-septembre 2020, pp. 94-95.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Site web <em>Archivo Covid - Una cápsula del tiempo </em>(2020)
<p><strong>Une webarchive photographique de la pandémie en Espagne</strong></p>
<br />Le site web Archivo Covid est la plus grande plateforme photographique consacrée à la pandémie de Covid-19 sur le web: elle se compose de 8533 photographies, signées par 385 auteurs et autrices. Elle constitue une mémoire visuelle collective inestimable de la crise du coronavirus en Espagne, qui est offerte aux internautes en consultation libre: initiative à but non lucratif, cette archive numérique est hébergée par l'université d'Alcalá de Henares (communauté de Madrid). Le projet a été lancé par un photojournaliste professionnel, Santi Palacios, assisté d’un noyau dur formé notamment de Silvia Omedes, Esteban Martinena, Ana Palacios, Anna Aguiló et Clara Soto. <br />Lorsque le premier état d'urgence a été déclaré en mars 2020, des centaines de photojournalistes, de vidéo-journalistes et de documentaristes se sont trouvés tout à coup au chômage technique: « ils ont erré pendant des semaines comme des âmes en peine », évoque Santi Palacios, photoreporter rompu à dépeindre des crises humaines pour les plus grands journaux du monde. Lui-même, au début du confinement, appelait les hôpitaux espagnols pour pouvoir y prendre des photos, et on lui répondait invariablement: « pour votre sécurité, ce n'est pas autorisé », comme il le relate pour le quotidien <em>El País</em> (2021). Certains lieux tels que les hôpitaux, les maisons de retraite, les cimetières et autres espaces où ce nouveau virus sévissait sont ainsi devenus une « zone aveugle » de l’information, le manque d'images rendant difficile la compréhension de ce qui se passait pour des citoyens « confinés » chez eux. <br />C'est dans ce contexte et afin de visualiser une réalité difficile à documenter que l’Archivo Covid a été créé. <br />Avant la mise en ligne du site, une photo par jour était publiée sur les réseaux sociaux numériques via le <a href="https://twitter.com/ArchivoCovid">compte Twitter du projet Archivo Covid</a> (<a href="https://twitter.com/ArchivoCovid">https://twitter.com/ArchivoCovid</a>, créé en mai 2020). Un appel à participations a été ouvert en décembre 2020 et clôturé en janvier 2021 (un second appel a concerné par la suite l'année 2021). L’ensemble des clichés et vidéos reçus au terme du premier appel (dont 23% ont été envoyés par des femmes) a été examiné par deux commissions formées d’éditeurs et éditrices graphiques et photographes professionnel.les (7 pour la photographie et 5 pour la vidéo), qui ont sélectionné un total de 8533 contenus, en tenant compte de la qualité des images autant que de leur représentativité, territoriale notamment. <br />Selon Santi Palacios, ce processus de sélection par les pairs a permis d’éviter certains biais de publication qui sont ceux de la presse, prompte à éliminer certaines images jugées choquantes et éditorialement contrainte par ses financements publicitaires. Davantage qu’un simple dépôt d'images, ce site cherche ainsi à contribuer au droit à l'information et à faire en sorte que celle-ci soit approfondie, diversifiée, respectueuse et fidèle aux réalités documentées. L’Archivo Covid constitue enfin un intéressant catalogue des photographes <em>freelance</em> qui exercent en Espagne, la majorité des auteurs représentés dans le corpus exerçant sous un statut de travailleur indépendant. <br />Sous l’aspect que présente le document présenté ici, ce site web est conçu comme une véritable archive numérique, offrant notamment des outils de recherche et d’exploration du corpus, tels que le tri par date, lieu, auteur et thème, ou encore par reportages thématiques (259 reportages sont proposés). Les photographies sont disposées sur la page principale du site sous forme d’une mosaïque, qui change en fonction de la recherche; une chronologie des ressources (timeline) est immédiatement visible au dessous de la mosaïque, et une carte de l’Espagne, placée dans le bandeau droit, localise graphiquement les ressources sélectionnées. Le site web a été élaboré par un sous-traitant privé (l’entreprise Fullcircle) et la gestion de ses contenus implique jusqu'à six documentalistes. <br />L'Université d'Alcalá est responsable de la conservation et de la diffusion de ces archives; elle a fourni non seulement le support technique mais aussi le cadre légal, académique et institutionnel qui permet leur utilisation non commerciale par les chercheurs, garantissant leur accès public, leur conservation pérenne et leur divulgation; le contrat passé engage à tout le moins l’université pour les dix prochaines années. Le droit d'auteur de chaque image appartient à son créateur ou sa créatrice: les photographies ne peuvent pas être téléchargées à partir de ce site, mais les coordonnées de leurs créateurs sont accessibles.<br />Un tel projet a mobilisé de nombreux partenaires; en premier lieu l’Universidad de Alcalá, à travers l’Aula de Fotografía de sa Fundación General; ainsi que la marque Fujifilm qui en est le sponsor principal. Le projet a également requis une série d’autres mécénats et partenariats, avec des entreprises privées (de matériel photographique, d'assurances, voire de services funéraires…), des laboratoires ou départements universitaires (Université Ramón Lull), ou encore des écoles supérieures d’art et de photographie. La liste comprend un total de 13 entités contributrices, en plus de l’Université d’Alcalá. <br />L’Archivo Covid peut ainsi être vu comme une « capsule temporelle », destinée à préserver la mémoire visuelle et graphique de l'enfermement et les conséquences de la crise sanitaire en Espagne. À travers ce corpus, quantités d’aspects sociaux liés à cette crise (sanitaire, mais aussi économique), dont certains étaient « invisibilisés » au plus fort de l’épidémie, sont rendus accessibles: le travail quotidien et les défis du secteur de la santé; les conditions de vie des personnes âgées et la crise des maisons de retraite; la vie familiale et privée en confinement ; l'inactivité de secteurs tels que l'éducation, la culture, les loisirs et le tourisme ; le travail des forces et des organes de sécurité de l'État; mais aussi les protestations des citoyens, la mortalité et le deuil.
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fundaci%C3%B3n+General+Universidad+de+Alcal%C3%A1">Fundación General Universidad de Alcalá</a>
Site web Archivo Covid : <a href="https://archivocovid.com">https://archivocovid.com</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
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Tous droits réservés
Morales, Manuel, « El gran relato fotográfico de la pandemia en España », <em>El País</em>, 5 avril 2021. En ligne : <a href="https://elpais.com/cultura/2021-04-05/el-gran-relato-fotografico-de-la-pandemia-en-espana.html.">https://elpais.com/cultura/2021-04-05/el-gran-relato-fotografico-de-la-pandemia-en-espana.html.</a>
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Site web
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<em>Faire face. Soignants vs Covid-19</em>, ouvrage collectif de bande dessinée, 2021
<h4>La crise de l'hôpital, à la première personne</h4>
<p>Début avril 2020, alors que le confinement total a débuté depuis une quinzaine de jours en France, Mathilde Pugès, infectiologue au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux, propose au collectif de dessinateurs <em>The Ink Link </em>de tenter de rendre compte en bande dessinée de ce qui se joue à ce moment-là dans la vie de ‘son’ hôpital. En a résulté cet ouvrage collectif, <em>Faire face</em>, qui relate en images et « à la première personne » la catastrophe sanitaire que fut la pandémie de Covid-19 dans le système sanitaire français.<br />Parmi la masse d’information visuelle qu’a suscité cette pandémie, le dessin (caricature, dessin humoristique, dessin de presse et bande dessinée de reportage) occupe une place de choix. Avec la crise du « coronavirus », les dessinateurs disposaient d’un auditoire décuplé et de thèmes d’inspiration inépuisables, sur un sujet inédit quoique tragique.</p>
<p>La production de dessins d’actualité sur la pandémie est impossible à quantifier tant ses sources et ses canaux de diffusion sont devenus accessibles et internationalement connectés. Le dessin s’est donc déployé dans la presse en ligne, mais aussi sur les réseaux sociaux numériques (Facebook et Instagram notamment), qui ont permis à certains auteurs de « percer » malgré —ou grâce à— la situation de confinement dans laquelle se sont retrouvés les créateurs… et leur public. Parmi nombre d’autres exemples, le travail de compilation et de promotion réalisé par l’ONG <a href="https://www.cartooningforpeace.org/en/editos/covid-19-living-with/"><em>Cartooning for Peace</em></a> témoigne de la métabolisation, dans le travail des dessinateurs et dessinatrices, de tous grands thèmes qui préoccupent alors l’opinion publique comme des procédés discursifs de l’humour graphique.</p>
<p>Dans l’exemple présenté ici, l’utilisation du médium icono-textuel qu’est la bande dessinée est à l’évidence au service du témoignage, davantage que de l’humour. L’ouvrage collectif <em>Faire Face </em>prétend documenter, mettre en récit et figurer une certaine réalité de la pandémie : celle qu’ont vécue les soignants français d’un hôpital de province au pic de la contagion –dont on ignorait encore qu’il n’était que celui de la « première vague ». Ces dix récits de fiction, scénarisés par un seul auteur (Wilfrid Lupano, célèbre scénariste des <em>Vieux Fourneaux</em>), à partir d’une vingtaine d’entretiens menés sur un mois en mode « distantiel » (ou « visioconférence ») au printemps 2020, et dessinés par dix auteurs et autrices différents, essaient de rendre compte de la façon dont les services de santé ont dû s’adapter à la crise sanitaire, et en particulier à l’afflux massif de patients et à la pénurie de matériel prophylactique (cf documents 4 et 8 de la présente collection). Comme l’indique le texte de présentation du projet,</p>
<p><em>« Dans cet établissement comme dans beaucoup d’autres en France, l’état d’urgence sanitaire amène les services concernés par le COVID-19 à inventer des réponses nouvelles, à s’adapter, sans consignes nationales claires, sans budgets supplémentaires, sans expérience de ce genre de crise. Le résultat de cette urgence adaptative est spectaculaire. En quelques semaines, tout le personnel s’engage dans la création de nouveaux outils de réponse[…]. La mobilisation est générale […]. Mais à l’hôpital, on voit bien que le traitement médiatique de la crise, massivement concentré sur le bilan de décès quotidien et le côté «héroïque » de la condition de soignant·e·s peine à transmettre au grand public ce qui est véritablement à l’œuvre dans un système de santé déjà fortement mal en point avant que la crise COVID-19 n’éclate. D’où l’idée d’une autre approche, en bande dessinée, pour éviter les ornières des médias quotidiens. » </em>(Dossier de presse de l’ouvrage ; c’est nous qui soulignons.)</p>
<p>Le projet emboîte ainsi plusieurs dimensions : celles du témoignage, du reportage, de la fictionnalisation /scénarisation et celle de la transcription graphique, englobées dans un même objet dont la vocation n’est pas seulement informative. Le résultat d’ensemble se veut un « portrait sociologique poignant, réalisé dans l’urgence, maître mot d’un ouvrage qui dépeint une crise inédite, et les trésors d’improvisation qui furent déployés pour y parer, dans la grande tradition de l’hôpital public ».</p>
<p>Ce projet se distingue donc par sa dimension militante concrète (ou performative), en ayant procédé de façon inclusive dans tous les sens du terme et à toutes les étapes de sa réalisation : recueil à chaud de témoignages où les femmes se sont trouvées en première ligne face à la crise; processus de création polycéphale aboutissant à un récit polyphonique ; et enfin, financement participatif au moyen d’une commercialisation en crowdfunding. « Un album unique en son genre, que ses coordinatrices – le collectif– ont voulu collectif jusqu’au bout ».</p>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Tous droits réservés
Guerre, Clément, « Dix dessinateurs tiennent avec humour le journal de bord du CHU de Bordeaux », <em>lavie.fr</em>, 20 avril 2021. En ligne : <a href="https://www.lavie.fr/ma-vie/culture/dix-dessinateurs-tiennent-avec-humour-le-journal-de-bord-du-chu-de-bordeaux-72644.php">https://www.lavie.fr/ma-vie/culture/dix-dessinateurs-tiennent-avec-humour-le-journal-de-bord-du-chu-de-bordeaux-72644.php</a>.
Guerre, Clément et Labroux-Satabin, Yoann, « Covid-19 : la première vague arrive au rayon BD », <em>La Vie.fr</em>, 20 avril 2021. En ligne : <a href="https://www.lavie.fr/ma-vie/culture/covid-19-la-premiere-vague-arrive-au-rayon-bd-73093.php">https://www.lavie.fr/ma-vie/culture/covid-19-la-premiere-vague-arrive-au-rayon-bd-73093.php</a>.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Livre
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Nota oficiosa del Laboratorio Municipal
<p><span>El Laboratorio municipal de Madrid, creado en 1877 y dirigido por el farmacéutico, higienista y bacteriólogo César Chicote (1861-1950), desempeñó una importante labor científico-investigadora durante la pandemia de gripe de 1918-1919 con la que pretendía contribuir a luchar contra la enfermedad y a prevenir su aparición. Elemento importante para conseguir esto último fue el desarrollo de una vacuna propia contra las complicaciones de la gripe. Su aplicación a la población fue promovida desde las páginas del diario <em>ABC</em> (5 de noviembre de 1918, página 5).</span></p>
<p><span>La prensa reprodujo también la información y las recomendaciones que el Laboratorio municipal madrileño preparó periódicamente para ayudar a la población a mantener la calma y a enfrentarse a la crisis sanitaria. Estos eran los objetivos de los consejos incluidos en la nota publicada el 27 de octubre de 1918, durante el momento álgido del segundo brote de la pandemia.</span></p>
<p><span>Nuevamente, el problema del agente etiológico de la gripe está presente en el inicio mismo de la nota. En esta ocasión se opta por defender la hipótesis del microbio desconocido, más compatible con los resultados del laboratorio y los requisitos establecidos por Robert Koch (1843-1910) para poder ser considerado como agente específico de la gripe.</span></p>
<p><span>Es interesante que se relacionara la gran mortalidad con otros gérmenes más conocidos presentes en las vías respiratorias superiores. Ello permitía justificar, por un lado, la necesidad de seguir las medidas de higiene individual propuestas por el Laboratorio municipal de Madrid para protegerse de la gripe, y, por otro, la importancia de recibir la vacuna preparada en dicha institución, como se indicaba al final del texto para los familiares de las personas afectadas por la enfermedad. Además, la difusión de esa información por la prensa contribuía a reducir la incertidumbre frente al episodio más grave y, con ello, a tranquilizar a la ciudadanía.</span></p>
<p><span>Como suele ser habitual ante cualquier epidemia, no solo se recomendaba la limpieza personal sino también una alimentación y un régimen de vida higiénicos. Merece la pena destacarse que esta última propuesta se efectuara de modo realista, adaptada a los recursos que poseyera cada persona. Recordemos la escasez y carestía de los alimentos y bienes de primera necesidad durante la pandemia.</span></p>
<p><span>Los consejos del Laboratorio municipal madrileño comprendían también las acciones a llevar a cabo si la persona caía enferma, que pasaban por aislarla en una habitación bien ventilada. Sin embargo, el cumplimiento de esta medida no era tarea sencilla, dada la mala calidad de las viviendas en ese momento y el hacinamiento existente en ellas.</span></p>
<p><span>Teniendo en cuenta que el Laboratorio municipal de Madrid estaba dirigido durante la pandemia por un farmacéutico, es destacable que se recomendara avisar al médico cuando se enfermaba y no automedicarse, así como no consumir ningún medicamento por consejo de personas profanas ni tomar las especialidades anunciadas en la prensa. Esta posición es coherente con la mantenida por César Chicote cuando presentó la vacuna del laboratorio ante la Real Academia de Medicina y se la ofreció a los médicos, entre ellos a Gregorio Marañón (1887-1960) para que la utilizara en el Servicio de enfermedades infecciosas del Hospital General (Madrid).</span></p>
<strong>Note officieuse du Laboratoire Municipal <br /></strong>
<p>Le laboratoire municipal de Madrid, créé en 1877 et dirigé par le pharmacien, hygiéniste et bactériologue César Chicote (1861-1950) accomplit un important travail de recherche scientifique au cours de la pandémie de grippe de 1918-1819 par lequel il entendait contribuer à la lutte contre la maladie et à en empêcher l’apparition. Un élément important permettant d’atteindre cet objectif fut le développement d’un vaccin propre contre les complications de la grippe. Le quotidien <em>ABC</em> se chargea dans ses pages de la promotion de son application à la population (5 de novembre 1918, p. 5).</p>
<p>La presse reproduisit également l’information et les recommandations que le Laboratoire municipal de Madrid donna en diverses circonstances pour aider la population à garder son calme et à affronter la crise sanitaire. Tels étaient les objectifs des conseils inclus dans la note publiée el 27 octobre 1918, au moment le plus chaud de la seconde vague de la pandémie.</p>
<p>Le problème de l’agent étiologique de la grippe est à nouveau présent dès le début de la note. On opte en la circonstance pour la défense de l’hypothèse du microbe inconnu, plus compatible avec les résultats de laboratoire et ce que Robert Koch considérait nécessaire pour déterminer un agent spécifique de la grippe.</p>
<p>Il est intéressant de noter la mise en rapport de l’importante mortalité avec des germes plus connus présents dans les voies respiratoires supérieures. Cela permettait de justifier, d’une part, la nécessité de suivre les mesures d’hygiène individuelle proposées par le Laboratoire municipal de Madrid pour se protéger contre la grippe, et, d’autre part, l’importance de se faire administrer le vaccin préparé dans cette institution, comme il était indiqué à la fin du texte à l’intention des proches des personnes contaminées. En outre, la diffusion de cette information par la presse contribuait à réduire l’incertitude face à l’épisode le plus grave et par là même, à tranquilliser 0l’opinion publique.</p>
<p>Comme il est courant lors de toute épidémie, on recommandait non seulement la propreté personnelle, mais aussi une alimentation et un régime de vie sains. Il est intéressant de remarquer que cette dernière proposition était formulée de façon réaliste, adaptée aux ressources de tout un chacun. Souvenons-nous de la pénurie et de la cherté des aliments et des biens de première nécessité pendant la pandémie.</p>
<p>Les conseils du Laboratoire municipal de Madrid comprenaient également ce qu’il fallait faire si quelqu’un tombait malade, entre autres, isoler cette personne dans une chambre bien aérée. Toutefois, il n’était guère facile de suivre cette disposition en raison de la mauvaise qualité des logements à l’époque et de la promiscuité qui y régnait. </p>
<p>Compte tenu de ce que le Laboratoire municipal de Madrid était dirigé pendant la pandémie par un pharmacien, on remarquera que l’on recommandait de faire appel à un médecin en cas d’infection et de ne pas s’automédicamenter ou de prendre quelque médicament que ce fût sur le conseil de profanes ainsi que les médicaments annoncés dans la presse. Cette position est conforme à celle adoptée par César Chicote quand il présenta le vaccin du Laboratoire à l’Académie Royale de Médecine en l’offrant aux médecins, en particulier à Gregorio Marañón (1887-1960) pour qu’il l’utilise dans le Service des maladies infectieuses de l’Hôpital Général de Madrid.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Laboratorio+Municipal+de+Madrid">Laboratorio Municipal de Madrid</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Cem%3EEl+Sol%3C%2Fem%3E"><em>El Sol</em></a>
Hemeroteca Municipal de Madrid. <br /><a href="http://catalogos.munimadrid.es/cgi-bin/hemeroteca?TITN=64853">Notice du catalogue</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-27">1918-10-27</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Porras+Gallo%2C+Mar%C3%ADa+Isabel">Porras Gallo, María Isabel</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard+%28traduction%29">Dufour, Gérard (traduction)</a>
Domaine public.<br />Image fournie par la Hemeroteca Municipal de Madrid.
<p><span>Chicote, César, <em>La vivienda insalubre en Madrid</em>, Madrid, Ayuntamiento de Madrid, 1914.</span></p>
<p><span>Huertas, Rafael, “Vivir y morir en Madrid: la vivienda como factor determinante del estado de salud de la población madrileña (1874-1923)”, <em>Asclepio</em>, 2002, 54 (2), pp. 253-276.</span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel, <em>La gripe española 1918-1919</em>, Madrid, Libros la Catarata, 2020.</span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel, “Sueros y vacunas en la lucha contra la pandemia de gripe de 1918-1919 en España”, <em>Asclepio</em>, 2008, 60 (2), pp. 261-288. <a href="https://doi.org/10.3989/asclepio.2008.v60.i2.266">https://doi.org/10.3989/asclepio.2008.v60.i2.266</a></span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel, <em>Una ciudad en crisis: La epidemia de gripe de 1918-19 en Madrid</em>, Tesis doctoral presentada en la Universidad Complutense de Madrid, 1994. Accesible en <a href="https://eprints.ucm.es/id/eprint/2765/">https://eprints.ucm.es/id/eprint/2765/</a></span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel (1997), “El Laboratorio Municipal de Madrid y la epidemia de gripe de 1918-19”, <em>Anales del Instituto de Estudios Madrileños</em>, 1997, 37, pp. 585-591.</span></p>
<p><span>Sánchez-Moscoso Hermida, Angustias, “César Chicote y del Riego”, en Real Academia de la Historia, Diccionario biográfico electrónico (en red: <a href="https://dbe.rah.es/biografias/12122/cesar-chicote-y-del-riego">https://dbe.rah.es/biografias/12122/cesar-chicote-y-del-riego</a>).</span></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Experimentos sobre el virus de la gripe
<p><span>Cuando la pandemia de 1918-1919 comenzó, las enfermedades infecciosas y, por tanto, la gripe debían ser abordadas conforme la teoría bacteriológica. Se debía identificar la bacteria responsable de la enfermedad para verificar el diagnóstico clínico con los hallazgos del laboratorio. </span></p>
<p><span>Sin embargo, el bacilo de Pfeiffer, teóricamente el germen causante de la gripe desde 1892, no fue aislado en todos los casos habidos durante la pandemia. Se aislaron otros gérmenes, pero ninguno cumplía los requisitos establecidos por el bacteriólogo alemán Robert Koch (1843-1910) para ser considerado como agente específico de la gripe. </span></p>
<p><span>Esta situación desconcertó a médicos y científicos, dentro y fuera de España. Se intensificaron las investigaciones y los médicos propusieron diferentes opciones etiológicas, incluso que el agente de la gripe fuera un germen desconocido o un ‘virus filtrable’.</span></p>
<p><span>La incapacidad del laboratorio y de la Medicina para aclarar la etiología de la gripe durante la pandemia trascendió a la prensa, como muestran las viñetas “<a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=c4721244-61cf-46be-aaeb-f09ed45e982f&page=3">Los biólogos</a>” (<em>El Sol</em>, 7 de junio de 1918) y “<a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=93a6fb44-696e-4f7e-94df-a0ebbd58a3b0">El microbio de la gripe</a>” (<em>El Heraldo de Madrid</em>, 26 de octubre de 1918, portada), así como el texto seleccionado que comparte página con la viñeta “El microbio Pfeiffer”.</span></p>
<p><span>Desde las páginas del diario <em>El Sol</em> se contribuyó a enriquecer nuevamente el debate sobre el agente etiológico de la gripe, que se desarrolló primordialmente en Academias de Medicina, sociedades y revistas científicas, tanto en España como en otros países.</span></p>
<p><span>Llama la atención que se informara del resultado de los experimentos efectuados en el Instituto Pasteur de Túnez, centro de investigación de referencia mundial, por los bacteriólogos franceses Charles Nicolle (1866-1936) y Charles Lebailli (1880-1945), cuando la hipótesis del ‘virus filtrable’ como agente específico de la gripe era aún minoritaria.</span></p>
<p><span>Sorprende también el tono escasamente divulgativo del texto, que resumía la intervención, ante la Academia de Ciencias de París, del bacteriólogo galo Émile Roux (1853-1933), director entonces del Instituto Pasteur de París, institución relevante donde se habían formado los autores de los experimentos.</span></p>
<p><span>La mayoría de la población con acceso a la prensa difícilmente comprendería bien la información proporcionada, y sería fácilmente presa de la confusión al hablarse en la misma página del microbio Pfeiffer (en la viñeta) y de que el agente de la gripe era “un organismo filtrante”.</span></p>
<p><span>Sin embargo, esta acción informativa del diario <em>El Sol</em> podía contribuir a crear opiniones favorables a la nueva hipótesis etiológica y, al mismo tiempo, a serenar a la población en un momento de gran mortalidad por la segunda visita de la gripe a la sociedad española. Se mostraba que la ciencia seguía trabajando y ese esfuerzo parecía estar sirviendo para aclarar la etiología de la gripe. La solución a la crisis sanitaria que se vivía podía estar más cerca.</span></p>
<p><span>El recurso a la ciencia médica y la difusión de las investigaciones científicas realizadas es una estrategia comúnmente empleada en la gestión de las crisis sanitarias por su capacidad para tranquilizar a la ciudadanía y facilitar la aceptación de las medidas adoptadas.</span></p>
<strong>Expériences sur le virus de la grippe</strong><br /><br /><p>Au début de la pandémie de 1918-1919, on abordait d’un point de vue bactériologique les maladies infectieuses, et par conséquent la grippe. On devait identifier la bactérie responsable de la maladie pour vérifier le diagnostic en fonction des résultats des analyses de laboratoire.</p>
<p>Toutefois, le bacile de Pfeiffer, qui était théoriquement depuis 1892 le germe qui provoquait la grippe, ne fut pas isolé dans tous les cas qui se produisirent pendant la pandémie. On isola d’autres germes, mais aucun d’entre eux ne présentait les caractéristiques requises, établies par le bactériologue allemand Robert Koch (1843-1910), pour être considéré comme un agent spécifique de la grippe.</p>
<p>Cette situation déconcerta nombre de médecins et de scientifiques, en Espagne et ailleurs. On intensifia les recherches et les médecins proposèrent diverses options étiologiques, et même que l’agent de la grippe fut un germe inconnu ou un « virus filtrable ».</p>
<p>La presse eut vent de l’incapacité des laboratoires et de la Médecine à déterminer l’étiologie de la grippe pendant la pandémie comme le montrent les dessins « <a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=c4721244-61cf-46be-aaeb-f09ed45e982f&page=3">les Biologistes</a> » (<em>El Sol</em>, 7 juin 1918) et « <a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=93a6fb44-696e-4f7e-94df-a0ebbd58a3b0">Le microbe de la grippe </a>» (à la une de <em>El Heraldo de Madrid</em>, du 26 octobre 1918) ainsi que le texte sélectionné qui se trouve sur la même page que le dessin « Le microbe Pfeiffer ».</p>
<p>Les pages du quotidien <em>El Sol</em> contribuèrent à l’enrichissement du débat sur l’agent étiologique de la grippe qui se développa surtout dans les Académies de Médecine, les sociétés savantes et les revues scientifiques, aussi bien en Espagne qu’ailleurs.</p>
<p>On remarquera que l’on donna le résultat des expériences effectuées à l’institut Pasteur de Tunis, centre de recherche mondialement reconnu, par les bactériologues français Charles Nicolle (1866-1936) et Charles Lebailli (1880-1945) alors que l’hypothèse du « virus filtrable » comme agent spécifique de la grippe était encore minoritaire.</p>
<p>On est également surpris par le ton fort peu pédagogique du texte qui résumait l’intervention devant l’Académie des Sciences de Paris, du bactériologue Émile Roux (1853-1933), alors directeur de l’Institut Pasteur de Paris, une institution de la première importance où avaient été formés les auteurs des expériences.</p>
<p>La plupart de la population ayant accès à la presse dut avoir du mal à bien comprendre l’information fournie et à s’y retrouver alors qu’on lui parlait dans la même page du microbe Pfeiffer (dans le dessin) et de l’agent de la grippe comme d’« un organisme filtrant ».</p>
<p>Toutefois, cette information du quotidien <em>El Sol</em> put contribuer à créer des opinions favorables à la nouvelle hypothèse étiologique tout en rassurant la population à un moment de forte mortalité lors de la seconde visite de la grippe à la société espagnole. On montrait que la science continuait à travailler et cet effort semblait permettre de déterminer l’étiologie de la grippe. On pouvait s’approcher de la solution à la crise sanitaire que l’on était en train de vivre.</p>
<p>Le recours à la science médicale et la diffusion des recherches scientifiques en cours est une stratégie couramment utilisée dans la gestion des crises sanitaires en raison de sa capacité à tranquilliser la population et à faciliter l’acceptation des mesures prises.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Cem%3EEl+Sol%3C%2Fem%3E+%28Madrid%29"><em>El Sol</em> (Madrid)</a>
Hemeroteca Municipal de Madrid <br /><a href="http://catalogos.munimadrid.es/cgi-bin/hemeroteca?TITN=64853">Notice du catalogue</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-18">1918-10-18</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Porras+Gallo%2C+Mar%C3%ADa+Isabel">Porras Gallo, María Isabel</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard+%28traduction%29">Dufour, Gérard (traduction)</a>
Domaine public.
Image fournie par la Hemeroteca Municipal de Madrid
<p><span>Porras Gallo, María Isabel, <em>La gripe española 1918-1919</em>, Madrid, Libros la Catarata, 2020.</span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel (2008), “Sueros y vacunas en la lucha contra la pandemia de gripe de 1918-1919 en España”, <em>Asclepio</em>, 60 (2), pp. 261-288. <a href="https://doi.org/10.3989/asclepio.2008.v60.i2.266">https://doi.org/10.3989/asclepio.2008.v60.i2.266</a></span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel, <em>Una ciudad en crisis: La epidemia de gripe de 1918-19 en Madrid</em>, Tesis doctoral presentada en la UCM, 1994. Accesible en </span><a href="https://eprints.ucm.es/id/eprint/2765/">https://eprints.ucm.es/id/eprint/2765/</a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<strong>Consejos médicos. La epidemia actual</strong>
<p><span>Este texto es un ejemplo del papel que los médicos desempeñaron en los periódicos españoles durante la pandemia de gripe de 1918-1919. Su objetivo era tranquilizar a la población mientras difundían información relevante para facilitar la respuesta de la ciudadanía a la crisis sanitaria, dentro del marco establecido por la profesión médica, que facilitaría el manejo de la crisis sanitaria. Hoy hablaríamos de labores de divulgación y de educación sanitaria.</span></p>
<p><span>El autor de los consejos fue Gregorio Marañón (1887-1960), con un <em>curriculum</em> relevante cuando estalló la pandemia. Sus profesores fueron los médicos más destacados del momento: Santiago Ramón y Cajal (1852-1934), Alejando San Martín (1847-1908), Manuel Alonso Sañudo (1856-1912), Juan Madinaveitia (1861-1938) y Federico Olóriz (1855-1912). Estudió Medicina en la Universidad Central de Madrid (hoy, Universidad Complutense). Obtuvo el premio extraordinario de licenciatura en 1910, y el de doctorado en 1913, tras realizar una estancia de investigación en Alemania becado por el Ministerio de Instrucción Pública. Fue también premio extraordinario de doctorado.</span></p>
<p><span>En 1909, siendo aún estudiante, recibió el Premio Martínez Molina, otorgado por la Real Academia de Medicina y publicó artículos en la <em>Revista Clínica</em> de Madrid.</span></p>
<p><span>Marañón se interesó pronto por las enfermedades infecciosas. Durante su estancia alemana en 1910, trabajó con Paul Ehrlich (1854-1915) y se familiarizó con la investigación médica más avanzada. A su regreso, publicó su obra <em>La quemoterapia moderna según Ehrlich. Tratamiento de la sífilis por el 606</em>. En 1911, por oposición, se convirtió en médico de la Beneficencia Provincial, con destino en el Servicio de enfermedades infecciosas del Hospital General (Madrid). Desde este puesto intervino durante la pandemia de gripe de 1918. En el verano de 1918, formó parte de la Comisión médica que el gobierno español envió a Francia para estudiar las medidas adoptadas en dicho país. En 1919, fue nombrado consejero de Sanidad y, en 1922, ingresó como académico numerario de la Real Academia de Medicina.</span></p>
<p><span>El texto de Marañón tuvo gran difusión. Fue incluido en el dorso de unas cartulinas de la Comisaría de turismo y cultura popular, que contenían imágenes de monumentos de Toledo. Además, varios diarios lo reprodujeron en un momento clave de la crisis sanitaria, cuando surgieron dudas sobre la naturaleza de la enfermedad, circularon otros diagnósticos, que confundía a la población.</span></p>
<p><span>Marañón respondió a las dudas descartando otras patologías (cólera, peste, tifus) con los resultados negativos del laboratorio y de las autopsias. Manifestó que la enfermedad era la gripe, padecida en primavera. Ante la imposibilidad del laboratorio de aislar el bacilo de Pfeiffer (oficialmente su bacteria causante) en todos los casos de enfermedad, Marañón propuso una etiología multicausal: influencias atmosféricas, el microbio gripal, otros microbios y otras causas que no se podían precisar. Sin embargo, defendió que la enfermedad se contagiaba por el aire, donde residía el microbio procedente de estornudos y toses de personas enfermas y convalecientes.</span></p>
<p><span>El documento incluía medidas higiénicas individuales para evitar el contagio, otras a seguir si se enfermaba y las que se debían adoptar cuando la enfermedad finalizaba o se producía la muerte, que incluían la desinfección de espacios y enseres en contacto con quien había padecido la gripe. </span></p>
<p><span>Es importante destacar que, en caso de enfermedad, Marañón recomendaba el autocuidado (sudar, meterse en la cama…), pero no la automedicación sin indicación médica. Lo justificaba por la escasa o nula eficacia de los medicamentos y la necesidad de reservarlos para casos seleccionados por los médicos. Los medicamentos entonces servían solo para tratar los síntomas, pero su recomendación se explica por la escasez y carestía de medicinas durante la pandemia.</span></p>
<p><span>Resulta contradictorio que Marañón indicara primero que era difícil evitar ser contagiado y luego lo contrario para justificar que se cuidara a las personas enfermas.</span></p>
<p><span>Finalizaba el texto con un mensaje de esperanza, pidiendo que no cundiera el pánico, ni el pesimismo, ya que la enfermedad se agotaba en cuatro semanas.</span></p>
<strong><strong>Conseils médicaux. L’épidémie actuelle<br /><br /></strong></strong>Ce texte est un exemple du rôle que les médecins ont joué dans les journaux espagnols pendant la pandémie de grippe de 1918-1919. Son objectif était de tranquilliser la population en diffusant des nouvelles importantes pour lui permettre de répondre à la crise sanitaire dans le cadre établi par la médecine en facilitant la gestion de la crise sanitaire. On parlerait aujourd’hui de travail de divulgation et d’éducation à la santé.<br />L’auteur de ces conseils est Gregorio Marañón (1887-1960), qui pouvait faire état d’un <em>curriculum</em> impressionnant quand éclata la pandémie. Il eut pour maîtres les médecins les plus réputés de son époque: Santiago Ramón y Cajal (1852-1934), Alejando San Martín (1847-1908), Manuel Alonso Sañudo (1856-1912), Juan Madinaveitia (1861-1938) et Federico Olóriz (1855-1912). Il étudia la médecine à l’Université Centrale de Madrid (aujourd’hui, Université Complutense) et obtint le prix extraordinaire de licence en 1910 ainsi que le doctorat en 1913 après avoir effectué un séjour de recherche en Allemagne en tant que boursier du Ministère de l’Instruction publique. Il obtint également le Prix extraordinaire de doctorat.<br />En 1909, alors qu’il était encore étudiant, il reçut le prix Martínez Molina, décerné par l’Académie Royale de Médecine et publia des articles dans la <em>Revista Clínica</em> de Madrid. Marañón s’intéressa rapidement aux maladies infectieuses. Pendant son séjour en Allemagne en 1910, il travailla avec Paul Ehrlich (1854-1915) et se familiarisa avec la recherche médicale de pointe. <span>A son retour, il publia sa <em>Quemoterapia moderna según Ehrlich. Tratamiento de la sífilis por el 606</em>. </span>(Chimio-thérapie moderne selon Ehrlich. Traitement de la syphilis par le 606). En 1911 il obtint par concours un poste de l’Assistance Régionale au service des maladies infectieuses de l’Hôpital Général de Madrid où il intervint pendant la pandémie de grippe de 1918. A l’été 1918, il fit partie de la Commission médicale que le gouvernement espagnol envoya en France pour étudier les mesures qui y avaient été prises. En 1919, il fut nommé Conseiller sanitaire et, en 1922, il entra à l’Académie Royale de Médecine en tant que membre titulaire.<br />Le texte de Marañón connut une ample diffusion. Il fut imprimé au dos de plusieurs prospectus du Commissariat au tourisme et à la culture populaire qui représentaient des monuments de Tolède. En outre, divers journaux le reproduisirent à un moment clé de la crise sanitaire quand apparurent des doutes sur la nature de la maladie et circulèrent d’autres diagnostics qui semèrent le doute parmi la population.<br />Marañón leva les doutes en écartant d’autres pathologies (choléra, peste, typhus) avec les résultats négatifs des analyses faites en laboratoire et des autopsies. Il établit qu’il s’agissait bien de la grippe apparue au printemps. Face à l’impossibilité du laboratoire d’isoler dans tous les cas le bacile de Pfeiffer (qui était officiellement la bactérie responsable de la maladie), Marañón proposa une étiologie à causes multiples : influences atmosphériques, le microbe de la grippe, d’autres microbes et d’autres causes qu’il était impossible de préciser. Il soutint cependant que l’épidémie se propageait par l’air, où résidait le microbe en provenance des éternuements et de la toux des malades et convalescents. <br />Le document contenait des mesures d’hygiène individuelles pour éviter la contagion, d’autres à suivre si l’on attrapait la maladie et celles que l’on devait adopter à la fin de la maladie ou en cas de décès, en particulier la désinfection des espaces et des objets avec lesquels avait été en contact celui qui avait souffert de la grippe.<br />Il est important de souligner qu’en cas de maladie, Marañón recommandait l’auto traitement (suer, se mettre au lit…), mais pas l’automédication, ce qu’il justifiait par la faible efficacité (ou le manque d’efficacité) des médicaments et la nécessité de les réserver pour les cas déterminés par les médecins. Les médicaments servaient alors uniquement pour traiter les symptômes, mais sa recommandation s’explique par le manque et la cherté des traitements pendant la pandémie.<br />Il est contradictoire que Marañón déclare d’abord qu’il était difficile d’éviter d’être contaminé, puis absolument le contraire pour justifier que l’on prenne en charge les personnes malades.<br />Le texte s’achevait par un message d’espoir en demandant de ne pas céder à la panique ni au pessimisme, étant donné que la maladie disparaissait en quatre semaines.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Mara%C3%B1%C3%B3n%2C+Gregorio+%28Dr.%29">Marañón, Gregorio (Dr.)</a>
Hemeroteca Municipal de Madrid<br /><p><a href="http://catalogos.munimadrid.es/cgi-bin/hemeroteca?TITN=82160">Notice du catalogue</a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-10">1918-10-10</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Porras+Gallo%2C+Mar%C3%ADa+Isabel">Porras Gallo, María Isabel</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard+%28traduction%29">Dufour, Gérard (traduction)</a>
Domaine public.
Image fournie par la Hemeroteca Municipal de Madrid.
<p><span>Marañón, Gregorio, <em>La quemoterapia moderna según Ehrlich. Tratamiento de la sífilis por el 606</em>, Madrid, Casa Vidal, 1910.</span></p>
<p><span>Marañón y Bertrán de Lis, Gregorio y López Vega, Antonio, “Gregorio Marañón y Posadillo”, en Real Academia de la Historia, <em>Diccionario biográfico electrónico</em> (en red: <a href="https://dbe.rah.es/biografias/12917/gregorio-maranon-y-posadillo">https://dbe.rah.es/biografias/12917/gregorio-maranon-y-posadillo</a>).</span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel, <em>La gripe española 1918-1919</em>, Madrid, Libros la Catarata, 2020.</span></p>
<p><span>Porras Gallo, María Isabel<em>, Una ciudad en crisis: La epidemia de gripe de 1918-19 en Madrid</em>, Tesis doctoral presentada en la UCM, 1994. Accesible en <a href="https://eprints.ucm.es/id/eprint/2765/">https://eprints.ucm.es/id/eprint/2765/</a></span></p>
48 cm
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Introduction Salle 4: La Covid 19 (2019-)
Itroduction de la salle 4 de <em>Quatre pandémies à la Une en 80 documents. Information et crises sanitaires (France-Espagne, 1720-2022)</em>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Maury%2C+Agn%C3%A8s">Maury, Agnès</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022">2022</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Vidéo
Introduction générale
Introduction générale de l'exposition numérique <em>Quatre pandémies à la Une en 80 documents. Information et crises sanitaires (France-Espagne, 1720-2022)</em>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Larriba%2C+Elisabel">Larriba, Elisabel</a>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022">2022</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Vidéo
Introduction Salle 3 : La grippe dite espagnole (1918-1919)
Introduction de la salle 3 de l'exposition numérique <em>Quatre pandémies à la Une en 80 documents. Information et crises sanitaires (France-Espagne, 1720-2022)</em>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Maury%2C+Agn%C3%A8s">Maury, Agnès</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022">2022</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Larriba%2C+Elisabel">Larriba, Elisabel</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Vidéo
Introduction Salle 1 : La peste de Marseille (1720-1722)
Introduction de la salle 1 de l'exposition numérique <em>Quatre pandémies à la Une en 80 documents. Information et crises sanitaires (France-Espagne, 1720-2022).</em>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Maury%2C+Agn%C3%A8s">Maury, Agnès</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022">2022</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Vidéo
Introduction Salle 2: La fièvre Jaune en Catalogne (1821)
Introduction de la salle 2 de l'exposition numérique <em>Quatre pandémies à la Une en 80 documents. (France-Espagne, 1720-2022).</em>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Maury%2C+Agn%C3%A8s">Maury, Agnès</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022">2022</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Vidéo
<p class="western">Prière à Saint François<b><br /></b></p>
<p><b>Formulaires de prières et talismans individuels</b></p>
<p>Comme lors des pestes précédentes circulent des <i>occasionnels</i> (feuilles volantes) imprimés ou manuscrits qui portent des prières à la Vierge, saint François, saint Antoine ou saint Roch. Elles pouvaient être lues mentalement par les alphabétisés et aussi lues à voix haute par eux à des analphabètes jusqu’à ce qu’ils les mémorisent et puissent les réciter. Certains de ces <i>occasionnels</i> pouvaient aussi servir de <i>préservatifs</i>. Ils étaient réputés susceptibles d’avoir une fonction protectrice d’amulette pour qui les portait sur lui. Il en était de même de la médaille de saint Benoît, qui était bénie et portée au cou par une chaîne, ou de la croix à double croisetée dite de saint Zacharias (patriarche de Jérusalem qui préserva la « Vraie croix » lorsque la ville fut prise par les Perses en 614). Des exemplaires de ces deux derniers objets ont été réédités et vendus sur Internet lors de la dernière pandémie de Covid 19.</p>
<p><b>Prières et cérémonies publiques</b></p>
<p>Au début de l’épidémie, Mgr de Belsunce, évêque de Marseille, et d’autres évêques ont ordonné au clergé de réciter quotidiennement des <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/232">prières à saint Roch de Montpellier</a>. Ce pèlerin aurait vécu au XIV<sup>e</sup> siècle. Il aurait soigné des pestiférés avec succès puis aurait été lui-même atteint par la peste. Il fut mis en isolement mais un petit chien (le « roquet ») serait venu chaque jour lui apporter un pain dans sa gueule et il guérit. Il était donc un intercesseur par excellence. Sur la vignette de l’occasionnel reproduit, un ange dévoile le bubon sur la cuisse de Roch et le roquet est derrière lui.</p>
<p><b>Les voeux collectifs</b></p>
<p>Les dirigeants civils et religieux d’une cité pestiférée suivent souvent le schéma biblique de la « peste du roi David » (2 <i>Samuel</i> 24, 7-30) : pour que « Dieu arrête la main de son ange exterminateur », David, sur le conseil de l’ange, a élevé un autel à Dieu. Des conseils de ville font vœu d’élever une chapelle, de financer un hôpital, de célébrer particulièrement la fête d’un membre de la cour céleste qui devient le saint patron de leur communauté.</p>
<p><b>Henri de Belsunce, les échevins de Marseille et le culte du Sacré-Coeur</b></p>
<p>Au pire moment de la contagion, Mgr de Belsunce cherche un culte d’intercession nouveau. Il opte pour un culte christique récent, celui du Sacré-Cœur de Jésus, encore très controversé, en particulier par les jansénistes. Il va avoir l’audace de lui consacrer son diocèse, ce qui est sans précédent. Il décide d’organiser à l’occasion de la fête de tous les saints, le 1<sup>er</sup> novembre, une grande cérémonie expiatoire : une procession, la célébration de la messe sur le Cours et la consécration de son diocèse au Sacré-Cœur. Il traverse Marseille pieds nus, sans mitre et la corde au cou, comme l’avait fait saint Charles Borromée, pour montrer qu’il prend à sa charge tous les péchés de la ville. Il met le diocèse sous la protection du Sacré-Cœur et « en réparation de tous les crimes qui ont attiré sur (la ville) la vengeance du Ciel », il établit la fête du Sacré-Cœur, qui sera célébrée « tous les ans, le premier vendredi qui suit immédiatement l’octave du Saint-Sacrement ». Il sera suivi par la plupart des autres évêques provençaux.</p>
<p>Lorsque la peste revient à nouveau en avril 1722. Mgr de Belsunce obtient des échevins que la ville elle-même soit placée sous la protection du Sacré-Cœur : le 28 mai, les échevins font vœu d’assister à la messe du Sacré-Cœur et d’offrir un cierge de 4 livres portant les armes de la ville. Ils promettent de renouveler ce geste chaque année. Il a depuis 1986 pour cadre la basilique du Sacré-Cœur du Prado. Le texte de la consécration qui est lu chaque année par l’archevêque est une version modernisée de celui composé par Mgr de Belsunce.</p>
<p>La <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/231">gravure reproduite, due sans doute à l’Avignonnais Jean Michel</a>, est postérieure à 1731 : H. de Belsunce reçut à cette date le <i>pallium</i>, bande d’étoffe qui entoure ses épaules. L’iconographie est encore hésitante. Le Christ tient son coeur entouré d’une couronne d’épines ; il sera ultérieurement représenté sur sa poitrine. La Vierge est figurée en intermédiaire entre lui et les hommes alors que la spécificité du culte du Sacré-Coeur est qu’il s’adresse directement au Christ et à Dieu, figuré sur la gravure.</p>
<ul><li>Voir également dans cette exposition<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/231"><em>Vœu de Henri de Belsunce</em></a>, Jean Michel, après 1731<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/232"><em>Antienne à la Sainte Vierge contre la peste / Antienne à Saint Roch aussi contre la peste</em></a>, vers 1720<br /><br /><br /></li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Senez%2C+Joseph+%28imprimeur%29">Senez, Joseph (imprimeur)</a>
BMVR 3611, fonds spéciaux, Ville de Marseille
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1720">1720</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public
Régis, Bertrand, <em>Henri de Belsunce (1670-1755). L’évêque de la peste de Marseille</em>, Marseille, Gaussen, 2020, pp. 157-192.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Colonne de la peste à Marseille
<p class="western">Outre les statues de Mgr de Belsunce (Joseph-Marius Ramus, 1853, cours Belsunce puis enclos de la cathédrale) et du chevalier Roze (Jean Hugues, 1884, Tourette) et les noms de rues attribués aux « héros de la peste » (seul Audimar a cédé le sien au résistant Jean Trinquet), deux monuments ont commémoré à un siècle de distance la dernière peste : la colonne de la peste (1802) et la <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/234">basilique du Sacré-Cœur du Prado</a>.</p>
<p class="western"><b>La colonne de la peste (1802)</b></p>
<p class="western">Sous le Consulat, Charles Delacroix, premier préfet du département des Bouches-du-Rhône, inaugure le 16 septembre 1802 la « fontaine du Dévouement » ou « de la Peste ». Sa colonne, antique, provient de l’abbatiale Saint-Victor. Elle est dédiée, selon les inscriptions de son socle, « à l’éternelle mémoire des hommes courageux (qui) se dévouèrent pour le salut des Marseillais dans l’horrible peste de 1720 ». Sur la face principale, figurent les noms de ceux qui détinrent une autorité pendant la contagion. La face de droite porte :</p>
<div class="western" style="text-align:center;">« Hommage à plus de cent cinquante religieux,</div>
<div class="western" style="text-align:center;">à un grand nombre de médecins, de chirurgiens,</div>
<div class="western" style="text-align:center;">qui moururent victimes de leur zèle</div>
<div class="western" style="text-align:center;">à secourir et à consoler les mourants.</div>
<div class="western" style="text-align:center;">Leurs noms ont péri.</div>
<div class="western" style="text-align:center;">Puisse leur exemple n’être pas perdu !</div>
<div class="western" style="text-align:center;">Pussent-ils trouver des imitateurs</div>
<div class="western" style="text-align:center;">Si ces jours de calamités venaient à renaître ».</div>
<p class="western"><br />Le chapiteau est surmonté du moulage de la statue du <i>Génie de l’immortalité</i>, œuvre de Barthélémy Chardigny (1757-1813, l’original est au musée des Beaux-Arts), qui, selon Delacroix, tient d’une main la « couronne civique » au-dessus des noms des héros et de l’autre relève « le flambeau de la vie qui (…) avait été prêt de s’éteindre ». <span>Privée de son bassin et continuellement couverte de </span><i><span>tags</span></i><span>, elle se trouve dans le square du conservatoire de musique, </span><span>situé à l’angle de la rue de la Bibliothèque et de la rue des Trois-Mages.<br /><br /></span></p>
<ul><li class="western">Voir également dans cette exposition <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/234">Abside et vitrail représentant le vœu des échevins formulé en 1722,</a> Henry Pinta, 1920-1945, Basilique du Sacré-Cœur, avenue du Prado, 13008 Marseille</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Delacroix%2C+Charles+%28pr%C3%A9fet+des+Bouches-du-Rh%C3%B4ne%29%0D%0A%0D%0A">Delacroix, Charles (préfet des Bouches-du-Rhône)
</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Chardigny%2C+Barth%C3%A9l%C3%A9my++%28sculpteur%29">Chardigny, Barthélémy (sculpteur)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1802">1802</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Notice par Frédérique Bertrand dans É. Mognetti, L. Noet, F. Bertrand, É. Marantz, <em>Guide historique des fontaines de Marseille</em>, Marseille, Gaussen, 2014, pp. 20-22 et 36.
Bertrand, Régis, <em>Henri de Belsunce, l’évêque de la peste de Marseille</em>, Marseille, Gaussen, 2020, pp. 301-338.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Monument
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Description des malheurs de la ville d’Aix, en vers provençaux
<strong>Plaisanter de la peste : Anonyme, « Description des malheurs de la ville d’Aix, en vers provençaux »</strong><br /><br />Comme les pestes précédentes de 1580 ou de 1629, celle de 1720 a fait naître des pièces de vers. Le docteur Jean-Baptiste Bertrand les signale dès 1723 dans sa tentative d’ « histoire littéraire de notre peste » : il distingue les récits à caractère historique, comme le sien, les chroniques médicales et enfin les essais poétiques : « Les troubles et les désordres de la contagion, une désolation extrême et générale, une mortalité presque universelle, des événements bizarres et singuliers, tout étoit devenu un sujet bien digne de l’histoire. Une maladie aussi extraordinaire ne pouvoit donc qu’exciter la curiosité des médecins, et une aussi grande calamité fournissoit aux Poètes de grandes idées et de quoi exercer leurs talens. On vit donc dans ces premiers jours la Ville inondée de ces trois sortes d’écrits, qui ne servirent pas moins à divertir le public qu’ à l’amuser ». On nuancera cette dernière affirmation : le vers provençal (dialecte occitan), utilisé ici, permet alors aux alphabétisés une grande variété d’expression et en particulier un fin maniement de l’ironie dans la complainte, alors que la prose française ne leur offrait guère que les genres polémiques du libelle ou du pamphlet. À quelques exceptions près, ces pièces ont circulé de mains en mains. Elles sont presque toujours anonymes. Celle-ci est signée « B. ». Cet auteur n’a pu être identifié. Son expression dialectale est de qualité modeste, ce qui la rend facile à lire, et certains de ses vers ne sont pas très cohérents. Il est donc douteux qu’elle ait été écrite par un de ces lettrés du temps qui versifiaient en occitan par choix littéraire. L’option linguistique pourrait ici correspondre à la recherche d’un ton à la fois familier et parfois un peu moqueur à l’égard de soi-même, de la part d’un écrivant habitué sans doute à s’exprimer par écrit en français. La « langue vulgaire » pourrait aussi introduire une distance entre l’auteur (et ses lecteurs) et son propos par le décalage social qu’elle comporte. Ce texte est connu par deux copies manuscrites, l’une, d’une écriture du XVIIIe siècle, est dans un recueil factice de la bibliothèque de Marseille et a été publiée en 1997. Celle qui est reproduite ici se trouve dans le recueil sur la peste compilé au début du XIXe siècle par le commis marseillais Lazare Tours (1771-1841). Elle est d’une graphie plus aisée à lire et son transcripteur l’a mise dans une orthographe quasiment phonétique, plus proche de la façon dont elle a pu être prononcée. Le cas aixois est souvent cité comme un exemple de tentative de contrôle des méfaits de la contagion, d’abord par l’effort d’isolement de la ville et, lorsque la peste apparaît tardivement à l’automne de 1720, par le transport de tous les suspects dans des infirmeries et des hôpitaux pour convalescents ; puis en avril-mai 1721 par l’organisation de la quarantaine générale, la « serrade », qui n’allait d’ailleurs pas éviter une assez forte mortalité. Ces deux expériences étaient fondées sur le principe d’une forte intervention des autorités municipales dans la vie de leurs concitoyens, en particulier pendant la quarantaine générale qui impliquait l’approvisionnement des maisons en nourriture et eau. Seul celui des Aixois pauvres fut pris en charge par le conseil de ville, les autres habitants devaient payer immédiatement ou signer une promesse de paiement devant trois témoins. C’est cet aspect très coercitif pour les individus qui est fortement souligné par l’auteur, avant tout dans sa première phase d’isolement des suspects : il insiste sur la brutalité du personnel commis par le conseil de ville à la lutte contre le fléau ; il dénonce plus largement les inconvénients auxquels la « serrade » a donné lieu. Cependant, lorsqu’il observe que sont « pleines de fumier et de crasse » les aires du Pré-batailler (large espace situé à la porte des Augustins, lieu de promenade et de fêtes), il reconnaît implicitement qu’elles ne sont pas couvertes de cadavres. On ne signale guère en effet à Aix de scènes macabres comparables à celles que Marseille avait connues quelques mois plus tôt. Parce que la peste revêt ainsi à Aix moins explicitement qu’ailleurs l’aspect d’une tragédie collective, l’auteur semble particulièrement sensibles à la rudesse des rapports humains (« il semble que nous soyons devenus des ours ») et à l’éclipse des sociabilités respectueuses des statuts sociaux, qu’il évoque à la fin. La plupart de ses critiques et de ses remarques nostalgiques peuvent être recoupées par d’autres textes, où elles sont formulées en général de façon plus académique.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
Bertrand, Régis, « Peste et 'littérature grise': deux poèmes sur la peste d'Aix », dans <em>Provence Historique</em>, t. XLVII, fasc. 189, 1997, pp. 495-512 (édition du texte).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1720-1721">1720-1721</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
« Recueil de pièces relatives à la peste qui affligea la ville de Marseille pendant les années 1720, 1721, 1722, Marseille, septembre 1802 », par Lazare Tours. Bibliothèque du Musée Paul-Arbaud, Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d’Aix-en-Provence, MO 26.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=occitan-proven%C3%A7al">occitan-provençal</a>
Archive
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
"On manifeste parce qu'on a pas de matériel, pas de personnel, pas de masque, pas de blouse"
<h4>Des soignants expriment leur détresse en ligne face au manque de personnel et de matériel</h4>
<p>Publiée sur Twitter le 2 avril 2022, durant le premier confinement en France, cette vidéo tournée par un ou une manifestante lors d’un défilé de soignants, est accompagnée d’un texte rappelant leurs revendications : " on manifeste parce qu’on a pas de matériel, pas de personnel, pas de masque, pas de blouse ".</p>
<p>Dans une perspective d’histoire culturelle du temps présent, cette vidéo n’est pas seulement le reflet du « ras-le-bol » des soignants confrontés à la pandémie, elle constitue aussi un document numérique et ainsi une source pour l’historien du temps présent. Face à ces nouveaux matériaux instables, les archives du web de l’INA et de la BNF permettent d’en conserver la trace, mais aussi de « remonter le temps du web » pour exhumer d’anciens contenus diffusés en ligne sur le web français. Dans le cadre d’un contrat de chercheur associé à la BNF en 2019/2020 centré sur l’étude des mouvements sociaux, j’ai souhaité étudier les modes de représentation des mobilisations des soignants à partir des vidéos du web archivées par l’INA.</p>
<p>Une recherche multicritère dans ces vidéos du web archivées par l’équipe du dépôt légal du web de l’INA concernant les mouvements sociaux des soignants, a permis de constituer un corpus d'environ 3400 vidéos sur les fournisseurs d'accès Brut, Youtube, Dailymotion, Facebook, Vimeo et Twitter, collectées de 2007 à 2020.</p>
<p>En combinant une approche statistique et qualitative, ce corpus a permis d'interroger la manière dont les soignants étaient, à la fois, représentés dans les images prises et sélectionnées au montage, mais aussi la manière dont les journalistes les décrivaient ou les interviewaient brièvement lors des manifestations. </p>
<p>Que ce soit dans les métadonnées ou dans la voix off retranscrites de façon automatisée, les vidéos se concentrent sur la masse des manifestants qui sont descendus dans la rue pour protester. Le choix des vidéos les dépeint comme étant unis, un corps de personnes partageant les mêmes idées et rassemblées dans la rue. L’exploration de la voix off montre que le masque, la blouse, sont utilisés depuis les années 2000 comme des marqueurs professionnels. Le terme "blouse" est généralement utilisé pour qualifier les manifestants par les journalistes, mais le terme est également utilisé par les soignants pour dénoncer le manque de matériel : c'était le cas lors du premier confinement en avril 2020.</p>
<p>Cette analyse diachronique, rendue possible par les archives du web, met en évidence le caractère répétitif des motifs de mécontentement des soignants depuis plus de dix ans : les revendications médiatisées concernent principalement les moyens alloués aux hôpitaux publics, et les conditions de travail (notamment aux urgences), et dans une moindre mesure les réformes visant les médecins. Les soignants dénoncent le manque de moyens matériels tels que les lits, et le sous-effectif qui entraînerait une dégradation des conditions de travail se traduisant par des horaires trop longs. Il en résulte le sentiment de ne pas faire correctement son travail, de ne pas traiter correctement les patients, ce qui contredit la vocation initiale du soignant. Le personnel médical s'est senti envoyé "au front sans armes" durant cette crise, comme le résume le slogan porté par une équipe de soignant.es anonymes dans l'image 3, une photographie ayant circulé sur les réseaux sociaux en 2020.</p>
<p>Aussi les revendications du corps médical portées durant la pandémie de Covid-19, telles que celles exprimées dans le tweet évoqué par l'image 1, sont-elles loin d’être inédites. L’exploration du corpus de la recherche montre deux moments particulièrement intenses dans ce discours revendicatif (image 2): l'un en 2014, et l'autre, plus étendu, de 2018 à 2020, avec un pic significatif en 2019. Ce pic de 2019 correspond à un mouvement social massif, qui a débuté avec la grève des urgences en février 2019 qui a continué à s'intensifier jusqu'en mars 2020. L'épidémie de Covid-19 a eu pour effet une atténuation de la contestation, mais son maintien dans le temps, comme dans le contenu.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
Manifestation Sages-femmes Pontoise. Vonews. Dailymotion. 2010-06-18, Dépôt légal du web, INA
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-04-02">2020-04-02</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
“Studying caregivers' manifestations through web archives”, 3 February 2022, Body Capital (ERC dir. Pr. Christian Bonah), Final Conference, The Harnack House – Max Planck Society, Berlin, <a href="https://bodycapital.unistra.fr">https://bodycapital.unistra.fr</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
Illustration
Photographie
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
WARCNet Papers : collecter les traces en ligne de la pandémie
<p><strong>Au-delà de l’écran, la fabrique des collectes d’urgence dédiées au coronavirus </strong><span><strong> </strong> </span></p>
<p><span>Le 25 avril 2020, au moment où plusieurs pays d’Europe ont imposé un confinement, un collectif de chercheurs de l’Université de Genève diffusait une tribune dans <a href="https://www.liberation.fr/debats/2020/04/25/covid-19-pour-une-memoire-ordinaire-de-l-extraordinaire_1786299/"><em>Libération</em></a> invitant à conserver les traces publiées en ligne afin de permettre l’édification d’une "mémoire ordinaire de l’extraordinaire". Les signataires appelaient alors à la plus grande vigilance quant au risque de surreprésentation ou d’invisibilisation de groupes sociaux que pouvaient entraîner les choix d’archivage. L’argumentaire de l’appel illustre une prise de conscience du caractère patrimonial des traces nativement numériques publiées en ligne, y compris s’agissant des contenus vernaculaires, le web étant perçu comme l’environnement privilégié pour la prise de parole de groupes sociaux dominés ou marginalisés. Sans pour autant les mentionner, le texte témoigne également du chemin parcouru depuis les premières initiatives confidentielles d’archivage du Web nées à la fin des années 1990. En effet, à la suite de la fondation d’Internet Archive en 1996, plusieurs dispositifs d’archivage du Web ont été déployés dans différents états au début des années 2000, encouragés par l’UNESCO à travers la « Charte pour le patrimoine numérique » de 2003. <br />En France, la Bibliothèque nationale de France (BNF) et l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) ont conduit des expérimentations en ce sens dès 2002, avant de disposer du cadre juridique fixé par le dépôt légal du web créé par la loi DADVSI en 2006. Ces institutions participent à la dynamique internationale structurée autour de l’IIPC - <em>International Internet Preservation Consortium </em>(2006) et travaillent en collaboration avec des chercheurs en SHS comme en sciences de l’informatique. </span></p>
<p><span>Le document ici sélectionné est une capture d’écran de la page du site web du projet <a href="https://cc.au.dk/en/warcnet/about/">WARCnet</a> (<em>Web ARChive studies network researching web domains and events</em>) présentant les <em>WARCnet papers</em>, publications rédigées par ses membres est largement dédiée aux conditions de collecte et aux critères de sélection des contenus destinés à être sauvegardés dans l’urgence. <br />Lancé au début de l’année 2020 par des chercheurs pionniers dans la réflexion sur les archives du web en sciences humaines et sociales, le projet est coordonné par Niels Brügger (Université de Aarhus), Valérie Schafer (Université du Luxembourg) et Jane Winters (Université de Londres). Il regroupe une centaine de personnes, membres de plusieurs universités et de huit institutions d’archive. Le comité de pilotage témoigne de la collaboration étroite tissée entre les archivistes et les chercheurs, puisqu’il rassemble les trois <em>principal investigators</em> ainsi qu’Ulrich Karstoft Have (Aarhus University), Kees Teszelszky (Dutch Web archive) et moi-même. <br /><br />L’objectif initial est « de promouvoir une recherche internationale afin d’<strong>étudier l'histoire des domaines web et des événements transnationaux sur le web</strong>, en s'appuyant sur le patrimoine culturel numérique de plus en plus important conservé dans les archives web nationales ». Le projet s’est naturellement orienté vers l’étude des collections archivées autour du coronavirus, glissant ainsi d’une étude du web passé à une réflexion sur la patrimonialisation en train de se faire. Les stratégies de collecte conditionnent en effet les contours de la mémoire nativement numérique nationale de la pandémie. Pour les chercheurs qui mobilisent ou mobiliseront ces collections, il est indispensable de comprendre comment la sélection s’est opérée et d’en évaluer la représentativité. Une série d’enquêtes orales a donc été réalisée dans le cadre du projet WARCnet auprès de plus d’une trentaine d’institutions d’archivage.</span></p>
<p><span>Deux d’entre eux ont été réalisés auprès des équipes de l’INA et de la BNF qui se partagent la mission d’archivage du web national. Ils nous renseignent sur les collectes spécifiques mises en place dans l’urgence dès le début de la pandémie, en plus du moissonnage du périmètre propre à chaque institution. Du côté de la <a href="https://www.bnf.fr/fr/la-bnf-archive-le-web-du-coronavirus">BNF</a>, l’équipe du dépôt légal numérique a lancé, en complément des collectes courantes, une collecte ciblée à partir de février 2020 mobilisant, en plus des départements et des services traditionnellement impliqués, 58 correspondants en région, y compris pendant les phases de confinement (Gebeil, Schafer, Benoist, et al. 2020). Du côté de l’<a href="https://www.ina.fr/actualites-ina/etude-coronavirusdl-web">INA</a>, outre la collecte systématique du domaine médiatique, l’équipe pilotée par Jérôme Thièvre s’est attelée à archiver les tweets relatifs à la pandémie à partir de février 2020 (Schafer, Thièvre, Blanckemane, 2020). À l’image de la France, les collectes ont été conduites principalement à l’échelle nationale, selon des modalités qui varient selon le cadre juridique, les moyens alloués, et le type de gouvernance.</span></p>
<p> </p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Projet+Warcnet+%28Br%C3%BCgger%2C+Niels%2C+dir.%29">Projet Warcnet (Brügger, Niels, dir.)</a>
Warcnet, Univ. Aarhus, <a href="https://cc.au.dk/en/warcnet%C2%A0">https://cc.au.dk/en/warcnet </a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022-09-11">2022-09-11</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
Tous droits réservés
<p>Le texte proposé est issu de Gebeil, Sophie, "'Archive-moi si tu peux'. À la recherche du patrimoine nativement numérique de la pandémie en Méditerranée et MENA", <em>Communication, Organisation, Société du Savoir et Information</em>, n°11, 2021, <a href="https://revue-cossi.numerev.com">https://revue-cossi.numerev.com</a></p>
Gebeil, Sophie, <a href="http://www.inatheque.fr/publications-evenements/publications-2021/website-story-histoire-m-moires-et-archives-du-web.html"><em>Website Story. Histoire, mémoires et archives du web</em>,</a> 2021, INA
<span>Schafer V., Thièvre J. and Blanckemane B., <em>Exploring special web archives collections related to COVID-19: The case of INA</em>, 2020, <a href="https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Schafer_et_al_Exploring_special_web_archives.pdf">https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Schafer_et_al_Exploring_special_web_archives.pdf</a></span><strong><br /></strong>
<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Gebeil S., Schafer V., Benoist D., Faye A., Tanesie P., </span><span><em>Exploring special web archive collections related to COVID-19: The case of the French National Library</em> <em>(BnF)</em>, 2020, <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03066879"> </a></span><a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03066879" title="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03066879" target="_blank" rel="noreferrer noopener">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03066879</a><span></span><strong></strong></p>
<div>
<p class="COSSI-corpsdetexte">Webcorpora – Explorer les archives de l’Internet à la BnF, « Dans les coulisses de la collecte COVID-19. Entretien sur les pratiques des correspondants du DLweb », avec Véronique Tranchant, Chantal Puech, Valérie Schafer et Alexandre Faye, 16/11/2020, <a href="https://webcorpora.hypotheses.org/953">https://webcorpora.hypotheses.org/953</a> <span> </span><span></span></p>
<p></p>
</div>
La Bnf archive le coronavirus, Bibliothèque nationale de France, <a href="https://www.bnf.fr/fr/la-bnf-archive-le-web-du-coronavirus">https://www.bnf.fr/fr/la-bnf-archive-le-web-du-coronavirus</a>
Au dépôt légal du web, le coronavirus a ses entrées, Institut national de l'audiovisuel, <a href="https://www.ina.fr/actualites-ina/etude-coronavirusdl-web">https://www.ina.fr/actualites-ina/etude-coronavirusdl-web</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=anglais">anglais</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Page Web du ministère de la Santé en Tunisie présentant les gestes barrières (3 avril 2020)
<h4><span>Quelle préservation des traces en ligne de la pandémie au Moyen-Orient et au Maghreb ?</span><span style="font-size:14px;"> </span></h4>
<div>
<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Cette capture d'écran d'une version archivée du site du site du ministère de la santé tunisien date d’avril 2020. Sur la page d’accueil figure une vidéo présentant les gestes barrières. Elle est tirée de l’un des rares sites issus des pays du Moyen-Orient et du Maghreb (zone MENA) dans la collecte internationale lancée par l'IIPC en février 2020 puisque cela ne représente que 2,9% des contenus. </span></p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Dans le cadre des projets <a href="https://cc.au.dk/en/warcnet">WARCNet</a> et <a href="https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/">AWAC2</a>, l’<a href="https://netpreserve.org/">IIPC</a> a fourni la base de données des plus de 10000 contenus de sites collectés lors de la collecte collaborative d’archivage du web mise en place dès février 2020. Nous avons souhaité étudier plus particulièrement </span><span>la représentation des sphères web du bassin méditerranéen et de la région MENA. En effet, La patrimonialisation du web est une dynamique principalement impulsée depuis les pays anglo-saxons et européens, même si ces dernières années la Chine, la Corée du Sud, ou encore la Malaisie ont investi dans la préservation de leur patrimoine nativement numérique. Or en <a href="https://theconversation.com/archiver-les-traces-numeriques-en-mediterranee-un-defi-aux-multiples-enjeux-119041">Méditerranée</a>, l’archivage du web reste balbutiant, y compris au sein d’États membres de l’Union Européenne (Italie, Espagne), et constitue pourtant un enjeu historique et géopolitique majeur. </span></p>
</div>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Dans ces conditions, le risque de perte des traces publiées en ligne durant la pandémie qui a particulièrement frappé les pays arabes du bassin méditerranéen est élevé. Marquées par des fragilités économiques et politiques préexistantes, les expériences numériques vécues par les populations des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée sont en proie au risque d’invisibilisation, faute de collecte systématique. Explorer la préservation des contenus nativement numériques émanant de ces espaces éclaire le processus de patrimonialisation numérique lié à la pandémie (<i>reborn digital heritage</i>), tout en interrogeant les limites induites par sa gouvernance, plus particulièrement sa capacité à reproduire les disparités à l’échelle du bassin méditerranéen. </span></p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte">Au sein de la collection de l’IIPC de 2020, le premier constat qui s’impose est la faible représentation des pays méditerranées et MENA : 1733 références sont identifiées, soit environ 17% de la collection. Cependant, parmi ces 1733 contenus archivés, 97 % ont été publiés sur des web de pays de la rive européenne (1672) contre moins de 3% pour les pays MENA (61), y compris en intégrant ce qui ne sont pas directement riverains de la mer Méditerranée.</p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Sans surprise, les pays les plus représentés disposent d’organisme d’archivage et sont membres de l’IIPC, à l’image de l’Espagne qui est présente à travers 319 contenus collectés contre 46 pour l’Italie. Cependant, malgré la présence, à la Bibliothèque d’Alexandrie, du seul dispositif d’archivage du web au sein de la zone MENA, par ailleurs membre de l’IIPC, seuls 3 contenus collectés proviennent du web égyptien. </span><span></span></p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Parmi les pages collectées depuis des domaines nationaux de la zone MENA, les disparités sont assez faibles, allant de 1 à 7 par pays. Les Émirats arabes unis, le Qatar la Jordanie présentent plus de 6 contenus contre moins de deux pour la Tunisie, l’Arabie saoudite, Oman, la Lybie, l’Irak ou l’Algérie. En dehors du pays de publication, il est également possible de rechercher la présence de contenus collectés en langue arabe. Cela correspond à 31 contenus (la collection en comptait 41 en février 2022), soit moins de 0,3% de la collection, tous publiés sur des web de la zone MENA, exceptés 2 d’entre eux provenant des États-Unis et de la Corée du Sud. En croisant le pays de publication avec la langue utilisée, on observe que les contenus en lange latine sont mieux représentés : sur 61 contenus collectés, seuls 27 sont en langue arabe, contre 23 en anglais, 6 en français, 2 en hongrois et 3 en portugais. À l’image de la capture d’écran, les sites collectés issus de la zone MENA se caractérisent par une</span><span> surreprésentation des sites web gouvernementaux au détriment des contenus vernaculaires.</span></p>
</div>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Minist%C3%A8re+de+la+Sant%C3%A9+de+Tunisie">Ministère de la Santé de Tunisie</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=IIPC">IIPC</a>
IIPC / Archive-It : <a href="https://wayback.archive-it.org/13529/20200403031642/http://coronavirus.rns.tn/">https://wayback.archive-it.org/13529/20200403031642/http://coronavirus.rns.tn/</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-04-03">2020-04-03</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie+%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Forcid.org%2F0000-0002-9883-733X%22%3E%3C%2Fa%3E">Gebeil, Sophie <a href="https://orcid.org/0000-0002-9883-733X"></a></a>
<div>
<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Gebeil, Sophie, "'Archive-moi si tu peux'. À la recherche du patrimoine nativement numérique de la pandémie en Méditerranée et MENA, <em>Communication, Organisation, Société du Savoir et Information</em>, 2021 n°11, <a href="https://revue-cossi.numerev.com/articles/revue-11/2752-archive-moi-si-tu-peux">https://revue-cossi.numerev.com/articles/revue-11/2752-archive-moi-si-tu-peux</a></span></p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Schafer V., Aasman S., Brügger N., Clavert F., De Wild K., Gebeil S., <em>Analysing Web Archives of the COVID-19 Crisis through the IIPC collaborative collection</em>, IIPC, <a href="https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/">https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/</a></span></p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Geeraert Friedel and Bingham Nicola: Exploring special web archives collections related to COVID-19: The case of the IIPC Collaborative collectio, WARCnet Papers ISSN 2597-0615, </span><span><a href="https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Geeraert_et_al_COVID-19_IIPC__1_.pdf" title="https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Geeraert_et_al_COVID-19_IIPC__1_.pdf"><span>https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Geeraert_et_al_COVID-19_IIPC__1_.pdf</span></a></span><span></span></p>
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<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Gebeil, Sophie, <a href="http://www.inatheque.fr/publications-evenements/publications-2021/website-story-histoire-m-moires-et-archives-du-web.html"><i>Website Story. Histoire, mémoires et archives du web</i>,</a> 2021, INA.</span></p>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=M%C3%A9diterran%C3%A9e">Méditerranée</a>
Enfants réalisant leur travail scolaire à la maison pendant le premier confinement
<h4>Ruptures pédagogiques : étudier l'impact de la fermeture des écoles et des cours à la maison imposés aux familles</h4>
<p>Suite à la fermeture des établissements scolaires et des universités de France en vue d’endiguer l’épidémie de Covid 19, la <a href="https://www.education.gouv.fr/sites/default/files/2020-03/circulaire-du-13-mars-2020-52017.pdf">circulaire</a> du 13 mars 2020<span> </span>vise à organiser et mettre en œuvre, dans l’urgence, une « continuité pédagogique » tant du point de vue de la continuité des apprentissages pour l’ensemble des disciplines scolaires que du maintien de contacts humains entre les élèves et leurs professeurs. Ce sont donc 12,3 millions d'élèves de l'enseignement <a href="https://www.education.gouv.fr/l-education-nationale-en-chiffres-2019-6551">primaire et secondaire</a> et 1,7 millions d'<a href="https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2020/50/3/NF_2020_07_universites_num_1293503.pdf">étudiants </a>du supérieur auxquels il est demandé d’étudier à la maison. Et ce sont à peu près 870 000 enseignants qui vont devoir inventer de nouvelles manières d’enseigner et prendre en charge leurs élèves, le tout à distance de leur établissement scolaire, depuis leur propre domicile et en l’espace de quelques jours.</p>
<p>Mais qu’en est-il réellement de la double injonction adressée, l’une aux enseignants pour créer les conditions et la mise en œuvre de la continuité des apprentissages, l’autre aux parents pour collaborer afin d’éviter la rupture pédagogique ? Que sait-on exactement de "comment" les enseignants et leurs élèves s’y sont pris pour s’efforcer de faire face, “malgré tout”, à cette situation inédite et aux contradictions qui l’accompagnent depuis le début des premières prescriptions ? Quel est le rôle des familles quand l’école se déplace et s’invite à la maison et que les espaces-temps ne sont plus séparés mais confondus voire clos sur eux-mêmes ? Enfin, comment ces expériences vécues de part et d’autre peuvent-elles avoir un avenir efficace au service de la co-éducation dans un contexte de reprise encore très flou, changeant, polémique et qui, dans tous les cas, nécessitera de repenser un rapport moins ambigu entre l’école et les parents (Feyfant, 2015) ?</p>
<p>C’est dans ce contexte inédit que s’inscrit une recherche conduite par un collectif de quatre chercheurs des laboratoires ADEF et TELEMMe d’Aix-Marseille Université (P. Martin, C. Félix, P.-A. Filippi, S. Gebeil), ayant fondé dans l’urgence un <a href="https://zenodo.org/communities/educationcovid-19/?page=1&size=20">Observatoire des Usages numériques dans l'activité enseignante à distance à des fins de Formation</a>. Le dispositif de recherche conjugue des approches et des entrées plurielles. D’une part, d’entretien conduits en visioconférence auprès d’une dizaine d’enseignants de la maternelle à l’université, des entretiens conduits auprès d’élèves et de leurs familles avant et pendant le confinement. C’est dans ce cadre que Christine Félix, chercheure en sciences de l’éducation et de la formation, a photographié ces deux enfants en avril 2020 au domicile de familles confinées de l’académie d’Aix-Marseille. D’autre part, l’enquête quantitative repose sur trois questionnaires mis en ligne le 9 avril 2020 et clôturés deux mois plus tard, le 5 juin 2020. 4074 réponses ont été recueillies auprès des enseignants du 1<sup>er</sup> (2308 répondants) et du 2<sup>nd</sup> degré (1565) ainsi que 2411 réponses d’élèves de la maternelle au lycée (397 élèves sont issus du 1<sup>er</sup> degré et 1967 du 2<sup>nd</sup> degré).</p>
<p>Cette enquête montre que c’est sur la participation accrue des parents et l’inventivité des enseignants qu’a reposé, pour une grande partie et malgré une impréparation quasi-totale, la réussite partielle du passage de l’école à la maison. En effet, quand l’école se transporte à la maison, ce sont les devoirs qui s’installent à demeure, pour longtemps et dans l’espace « privé », le domicile des élèves et de leurs parents-.</p>
<p>Ce déplacement doit s’analyser avec son lot de bouleversements inhérents aux changements occasionnés par une inversion des temps et des espaces de travail des uns et des autres. Il en est ainsi avec des parents qui, durant cette période, sont massivement confinés avec leurs enfants. Une partie des parents d’élèves que nous avons interrogés est priée d’effectuer un travail à distance ou en télétravail (44%), une autre partie est soumise à l’absence de travail (39,5%) ou travaille de manière alternée ; par exemple, <em>« 1 à 2 jours au travail, le reste à la maison en télétravail</em> ». Ajoutons à cela que plus de 55% des élèves déclarent être confinés avec au moins un frère ou une sœur voire deux pour 30% d’entre eux. La fratrie des répondants est scolarisée à tous les étages de l’édifice scolaire mais tout particulièrement en école primaire (38,6%) ou en collège (34,2%). Les enseignants pénètrent virtuellement la sphère familiale et tous les parents, sans y avoir été préparés, ont été confrontés à des tâches d’accompagnement du travail scolaire de leurs enfants. On comprend alors que c’est dans cette nouvelle organisation de l’espace-temps familial, reconstruit dans et par la soudaineté du confinement, que s’entremêlent les obligations professionnelles et éducatives des adultes et les obligations scolaires des élèves dans un milieu impensé pour cela.</p>
<p></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=F%C3%A9lix%2C+Christine">Félix, Christine</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-04">2020-04</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
Tous droits réservés
<span>Félix, Christine; Filippi, Pierre-Alain; Martin, Perrine & Gebeil Sophie, « École et famille en temps de confinement. Et après ? », </span><em>Cahiers pédagogiques,</em><span> n° 564, 2020, </span><a href="https://www.cahiers-pedagogiques.com/Ecole-et-famille-en-temps-de-confinement-Et-apres">https://www.cahiers-pedagogiques.com/Ecole-et-famille-en-temps-de-confinement-Et-apres</a>
"L’école à distance à l’heure du confinement", <em>Festival des Arts et des sciences sociales Jeu de l'Oie (Tout un monde à l'arrêt)</em>, Aix-Marseille Université<em>, </em>2020. <a href="https://festivaljeudeloie.fr/projet/lecole-a-demeure-cest-ouf/">https://festivaljeudeloie.fr/projet/lecole-a-demeure-cest-ouf/</a>
<span>Félix, Christine, Filippi, Pierre-Alain, Martin, Perrine & Gebeil Sophie, « </span><i>Si on avait pu se préparer…</i><span> ou les effets d’un enseignement à distance non anticipé</span><span>»,</span><span> </span><i>Administration & Éducation</i><span>, 169, 2021, pp. 101-105. </span><a href="https://doi.org/10.3917/admed.169.0101">https://doi.org/10.3917/admed.169.0101</a>
OUF Project - Observatory of digital uses in distance education teaching for training purposes in COVID-19 context, <a href="https://zenodo.org/communities/educationcovid-19/?page=1&size=20">https://zenodo.org/communities/educationcovid-19/?page=1&size=20</a>
Photographie
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Novel Coronavirus, une collection de l‘International Internet Preservation Consortium
<h4><span>Préserver la mémoire numérique de la pandémie: l</span>a collecte collaborative d'archivage du web de <em>l'International Internet Preservation Consortium</em></h4>
<p><span>Cette illustration combine deux captures d'écran extraites de la collection Novel Coronavirus accessible sur le site d'<a href="https://archive.org/">Internet Archive</a> et créée </span>dès février 2020 <span>par l'<a href="https://netpreserveblog.wordpress.com/">IIPC</a> : celle du haut présente le titre de la collection tel qu’il est présenté sur Internet Archive, celle du bas est un extrait de la page web du Centro Nacional de Epidemiología collectée par l’IIPC et accessible à tous sur Internet Archive. Le graphique inséré au milieu a été réalisé par Sophie Gebeil lors de son étude sur la représentation des pays de la Méditerranée et de la zone MENA (Middle East and North Africa) dans la collecte <a href="https://archive-it.org/collections/13529">Novel Coronavirus</a> de l’IIPC. Il indique que, sur plus de 10000 contenus, les principales langues utilisées, témoignant ainsi d'une présence conséquente de contenus en espagnol. </span></p>
<p><span>La collecte impulsée par l’IIPC dès février 2020, fut l’occasion pour des pays ne disposant pas d’organisme de collecte dédié, de participer à la conservation des traces de la pandémie. Rompu aux collectes concernant des événements transnationaux, le Groupe de Développement de Contenu de l’IIPC piloté par Nicola Bingham (<em>UK Web Archive</em>) et Alex Thurman a mis en place un dispositif de collecte exceptionnel en accord avec Internet Archive (Bingham & Geeraert, 2020). La fondation états-unienne a en effet augmenté le budget de stockage alloué à l’IIPC, passant de 3 To à 5 To permettant ensuite l’identification des pages Web à collecter en ligne en vue de la création, via <a>Archive-It</a>, d’une collection accessible sur le site de la fondation états-unienne. </span></p>
<p><span>Dans le cadre du projet <em><a href="https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/">Web Archives of the COVID-19 Crisis</a></em> qui doit permettre d’approfondir l’étude de la collection rassemblée par l’IIPC en partenariat avec Internet Archive, grâce aux outils du programme <em><a href="https://archivesunleashed.org/">The Archive Unleashed </a></em>(Ruest et al., 2020), nous avons eu accès à la base de données de l’IIPC. </span></p>
<p><span>La collection rassemble, en février 2021, 10664 contenus concernent 137 pays dans 51 langages distincts. Ceux-ci proviennent principalement de pays européens (Danemark, France, Norvège, Hollande, Espagne, Portugal) et américains (États-Unis, Brésil, Pérou, Uruguay), les États-Unis représentant près d’un cinquième des contenus. Cela correspond en partie à des institutions membres de l’IIPC particulièrement actives au sein du réseau. Cette surreprésentation européenne et américaine se retrouve dans les langages référencés indépendamment du pays de publication : 31% de la collection est en anglais, 25% en espagnol, 18% en portugais, 7% en français. </span></p>
<p><span>La patrimonialisation du web est une dynamique principalement impulsée depuis les pays anglo-saxons et européens, même si ces dernières années la Chine, la Corée du Sud, ou encore la Malaisie ont investi dans la préservation de leur patrimoine nativement numérique. Or en Méditerranée, l’archivage du web reste balbutiant, y compris au sein d’États membres de l’Union Européenne (Italie, Espagne). </span></p>
<p><span>Le moissonnage des contenus s’est basé sur une double dynamique. D’une part, les membres de l’IIPC se sont vu adresser un guide de collecte ciblant des thèmes privilégiés (origine du coronavirus, information sur les symptômes, confinements, restrictions, aspects médicaux, sociaux, économiques et politiques) afin de pouvoir ensuite proposer des adresses URLs pertinentes repérées en ligne. Les suggestions étaient recensées dans un tableur collaboratif au sein duquel les membres devaient renseigner des métadonnées basiques concernant les URLs sélectionnées : titre, langage, description, extension du nom de domaine, pays, nom du moissonneur, périmètre de collecte (totalité du site hôte ou bien seulement une page). D’autre part, l’IIPC a diffusé un questionnaire en anglais réalisé sous Google Form, ouvert au public, permettant à tout internaute ou institution non-membre de l’IIPC de donner des suggestions en renseignant les informations citées précédemment pour chaque URL proposée. Les pages Web étaient privilégiées par rapport aux contenus issus des réseaux socionumériques. Contrairement à l’accès soumis à la règlementation du dépôt légal, les contenus collectés sont accessibles en ligne, ce qui a conduit les responsables à sélectionner la qualité des informations afin d’éviter de contribuer à la diffusion de rumeurs.</span></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=IIPC+-+%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Fnetpreserve.org%22%3EInternational+Internet+Preservation+Consortium%3C%2Fa%3E">IIPC - <a href="https://netpreserve.org">International Internet Preservation Consortium</a></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Farchive-it.org%2Fcollections%2F13529%22%3EInternet+Archive%3C%2Fa%3E+%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Farchive-it.org%2Fcollections%2F13529%22%3E%3C%2Fa%3E"><a href="https://archive-it.org/collections/13529">Internet Archive</a> <a href="https://archive-it.org/collections/13529"></a></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Fcnecovid.isciii.es%22%3ECentro+Nacional+de+Epidemiolog%C3%ADa%3C%2Fa%3E"><a href="https://cnecovid.isciii.es">Centro Nacional de Epidemiología</a></a>
<div><span>Novel Coronavirus, IIPC, Archive It, <a href="Novel%20Coronavirus,%20IIPC,%20Archive%20It,%20https%3A//archive-it.org/collections/13529">https://archive-it.org/collections/13529</a></span></div>
<div><span></span></div>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2021-04-12">2021-04-12</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
Graphique : Sophie Gebeil, Creative Commons, <span class="cc-license-icons"> </span><span class="cc-license-title">Attribution-ShareAlike 4.0 International</span> <span class="cc-license-identifier">(CC BY-SA 4.0)</span>
<div>
<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Schafer V., Aasman S., Brügger N., Clavert F., De Wild K., Gebeil S., Analysing Web Archives of the COVID-19 Crisis through the IIPC collaborative collection, IIPC, </span><a href="https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/"><span>https://netpreserveblog.wordpress.com/2021/11/02/analysing-web-archives-of-the-covid-19-crisis-through-the-iipc-collaborative-collection-early-findings-and-further-research-questions/</span></a></p>
</div>
<div>
<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Aasman S., Bingham N., Brügger N., De Wild K., Gebeil S., Schafer V. (2021). <i>Chicken and Egg: Reporting from a Datathon Exploring Datasets of the COVID- 19 Special Collections</i>, Warcnet Papers, </span><a href="https://cc.au.dk/fileadmin/dac/Projekter/WARCnet/Aasman_et_al_Chicken_and_Egg.pdf"><span>https://cc.au.dk/fileadmin/dac/Projekter/WARCnet/Aasman_et_al_Chicken_and_Egg.pdf</span></a><span></span></p>
</div>
Gebeil, Sophie, " Archive-moi si tu peux ". À la recherche du patrimoine nativement numérique de la pandémie en Méditerranée et MENA. Communication, Organisation, Société du Savoir et Information, 2021, n°11, <a href="https://revue-cossi.numerev.com">https://revue-cossi.numerev.com</a>
<div><span>Gebeil, Sophie,<a href="http://www.inatheque.fr/publications-evenements/publications-2021/website-story-histoire-m-moires-et-archives-du-web.html"><i> Website Story. Histoire, mémoires et archives du web</i>,</a> 2021, INA</span><span></span></div>
<p class="COSSI-corpsdetexte"><span>Geeraert Friedel and Bingham Nicola, Exploring special web archives collections related to COVID-19: The case of the IIPC Collaborative collectio, WARCnet Papers ISSN 2597-0615, </span><a href="https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Geeraert_et_al_COVID-19_IIPC__1_.pdf" title="https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Geeraert_et_al_COVID-19_IIPC__1_.pdf"><span>https://cc.au.dk/fileadmin/user_upload/WARCnet/Geeraert_et_al_COVID-19_IIPC__1_.pdf</span></a><span></span></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=anglais">anglais</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%C3%89tats-Unis+d%27Am%C3%A9rique">États-Unis d'Amérique</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Am%C3%A9rique+Latine">Amérique Latine</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=M%C3%A9diterran%C3%A9e">Méditerranée</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Ressources en ligne mobilisées par les étudiants pendant le confinement
<p><strong>Quelles pratiques info-documentaires pour les étudiants face aux cours à distance imposés par le confinement ?</strong></p>
Ce graphique représente les ressources en ligne utilisées par plus de 11 000 étudiants ayant répondu à une enquête par questionnaire concernant la façon dont ils et elles vivaient les cours à distance de décembre 2020 à février 2021.<br /><p>Le présent graphique permet de visualiser les réponses de 11516 étudiants interrogés par questionnaire concernant les ressources documentaires qu’ils ont mobilisé lors des cours à distance imposés, et met en évidence les spécificités des étudiants inscrits en premier cycle. L’analyse des expériences vécues par ces derniers confrontés aux cours à distance lors du deuxième confinement s’appuie sur une <a href="https://doi.org/10.5281/zenodo.4491597">enquête par questionnaire en ligne</a> diffusée du 7 décembre 2020 au 21 janvier 2021, en collaboration avec Perrine Martin et Christine Félix. Sa conception ainsi que l’exploitation des données recueillies articulent trois disciplines : les sciences de l’éducation, les sciences de l’information et de la communication (SIC) et les sciences du travail. Comment ces étudiants, ayant déjà fait l’expérience du distanciel, déclarent-ils s’y être pris pour organiser leur travail universitaire et s’approprier les ressources offertes par les établissements d’enseignement supérieur ? Nous sommes intéressées aux représentations que les étudiants ont des conditions de leur mise au travail dans cette situation, et tout particulièrement aux déclarations des étudiants de cycle 1 en première année universitaire de licence (L1). Ce document permet de mettre en évidence le rôle crucial de la maîtrise des compétences info-documentaires en contexte de distanciel subi.</p>
<p>En effet, lorsque les étudiants de première année sont interrogés sur ce qui leur semble le plus difficile à réaliser à distance, ils évoquent en priorité l’organisation de leur travail personnel (54 %, contre 46,7 % chez les autres étudiants). En ce qui concerne la planification de leur travail personnel, les écarts sont révélateurs d’une difficulté à s’approprier une méthodologie de travail universitaire de manière autonome.</p>
<p>Un autre facteur renforçant les difficultés qui pèsent sur le travail personnel de ces jeunes étudiants réside dans la plus faible maîtrise des compétences info-documentaires. Si nous prenons l’exemple des ressources numériques de la bibliothèque universitaire (BU), dont la consultation constitue un critère favorisant la réussite selon l’OVE (2020), 28,5 % des répondants de première année déclarent y avoir recours en ligne contre 40,5 % pour les autres étudiants. N’ayant pas eu le temps de bénéficier de formation dédiée ou de s’approprier les ressources institutionnelles, les L1 se tournent davantage vers des sites web médiatiques ou des plateformes de réseaux socionumériques pour réaliser leur recherche info-documentaire. On constate d’ailleurs que parmi les L1 qui utilisent le site web de la BU, 22,9 % déclarent l’avoir déjà consulté mais aussi avoir utilisé régulièrement des ENT avant ce deuxième confinement, corroborant ainsi les chiffres de l’OVE. Si certaines variations entre secteurs disciplinaires peuvent être observées (une plus forte utilisation de ces ressources de la part des étudiants de ALLSH par rapport aux étudiants de Santé), les étudiants de L1 qui consultent le site de la BU sont aussi plus enclins à se considérer en réussite dans les apprentissages. 54,4 % estiment de manière déclarative être d’un bon, voire d’un très bon niveau scolaire, corroborant le constat déjà effectué par l’OVE lors du premier confinement et les travaux de recherche déjà menés sur les liens entre usage par les étudiants d’encyclopédie en ligne ou des ressources mises à disposition par les enseignants sur Internet et obtention de meilleurs résultats (Alava & Romainville, 2001 ; Dahmani & Ragni, 2009).</p>
<p>L’enquête conduite confirme que l’organisation de l’enseignement, la fréquence des cours ou encore la mise au travail à distance n’ont pas été sans effet sur le suivi et la compréhension des cours proposés. Pour plus de la moitié des étudiants interrogés, le sentiment de solitude ou d’isolement social a impacté la poursuite de leurs études. Le distanciel ne leur a semble-t-il pas totalement permis d’identifier les contenus du travail à maîtriser ainsi que les moyens nécessaires pour se familiariser avec l’ensemble des règles et des codes qui organisent le savoir universitaire. Seuls 8,7 % des étudiants estiment avoir mieux appris pendant cette période d’enseignement à distance.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Martin%2C+Perrine">Martin, Perrine</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=F%C3%A9lix%2C+Christine">Félix, Christine</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2022-01-31">2022-01-31</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
<span><span>Martin, Perrine; Gebeil, Sophie; Félix, Christine, </span></span><em>Les étudiants français face à L’enseignement à distance en période de pandémie</em> <span>[Rapport de recherche] AMU Aix Marseille Université; ADEF; TELEMME, 2021. </span><a target="_blank" href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03175974" rel="noreferrer noopener">⟨hal-03175974⟩</a>
<span>Martin, Perrine; Gebeil, Sophie; Félix, Christine,</span> "Cours à distance : qu'en pensent vraiment les étudiants ?" <em>The Conversation France</em>, 20 décembre 2020,<a href="https://theconversation.com/cours-a-distance-quen-pensent-vraiment-les-etudiants-152265">https://theconversation.com/cours-a-distance-quen-pensent-vraiment-les-etudiants-152265</a>
Extraits tirés de : <span>Martin, Perrine; Gebeil, Sophie; Félix, Christine,</span> « Étudier à distance en contexte de pandémie : qu'en dit le premier cycle universitaire ? », Recherches en éducation, 48, 2022, <a href="https://doi.org/10.4000/ree.11180">https://doi.org/10.4000/ree.11180</a>
Martin, Perrine; Gebeil, Sophie; Filippi, P.-A. et Félix, Christine, "Impact des usages numériques préexistants des enseignants du supérieur face à l’impératif de l’enseignement à distance en période de confinement", <em>Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire</em>, 20212, 18(1), pp. 170-183. <a href="https://doi.org/10.18162/ritpu-2021-v18n1-15">https://doi.org/10.18162/ritpu-2021-v18n1-15</a>
<span>Martin, Perrine, Gebeil, Sophie, Félix, Christine "Questionnaire d'enquête adressé aux étudiants de l'université pendant la période d'enseignement à distance lié au covid-19 - Survey questionnaire addressed to university students", Zenodo, </span><a href="https://doi.org/10.5281/zenodo.4491597">https://doi.org/10.5281/zenodo.4491597</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
'<em>Flatten the curve</em>'. <em>La stratégie du gouvernement pour éviter la saturation des hôpitaux</em>, infographie du 10 mars 2020<em><em></em></em>
<h4>La pandémie en un graphique: du bon usage de la ‘data visualisation’</h4>
La pandémie de Covid-19 a suscité (ou accéléré) une mutation notable dans la communication politique et médiatique: le processus d’iconicisation du discours. La représentation visuelle, omniprésente, des multiples données quantifiant la propagation du virus et les dommages causés par la maladie, que ce soit sous forme de graphiques, de courbes, de tableaux ou de cartes, a modelé nos représentations de la crise. Les graphiques diffusés dans les médias (presse papier ou numérique, télévision, médias sociaux), qui privilégient souvent la lisibilité sur la rigueur, ont pu contribuer à véhiculer des représentations simplistes et biaisées de la réalité de la pandémie. <br />Un schéma, notamment, a été massivement diffusé au début de la crise sanitaire: celui qui illustre la stratégie de lutte contre l'épidémie désignée sous l'expression anglophone de ‘Flatten the curve’. L’exemple ici montré est paru dans <em>Le Parisien</em> du 20 mars 2020, soit quatre jours après le début du confinement généralisé en France. Titrée « La stratégie du gouvernement pour éviter la saturation des hôpitaux », l’infographie illustre un article (conçu à partir de dépêches de l’AFP) qui s’intitule « Coronavirus : quand Olivier Véran dessine un schéma pour expliquer la stratégie de la France face à l’épidémie ». <br />Ce graphique synthétise l’idée suivante: plus le nombre de cas journaliers de Covid est étalé dans le temps —grâce à des mesures gouvernementales de ralentissement de la propagation du virus— moins les services sociaux et médicaux seront débordés, et mieux les malades pourront être pris en charge. Les mesures de ralentissement de la contagion se présentent ainsi comme la seule solution face à la saturation prévisible du système de santé, figurée par le dépassement de la ligne horizontale qui représente, dans le schéma, la capacité d’accueil hospitalière. <br />Ce graphique de « prospective », qui relève en fait d’une « longue histoire », a été diffusé au début de la crise du Covid-19 dans des revues scientifiques nord-américaines, puis par les autorités sanitaires des États Unis (US Centers for Disease Control), avant d’être reproduit, sous diverses formes et habillages, dans la presse internationale (Brian, 2020). La stratégie de prévention qu’il illustre, préconisée par les autorités sanitaires nord-américaines puis internationales, a rapidement été adoptée par les gouvernements de divers pays européens, tels que la France et l’Espagne (voir par exemple les recommandation de l’agence de l’UE European Centre for Disease Prevention and Control de juin 2020). <br />La répétition <em>urbi et orbi</em> de l’expression « aplatir la courbe » est ainsi devenue, au mois de mars 2020, l’un des vecteurs principaux du discours gouvernemental français destiné à légitimer la mesure de restriction sanitaire inédite qu’était le confinement. Ainsi le Ministre français de la Santé lui-même, Olivier Véran, a-t-il esquissé le schéma de cette courbe aplatie lors d'une allocution télévisée le 9 mars 2020, comme le rapporte Le Parisien: « ‘C’est mon côté médecin, j'ai parfois besoin d'expliquer les choses’, a plaisanté le ministre devant son dessin, emprunté à la revue scientifique The Lancet ».<br />Ce recours à l’explication « en un graphique » de la stratégie du gouvernement montre l’importance de la représentation des données dans la communication des autorités décisionnaires, et par suite des médias. L’usage de la cartographie et l’infographie pose de complexes questions sémiologiques (Marin, 2020 ; Lourenço Costa et Paré Glück, 2021). Davantage que d’un phénomène de médiatisation ou de divulgation du savoir scientifique, ce graphique atteste plutôt l'un des usages médiatiques de « l’imagerie » scientifique qui sont faits durant la crise du Covid-19 (Jacobi, 2020). Des représentations porteuses d’une simplification du discours à des fins de simplification (voire de dramatisation) peuvent aisément donner lieu à des usages biaisés, en venant à l’appui de discours orientés.<br />Le graphique ‘Flatten the curve’ matérialise, « sous la forme la plus consensuelle, lisible et percutante possible, la nécessité d’une réaction méthodique, organisée, collective. Ainsi décrite et exposée, la pandémie devient un phénomène ‘gérable’, ‘contrôlable’, ‘manageable’ » (Cahen et al., 2020, p. 40). La « mise en scène » des chiffres a ainsi pu concourir, pendant cette crise sanitaire, à légitimer l’adoption par les autorités de mesures potentiellement perçues par l’opinion publique comme des entraves à la liberté individuelle : confinements, restrictions de circulation, port du masque... <br />Ces usages des chiffres n’ont échappé à personne: « Les énoncés quantitatifs sont ainsi suspectés de constituer une arme ‘biopolitique’ qui dramatiserait l’impact de la pandémie pour corseter les populations » (Cahen et al. 2020).<br />Malgré le manque de rigueur et de rationalité observable dans les usages discursifs des chiffres, graphiques et statistiques réalisés pendant la pandémie, on ne peut pourtant nier l’efficacité de cette iconicisation du discours: ‘<em>all models are wrong, but some are useful’</em>, dit un adage bien connu des statisticiens. La représentation des chiffres aurait de plus la vertu de juguler l’angoisse provoquée par le caractère abstrait, voire « irreprésentable », de la pandémie (Maingueneau, 2020, p. 28). <br />On ne pourrait ainsi prétendre que les efforts de ‘data visualisation’ de la pandémie n’ont été « qu’une ruse des gouvernements et des médias pour sacrifier les libertés individuelles sur l’autel d’un hygiénisme fanatique et autoritaire » (Cahen et. al., 2020, p. 42). Ils répondent non seulement à une tendance discursive corrélée à la primauté du visuel dans la communication contemporaine, mais aussi au besoin de contrôler l'incertitude, à une heure où les acteurs décisionnaires eux-mêmes ne disposaient que d’une vue limitée sur la pandémie, et tâchaient de répondre, en même temps qu'à l’urgence sanitaire, au besoin de sécurité et d'information des populations.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Ca+href%3D%22leparisien.fr%22%3E%3Cem%3ELe+Parisien%3C%2Fem%3E%3C%2Fa%3E"><a href="leparisien.fr"><em>Le Parisien</em></a></a>
<em>Le Parisien</em> : <a href="leparisien.fr">leparisien.fr</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-03-10">2020-03-10</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Brian, Éric, « “Flatten the Curve!” But Which Curve? », <em>Histoire & mesure</em>, n°XXXV-2, 2020. DOI : <a href="https://doi.org/10.4000/histoiremesure.13544">https://doi.org/10.4000/histoiremesure.13544</a></p>
<p></p>
<p>Cahen, Fabrice, Cavalin, Catherine, Ruiz, Émilien, « Des chiffres sans qualités ? Gouvernement et quantification en temps de crise sanitaire », document de travail, version du 29 mai 2020, HAL-SHS, <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02659791">https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02659791</a></p>
<p></p>
<p>European Centre for Disease Prevention and Control, « Video on COVID-19: Flatten the curve », 25 juin 2020. En ligne : <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/video-covid-19-flatten-curve">https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/video-covid-19-flatten-curve</a>.</p>
<p></p>
<p>Eutrope, Xavier, Quinton, François et Larcher, Laëtitita, « Nombre de morts, de personnes testées, vaccinées… Quels indicateurs ont été utilisés par les médias pour suivre la pandémie ? », <em>La Revue des Médias</em>, 10 novembre 2021, [En ligne : <a href="http://larevuedesmedias.ina.fr/indicateurs-covid-19-radio-television-morts-vaccination-tests-incidence-hospitalisations-statistiques">http://larevuedesmedias.ina.fr/indicateurs-covid-19-radio-television-morts-vaccination-tests-incidence-hospitalisations-statistiques</a>].</p>
<p></p>
<p>Jacobi, Daniel, « L’imagerie du Covid-19 dans les médias », <em>Mondes Sociaux</em>, 4 mai 2020, [En ligne : <a href="https://sms.hypotheses.org/24815">https://sms.hypotheses.org/24815</a>].</p>
<p></p>
<p>Lourenço Costa, Julia et Paveau, Marie-Anne, « Imagem e discurso. Uma enunciação material visual », <em>Fórum Linguístico</em>, vol. 18 / Esp., juillet 2021, p. 5788‑5795, [En ligne : <a href="https://periodicos.ufsc.br/index.php/forum/article/view/82170">https://periodicos.ufsc.br/index.php/forum/article/view/82170</a>].</p>
<p></p>
<p>Maingueneau, Dominique, « Répondre à la peur », <em>Revista Linguasagem</em>, n°1, vol. 35, novembre 2020, pp. 18-34.</p>
<p></p>
<p>Marin, Cécile, « Illusions à la carte », in <em>Le Monde Diplomatique, Fake news, une fausse épidémie ?, Manière de voir</em>, n°172, août-septembre 2020, pp. 94-95.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.4000/aad.5999"></a></p>
Wodak, Ruth, « Légitimer la gestion de crise pendant la Covid-19 », <em>Argumentation et Analyse du Discours</em>, n°28, 2020. DOI : <a href="https://doi.org/10.4000/aad.5999">https://doi.org/10.4000/aad.5999</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<em>'El virus nos mata... los irresponsables también'</em>: banderole de balcon à Madrid, 2020
<h4><strong><span>De la contestation en temps de confinement</span>. Quand la rue reprend ses droits<br /></strong></h4>
<p>Cette image montre une banderole de balcon, photographiée à Madrid en octobre 2020, alors que les Espagnols subissaient, comme les Français, un énième « reconfinement » partiel, dont ils n’entendaient guère la logique (Costa-Sánchez et López-García, 2020).</p>
<p>Cette photographie a été publiée en ligne par le présentateur de télévision Jesús Vázquez, sur ses comptes Twitter et Instagram, le 20 octobre 2020, avec le commentaire : « visto ayer en la calle Carretas de Madrid », c’est-à-dire « vu hier dans la rue Carretas à Madrid ». Sur l’image, on voit en effet la fenêtre d’un immeuble typique de l’hypercentre de la capitale espagnole, dont le balcon est orné d’une pancarte, réalisée à la main sur un support de couleur kraft, portant ce slogan soigneusement calligraphié :</p>
<p>« <em>le virus</em> <em>nous</em> TUE, <em>les </em>IRRESPONSABLES <em>aussi</em> ».</p>
<p>Nous sommes donc ici en présence d’une forme très particulière d’expression de l’opinion individuelle sur la place publique : la banderole de balcon. Pratique aux usages multiples (Morant Marco et Martín López, 2013), elle ici montrée dans sa fonction « messagère », qui exprime plus précisément une forme de protestation passive contre un fait d’actualité. Cette forme d’expression de l’opinion a été particulièrement développée en Espagne dans les années 2010, depuis le mouvement dit des « Indignés » ou lors de la montée de l’indépendantisme catalan. Tout comme les applaudissements à la fenêtre à 20 heures, cette pratique s’est généralisée, lors de la crise sanitaire internationale du Covid-19, dans différents pays qui ont connu, comme l’Espagne ou la France, des périodes de confinements successifs durant cette pandémie.</p>
<p>Ainsi, on a pu observer (de nombreux florilèges ayant paru dans la presse, traditionnelle ou en ligne, pendant l’année 2020), comment les citoyens « confinés » exprimaient par ce moyen leur vécu ou leur opinion sur la crise. Dans un premier temps, ce sont surtout des messages de soutien au personnel soignant que l’on a vu fleurir sur les balcons, ou encore des messages d’espoir, accompagnés de dessins, souvent réalisés par des enfants qui découvraient cette étrange situation que celle de « l’école à la maison » (Galloso Camacho, 2021). Le post initial de Jesús Vázquez est d’ailleurs accompagné d’émojis (un bras musclé, un visage portant un masque chirurgical et un cœur rouge) qui signifient son soutien à la « lutte contre le virus », message de rigueur pour une personnalité médiatique populaire.</p>
<p>Ici, le slogan constitue une protestation ouverte contre les « politiques ». Le slogan indique clairement que cette posture critique ne relève pas du « complotisme », puisqu’il prend soin de préciser que « le virus nous tue », ne contestant donc pas la réalité de la maladie ; mais il prend pour cible les dégâts, tout aussi mortels que le virus, causés par une gestion politique jugée calamiteuse de cette crise.</p>
<p>Les enquêtes réalisées sur la perception de la gravité de la pandémie et de la gestion publique de la crise sanitaire font état, en Espagne, d’une certaine ambivalence. En effet, les Espagnols se montrent, au début de l’épidémie, plus favorables que le reste des Européens à des mesures restrictives (comme le confinement) pour lutter contre la propagation de la maladie, et affichent davantage de confiance dans le gouvernement central que dans les autorités locales pour établir ces mesures (Amat <em>et. al.</em>, 2020). Mais ils sont parallèlement ceux qui manifestent le plus de défiance envers leurs personnalités politiques, les tenant par exemple pour responsables de la diffusion de fausses nouvelles (Kleis Nielsen <em>et al.</em>, 2020).</p>
<p>Sur cette banderole, la classe politique espagnole est directement taxée de meurtrière, en raison de sa négligence et de son incurie : les politiques sont taxés d’« irresponsables », un terme qu’on a beaucoup vu circuler lors du mouvement des ‘Indignés’ en 2011, lequel s’est notamment enraciné dans une protestation populaire contre des scandales de corruption politique répétés.</p>
<p>La banderole de balcon apparaît ainsi comme une forme alternative de contestation, lorsque les populations confinées, captives dans leur espace privé, cherchent des moyens d’expression publique : M.V. Galloso parle « d’espace public personnalisé ». En Espagne, le message « d’union sacrée » face à la crise sanitaire s’est ainsi vite mué en une protestation contre la gestion publique du système de santé qui, depuis la crise de 2008, a été considérablement affaibli par des coupes budgétaires successives.</p>
<p>À notre connaissance, aucun projet organisé de collecte d’images témoignant de cette forme « confinée » de manifestation publique qu’est la banderole de balcon n’a eu lieu en Espagne, à l’instar du défi collaboratif français « Nos vitrines parlent à l’heure du confinement », lancé par Sara Gensburger et Marta Severo, qui a permis de récolter plus de 4000 photographies. Équivalents "confinés" de graffiti, témoins éphémères du vécu de la pandémie, ces banderoles sont les traces précieuses de l’expression d’un dissensus citoyen lorsque l’accès à l’espace public est restreint, voire impossible: le signe, en quelque sorte, que la rue finit toujours par reprendre ses droits. </p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
Compte Twitter de Jesús Vázquez <a href="https://twitter.com/_JesusVazquez_" class="css-4rbku5 css-18t94o4 css-1dbjc4n r-1loqt21 r-1wbh5a2 r-dnmrzs r-1ny4l3l"><span class="css-901oao css-16my406 r-poiln3 r-bcqeeo r-qvutc0">@_JesusVazquez_</span></a>, statut du 20 octobre 2020, <a href="https://twitter.com/_JesusVazquez_/status/1318481609230778371">https://twitter.com/_JesusVazquez_/status/1318481609230778371</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-10-19">2020-10-19</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Costa-Sánchez, Carmen et López-García, Xosé, « Comunicación y crisis del coronavirus en España. Primeras lecciones », <em>Profesional de la información</em>, vol. 29, n°3, mai 2020. En ligne : <a href="https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.04">https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.04</a>.</p>
<p>Galloso Camacho, María Victoria, « El discurso de los balcones en tiempos del confinamiento COVID », <em>Revista Latinoamericana de Estudios del Discurso</em>, vol. 21, n°1, juillet 2021, p. 168‑189. En ligne : <a href="https://periodicos.unb.br/index.php/raled/article/view/36514">https://periodicos.unb.br/index.php/raled/article/view/36514</a>.</p>
<p>Kleis Nielsen, Rasmus ; Fletcher, Richard ; Newman, Nic, [<em>et al.</em>], « Navegando la “infodemia”: así consume y califica las noticias y la información sobre el coronavirus la gente en seis países », Reuters Institute for the Study of Journalism / Oxford University, 18 avril 2020. En ligne : <a href="https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/navegando-la-infodemia-asi-consume-noticias-e-informacion-sobre-coronavirus-espana-argentina-otros-paises#sub8">https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/navegando-la-infodemia-asi-consume-noticias-e-informacion-sobre-coronavirus-espana-argentina-otros-paises#sub8</a>.</p>
<p>Morant Marco, Ricard et Martín López, Arantxa, « El lenguaje de los balcones », <em>Signa: Revista de la Asociación Española de Semiótica</em>, vol. 22, janvier 2013, [En ligne : <a href="https://revistas.uned.es/index.php/signa/article/view/6364">https://revistas.uned.es/index.php/signa/article/view/6364</a>].</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Affiche
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Europe+m%C3%A9ridionale">Europe méridionale</a>
<em>On veut des masques -On n'en a pas... </em>mème internet de la pandémie de Covid-19
<h4>Mèmes masqués. Humour viral autour d’une pénurie</h4>
<p>Parmi les polémiques générées durant la pandémie de Covid-19 en France, le débat sur la question de l’approvisionnement national en masques chirurgicaux, non seulement pour les personnels soignants du système de santé publique, mais aussi pour la population générale, a été particulièrement virulent.</p>
<p>Ce mème, reposté sur de multiples réseaux sociaux numériques durant l’été 2020, démontre la prégnance du sujet, et renvoie plus largement à la perception, par une certaine opinion publique, de la façon dont les autorités politiques ont géré cette crise sanitaire.</p>
<p>Posté le 6 août 2020 par l’usagère de Twitter @Nini_MacBright, compte humoristique ouvert début 2016 aux plus de 600.000 abonnés, ce mème comptabilise 187.000 retweets et 599.000 mentions 'j'aime' (fin 2022). Dans ce post, le mème est accompagné de ce seul commentaire : « 2020… » Cette légende lui confère une portée générale : il figurerait ainsi, au milieu de l’année 2020, non pas une séquence isolée du feuilleton de la pandémie de Covid-19, mais une représentation allégorique de l’ensemble de la crise.</p>
<p>Pourtant, il n’a trait qu’à une seule, parmi bien d’autres, des polémiques et controverses qu’a suscitées cette pandémie. En France, au premier semestre 2020, la pénurie de matériel d’hygiène due à une rupture des stocks publics, notamment de masques de protection efficaces pour les soignants et le personnel médical, a été l’un des points d’achoppement du débat public (voir les documents de cette galerie sur les <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/208" target="_blank" rel="noreferrer noopener">manifestations des soignants</a> et la <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/222" target="_blank" rel="noreferrer noopener">crise de l'hôpital</a>). <br />Arnaud Mercier (2020) explique à ce propos que malgré des rapports parlementaires précoces (2005) alertant l’État français sur les risques épidémiques présents et à venir, et l’incitant à s’équiper en matériel prophylactique dans cette perspective, le principe de précaution a fini par être supplanté par une logique d’économie des deniers publics: à l’adage « gouverner, c’est prévoir » c’est substitué celui-ci : « être sûr de ne pas trop stocker car il est essentiel de ne pas dépenser plus qu’il ne faut ».</p>
<p>Au-delà des personnels soignants, les autorités ont aussi placé nombre de travailleurs et leurs employeurs face à une injonction contradictoire, en leur demandant d’aller travailler, tout en leur expliquant que l’État ne pouvait leur fournir des moyens de protection minimale. En France, l’exemple des déclarations de porte-parole du gouvernement tels Sibeth Ndiaye et Olivier Véran sur l’inutilité du port du masque en population générale, diffusées à l’envi dans l’émission <em>Quotidien</em> sur TMC, témoigne des difficultés des acteurs politiques à répondre publiquement de leur gestion de la crise, alors même que l’état des savoirs sur le virus n’était pas stabilisé.</p>
<p>À ces injonctions contradictoires émanant des autorités, l’opinion a répondu par la défiance, dans une symétrie inversée : clamant « On veut des masques ! » lorsque les autorités n’en avaient pas ; et répliquant, lorsqu’État est parvenu à en fournir: « On les mettra pas ! ». Ce mème figure ainsi le face-à-face virtuel entre le "pouvoir" (incarné ici par le chat blanc) et "l’opinion", représentée par la femme en colère, au doigt accusateur pointé face à elle et dont les 'propos' imaginaires sont transcrits en lettres capitales, équivalent typographique du cri dans la culture numérique. <br />Il s’agit d’un template de mème très célèbre, connu sous le nom de « Woman yelling at a cat », reposant lui-même sur la juxtaposition de deux images : celle d’une participante de l’émission de télé-réalité nord-américaine <em>The Real Housewives of Beverly Hills,</em> en pleine dispute, à côté de la photo d’un chat blanc à l’air méfiant, attablé devant une assiette de légumes. Le mème, posté le 1er mai 2019 par l’utilisatrice @MissingeGirl sur Twitter, est devenu aussitôt viral : c’est l’un des plus échangés de l’année 2019, voire de la décennie 2010. Le chat a par la suite été identifié comme Smudge the Cat, personnage d’une autre fameuse série mémétique, d’après le répertoire en ligne <a href="https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat">Know your meme</a>. </p>
<p>En plaçant dans une structure de chiasme deux copies inversées du double template initial, ce mème figure les deux temps d'un dialogue, qui se présente comme non un dialogue de sourds -les deux personnages étant respectivement enfermés dans leur boîte qu'est la vignette, et leur attitude ne bougeant pas d'un iota...<br />Ce mème moque ainsi la simplicité argumentative et l'aspect mécanique et binaire des discours respectifs de « l’opinion » et du « gouvernement » sur la question des masques, et notamment l’esprit de contradiction caractéristique des secteurs d’opinion dits « complotistes » —prendre le contrepied systématique des discours officiels étant l’un de leur biais de raisonnements habituels (Taguieff, 2005). Mais il attire aussi l’attention sur la composante émotionnelle de cette réaction de l’opinion publique face au discours politique sur la crise. La colère de l’actrice de téléréalité Taylor Armstrong dans cette capture d’écran était loin d’être feinte, et le template du mème utilisé ici est classé parmi les séries qui illustrent comiquement des émotions subjectives.</p>
<p>Ce mème fait donc état de plusieurs thématiques qui sont récurrentes dans le corpus sélectionné, ainsi que dans d’autres corpus, nord-américains notamment, tel que celui étudié par Marta Dynel (2020). Ces mèmes ne témoignent pas seulement du vécu, par les particuliers, de la mesure restrictive et contraignante qu’est l’obligation du port du masque dans les espaces publics, ou de l’inventivité populaire à imaginer ou confectionner des masques « maison » tous plus absurdes les uns que les autres (et copieusement raillés sur les réseaux dans une polyphonie de commentaires imbriqués). Les mèmes peuvent aussi fournir un aperçu des questions sociales et politiques actuelles : ils sont des vaisseaux condensés, conçus pour le partage public, d'informations et d'opinions sérieuses (Curchod <em>et. al.</em>, 2021). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, ils témoignent de la politisation du débat citoyen sur la politique sanitaire à mener, et menée jusque-là, contre la pandémie.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
Compte Twitter @Nini_MacBright, contenu publié le 6 août 2020 : <a href="https://twitter.com/nini_macbright/status/1291299756321509381">https://twitter.com/nini_macbright/status/1291299756321509381</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Curchod, Marion ; Sieber, Victorine ; Stern, Guillaume, « Rire en contexte pandémique : les memes, analyse d’une pratique digitale », <em>Cahiers du Centre de Linguistique et des Sciences du Langage</em>, n°64, 2021, pp. 117‑126. En ligne : <a href="https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033">https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033</a>.</p>
<p>Dynel, Marta, « Covid-19 memes going viral: On the multiple multimodal voices behind face masks », <em>Discourse & Society</em>, vol. 32, n°2, nov. 2020. DOI: <a href="https://doi.org/10.1177/0957926520970385">https://doi.org/10.1177/0957926520970385</a><a href="https://sh2hh6qx2e.search.serialssolutions.com/?rft_id=info:doi/10.1177/0957926520970385&sid=lama-browser-addon"> SM</a>.</p>
<p>Mercier, Arnaud, « La France en pénurie de masques : aux origines des décisions d’État », <em>The Conversation</em>, 22 mars 2020, [En ligne : <a href="http://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371">http://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371</a>].</p>
<p><span>Taguieff, Pierre-André, </span><em>La foire aux illuminés : ésotérisme, théorie du complot, extrémisme</em><span>, Paris, Mille et une nuits, 2005.</span></p>
Fiche du template "Woman Yelling at a Cat" sur le dictionnaire des mèmes en ligne <strong>knowyourmeme.com</strong>, notice créée le 20 juin 2019. En ligne: <a href="https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat">https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat </a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
La "Bibliothèque Solidaire du Confinement" sur Facebook (2020-...)
<p><strong>Une médiathèque collaborative libre sur Facebook</strong></p>
Les réseaux sociaux numériques, malgré la surveillance accrue dont ses contenus font l'objet, les rumeurs et « infox » de toute sorte qui peuvent y circuler, et les bulles d’opinion qu’ils tendent à créer par ailleurs, demeurent des plateformes d'expression et de partage qui offrent à leurs usagers de vastes interstices de communication et d’échange libre d’informations. <br />Durant la crise du coronavirus, des initiatives citoyennes concrètes ont même pu y fleurir. Cette image, extraite du site web Facebook français, en montre un exemple pour le domaine académique, intéressant en ce qu'il a perduré au-delà de la période dite du premier confinement. Il s'agit de la page Facebook du groupe « Bibliothèque solidaire du confinement (#BiblioSolidaire) », initialement constitué par de jeunes universitaires, en train de rédiger un mémoire de recherche ou une thèse, subitement privés d'accès aux bibliothèques. La page permet à quiconque s’inscrit à ce groupe privé de demander conseil pour localiser des ressources bibliographiques inaccessibles (en raison du confinement, ou de façon générale) et de proposer en réponse, par message privé, une modalité de partage dudit document. La popularité de ce groupe, l'intensité de l'interaction entre ses membres, et sa durabilité dans le temps en font « un exemple emblématique de réponse collective à la fermeture des bibliothèques » (Clémentin, 2022). Cette « Bibliothèque solidaire », à partir de laquelle se sont échangées des milliers de références bibliographiques et de ressources scientifiques, a finalement perduré bien au-delà des périodes de confinement, et a vite attiré l’attention des médias, ainsi que des chercheurs (Amar, 2021; Bert-Erboul <em>et.al.</em>, 2022).<br />Créé à partir d'une suggestion initialement publiée dans un fil Twitter, ce groupe Facebook gagne en quelques jours seulement, grâce au bouche à oreille, des dizaines de milliers de membres : il en comptait 63379 au 1er octobre 2020 (et presque 68000 fin 2022). Face à ce succès, ses administrateurs ont rapidement dû élaborer des règles internes et des procédures de modération (Wiart, 2022). Ainsi, ils publient quelques jours après le lancement du groupe, dans la rubrique <em>À propos</em> de sa page Facebook, une charte qui tient lieu à la foi de déclaration de principes (on y utilise par exemple l’écriture inclusive), de couverture légale (on y interdit l’hébergement ou le lien de la moindre ressource) et de mode d’emploi (on y explique comment référencer une requête et chercher des réponses dans les échanges déjà publiés). <br />Cette activité de « modération » des échanges au sein du groupe mobilise les énergies de toute une équipe d’animateurs (G. Clémencin dénombre, pour la période mars 2020 – janvier 2021, environ 2700 messages émis par les administrateurs et modérateurs du groupe). <br />Parmi les préoccupations dont font état les messages de ces « admin », celle du classement des requêtes et des réponses, au moyen de leur étiquetage par mots-clés, est récurrente. « Nous avons mis en œuvre un système de classement par sujets pour s'y retrouver dans les différentes disciplines, et vous pouvez utiliser des hashtags pour affiner encore le sujet de votre publication », explique ainsi le texte déjà cité. <br />Il s’agit non seulement d’assurer le référencement des ressources pointées à travers cette page, mais aussi de permettre aux nouveaux usagers, toujours plus nombreux, de s’orienter parmi les réponses déjà offertes dans des discussions précédentes. À cette fin, dès le 1er mai 2020, pour fêter « les 60.000 membres » du groupe (nous sommes alors un mois et demi environ après le début du premier confinement en France), l’utilisateur Louis Ratpi, qui a le statut d’administrateur, fournit aux membres une procédure de recherche préalable à toute requête sur le fil du groupe. Elle est résumée en un schéma, que l’on peut voir sur la capture d’écran ci-dessus, qui montre l’aspect de la page d’accueil du groupe à la date du 2 novembre 2020. Ce diagramme de flux (flowchart) indique toutes les étapes à suivre, avant de déposer un message de requête sur la BSc, pour vérifier que le document demandé n’est pas déjà présent sur le web, via des bases de données scientifiques, des répertoires académiques en ligne et autres plateformes d’édition ouverte —ce qui témoigne de pratiques numériques déjà installées dans le champ de la jeune recherche française, notamment en Sciences Humaines et Sociales, qui sont les plus représentées dans ces échanges. <br /><br />Par ailleurs, les administrateurs et administratrices de la Bibliothèque Solidaire du confinement sont particulièrement attentifs aux questions relatives aux conditions « légales » de ces échanges d’information, qui ne doivent en aucun cas, martèlent-ils, relever du partage de ressources : on lit ainsi dans le texte <em>À propos</em> de la page de la BSc que « ce groupe public ne peut héberger aucun document dont ceux qui le partagent publiquement ne sont pas les auteurs : tous les échanges se font entre membres, sous leur responsabilité propre ». Comme l’estime G. Clémencin, « les documents, par le biais des messages des membres, font ici l’objet d’une sorte de <em>titrisation</em> qui permet au groupe de les évoquer et de les désigner sans jamais avoir à les manipuler ni les montrer. […] ce n’est pas au grand jour, c’est bien dans l’ombre – dans l’ombre de Facebook – que s’échangent les titres des documents ». Les règles de fonctionnement du groupe permettent ainsi d’occulter les opérations d’échange de documents en les renvoyant à la sphère privée, et même d’effacer toute trace de ces transactions. Le groupe ne veut être le dépositaire d’aucun des fonds qu’il nomme ou pointe, et ne propose aucun registre ordonné ni catalogue hiérarchisé de ces références, autre que les agglomérats mouvants de hashtags mentionnés dans les messages, qui évoluent au gré des dialogues virtuels et de la sérendipité propre au web. « Le groupe n’assure aucune des missions usuelles d’une bibliothèque et fait même tout pour les évacuer », estime G. Clémencin (2022). En ce sens, la Bibliothèque Solidaire du confinement est donc une sorte « d’anti-bibliothèque », ou plutôt « de bibliothèque parallèle ou de bibliothèque souterraine ». Dont l’usage, qui s’est prolongé au-delà des deux premières années de la pandémie de Covid-19, montre que plutôt que la fermeture temporaire des bibliothèques, ce qui a conditionné le succès de cette initiative est la question, beaucoup plus générale, de l’accès libre aux données de la recherche et aux publications scientifiques.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Groupe+%23BiblioSolidaire">Groupe #BiblioSolidaire</a>
Groupe Facebook "Bibliothèque solidaire du confinement", <a href="https://www.facebook.com/groups/bibliothequesolidaire/">https://www.facebook.com/groups/bibliothequesolidaire/</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-...">2020-...</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Amar, Muriel, « Avatars de la bibliothèque en période de confinement. Retours sur #BibliothèqueSolidaire et Silent Zoom », in <em>2020. Effets et conséquences de la crise sanitaire, Bulletin des bibliothèques de France</em>, 2021, pp. 20‑22. En ligne : <a href="https://www.cairn.info/effets-et-consequences-de-la-crise-sanitaire--9782492897009-p-20.htm">https://www.cairn.info/effets-et-consequences-de-la-crise-sanitaire--9782492897009-p-20.htm</a>.
Bert-Erboul, Clément; Fayet, Sylvie et Wiart, Louis (éds.), <em>À l’ombre des bibliothèques : Enquête sur les formes d’existence des bibliothèques en situation de fermeture sanitaire</em>, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, 2022. En ligne : <a href="http://books.openedition.org/pressesenssib/16389">http://books.openedition.org/pressesenssib/16389</a>.
<p>Clémencin, Grégoire, « Parcours 3. La Bibliothèque Solidaire du confinement, l’anti-bibliothèque ? », in Clément Bert-Erboul <em>et al.</em>, (éds.). <em>À l’ombre des bibliothèques</em>, Presses de l’ENSSIB, 2022, pp. 42‑58. En ligne : <a href="http://books.openedition.org/pressesenssib/16619">http://books.openedition.org/pressesenssib/16619</a>.</p>
<p>Wiart, Louis, « Parcours 10. Le community management de La Bibliothèque Solidaire du confinement. Du partage documentaire à la capitalisation des connaissances ? », in Clément Bert-Erboul <em>et al.</em>, (éds.). <em>À l’ombre des bibliothèques</em>, Presses de l’ENSSIB, 2022, pp. 178‑193. En ligne : <a href="http://books.openedition.org/pressesenssib/16644">http://books.openedition.org/pressesenssib/16644</a>.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<em>¡¡Cof cof!!,</em> graffiti de Fernando Simón pris de toux à la télévision, Valence, 2020
<p><strong>Art de rue et pandémie: contestation ou consensus ?</strong></p>
<p>Le médecin épidémiologiste Fernando Simón a été le principal porte-voix de la communication gouvernementale durant la pandémie de Covid-19 en Espagne : directeur du Centre de coordination des alertes et des urgences sanitaires (CCAES) du Ministère espagnol de la Santé depuis 2012, il est intervenu quotidiennement à la télévision pour commenter l’évolution de l’épidémie durant le premier semestre 2020. C’est pris d’une quinte de toux en plein discours télévisé, à cause d’une amande avalée de travers juste avant le direct, qu’il est représenté sur cette fresque urbaine réalisée à Valence par le grapheur et <em>street artist</em> j.warx en juin 2020, avant d’être postée sur les réseaux sociaux.</p>
<p>Des artistes urbains du monde entier ont porté en images, dans le contexte de sidération collective qui a été celui du début de cette pandémie, la consigne « <em>Restez chez vous </em>». Décliné sous diverses formes nationales et internationales, ce slogan symbolisant l'impératif d’union sacrée dans la guerre contre le virus, devenu un véritable cliché, pourrait sembler de ceux que le graffiti aime à prendre pour cible via la satire, l’ironie ou la caricature. Mais l’art dit urbain est-il encore porteur de sa dimension « micro-politique » et contre-culturelle (Riffaud et Recours, 2016) lorsqu’il prend la forme d’une fresque aussi respectueuse des codes de la discipline que de l’image d’un porte-parole du gouvernement ?</p>
<p>Médecin épidémiologiste de formation, Fernando Simón dispose au début de l’épidémie d’une solide expérience dans le domaine de la santé publique auprès d’organisations internationales en Afrique, en Amérique latine et en Europe. Il est aussi présenté comme un homme de terrain, qui a dirigé le service d’urgences de l'Institut espagnol de la santé Carlos III entre 2003 et 2011. Malgré quelques choix de communication controversés au début de l’épidémie (vivement critiqués sur les antennes du puissant groupe de presse conservateur de la Conférence épiscopale), il a fini par gagner la sympathie de l'opinion, par sa franchise de ton, son humour, et son flegme face au torrent médiatique. Sa posture de scientifique rigoureux a contribué au sentiment de confiance qu’il a suscité. Si dans son cas on parle d’élite, synthétise l’écrivain Xandru Fernández, "c’est d’élite intellectuelle ; et le personnage ne traîne pas de réputation d’endogamie universitaire ou de cooptation administrative" (<em>Contexto</em>, n°260, mai 2020). Cette image a su compenser certaines failles de la stratégie gouvernementale de communication de crise (García-Santamaría <em>et al.,</em>, 2020), au point qu’il est devenu « le porte-voix qui calme les gens face à la peur du coronavirus » (<em>elplural.com</em>, 27 février 2020), voire le nouveau « fiancé de l’Espagne » (Fernández, 2020).</p>
<p>Mais c’est surtout sa modestie et son humilité qui ont conquis les cœurs. Dans la presse, on a pu le voir voyageant à bord du métro madrilène, tel un citoyen lambda ; ou encore faisant du surf ou de la moto. Le phénomène du <em>standom</em>, sorte de fanatisme numérique, a fini par gagner ses admirateurs (Rubio Hancock, 2020): l’image de Fernando Simón est à la base d’une multitudes de mèmes, qui comptent parmi les plus échangés en Espagne en 2020 et dont certains ont même fait la couverture de <em>El País Semanal</em>, l’hebdomadaire le plus lu d’Espagne.</p>
<p>Au-delà de la fonction cognitivo-affective de ces mèmes (Wagener, 2020) et des bienfaits avérés du rire qu’ils provoquent en contexte pandémique (Curchod et. al., 2021), leur diffusion numérique virale est aussi l’indicateur du processus de mythification médiatique dont a progressivement fait l’objet la figure de Fernando Simón, à l’instar de celles du Docteur Fauci aux États-Unis ou de <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/189">Didier Raoult</a> en France. On a vendu des masques, des t-shirt, des sacs de plage et même des figurines de super-héros à l’effigie de Fernando Simón –qui a d’ailleurs demandé à ce qu’une partie des bénéfices issus de la vente de ces <em>goodies</em> soit reversée à des ONG (<em>Público</em>, 12 juin 2020). La presse relate même des cas de personnes s’étant fait tatouer le visage de leur « idole » sur la cuisse : Simón à Valence, et Raoult à Marseille ...</p>
<p>Dans un processus d’intericonicité revendiqué par l’artiste, ce document superpose ainsi divers « moments » médiatiques de la séquence générée par l'anecdote de la quinte de toux de Fernando Simón : viralisation de cette vidéo sur internet, puis sa traduction en mèmes ; et enfin sa transcription en « fresque » conjuguant les codes du graffiti urbain et de la culture mémétique. <br />Source d’inspiration pour les artistes contemporains, l’hybridation des supports numériques et de l’approche urbanistique est à l’origine de projets qui renouvellent le sens du militantisme artistique, entre ‘artivisme’ et ‘hacktivisme’ (Waelder Laso, 2019; Manduca <em>et al.</em>, 2020). <br />Avec ce graffiti issu d’un mème, l’imaginaire visuel nativement <em>transmedia</em> du coronavirus retourne donc « dans la rue », et vient s’ajouter au répertoire de la vaste et liquide production discursive générée par la pandémie de Covid-19.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%40j.warx">@j.warx</a>
Compte Instagram de l'artiste @j.warx: <a href="https://www.instagram.com/p/CBFfvlbJnWn/%20">https://www.instagram.com/p/CBFfvlbJnWn/</a>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Tous droits réservés : @j.warx
<p>Curchod, Marion, Sieber, Victorine et Stern, Guillaume, « Rire en contexte pandémique : les mèmes, analyse d’une pratique digitale », <em>Cahiers du Centre de Linguistique et des Sciences du Langage</em>, n°64, septembre 2021, pp. 117‑126. En ligne : <a href="https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033">https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033</a>.<br /><br /></p>
<p>García-Santamaría, José-Vicente; Pérez-Serrano, María-José et Rodríguez-Pallares, Miriam, « Portavoces oficiales y estrategia audiovisual en la crisis de la Covid-19 en España », <em>Profesional de la información</em>, vol. 29, n°5, 2020. DOI: <a href="https://doi.org/10.3145/epi.2020.sep.13">https://doi.org/10.3145/epi.2020.sep.13</a></p>
<p>Guadagno, Rosanna E., <em>et al.</em>, « What makes a video go viral? An analysis of emotional contagion and Internet memes », <em>Computers in Human Behavior</em>, n°29, 2013, pp. 2312-2319. DOI : <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.chb.2013.04.016">10.1016/j.chb.2013.04.016</a></p>
<p>Manduca, Ramiro et Puente, Maximiliano de la, « El humor en el espacio público real y virtual. Análisis de dos experiencias de colectivos de activismo artístico en Argentina », <em>Atlante. Revue d’études romanes</em>, n°13, octobre 2020. En ligne : <a href="https://journals.openedition.org/atlante/1095">https://journals.openedition.org/atlante/1095</a>.</p>
<p>Riffaud, Thomas et Recours, Robin, « Le street art comme micro-politique de l’espace public : entre <em>artivisme</em> et coopératisme », <em>Cahiers de Narratologie. Analyse et théorie narratives</em>, n°30, 2016. En ligne : <a href="http://journals.openedition.org/narratologie/7484">http://journals.openedition.org/narratologie/7484</a>.</p>
<p>Rubio Hancock, Jaime, « Fernando Simón se ha convertido, meme a meme, en un icono pop de internet », <em>Verne. Suplemento de El País</em>, 9 mai 2020. En ligne : <a href="https://verne.elpais.com/verne/2020/05/08/articulo/1588930677_213430.html">https://verne.elpais.com/verne/2020/05/08/articulo/1588930677_213430.html</a>.</p>
<p>Waelder Laso, Pau, « Hackear la ciudad algorítmica. Arte urbano y nuevos medios », <em>HispanismeS. Revue de la Société des Hispanistes Français</em>, n°14, 2019. En ligne : <a href="http://journals.openedition.org/hispanismes/417">http://journals.openedition.org/hispanismes/417</a>.</p>
<p>Wagener, Albin, « Mèmes, gifs et communication cognitivo-affective sur Internet », <em>Communication. Information médias théories pratiques</em>, vol. 37, n°1, avril 2020. En ligne : <a href="https://journals.openedition.org/communication/11061">https://journals.openedition.org/communication/11061</a>.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<em>Savant de Marseille.</em> Mème internet de la pandémie de Covid-19
<p><strong>De quoi l’affaire Raoult est-elle le nom ? </strong><br /><br />Ce mème anonyme, qui a circulé sur les réseaux sociaux numériques au premier semestre de l’année 2020, offre l'image typique du célèbre savon de Marseille, dont le nom a été altéré en « <em>savant</em> de Marseille ». Le ‘savant’ qui agite les réseaux ? Celui dont le savon porte l’effigie, reconnaissable entre tous malgré une photo pixelisée et grossièrement détourée: le professeur Didier Raoult, professeur de microbiologie spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU). Un authentique « savant de Marseille », qui est soudainement devenu, au début de la crise du Covid-19, une personnalité nationale voire internationale. </p>
<p>L’image du savon, qui renvoie aussi, dans ce contexte, à la consigne sanitaire généralisée du « lavage de mains », est apposée sur un arrière-plan presqu'entièrement masqué : une photographie du Vieux-Port de Marseille. Objet d'une fierté toute particulière pour les Marseillais, qui y ont trouvé un nouvel argument dans leur éternelle rivalité et guerre d’image avec Paris, le savant de Marseille a dans le même temps (et entre autres, pour cette raison), été abondamment raillé sur les réseaux sociaux autant que décrié dans les médias. La réalisation de ce mème montre bien le processus de « mythification médiatique » dont a soudainement été l’objet la figure de ce chercheur, jusque-là méconnu du grand public, au début de la crise sanitaire.</p>
<p>« L’Affaire Raoult » est un exemple frappant des controverses scientifiques —et médiatiques— qu’a pu susciter la pandémie de Covid-19. Le débat, en l’occurrence, a porté sur la proposition de prescription d'hydroxychloroquine (HCQ) contre le Covid-19, lancée par le chercheur marseillais fin janvier 2020, qui lui a permis de faire une entrée fracassante sur la scène médiatique.</p>
<p>Les vidéos de Didier Raoult sur le compte YouTube de l’IHU (qui à partir de la mi-janvier 2020 comptabilisent des centaines de milliers, puis des millions de vues) ; ou encore les contenus de son compte Twitter (qui enregistre 250.000 abonnements la première semaine de sa création, le 25 mars), ont été massivement relayés sur les réseaux sociaux, Facebook notamment. Le Pr Raoult et son traitement ont bientôt conquis légitimité et crédibilité médiatique internationale, notamment lorsque Donald Trump a placé ses espoirs dans sa thérapie lors d’un point de presse officiel le 19 mars, ou lorsqu’Emmanuel Macron lui a rendu visite, lors d’un déplacement à Marseille, le 9 avril 2020 (Varga, 2020).</p>
<p>L’affaire a fait l’objet d’une focalisation médiatique telle qu’elle a « exercé une pression très forte sur le cours normal de la recherche » et a « généré des interférences intenses, concentrées dans un temps très court, du champ scientifique avec le système politique et médiatique » (Smyrnaaios et al., 2021). Ces débats, où sont intervenus de multiples acteurs (scientifiques et médecins, responsables politiques, journalistes, mais aussi citoyens ou personnalités publiques) se sont rapidement convertis en polémique, glissant de la discussion sur la pertinence du traitement par l’HCQ à la critique <em>ad hominem</em> de la personnalité du professeur.</p>
<p>L’affaire a été relancée périodiquement par des « rebondissements » de la controverse scientifique, notamment lorsque la prestigieuse revue scientifique nord-américaine <em>The Lancet </em>a publié un article remettant en cause les résultats du Pr Raoult, article qui s’est lui-même révélé par la suite être frauduleux, et que le <em>Lancet</em> a dû rétracter.</p>
<p>L’affaire Raoult pose ainsi, plus largement, la question de la circulation de fausses nouvelles durant la crise du Covid, étroitement liée, ici, à la question du statut de l’expertise scientifique auprès des médias et des autorités politiques. Dans cette polémique, les réseaux sociaux « ont joué un rôle de premier plan dans la circulation de fausses nouvelles, contribuant ainsi à effriter la confiance dans la médecine officielle et à alimenter la méfiance envers les spécialistes » (Vicari, 2022). <br />Même si, comme le pointe le rapport du comité d’éthique du CNRS du 25 juin 2021, le discours pro-Raoult et le soutien sans partage d’une partie de la population à son traitement « revêt certains traits du populisme scientifique », le discrédit qui a affecté le milieu de la recherche dans son ensemble durant la pandémie de Covid-19 ne relève « pas simplement d’une théorie conspirationniste antiscience », comme l’estime une étude récente de plus d’un million de « tweets » que l’affaire a générés (Smyrnaaios et al., 2021). Le discours des partisans de Raoult, caractéristique du récit contemporain opposant le « peuple » aux « élites », a ainsi fait du savant « une sorte de héros populaire en lutte contre l’<em>establishment</em> parisien et les milliardaires, propriétaires de l’industrie pharmaceutique et des médias, pour sauver le peuple de la pandémie ».</p>
<p>Ainsi, même si la polémique médiatique s’est progressivement tarie après qu’un consensus scientifique a fini par émerger, fin août 2020, sur l’inefficacité du traitement à l’HCQ, la figure du professeur Raoult n’en a pas moins continué d’être icônisée, et <em>iconicisée</em> dans la culture populaire, comme dans ce mème du savon.</p>
<p>Témoins de ce processus de « mythification », des produits à l’effigie de Didier Raoult (tee-shirts, casquettes, mugs, affiches, cierges de « Saint Raoult » et même une bière, la « Chloroquine Dundee ») ont ainsi été commercialisés dès la mi-2020, et connaissent depuis lors un certain succès commercial dans la région marseillaise et au-delà, notamment en ligne. Ces objets montrent que le « savant de Marseille » a peu à peu été érigé en figure héroïque, et son traitement en « remède miracle », occupant dans le récit collectif de la crise sanitaire une fonction salvatrice voire prophétique, dont l’humour populaire a tôt fait de s’emparer.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Brossard, Dominique, « Media, scientific journals and science communication: examining the construction of scientific controversies », <em>Public Understanding of Science</em>, vol. 18, n°3, 2008, pp. 258-274. DOI : <a href="http://dx.doi.org/10.1177/0963662507084398">10.1177/0963662507084398</a></p>
Devars, Thierry, « Médiatisations et polarisations dans la crise du Covid-19. Entretien avec François Allard-Huver », <em>Quaderni</em>, vol. 106 / 2, 2022, pp. 101‑118. [En ligne : <a href="https://www.cairn.info/revue-quaderni-2022-2-page-101.htm">https://www.cairn.info/revue-quaderni-2022-2-page-101.htm</a>].
Monnier, Angeliki, « Covid-19 : de la pandémie à l’infodémie et la chasse aux fake news », <em>Recherches & éducations</em>, n° hors-série, 2020, <a href="http://journals.openedition.org/rechercheseducations/9898">http://journals.openedition.org/rechercheseducations/9898</a>
Smyrnaios, Nikos, Tsimboukis, Panos et Loubère, Lucie, « La controverse de Didier Raoult et de sa proposition thérapeutique contre la COVID-19 sur Twitter : analyse de réseaux et de discours », <em>Communiquer</em>, n°32, 2021. DOI : <a href="https://doi.org/10.4000/communiquer.8309">https://doi.org/10.4000/communiquer.8309</a>
Varga, Renata, « “La polémique Raoult” : brouillage de la communication », <em>REFSICOM, </em>dossier <em>Communication de crises, médias et gestion des risques du Covid 19</em>, 2020. En ligne : <a href="http://www.refsicom.org/783">http://www.refsicom.org/783</a>
Vicari, Stefano, « Quand les médecins deviennent influenceurs : la vulgarisation des termes de la Covid-19 dans Facebook, Instagram et Twitter », <em>Repères DoRiF,</em> n. 25 – <em>Le lexique de la pandémie et ses variantes</em>, DoRiF Università, Roma, juillet 2022. En ligne: <a href="https://www.dorif.it/reperes/stefano-vicari-quand-les-medecins-deviennent-influenceurs-la-vulgarisation-des-termes-de-la-covid-19-dans-facebook-instagram-et-twitter/">https://www.dorif.it/reperes/stefano-vicari-quand-les-medecins-deviennent-influenceurs-la-vulgarisation-des-termes-de-la-covid-19-dans-facebook-instagram-et-twitter/</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<p><em>Si le Titanic coulait en 2020.</em> Mème internet de la pandémie de Covid-19</p>
<h4><strong>Le bateau coule ! Variations mémétiques sur le Titanic</strong></h4>
Voici une comparaison trois mèmes, en français, espagnol et anglais, qui ont circulé au début de la pandémie de Covid-19, au milieu de l'année 2020. Ces images sont construites à partir d'une série mémétique bien connue : les célèbres « templates » du Titanic en train de sombrer, photogrammes issus du film de James Cameron (1997), éventuellement truqués au moyen de logiciels de graphisme. Dans les deux premiers, le naufrage du Titanic est implicitement comparé aux situations la France et de l'Espagne au début de la pandémie de Covid-19. La nouveauté, qui est aussi le caractère commun, de ces deux mèmes, est l’addition à l’image des répliques des naufragés, dans un équivalent simplifié de phylactères de bande dessinée.
<p>Ces mèmes ne font pas que comparer la situation sanitaire de la France et de l’Espagne en 2020 à un véritable naufrage et ironiser sur une mort collective annoncée. Par l’ajout de « surtitres » contextuels à l’image et sous couvert d’humour, ils font montre d’une certaine réception de l'information sur la pandémie en Europe, ainsi que de la circulation de modèles et formes de discours sur la maladie, en France comme en Espagne.</p>
<p>Dans le dialogue imaginaire des futurs « naufragés » sur la pandémie de Covid-19 figuré dans ces mèmes, règne en effet le scepticisme vis-à-vis de la gravité de la maladie, voire de son existence même, et les théories les plus farfelues sur ses origines ou son traitement. Ce sont ainsi la propagation de fausses rumeurs et les travers des raisonnements "complotistes" qui sont singés et raillés dans ces caricatures de dialogue. Ces mèmes témoignent ainsi du regard distancé sur ce phénomène sociologique et son discours de la part des communautés sociales qui créent, prisent et véhiculent les mèmes. En ce sens, les mèmes contribuent à la création de (cyber-)espaces hybrides au sein desquels la culture populaire s’infiltre dans la sphère publique et devient commentaire et prise de position politique (Jenkins, 2015). </p>
<p>Sont humoristiquement pointés ici le scepticisme anti-science ; la défiance contre les politiques ; la circulation de rumeurs voire « d’infox » et même la lecture « survivaliste » de la crise du Covid . Empruntant les mêmes canaux de diffusion que ces « fake news », à savoir les réseaux sociaux (Brenen et al. , 2020), ces mèmes tournent en dérision la peur viscérale (voire la paranoïa) que suscite la crise sanitaire, et offrent ainsi un support de dédramatisation de cette peur. Les mèmes, durant la pandémie, auraient ainsi été « un moyen efficace de soulager l’anxiété et la peur, de renforcer notre lien social tout en communiquant notre colère vis-à-vis des politiques » (Mrowa-Hopkins et Nicholls, 2020 ; Akram <em>et. al.</em>, 2021).</p>
<p>Le célèbre <em>template</em> du Titanic, qui renvoie à une culture populaire de grande consommation et connue d’un public étendu, a déjà été objet de mèmes innombrables dans le monde entier. Malgré la banalité apparente de cette image, ces mèmes présentent une complexité inattendue (Gunthert, 2022). D’une part, ils témoignent du phénomène constant de resignification verbo-sémantique qui est à l’œuvre dans la culture mémétique, marque de sa créativité (Paveau, 2019) ; et d’autre part, ils montrent la claire conscience qu’on leurs concepteurs, les « Memes Lords », de la dimension métadiscursive de leur propos.</p>
<p>La troisième version, anglophone, du mème du Titanic créé durant la pandémie présentée ici porte précisément sur cette auto-conscience réflexive des memers. Le navire qui sombre symbolise, d’après le surtitre, « le monde, en ce moment » (« <em>World right now</em> »), et en regard du naufrage, à droite, est placée une image des imperturbables musiciens de l'orchestre du paquebot, titrée: « Memers ». Tels les musiciens du Titanic qui auraient continué de jouer durant tout le naufrage, la communauté virtuelle des memers ironise sur la crise en pleine pandémie. Il s'agit ainsi d'un "méta-mème", qui prend pour objet le concept même de mème. Il témoigne d'un regard introspectif des "memers", pourtant anonymes, sur eux-mêmes et sur leur pratique: un humour graphique "2.0", international et dématérialisé, aussi modeste et dérisoire qu'il est habile et critique.</p>
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Mèmes collectés sur les réseaux sociaux, 2020.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Libre de droits
<p>Akram, Umair; Irvine, Kamila; Allen, Sarah F., <em>et al.</em>, « Internet memes related to the COVID-19 pandemic as a potential coping mechanism for anxiety », <em>Scientific Reports</em>, vol. 11 / 1, 2021. En ligne : <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-021-00857-8%5D:">https://www.nature.com/articles/s41598-021-00857-8</a></p>
<p>Brennen, J. Scott; Simon, Felix; Howard, Philip et Nielsen, Rasmus Kleis, « Types, Sources, and Claims of COVID-19 Misinformation », Factsheet du Reuters Institute for the Study of Journalism, University of Oxford, 7 avril 2020. En ligne: <a href="https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/types-sources-and-claims-covid-19-misinformation">https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/types-sources-and-claims-covid-19-misinformation</a></p>
<p>Gunthert, André, « Pour une analyse narrative des images sociales », <em>Revue française des méthodes visuelles</em>, n°1, 2017. En ligne : <a href="https://rfmv.fr/numeros/1/articles/pour-une-analyse-narrative-des-images-sociales/">https://rfmv.fr/numeros/1/articles/pour-une-analyse-narrative-des-images-sociales/</a>.</p>
<p>Jenkins, Henry, <em>La Culture de la convergence. Des médias au transmédia</em>, Paris, A. Colin/Ina Éd., 2013 [2006].</p>
<p>Mrowa-Hopkins, Colette et Nicholls, Christine Judith, « Humour et Covid-19 sur les réseaux sociaux : mieux vaut rire que périr ! », <em>The Conversation</em>, Décembre 22, 2020. En ligne : <span><a href="https://theconversation.com/humour-et-covid-19-sur-les-reseaux-sociaux-mieux-vaut-rire-que-perir-152091">https://theconversation.com/humour-et-covid-19-sur-les-reseaux-sociaux-mieux-vaut-rire-que-perir-152091</a></span>.</p>
<p>Paveau, Marie-Anne, « La resignification. Pratiques technodiscursives de répétition subversive sur le web relationnel », <em>Langage et Société</em>, dossier <em>Discours numériques natifs. Des relations sociolangagières connectées</em>, juin 2019. En ligne : <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02145765">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02145765</a>.</p>
Cameron, James (dir.), <em>Titanic</em>, 195 min., 20th Century Fox, Paramount Pictures, Lightstorm Entertainment, 1997.
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Illustration
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Parecer oficial de los Srs. Médicos de la comisión acerca de la enfermedad que tantos estragos ha hecho en esta capital (Avis officiel des médecins de la commission sur la maladie qui a fait tant de ravages dans cette capitale)
<p>Avant de quitter Barcelone, les membres de la commission sanitaire envoyés par le ministre de l’Intérieur du gouvernement français, les docteurs Pariset, Bally et François (dans l’ordre des signatures) remirent au chef politique de la province de Catalogne le rapport que celui-ci leur avait demandé sur la nature de l’épidémie telle qu’ils avaient pu l’observer au cours de leur mission à Barcelone.</p>
<p>Leur conclusion sur le caractère contagieux de la maladie satisfit pleinement le plus haut responsable politique et administratif de la principauté car il justifiait pleinement les mesures drastiques d’isolement qu’il avait prises et avaient suscité nombre de critiques, et même une tentative de résistance par la force de la part de la population qui avait contraint à prendre la fuite celui qui était considéré comme le principal responsable des dispositions prises en la matière, le docteur Badía.</p>
<p>En revanche, l’ensemble du corps médical espagnol fut loin de partager l’opinion de leurs collègues français. Et lorsque le docteur Manuel Hurtado de Mendoza, lui-même <em>anti-contagioniste</em> convaincu, fit paraître leur « avis officiel sur la maladie » qui avait ravagé Barcelone dans les <em>Décadas médico-quirúrgicas y farmaceúticas, </em>publiées sous l’égide de la Société de médecine de Madrid, il fit suivre leur texte d’une lettre à ses collègues français du médecin barcelonais, Francisco Piguillem, qui tout en leur témoignant le plus grand respect pour le travail effectué, réfutait vigoureusement leurs conclusions.</p>
<p>Cette publication dans l’une des trois revues médicales que comptait alors l’Espagne (les deux autres paraissant à Cadix et à Barcelone) marqua le début d’une campagne de réfutation de la thèse des médecins français qui prit parfois des allures de bataille de chiffonniers (voir le document n° 16). Pour pouvoir statuer en toute connaissance de cause sur le projet de loi sanitaire qui leur était soumis, les Cortès décidèrent de solliciter l’avis des principales sociétés médicales du royaume (voir le document n° 20). Mais ces consultations ne firent que mettre en évidence l’incertitude dans laquelle était plongé le corps médical puisque, par exemple, à Barcelone, huit membres de l’Académie de Médecine de la ville se prononcèrent en faveur du caractère exotique et contagieux de la fièvre jaune, contre quatre et deux abstentions pour son caractère indigène et six pour sa non-contagiosité.</p>
<p>Assurément, la médecine était loin d’être une science exacte et cette incapacité des médecins à trancher sur l’origine et la nature de l’épidémie qui avait sévi en Catalogne finit par exaspérer l’opinion publique espagnole qui, à diverses reprises, dénonça dans la presse des disciples d’Esculape plus propres à polémiquer et à percevoir « la piècette » due pour leurs consultations qu’à guérir les malades.</p>
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Universidad Complutense de Madrid.<br />Exemplaire numérisé par Google. Consultable sur HathiTrust Library.<br /><br /><a href="https://catalog.hathitrust.org/Record/009353360">Catalog Record: Décadas médico-quirúrgicas y farmacéuticas | HathiTrust Digital Library</a><br /><br />Permalien du document:<br /><a href="https://hdl.handle.net/2027/ucm.5326514722">https://hdl.handle.net/2027/ucm.5326514722</a><br /><br /><a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=ucm.5308600743&view=1up&seq=5&skin=2021"></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-12+%28p%C3%A9riodique%29">1821-12 (périodique)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-11+%28avis+et+r%C3%A9ponse%29">1821-11 (avis et réponse)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public.
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
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Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
La Mort du poète, Edmond ROSTAND
<p>L’article consacré à la mort d’Edmond Rostand donne l’occasion d’aborder la grippe espagnole sous l’angle de ses victimes. Le bilan de la pandémie a été objet d’une révision historiographique (<em>Bulletin of the History of Medecine, </em>2002) qui a fait augmenter l’estimation du nombre de décès de 30 à 50 millions de par le monde. Les premières données pour la France datent quant à elles de 1931 : à la faveur d’un bilan démographique sur la Grande Guerre, le bureau de la Statistique de France établissait le nombre total de morts de la grippe à 150 000 : 91 500 en 1918 dans la population civile, 31 300 en 1919, auxquels s’ajoutent 30 000, décomptés dans l’armée (Frédéric Vagneron, 2015). Moins meurtrière, l’année 1919 correspond à la troisième vague (de février-mars à l’été 1919) se déployant après la signature de l’armistice dans un contexte où la démobilisation favorise la circulation épidémique. Sans doute minorés, ne serait-ce que parce qu’ils portent seulement sur 77 départements de l’époque, ces chiffres ont été revus à la hausse depuis (jusqu’à 250 000 morts) intégrant notamment les cas de comorbidité. Si le tribut payé par la population française à la grippe espagnole est donc important, il a été cependant noyé dans l’ensemble plus vaste de la mortalité de masse caractéristique de la Première Guerre mondiale : près de 1 400 000 morts au combat ou de ses suites pour une population d’environ 33 millions d’habitants. Cette configuration explique que les pertes de la grippe espagnole se soient surtout inscrites dans la mémoire familiale plutôt que collective, polarisée durant l’entre-deux-guerres autour du culte des combattants. Seuls les plus illustres des défunts se signalent à l’attention en tant que victimes de la pandémie. C’est le cas de l’écrivain et poète Edmond Rostand, né en 1868, mort le 2 décembre 1918 à Paris, inhumé postérieurement à Marseille, sa ville natale. L’article publié le 3 décembre dans <em>Le Matin</em> revient avec force détail sur les circonstances de l’événement. L’homme de lettres « a rendu le dernier soupir hier à 13h30, après deux heures d’agonie, entouré des siens ». La publicisation de cette fin de vie contraste avec les morts ordinaires que la presse évoque le plus souvent uniquement dans le cadre de statistiques. Ces victimes dont l’identité n’est pas dévoilée restent dans l’anonymat des données démographiques avec lesquelles elles se confondent. Tout au plus sont-elles catégorisées en fonction de leur âge. Un article du <em>Petit Parisien</em> du 31 octobre 1918 nous apprend ainsi que les personnes décédées appartiennent surtout à la tranche des 20-39 ans. En ce sens, les hommes illustres sont tels les arbres cachant la forêt. Les faits qui suivent contenus dans les archives municipales de Marseille le montrent. Un jour après avoir adressé une lettre à la famille d’Edmond Rostand pour lui présenter ses condoléances (soit le 3 décembre 1918), le maire de Marseille évoquait dans un courrier daté du 4 le décès d’une « des infirmières de l’hôpital municipal de [Notre-Dame de] Sion, Sœur Léoncia, victime de son dévouement », annonçant ses obsèques pour le lendemain, 5 décembre (AM D.4.D 141, folio 116 Correspondance). L’ordinaire des affaires courantes d’une municipalité permet ici de saisir la pluralité des profils de victimes de la grippe espagnole, du poète dont la ville s’enorgueillit qu’il soit un de ses fils, à l’humble figure du <em>care</em> féminin qu’est sœur Léoncia, morte à 32 ans comme nous l’apprend le site en ligne <em>MemorialGenWeb</em>, des suites de maladie contractée durant son service et médaillée d’honneur des Epidémies. Les crises sanitaires font ainsi se croiser les destins les plus divers. L’article de la poétesse Anna de Noailles (1876-1933) en témoigne à sa façon. Elle y développe l’idée que la disparition de Rostand réconcilie défunts illustres et anonymes, cette communion des morts reposant non pas sur le sort commun des victimes de l’épidémie mais s’opérant par un jeu de miroir entre morts de la grippe et morts au front. Anna de Noailles met ici en évidence la porosité des frontières entre les uns et les autres. Par son décès, Rostand a rejoint « tous les soldats tombés pour la liberté depuis 1914, les plus humbles, les plus obscurs, les plus inconnus ». La vocation du poète national s’accomplit en ce sens qui est de « parler aux morts », d’être choisi par la patrie comme « son fils de prédilection pour son cruel holocauste », en un « mystérieux échange de la terre avec les cieux ». Cette association entre défunts de la Grande Guerre et de la grippe espagnole reflète le poids des morts dans une société meurtrie par le conflit et rassemblant de vastes communautés de deuil.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Noailles%2C+Anna+de+%281876-1933%29">Noailles, Anna de (1876-1933)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Cem%3ELe+Matin%3C%2Fem%3E"><em>Le Matin</em></a>
Bibliothèque nationale de France<br /><br /><span>Notice du catalogue : </span> <span> <a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058" target="_blank" rel="noreferrer noopener">http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058</a><br />Identifiant : <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k572733k" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k572733k</a> <br /><br /></span>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-12-03">1918-12-03</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Renaudet%2C+Isabelle">Renaudet, Isabelle</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
<p>Darmon Pierre, « Une tragédie dans la tragédie : la grippe espagnole en France (avril 1918-avril 1919) », <em>Annales de démographie historique</em>, 2000/2, pp. 153-175.</p>
<p>Niall Johnson, Juergen Mueller, « Updating the accounts : global mortality of the 1918-1920 « Spanish » influenza pandemic », <em>Bulletin of the History of Medicine</em>, 2002/1, Vol. 76, pp. 105-115.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
On peut lutter contre la grippe espagnole
<p>Les deux vagues de pandémie grippale qui frappent la France entre avril et décembre 1918 posent la question des moyens à mettre en œuvre de type prophylactique, pour se prémunir de la contagion, et thérapeutique, pour guérir de la maladie. L’article « On peut lutter contre la grippe espagnole » paru le 26 septembre 1918 dans <em>Le Petit Parisien </em>témoigne de la mission sociale que s’assigne la presse d’information en agissant en faveur de la santé publique. Sans que les autorités médicales consultées ne soient identifiées précisément, le processus consistant pour les journaux à faire appel à des savoirs experts est ici mis en évidence. La mise en mots du risque par les médias constitue un exercice de pédagogie à l’œuvre dans ce texte. La presse s’y montre en premier lieu au service de tous, en rappelant que la grippe est universelle à la fois dans sa forme pandémique et au sens où elle ignore les différences sociales, frappant les pauvres comme les puissants, tel le prince Erik de Suède, fils du roi Gustave V. Les journaux se placent en outre délibérément « au ras du sol » en faisant appel à l’expérience de leurs lecteurs. L’évocation de la précédente pandémie (la grippe russe de 1889), vieille d’environ trente ans, reflète la familiarité relative qu’ont encore au début du XX<sup>e</sup> siècle les populations européennes avec les épidémies qui s’inscrivent dans une mémoire collective. L’article du <em>Petit Parisien</em> se montre enfin soucieux de mettre l’information scientifique à la portée de la société, en combinant registre sémantique expert, à travers l’énumération de divers agents pathogènes (bacille de Pfeiffer, pneumocoque, streptocoque) et approche typologique. Cette démarche typologique qui emprunte à la nosologie se montre efficace en termes de communication en invitant le lecteur à identifier les trois formes de la grippe, de sa manifestation la plus bénigne qui se confond avec le rhume, aux formes plus sérieuses, voire mortelles. Une des spécificités de cette maladie infectieuse respiratoire aiguë d’origine virale est ainsi mise en exergue : en dépit de sa banalité, elle peut être fatale. Souvent qualifiée d’ennemi invisible, la grippe est une pathologie dont les symptômes sont difficiles à établir. L’intérêt de cet article est aussi qu’il donne à voir les motifs tissant la trame du récit épidémique: la notion de rebond de la maladie, matérialisée par la seconde vague qui sévit depuis le mois d’août 1918 ; le sacrifice des soignants à travers l’exemple du fils du Docteur Variot, héroïsé dans le contexte de guerre au même titre que son frère mort au champ d’honneur ; la capitalisation enfin de l’expérience passée, proche (celle de la première vague) et plus lointaine (celle de la précédente pandémie de 1889 qualifiée de plus massive) dont on tire les leçons notamment pour ce qui est des mesures prophylactiques à prendre. L’allusion à l’épisode de Brest témoigne pourtant de fortes limites dans l’application des précautions sanitaires à activer en cas de crise. Les ports, en particulier de la façade atlantique, se sont révélés des points particulièrement sensibles en matière de « circulations microbiennes » (Le Roy Ladurie, 1978) alimentées en grande partie par l’arrivée des troupes américaines engagées dans le conflit. L’article se fait l’écho de la pratique reposant sur des rassemblements massifs de troupes, objet d’une vive polémique. Le 24 septembre, soit deux jours plus tôt, de Kerguézec, député des Côtes-du-Nord, a interpelé le gouvernement à la chambre au sujet du développement de l’épidémie dans les dépôts de la marine de Brest, de Rochefort et de Lorient. Alors que la prudence incite à éviter les concentrations, la gestion des troupes par l’armée est ici prise en faute. Ce texte éclaire enfin le geste thérapeutique qui est mis en œuvre face à la grippe, reposant sur l’isolement des malades. L’arsenal médicamenteux dont on dispose est effet limité. Les publicités de l’époque en témoignent. En-dehors de l’aspirine et des antipyrétiques prescrits contre la fièvre, les remèdes disponibles soignent des maux multiples : pilules Pink (qui agissent contre l’anémie), pâte Regnaud, pastilles Valda, tablettes Triumph, Mycolsine (utilisée également dans le traitement de la tuberculose), vin de Vial. Au cours de la pandémie, de nouvelles formules sont mises sur le marché, pastilles Dupeyroux, Gomenol-Rhino, Anidol, Grippecure. La mortalité grippale reflète dans une large mesure l’impuissance thérapeutique face à l’épidémie.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Cem%3ELe+Petit+Parisien%3C%2Fem%3E"><em>Le Petit Parisien</em></a>
<span>Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850 <br /></span><br /><span><b>Notice du catalogue : </b> </span> <span> <a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x" target="_blank" rel="noreferrer noopener">http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x</a><br /><b>Identifiant : </b> <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566665x" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k566665x</a><br /><strong>Permalien de la page</strong>: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566665x/f2.item">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566665x/f2.item</a><br /></span>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-09-26">1918-09-26</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Renaudet%2C+Isabelle">Renaudet, Isabelle</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
<p>Vagneron, Frédéric, <a href="https://www.theses.fr/2015EHES0122"><em>Aux frontières de la maladie : histoire de la grippe pandémique en France (1889-1919)</em></a>, Thèse EHESS, 2015.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
L’épidémie de grippe serait en décroissance à Paris
<p>Cet article du <em>Petit Journal</em> s’inscrit dans le contexte de la seconde vague de l’épidémie qui s’étend en France d’août à novembre 1918, la saison automnale constituant son point culminant. Le nombre d’articles consacrés à la situation sanitaire augmente de façon significative au cours de l’été. Clairement identifiée désormais sous le vocable de « grippe espagnole », l’épidémie est envisagée au prisme du nombre de ses victimes. La couverture de l’événement s’intensifie à partir de septembre 1918 lorsque la courbe de mortalité croît : à Paris, entre le 5 octobre et le 2 novembre on compte 3 734 morts. Les signes de la mobilisation des pouvoirs publics se multiplient en conséquence durant cette période. Le Ministre de l’intérieur a rendu obligatoire la déclaration de la grippe en tant que maladie contagieuse. Le sujet s’invite en outre dans les débats parlementaires. A la mi-octobre une cellule interministérielle est créée destinée à gérer la crise à l’échelle du territoire. De son côté, la presse relaie les recherches conduites par l’Académie de médecine sur les origines et les moyens thérapeutiques disponibles. Le traitement médiatique de l’information grippale se reflète dans ces données quantitatives : pour le seul mois d’octobre 1918, <em>Le Figaro</em> consacre 32 articles à la pandémie ; <em>Le Petit Parisien</em>, 41. Dans ces conditions, l’annonce d’une décrue de la contagion suscite le soulagement. Comme dans toute situation de crise sanitaire, la culture du chiffre s’affiche. C’est par la baisse du nombre d’hospitalisations que l’on rend intelligible le recul de la contamination. Au cœur du dispositif de lutte contre l’épidémie, l’hôpital occupe une place centrale, idéalement pour soigner, de façon plus pragmatique pour servir à l’isolement des malades comme l’indique l’allusion aux lits qu’on desserre dans des locaux bondés.</p>
<p>Cet article constitue une illustration significative de la spécificité de la mise en récit de la crise sanitaire par les médias durant la pandémie grippale de 1918. Si la question de la responsabilité des autorités dans la gestion de l’épidémie est en effet posée, l’article ne conclut pas à leur incurie. « On ne peut incriminer personne », telle est la leçon tirée de la situation dépeinte par <em>Le Petit Journal</em>. La presse écrite ne rejoue donc pas le scénario qui a caractérisé la couverture médiatique de la grippe russe de 1889, orchestrée autour des défaillances de l’action publique. Si le contexte guerrier incite en 1918 les journalistes à ne pas réclamer de comptes, ils n’en informent pas moins leurs lecteurs sur la situation de pénurie qui domine. Celle-ci est manifeste au niveau des médicaments, en nombre insuffisant ; du personnel médical, amplement mobilisé au front comme à l’arrière au chevet des soldats ; en termes de locaux enfin, puisque, des établissements dépendant directement du Service de santé aux armées jusqu’aux services des hôpitaux civils réquisitionnés pour soigner les blessés, l’ensemble des structures de soins a été mobilisé pour soutenir la France en guerre. A rebours des propos du Directeur de l’Assistance et de l’Hygiène, rapportés dans l’article, la thèse de Frédéric Vagneron (2015) a montré que le gouvernement a été largement dépassé en termes de gestion de la situation, laissant place « à une mosaïque d’expériences locales » constituant autant d’initiatives désynchronisées entre elles, engageant les pouvoirs municipaux dans la lutte contre la maladie. La concurrence que l’économie de guerre fait peser en la matière sur les autorités civiles s’exerce dans divers domaines : non seulement pour ce qui est de la prise en charge des malades qui manquent de soignants et de médicaments, mais aussi pour ce qui concerne le traitement des défunts dont il faut assurer au plus vite l’inhumation. A titre d’exemple, le 1<sup>er</sup> octobre 1918 le maire de la ville de Marseille attire l’attention du général commandant la place (15<sup>ème</sup> région militaire) au sujet du service municipal des Pompes funèbres. Face aux difficultés que ce dernier rencontre « à raison du taux exceptionnellement élevé de la mortalité et de l’impossibilité absolue de se procurer des chevaux et des conducteurs (nécessaires au transport funèbre) », le maire demande à l’armée de mettre à sa disposition pour un temps limité les moyens en hommes et en bêtes qui manquent à ce service pour mener à bien sa mission (AM, D.4.D 141, folio 36, Correspondance).</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Cem%3ELe+Petit+Journal%3C%2Fem%3E"><em>Le Petit Journal</em></a>
<span><b> </b> </span> <span> Bibliothèque nationale de France <br /></span><br />Notice du catalogue : <span> <a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j" target="_blank" rel="noreferrer noopener">http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j</a><br />Identifiant : <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k622078p" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k622078p</a> <br /></span>Permalien de la page: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k622078p/f2.item">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k622078p/f2.item</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-29">1918-10-29</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Renaudet%2C+Isabelle">Renaudet, Isabelle</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Vagneron Frédéric, <a href="https://www.theses.fr/2015EHES0122"><em>Aux frontières de la maladie : histoire de la grippe pandémique en France (1889-1919)</em>,</a> Thèse EHESS, 2015.
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Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
La grippe espagnole
<p>L’article d’Henry Jagot est représentatif du traitement réservé à la grippe espagnole par les quotidiens d’information générale (tel <em>Le Petit Parisien</em>) au cours de l’année 1918. Véritable fenêtre ouverte sur le monde, bénéficiant depuis 1881 d’une large liberté d’expression, les médias français ont connu un essor sans précédent au cours du XIX<sup>e</sup> siècle, consacré par une diffusion de masse en mesure de façonner les représentations des lecteurs. L’entrée en guerre le 3 août 1914 modifie cependant la donne : entre l’établissement d’une censure justifiée par la situation militaire et l’adhésion à la cause de l’Union sacrée, les médias sont devenus de puissants piliers de l’effort de guerre. Dans le contexte d’un conflit dont le déroulement cristallise l’attention du public, la mise en visibilité de la grippe espagnole est en ce sens entravée. Ce constat ne signifie pas que la maladie ne soit pas inscrite dans l’horizon des préoccupations du moment. La trace laissée par cette actualité dans les médias écrits en est la preuve. Mais eu égard à son impact, cette crise sanitaire est loin d’occuper la une des journaux. La relégation en page 2 de cet article est de ce point de vue significative. Deux mois environ après l’apparition des premiers symptômes en France (avril-mai 1918) et jusqu’au 28 mai, date à laquelle la maladie qui frappe le roi d’Espagne est communiquée, la présence de la grippe reste donc discrète. Dans une configuration donnant la prééminence au phénomène guerrier, il s’agit de ne pas alarmer l’opinion. Les premiers cas de grippe qui se sont déclarés dans l’armée incitent à une extrême prudence. La grippe est traitée comme un événement étranger, espagnol en l’occurrence.</p>
<p>Au-delà de ce contexte, la gravité de l’épidémie n’a pas été perçue à sa juste mesure. Le fait que la grippe soit une maladie banale, dont la version saisonnière est commune (« bien qu’elle soit capable des pires méfaits, on n’a jamais voulu la prendre au sérieux ») n’est pas seule en cause. Le ton de l’article l’indique, qui porte une double empreinte. En premier lieu, celle d’une certaine tradition du journalisme français longtemps animé par des hommes de lettres ; écrivain, l’auteur appartient au milieu littéraire ; l’érudition de Jagot transparaît au début du texte quand il compare la grippe à un « petit bruit rasant la terre qui devait grandir, étant espagnol » faisant écho au fameux air de la calomnie dans l’opéra de Rossini, <em>Le barbier de Séville</em>. Aux antipodes de l’écriture médiatique catastrophiste associée de nos jours à la crise sanitaire (Francis Chateauraynaud, 2008), cette entrée en matière, toute en légèreté, permet de situer la grippe sur l’échelle des maux du temps : sans que sa portée ne soit sous-estimée, ce n’est pas l’épidémie qui constitue la matrice quotidienne du discours journalistique, mais la guerre. L’autre empreinte qui donne sa tonalité à l’article concerne justement le vocabulaire guerrier. Certes le recours à ce type de métaphore comme ressort de la mobilisation sociale contre l’épidémie est un classique du genre. Il se trouve cependant renforcé dans le contexte du Premier Conflit mondial : l’allusion au « front allemand » ; le déploiement de la grippe depuis son « attaque initiale », qui s’est accélérée (« attaque brusquée ») et à laquelle il faut « opposer la guerre de position » en vue de la « victoire », autant de références familières à la culture de guerre que les médias contribuent à entretenir depuis l’été 1914. Si le fait guerrier impose son registre sémantique à la société, il façonne aussi le rapport des milieux de la presse à l’information. Les effets se conjuguent ici pour rendre opaques les « pérégrinations » de la maladie. Toujours difficile à saisir, la circulation virale est d’autant plus complexe à cartographier en 1918 que la rétention de l’information participe au plus haut point de la stratégie de défense des autorités. L’incertitude qu’introduit toujours dans une société l’irruption du risque épidémique est donc aggravée dans le cas de la grippe espagnole : la maladie « mystérieuse », « bizarre », venue d’Espagne, qui présentait un « air de famille avec la grippe », a suscité cependant bien des « doutes » à ses débuts compte tenu des scénarios issus du passé (la dernière grande pandémie grippale renvoie à la grippe russe de 1889-1890) selon lesquels la menace progressait vers la France depuis l’est. Les « informations les plus récentes » qui confirment cet « itinéraire de contagion » (André Siegfried, 1960) font de façon opportune de la patrie de l’ennemi (l’Allemagne) l’épicentre de cette sinistre visiteuse qui endosse selon les époques les nationalités les plus diverses.</p>
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<span><b> </b> </span> <span> Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850 </span><br /><p><strong>Notice du catalogue</strong>: <a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x.public">http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x.public</a><br /><br /><span><b>Identifiant : </b> <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566586p" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k566586p</a> <br /></span></p>
<p><strong>Permalien de la page</strong> : <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566586p/f2.item">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k566586p/f2.item</a><br /><span></span></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-07-09">1918-07-09</a>
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Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
<p>Vagneron Frédéric, « Quand revient la grippe. Elaboration et circulation des alertes lors des grippes « russe » et « espagnole » en France (1889-1919), <em>Parlement[s], Revue d’histoire politique</em>, 2017/1, n° 25, pp. 55-78.</p>
<p>Bar-Hen Avner, Zylberman Patrick, « La presse parisienne et la grippe espagnole (1918-1920) », <em>Les tribunes de la santé</em>, 2015/2, n° 47, pp. 35-49.</p>
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Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Daniel Defoe
<p><strong>Témoin indirect : <br />Daniel Defoe (vers 1660-1731), auteur du <em>Journal de l’année de la peste</em> (<em>Journal of the Plague Year</em>)</strong><br /><br />Le <em>Journal de l’année de la peste</em>, écrit par Daniel Defoe et publié en 1722, relate l’épidémie qui a frappé Londres en 1665, mais c’est la peste de Marseille de 1720 qui est à l’origine de sa rédaction. Cet ouvrage n’est pas une œuvre de pure fiction mais présente une valeur réellement documentaire. Defoe n’avait certes que cinq ans en 1665 mais a puisé pour rédiger son Journal dans les souvenirs de ses proches, ainsi que dans les publications qui ont suivi l’épidémie de 1665 comme dans les traités suscités par la grande contagion de 1720, notamment le <em>Court traité concernant la contagion pestilentielle et les moyens de l’éviter</em> du médecin Richard Mead (<em>A Short</em> <em>Discourse concerning the pestilential contagion and the Methods to be used to Prevent it</em>). Il a également introduit, directement ou non, des éléments empruntés à la situation provençale de son temps.</p>
<p>Les Anglais, surtout les Londoniens, suivent avec anxiété le développement de l’épidémie de 1720 dès son annonce, le 10 août, faite par le <em>Daily Courant</em> à partir d’une lettre de Gênes en date du 27 juillet. La peur de voir l’infection atteindre la Grande-Bretagne, qui n’a pas connu de peste depuis plus d’un demi-siècle, conduit à la prise de mesures rigoureuses. Ainsi, sans exclure des arrière-pensées commerciales, l’Angleterre impose, le 25 août, la quarantaine à tous les navires en provenance de Marseille, et plus largement de Méditerranée. En février 1721, deux vaisseaux sont incendiés dans la Tamise car soupçonnés de s’être « approchés de trop près de certains lieux infectés par la peste. »</p>
<p>Daniel Defoe qui collabore à plusieurs journaux (<em>Daily Courant</em>, <em>Daily Post</em> et <em>Applebee’s Journal</em>) saisit l’événement et rédige des articles sous diverses identités, comme celles de Tom Turbulent et Prudential. Le 12 août dans le <em>Daily Post</em> l’écrivain ironise sur le temps mis par les autorités marseillaises à avouer la présence de la maladie contagieuse dans les murs de la ville, et pas seulement aux infirmeries. D’autres articles suivent décrivant les conditions épouvantables à Marseille, mais aussi à Toulon où « on est d’avis que dans quelques semaines il ne restera plus en vie aucun être animé » et à Arles où « on estime qu’il ne reste plus cent personnes dans ce lieu autrefois très peuplé. » Outre ces articles rédigés au cours de l’année 1721 et alors que l’inquiétude grandit en Angleterre, Defoe fait paraître, en février 1722, un long texte dans lequel il expose anonymement l’histoire d’une famille qui a réussi à éviter la contamination en 1665 en restant confinée chez elle : <em>Justes préparatifs pour la peste, aussi bien pour l’âme que pour le corps. Étant des réflexions opportunes sur l’approche visible de la terrible contagion qui sévit à présent en France, les moyens de l’arrêter et la grande œuvre de s’y soumettre</em>.</p>
<p>Le mois suivant, et de manière tout aussi anonyme, il publie le <em>Journal de l’année de la peste. Étant des observations ou mémoires des événements les plus remarquables, aussi bien publics que privés, survenus à Londres pendant la grande épreuve de 1665. Rédigé par un citoyen qui resta tout le temps à Londres. Rendu public pour la première fois</em>.</p>
<p>D’un grand réalisme, ce texte est en fait, par ses descriptions cliniques, les comportements humains, le climat de terreur et la désolation des espaces contaminés, un tableau de toutes les pestes du xvii<sup>e</sup> siècle. En suivant un commerçant aisé, un sellier, il parcourt la ville de Londres en proie au fléau, recueille les échos de l’extérieur, pointe les difficultés du ravitaillement et l’arrêt des affaires. En cela il présente de nombreux de points communs avec le <em>Journal</em> (1660-1669) de Samuel Pepys, haut fonctionnaire au ministère de la Marine.</p>
<p>Toutefois, comme un retour d’expérience le récit de Defoe a un objectif utilitaire et moralisateur. Alors que plane la menace de la contagion venue de Marseille, il s’agit de tirer tous les enseignements possibles pour éviter la « venue du mal » et pour essayer de s’y résigner dans la crainte de Dieu car ces notes ont été consignées « pour imprimer la juste crainte de Dieu sur l’esprit des hommes en pareilles occasions et non pour l’affaiblir. »</p>
<p>Il projette également rétrospectivement sur 1665 des réflexions formulées à partir de la situation provençale qu’il s’agisse de l’efficacité des feux publics allumés dans les villes pour détruire les miasmes, ou de la considération novatrice d’une possible contagion interhumaine, en exprimant à cette occasion la notion de « porteurs sains », que l’on retrouve ultérieurement, avec un certain scepticisme chez d’aucuns à propos d’autres épidémies…</p>
<p style="text-align:left;">Prétexte au <em>Journal</em> de Daniel Defoe, la peste de 1720 épargnera cependant l’Angleterre et son souvenir affleurera seulement, quelques années plus tard, le poème d’Alexander Pope, <em>Essai sur l’homme </em>(1734), au sujet de l’attitude de Belsunce, l’évêque de Marseille :<br />« Pourquoi le bon évêque de Marseille respira-t-il un air si pur, Lorsque la nature languissait et que chaque brise semait la mort ? »</p>
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</a>
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National Maritime Museum, Greenwich, London, Caird Collection / <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Godfrey_Kneller_(1646-1723)_-_Daniel_Defoe_(1660%E2%80%931731)_-_BHC2648_-_Royal_Museums_Greenwich.jpg">Wikimedia commons</a>
National Portrait Gallery Reference Collection, Primary Collection, National Portait Gallery 3960
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Date+inconnue">Date inconnue</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1706">1706</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public
Domaine public
Buti, Gilbert, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
Bertrand Régis, <em>Henri de Belsunce (1670-1755). L’évêque de la peste de Marseille</em>, Marseille, éditions Gaussen, 2020.
Cohn, Samuel, <em>Cultures of plague. Medical thought at the end of the Renaissance</em>, Oxford, Oxford university press, 2009.
Defoe, Daniel, <em>Journal de l’Année de la Peste</em>, préface d’Henri Mollaret, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1982.
Joyce, James, « La Peste de Marseille de 1720-1721 vue par les Anglais, <em>Provence historique</em>, t. V, 1955, p. 146-154.
Pepys Samuel, <em>Journal</em>, présenté par Charles Lalloué, Paris, UGE, coll. 10-18, 1972.
76.2 cm x 63.5 cm
273 mm x 184 mm
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=anglais">anglais</a>
Peinture
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Royaume-Uni">Royaume-Uni</a>
Frais de La Comuntté Pandant la pestte du lieu en 1721
Les relations écrites « sur le vif » par des témoins de la « grande contagion » sont peu nombreuses surtout dans les petites localités. Quelques documents ayant échappé à la maltraitance des vieux papiers permettent cependant de franchir le mur du silence qui les entoure et d’approcher certains acteurs du drame. En avril 1721, le notaire Jean-François Bouyon, intendant de santé et greffier subrogé du conseil de ville de La Valette, bourg situé près de Toulon, est retranché dans l’hôtel de ville, en compagnie d’autres dirigeants de la cité. La quarantaine générale ou <em>serrado</em> y a été décidée, à la suite d’une poussée de mortalité « précipitée » indiquant la présence de la peste qui ravage, depuis le début de l’année, le port militaire voisin soumis également à un confinement général. Le notaire quitte régulièrement le refuge municipal pour enregistrer dans son minutier les actes des habitants confinés, actes dominés par les dispositions testamentaires « transmises par la voix ». Par ailleurs, il accomplit les devoirs de sa charge municipale en utilisant pour ce faire un registre disponible à la couverture jaunâtre. Outre la transcription d’un « remède contre la peste », l’enregistrement de décisions communales, le dénombrement des habitants confinés dans leur domicile et les « dépenses de bouche » faites pour secourir ceux-ci, il a réalisé à la plume des dessins en relation étroite avec le temps de peste où se mêlent superstitions, croyances et pratiques religieuses. L’ouverture de « L’état des frais de la communauté pendant la peste du lieu en 1721 » est illustrée par la représentation d’un pèlerinage à la Sainte-Baume. Il s’agit d’un des sanctuaires majeurs de Provence, sinon le plus important, fréquenté depuis l’invention des reliques de Marie-Madeleine à Saint-Maximin en 1280. Plusieurs souverains ont visité aux XVIe et XVIIe siècles ce site que dessine avec une grande fidélité par le notaire valettois le « 27 avril, l’an de la grande peste. » Après avoir traversé la magnifique forêt « rélictuelle » au pied du massif, un chemin sinueux aboutit à l’ermitage, puis à la chapelle et à la grotte où vécut Marie-Madeleine. Le dessinateur n’a pas omis de représenter le sentier, emprunté ici par des pèlerins et un mulet, qui conduit au-delà de l’ermitage à la chapelle du Saint-Pilon et d’y situer un des sept oratoires jalonnant le « chemin des Roys ». Membre de la confrérie des pénitents blancs, seule « confrérie association » selon la typologie de Maurice Agulhon existant alors à La Valette, Jean-François Bouyon connait certainement les lieux. C’est peut-être lui qui, sous le sac des pénitents, porte la croix en tête du petit groupe qui marche dans les « bois sacrés » en direction de la grotte de Marie-Madeleine. La procession de la Passion, un des moments forts pour les pénitents, n’a pas pu avoir lieu étant donné la quarantaine générale. Ce croquis se substitue-t-il à cette pratique religieuse contrariée ? Est-ce le souvenir d’un ancien pèlerinage ou la promesse d’un prochain ? Peut-être les deux. Ces dessins, fragments intimes en rien destinés à être publiés, ne prétendent pas être des marqueurs d’attitudes collectives, mais simplement quelques traces d’exercices de piété individuelle. Par ailleurs, alors que le sanctuaire de la Sainte-Baume est moins fréquenté par les Grands au début du siècle des Lumières, la référence à celui-ci, faite par un homme malade et seul « à l’heure du grand passage » (Michel Vovelle), rappelle que la dévotion envers Marie-Madeleine reste encore vive parmi de modestes « marcheurs de Dieu ». Ce grand témoin, qui a été atteint par la maladie, figure parmi ceux qui ont reçu, entre les 23 et 28 mai à l’infirmerie du Saint-Esprit, « des emplâtres résolutifs avec onguents de basilic. » Le remède a-t-il été efficace ? Force est de reconnaître que Bouyon n’a pas succombé au fléau qui a emporté en quelques semaines les deux tiers de la population dont un de ses enfants, sa mère, deux de ses sœurs et un frère. Le bourg qui comptait 1598 habitants en mars 1721 n’en a que 530 en juillet. Le notaire Bouyon est mort à La Valette le 9 mars 1766, à l’âge de 78 ans, « muni des sacrements de pénitence, d’Eucharistie et d’Extrême-onction. »<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/233"><em>Bouyon fecit. St Roch ora pro nobis, 1721</em></a>, Jean-François Bouyon, 1721, Archives municipales de La Valette-du-Var. II-20. Livre jaune</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bouyon%2C+Jean-Fran%C3%A7ois+%281688-1766%29%2C+notaire">Bouyon, Jean-François (1688-1766), notaire</a>
Archives municipales de La Valette-du-Var. II-20. Livre jaune
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1721">1721</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public
Buti, Gilbert, « La peste à La Valette en 1721 : Livre jaune et grand témoin », <em>Provence historique</em>, fasc.189, juillet-septembre 1997, pp. 513-534.
Buti, Gilbert, « Lettres de Toulon pendant l’épidémie de peste de 1720-1722 », dans Signoli Michel, Dutour Olivier, Boëtsch Gilles, Cheve Dominique, Abadian Pascal, (dir.), <em>Peste : entre épidémies et sociétés</em>, Florence, Firenze university Press, 2007, pp. 155-162.
<p>Bel, Pierre, <em>La Valette, vieux village de Provence</em>, La Valette, 1930 (rééd. 1989).</p>
Bertrand, Régis, « L’iconographie de la peste à Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », dans <em>Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen-âge au milieu du xx<sup>e</sup> siècle</em>, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1992, pp. 75-87.
Bertrand, Régis, « Danger de peste et culte de Saint-Roch. L’épigraphie des infirmeries», <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 64-70.
Bertrand, Régis, <em>Mort et mémoire. Provence XVIIIe-XXe s. Une approche d’historien</em>, Marseille, La Thune, 2011.
<p>Martin, Philippe, <em>Les religions face aux épidémies. De la peste à la covid-19</em>, Paris, éditions du Cerf, 2020.</p>
<p>Sigal, Pierre André, <em>Les marcheurs de Dieu</em>, Paris, A. Colin, 1974.</p>
Vovelle, Michel, <em>L’heure du grand passage : chronique de la mort</em>, Paris, Gallimard coll. « Découvertes », 1993.
18 cm x 21 cm
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Archive
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Arrest du Conseil d’Estat du Roy au sujet de la maladie contagieuse de la ville de Marseille, 14 septembre 1720
<strong>Intervention de l’État en temps de peste. </strong><br /><strong>« Arrêt du Conseil d’État, 14 septembre 1720 »</strong><br /><br />Attentif à la multiplication des mesures préventives adoptées par de nombreuses provinces du royaume, à l’inefficacité des décisions du parlement de Provence et à la situation désastreuse de Marseille depuis le début du mois d’août 1720, le pouvoir central prend, le 14 septembre, un arrêt « au sujet de la maladie contagieuse de Marseille. » Ce texte du Conseil d’État du roi annule les mesures prises par les autorités locales et vise en premier lieu le parlement d’Aix qui, dépouillé de sa juridiction en temps de contagion, refuse de l’enregistrer. Des poteaux, portant les premiers articles du texte, sont néanmoins plantés « à toutes les entrées » et « aux extrémités du terroir » afin que nul n’en ignore le contenu alors que le parlement essaie de faire disparaître les exemplaires imprimés. Fort de 26 articles cet arrêt conditionne la lutte contre le fléau qui est alors aux portes de nombreuses cités et unifie la législation sanitaire pour tout le royaume. L’intervention royale est justifiée dès le préambule : « Le Roi étant informé que le bruit de la maladie contagieuse dont la ville de Marseille est affligée ayant répandu la crainte et l’inquiétude, non seulement dans les provinces voisines mais dans les lieux les plus éloignés, plusieurs parlements de ce royaume ont cru devoir rendre des arrêts où leur zèle, pour la conservation des provinces de leur ressort, les a portés à prendre des précautions surabondantes et capables non seulement d’augmenter l’alarme et la consternation dans le cœur des peuples, mais encore d’interrompre le cours ordinaire du commerce et de priver leur pays même, par un excès de prévoyance, des secours qui leur sont le plus nécessaires, Sa Majesté, dont les vues s’étendent également au besoin de toutes les provinces de son royaume, a jugé à propos de renfermer dans un seul arrêt toutes les précautions qui ont paru nécessaires et suffisantes pour empêcher d’un côté la communication du mal dont elle espère que la ville de Marseille sera bientôt délivrée, pour conserver de l’autre la liberté du commerce entre les différentes provinces de son royaume et veiller également à leur santé et à leur abondance. » Cette prise en main des affaires sanitaires par le pouvoir central isole Marseille et prononce le blocus de son terroir. Il est désormais interdit de franchir les lignes d’un cordon sanitaire matérialisé par le Rhône, la Durance et le Verdon sans avoir fait une quarantaine et sans présenter des billets de santé. Si l’envoi en Provence de produits du royaume est autorisé, notamment pour participer au ravitaillement de la province « en état de siège », la sortie de marchandises provençales est strictement interdite à l’exception de certaines denrées (olives, huiles, poissons séchés ou salés, fruits) et produits fabriqués (savon, parfums) soumis néanmoins à quarantaine. De même la transmission du courrier à la limite du terroir de Marseille doit respecter de nombreuses précautions : jet à distance, ramassage avec des pincettes vinaigrées, parfumage des lettres… Dans un second temps l’arrêt du Conseil d’État entend veiller à la protection des ports du royaume, voire au-delà, contre le risque pesteux représentés par l’accueil de navires provençaux. Officiellement mises en alerte contre ces risques de contagion, les institutions portuaires soumettent ces navires à de multiples contrôles (mouillage en des points précis, visite médicale des équipages, envoi de chaloupe près des navires) quand elles ne prononcent pas leur renvoi ou destruction. À Bordeaux, au Havre, à Rouen, à Saint-Malo les officiers de la santé refusent de laisser débarquer des marchandises et les font parfois détruire. Un vaisseau marseillais, qui a quitté son port d’attache en juillet 1720, pour les Provinces-Unies où il est arrivé à la fin du mois de septembre, après avoir effectué deux escales (Dunkerque et Texel), est expulsé en décembre, puis brûlé près de l’île du Texel où il s’est échoué. En précisant que cet arrêt souverain prévaudra sur n’importe quelle décision passée ou à venir de toute autre « cour et juge », l’État entend affirmer sa prérogative dans le domaine sanitaire. Malgré de véhémentes protestations du parlement d’Aix, en septembre 1722 et renouvelées en décembre 1723, la juridiction de la contagion ne lui sera pas rendue.
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Archives départementales des Alpes de Haute-Provence
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1720">1720</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Buti, Gilbert, « Veille sanitaire et trafics maritimes à Marseille (xvii<sup>e</sup> – xviii<sup>e</sup> siècles) », dans Raffaella Salvemini (sous dir.), <em>Istituzioni e traffici nel Mediterraneo tra età antica e crescita moderna</em>, Naples, Consiglio Nazionale delle Ricerche, 2010, pp. 201-224.
Beauvieux, Fleur, « Épidémie, pouvoir municipal et transformation de l’espace urbain : la peste de 1720-1722 à Marseille », <em>Rives méditerranéennes</em>, 42, 2012, pp. 29-50.
Beauvieux Fleur, « Contrôle de l’espace urbain pendant la peste de 1720-1722 et tactiques quotidiennes des habitants», <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 98-103.
Carrière, Charles, Courdurié Marcel, Rébuffat Ferréol, <em>Marseille, ville morte : la peste de 1720</em>, Marseille, M. Garçon, 1968.
Hildesheimer, Françoise, <em>Des épidémies en France sous l’Ancien Régime : une relecture</em>, Paris, Nouveau Monde édition, 2021.
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Affiche
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Lettre des consuls et des officiers de la santé de la ville de Martigues au Conseil de marine
<strong>Détresse et secours (1720-1722). Le cas de Martigues</strong><br /><br />La peste qui a frappé Marseille au cours de l’été 1720 a emprunté le chemin de la mer, mais sa propagation n’a pas affectée de manière semblable toutes les villes littorales. Certaines comme La Ciotat, Hyères et Saint-Tropez ont été épargnées par le mal ou ont réussi à le contenir par une extrême vigilance de la circulation. D’autres, malgré l’observation de certaines précautions, ont été atteintes et ravagées par la contagion comme Cassis, Bandol, Toulon et les cités de l’étang de Berre.<br />À Martigues, ville dépourvue de structures sanitaires (hôpitaux, lazaret), les consuls avaient, « par esprit de charité et d’humanité, retiré dans des lieux incultes et sous des cabanes nos compatriotes qui viennent de Marseille, du Levant et de Barbarie » pour faire une quarantaine sous la surveillance de gardes, et fourni les vivres nécessaires. Malgré les précautions prises le mal s’est introduit dans la ville « soit par le moyen de certains fripons qui portent des marchandises de contrebande, soit de quelques autres manières que nous ignorons. » <br />Dans ce contexte, alors que la mortalité progresse et que les ressources financières, nécessaires à la lutte contre le mal sont épuisées, d’autant que les fournisseurs veulent être payés « à gros prix, avec de l’argent en espèces et sans billets de banque », les consuls et intendants de santé de Martigues ont sollicité le soutien du parlement d’Aix. Comme de nombreuses communautés provençales Martigues a dû emprunter pour faire face à des dépenses extraordinaires dans un contexte troublé par la crise financière résultant de l’effondrement du système de Law. Sans réponse du Parlement, les autorités martégales se tournent, le 2 décembre 1720, vers le Conseil de Marine, en exposant les efforts engagés depuis l’été pour éviter la contagion et en rappelant, à juste titre, l’importance des gens de mer dans la ville (« 1800 matelots de toute espèce » pour 12 à 15.000 habitants). Outre cette « pépinière de marins » indispensables à la marine de l’État royal et la centaine de navires « de 1400 quintaux et au-dessus, sans compter tous les petits bâtiments qui sont arrêtés dans le port ne pouvant aller en mer ni pour le commerce, ni pour la pêche, tous les ports leur étant défendus », ils rappellent « que le port de Bouc [à l’entrée de l’étang de Berre] et les canaux qui vont jusques à Martigues sont remplis d’un grand nombre de bâtiments de mer » privant ainsi l’ensemble de la province de secours attendus. Au reste, comme ils l’avaient déjà écrit au secrétaire d’État de la marine le 23 septembre 1720, les intendants de la santé de Martigues estiment que les affaires sanitaires ne sont pas de la juridiction du Parlement dans les ports de mer, « cette juridiction étant restreinte aux villes et bourgs en terre ferme. » D’où leurs regards naturels vers le Conseil de Marine car, en invoquant l’ordonnance de 1689, ils estiment que « c’est à l’intendant de la marine de déléguer un commissaire de marine, un médecin et un chirurgien du port avec un officier de la santé pour examiner toute chose et prendre les décisions. » Avec ces arguments les consuls et intendants de la santé entendent que le Conseil de Marine intercède à leur faveur auprès du Régent « en ce temps de peste qui est le plus terrible des fléaux dont Dieu se sert pour punir notre désobéissance et notre infidélité à son service. » Pour tout ceci, et alors que la mortalité progresse, (« tel que nous vîmes hier en bonne santé se promenant par les rues est aujourd’hui enfermé dans le tombeau »), les consuls demandent l’aide du Conseil, sans oublier « le marquis de Caylus, lieutenant général des armées du roi et son commandant pour la Provence, et M. Lebret, premier président et intendant de justice qui n’ont donné que de vagues promesses. » Cet appel est accompagné de précieuses observations sur la diffusion du mal (« par le souffle ou par l’attouchement ») et sur l’état de la cité, « sans y employer aucune exagération. »<br />Des secours ont été accordés par le pouvoir central, mais aussi par des villes voisines et par des particuliers sensibles à la détresse des lieux affligés par l’épidémie. En juin 1721, l’État envisage une aide aux villes pestiférées en donnant une « Instruction générale pour exécuter les premières décisions du conseil de santé sur la manière de secourir la Provence » (blés, viandes, sel, argent en espèces, envoi de médecins, de chirurgiens et de religieux). <br />À la fin de l’année 1721, des comptes précis sont demandés concernant la distribution des secours accordés et l’état réel des dépenses engagées pendant la contagion, avec justificatifs. Les communautés adressent au début de l’année suivante un « État général des dépenses que les communautés contaminées de Provence ont été obligées de faire à l’occasion de la maladie contagieuses et des secours qu’elles ont reçus, soit de son Altesse Royale, soit de la Province. » Réunie à Lambesc, l'assemblée générale des États de la Province reçoit les délégations des communautés dépêchées pour obtenir un soutien financier (aides directes, dégrèvements fiscaux). Dans les doléances rédigées pour être présentées à cette instance se lisent le découragement, la détresse, mais aussi un apitoiement où se mêlent menace et pression : « si dans cette triste situation où se trouve notre pauvre lieu, la Province ne compatit pas à notre malheureux sort, nous serons forcés, malgré nous, d'abandonner et de courir le risque de laisser le lieu sans habitant. » La perspective est certes excessive, mais le poids de la peste a longtemps pesé sur les communautés provençales et la ville de Martigues, déjà affectée par les effets des guerres de la fin du règne de Louis XIV, connaît alors sinon un déclin tout au moins un réel fléchissement du dynamisme qui avait été le sien au XVIIe siècle.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Conseil+de+ville+de+Martigues+%281720%29">Conseil de ville de Martigues (1720)</a>
AN, MAR-B-3-267 Intendances sanitaires du Levant. Correspondance des intendants de santé dans les ports de Marseille, Toulon, et Martigues pendant la peste. 1720.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1720-12-02">1720-12-02</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Buti, Gilbert, « Littoraux provençaux sous discrète surveillance sanitaire (fin XVIIIe-début XIXe s.) », in Anne Brogini et Maria Ghazali (dir.), <em>La Méditerranée au prisme des rivages. Menaces, protections et aménagements en Méditerranée occidentale (XVIe-XXIe s.)</em>, Paris, Bouchène, 2015, pp. 209-224.
Buti, Gilbert, Cabantous Alain, <em>De Charybde en Scylla. Risques, périls et fortunes de mer en Europe du XVIe siècle à nos jours</em>, Paris, Belin, 2018.
Biraben, Jean-Noël, <em>Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens</em>, 2 volumes, Paris-La Haye, Mouton, 1975-1976.
Carrière, Charles, « Y-a-t-il eu un XVIIIe siècle à Martigues ? », <em>Provence historique</em>, t.14, fasc.55, Marseille, 1964, pp. 53-68.
Hildesheimer, Françoise, « <a href="https://doi.org/10.3406/rhmc.1980.1108">La protection sanitaire des côtes françaises au XVIIIe siècle</a> », <em>Revue d’Histoire moderne et contemporaine</em>, 1980, oct.-déc., pp. 443-467.
Paoli, Jean-Marie, <em>Martigues au XVIIIe siècle : un déclin</em>, mémoire de maîtrise, Université de Provence, 1971.
Tzortzis, Stéfan, <em>Archives biologiques et archives historiques : une approche anthropologique de l’épidémie de peste de 1720-1721 à Martigues (Bouches-du-Rhône, France)</em>, thèse de doctorat en anthropologie biologique, Université de la Méditerranée, 2009.
28 cm x 21 cm
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Archive
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Médecin de peste
Nombreuses sont les relations de peste qui évoquent des médecins portant, dès avant le XVIIIe siècle, une étrange tenue destinée à les protéger du mal, en évitant tout contact avec les malades, au risque de les épouvanter par leur apparence. Ce costume aurait été imaginé en 1619 par Charles de Lorme, premier médecin de Louis XIII, à l’occasion d’une peste à Paris, et porté à Rome en 1656. Il figure ultérieurement au frontispice du <em>Traité de la peste</em> du docteur Jean-Jacques Manget, écrit au moment de la « grande contagion » de 1720, et est accompagné d’une minutieuse description : « Le nez en forme de bec, remplit de parfums et oint intérieurement de matières balsamiques, n’a véritablement que deux trous, un de chaque côté, à l’endroit des ouvertures du nez naturel, mais cela peut suffire pour la respiration et pour porter avec l’air que l’on respire l’impression des drogues renfermées plus avant dans le bec. Le masque a des yeux de cristal. Sous le manteau, on porte ordinairement des bottines, à peu près à la Polonaise, faites de maroquin du Levant, des culottes de peau unie qui s’attachent aux dites bottines et une chemisette aussi de peau unie dont on renferme le bas dans les culottes ; le chapeau et les gants sont aussi de la même peau. » La baguette portée à la main était destinée à la fois à tenir le malade à distance et à soulever ses vêtements pour examiner sans contact direct les éventuelles traces du mal sur le corps (bubons). Cet habit et ces accessoires, appelé « contre la mort » sur une gravure montpelliéraine, ont-ils été portés à Marseille et en Provence en 1720-1722, tout au moins par ceux qui considéraient la peste comme contagieuse ? Force est de reconnaître que les médecins vêtus de ce costume sont absents de l’iconographie de cette épidémie. Les sources textuelles sont également discrètes indiquant simplement parfois le port d’une « robe de toile cirée qui va jusqu’au talon, un bonnet du même, des gants et des lunettes ». De même il est demandé, dans cette Manière de donner les parfums distribuée à Salon en août 1721, que « les parfumeurs et leurs aides avant que d’entrer dans les maisons soient habillés de toile cirée, avec des gants et des lunettes, qui les couvriront entièrement. » La toile cirée ou trempée dans des « liqueurs préservatrices » composées d’huile de camphre, de millepertuis, de suc de gentiane et d’eau-de-vie avait pour objectif d’empêcher le mauvais air chargé de miasmes pestilentiels d’atteindre le corps du médecin. Elle pouvait réduire les risques de piqûres de puces dont le rôle dans la transmission du mal était toutefois encore ignoré ! Étroitement associée à la peste dans l’imaginaire collectif, cette tenue illustre souvent jusqu’à nos jours les publications qui lui sont dédiées, à commencer par leurs couvertures, sans que les auteurs aient été vraiment consultés. Le docteur Manget, lui-même, dont on reproduit à souhait depuis le XVIIe siècle la gravure du frontispice de son ouvrage ne semble pas avoir été, ainsi qu’il l’avouera ultérieurement, responsable de ce choix...
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=F%C3%BCrst%2C+Paul">Fürst, Paul</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme+">Anonyme </a>
Paul Fürst, <em>Der Doctor Schnabel von Rom</em> (Holländer version), vers 1656.
Manget Jean-Jacques, <a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/689/BUT-RES-13355_Manget_Traite-peste.pdf"><em>Traité de la peste, recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes, et enrichi de remarques et observations théoriques et pratiques</em>, Genève</a>, Philippe Planche, 1721.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1620-1722">1620-1722</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public
Buti, Gilbert, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
Bertrand, Régis, « L’habit du médecin de peste ou l’imaginaire de la peste », <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 116-120.
Brossolet, Jacqueline, Mollaret Henri, <em>Pourquoi la peste ? Le rat, la puce et le bubon,</em> Paris, Découvertes Gallimard, 1994.
Cipolla, Carlo Maria, <em>Contre un ennemi invisible : épidémies et structures sanitaires en Italie de la Renaissance au XVIIe siècle</em>, Paris, Balland, 1992 (édition originale italienne : Bologne, Il Mulino, 1985)
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=latin">latin</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Italie">Italie</a>
Avis à nos concitoyens. Recette du vinaigre des quatre voleurs
<strong>La peste : se protéger, se soigner</strong><br /><br />La lutte contre le mal fait appel à une grande variété de traitements préventifs et curatifs, mobilise quantités de remèdes et conduit à d’étonnantes décisions collectives. Pour prévenir le mal, les échevins de Marseille ont décidé, en août 1720, un embrasement général des remparts et des rues : les bûchers, disposés au carrefour des principales rues, étaient destinés à chasser les miasmes. La purification est également recherchée en brûlant une once de soufre dans chaque pièce des appartements, vêtements étalés et fenêtres fermées. À Salon, où l’on aime rappeler l’usage des parfums par Nostradamus, le Bureau de santé exige, en août 1721, « de parfumer toutes les maisons qui ont été contaminées pour tenter de déraciner le mal contagieux qui afflige cette pauvre ville attendu que l’on ne le voit pas ». L’ennemi est assurément invisible ! Par ailleurs, des médecins, préconisent souvent l’emploi du vinaigre pour éviter la contamination et désinfecter les lieux. L’usage de vinaigre est au cœur la fameuse recette dite « vinaigre des quatre voleurs », peut-être initiée à Toulouse au XVIIe siècle, sinon avant : <br /><br />« Recette du vinaigre des quatre voleurs :<br />Trois pintes de fort Vinaigre de vin blanc, Une poignée d’Absynthe, Une idem Reine-des-Prés Une idem graines de Genièvre, Une idem Marjolaine sauvage, Une idem Sauge, Cinquante cloux de Girofle, Deux onces racine de Nulle-campana, Deux onces Angélique, Deux onces Romarin, Deux onces Marube Trois gros de Camphre. Mettez le tout dans un vaisseau pendant quinze jours, et bien luté [bouché] ; après lequel temps passez au travers un linge avec expression ; mettez ledit vinaigre dans des bouteilles bien bouchées. On s’en frottera les Tempes, les Oreilles, les Narines, les Mains, de temps en temps, quand on sera obligé d’approcher des pestiférés. » <br /><br /> Les remèdes curatifs sont communiqués par les praticiens, médecins, chirurgiens, apothicaires, et circulent parfois par l’intermédiaire des autorités municipales à l’instar de cet avis diffusé le bourg de La Valette, près de Toulon : « Avis au public d’un remède contre la peste » <br /><br />« Lorsqu’on a le chaud de la fièvre, il faut bien concasser quarante à cinquante escargots, les plus gros sont les meilleurs, avec la coquille ; et appliquer un pareil nombre sur la plante de chaque pied et les y laisser 24 heures ; il arrive souvent que la fièvre commence avec le froid ; il faut le laisser passer et dans le chaud de la fièvre, il faut appliquer les escargots qui doivent être mis en pate avec la coquille. Pendant ce temps-là on ressent piquer comme des pointes d’aiguilles sur quelques endroits du corps. Après les 24 heures, il faut tirer le premier emplâtre, le jeter bien loin ou l’enterrer, s’il se peut bien profond ; concasser encore dix ou douze escargots, les y laisser encore 24 heures. Pendant que ce second emplâtre opère, il faut prendre la miette de pain blanc ou autre la mettre dans un petit pot avec de l’eau, la mettre au feu ; lorsque l’eau commence à rire il faut jeter l’eau, écumer un peu la miette et ensuite la détremper avec deux jaunes d’œufs, deux paquets de safran de deux liards ; puis de cela on fait plusieurs emplâtres qu’on commence d’appliquer sur le bubon après les 24 heures du second emplâtre des escargots, et le changer soir et matin en mettant un peu d’huile d’olive sur chaque emplâtre d’avant que de l’appliquer il faut toujours jeter bien loin et enterrer l’emplâtre. Lorsqu’on voit que le bubon s’avance, il faut ouvrir un oignon, le partager par le milieu, en long, en ôter toutes les feuilles du dedans, remplir le vide de savon, découpé en tranche délicate et d’huile d’olive et mettre cela sur un peu de braise afin que le savon se fonde avec l’huile d’olive et fasse avec l’oignon comme un onguent qu’on doit conserver tiède. Après on met de la fiente d’homme ou celle de femme qui ne soit point malade sur un linge ; sur laquelle fiente chaude on doit mettre de cet onguent tiède et l’appliquer en même temps sur le bubon jusqu’à sa maturité et en état de s’ouvrir ; que si cela ne suffisait pas, il faut faire bouillir du manne avec des figues et l’appliquer dessus, l’y laisser quelques temps et alors immanquablement le bubon s’ouvrira de lui-même et ou sera en état d’être ouvert par un coup de lancette. Car, si on ouvrait le bubon avant sa maturité, le malade mourrait ou il ferait d’autres bubons qui seraient peut-être plus dangereux que le premier. Comme on le voit, par l’expérience, il faut prendre garde de faire l’ouverture un peu grande afin que le bubon puisse bien suppurer d’avant que de se fermer. Il est à propos que chacun porte cousu à la boutonnière de son habit un grain de camphre. » <br /><br />La pharmacopée vise principalement à éliminer le « venin » par le vomissement, la purge, la saignée et la transpiration. Les sudorifiques sont aussi variés que surprenants : poudre de vipère, antimoine « diaphorétique », safran, camphre, infusion de vulnéraire, eaux de scabieuse, charbon béni, genièvre, angélique, sauge, sureau, thériaque pour éliminer les toxines. Frictions, ventouses, cataplasmes ou « emplâtres » accompagnent ces traitements internes aux effets incertains. Il n’est pas nécessaire d’étendre davantage la panoplie, en nous gardant de juger et moins encore de moquer le comportement de ces hommes qui, ne sachant rien du mal ou si peu, ne pouvaient pas grand-chose, la peste étant, selon le père Giraud, « la maladie la plus bizarre, la plus indéfinissable, la plus incompréhensible de toutes », laissant ainsi libre cours aux recettes de charlatans « faiseurs de drogues ».
Collections du Musée d'histoire de Marseille 2009 0 379
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public
Buti, Gilbert<strong>, «</strong> Structures sanitaires et protection face à la peste (1720-1721) », <em>Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris</em>, t.10, 1998, 1-2, pp. 67-80.
Buti, Gilbert, « Se protéger et repousser l’ennemi invisible en Provence, 1720-1722 », <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 88-97.
Aziza, Judith, <em>Soigner et être soigné sous l’Ancien Régime. L’Hôtel-Dieu de Marseille aux XVIIe et XVIIIe siècles</em>, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2013.
Carrière, Charles, Courdurié Marcel, Rébuffat Ferréol, <em>Marseille, ville morte : la peste de 1720</em>, Marseille, M. Garçon, 1968.
Hildesheimer, Françoise, <em>La terreur et la pitié. L’Ancien Régime à l’épreuve de la peste</em>, Paris, Publisud, 1990.
Lebrun, François, <em>Se soigner autrefois. Médecins, saints et sorciers aux XVIIe et XVIIIe siècles</em>, Paris, Messidor, 1983 (rééd. Paris, Le Seuil, 1995).
Mouysset, Sylvie, <em>1628 ou la mort aux trousses</em>, Toulouse, éditions Midi-Pyrénéennes, 2021.
Peyron Louis, « Odeurs, parfums et parfumeurs lors des grandes épidémies méridionales de peste, Arles 1720 », <em>Bulletin de la Société des Amis du vieil Arles</em>, 1988, n. p.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Archive
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Vol de grues passées le 17 mars 1721, Bouyon fecit anno 1721, avril 14e l’an de la peste
<strong>Rumeurs et signes annonciateurs du mal.</strong><br /><strong>« Vol de grues passées le 17 mars 1721, Bouyon fecit anno 1721, avril 14e l’an de la peste ».</strong><br /><br />Longtemps conçue comme un acte de vengeance ou un châtiment envoyé aux hommes par une divinité offensée, la peste serait annoncée par divers signes, particulièrement par des manifestations célestes (conjonction de planètes, éclipses et comètes). Les comètes observées à Londres en décembre 1664 et janvier 1665 auraient été, pour des astrologues comme John Gadbury, les « messagers » de l’épidémie de 1665. Le « vol de grues passées le 17 mars 1721 » à Toulon, qui illustre la troisième de couverture d’un registre municipal est à classer parmi ces présages. Il a été dessiné par le notaire Jean-François Bouyon et signé du 14 avril 1721, soit le lundi de Pâques de cette année-là. Le vol de ces oiseaux, formant triangle et se dirigeant vers la gauche (« sinistre » direction selon l’interprétation de certains prodiges), passe au-dessus de deux bâtiments de mer : <em>La Délaïde</em> et le <em>Vermandois</em> « anglais ». De tels signes, « que l’on tire d’accidents fortuits », ce qui est pour Furetière la définition même de la superstition, appartiennent, au registre des événements qui annoncent la calamité à venir. L’identification des deux navires pose problème. Il est peu probable, malgré une semblable apparence, que l’un d’eux soit le <em>Grand Saint-Antoine</em> qui a introduit le mal à Marseille en mai 1720. S’agit-il de bâtiments alors dans la rade de Toulon ? Un Vermandois, de 64 canons, présent en 1707, lors du siège de la ville par les Impériaux, et signalé échoué en 1718 à Toulon, a-t-il été renfloué ? Un navire <em>Adélaïde</em> figure également dans le port militaire lors de ce même siège, puis participe sous le commandement du corsaire Roquemadore à de lointaines expéditions. Faut-il voir là deux vieux bâtiments transformés en pontons pestiférés par les autorités toulonnaises, à l’instar de l’<em>Indomptable</em>, ancien vaisseau mouillé au Mourillon à l’est de la ville, chargé de mendiants ou de malades sans-abri qui auraient été placés là pour deux mois, avec un médecin, un aumônier, deux commis et des vivres ? S’agit-il de scène vue et interprétée par le notaire ou la simple représentation d’une rumeur ? Une semblable malédiction céleste tombe sur Tarascon au printemps 1720 sous la forme d’un nuage de criquets « gros comme le doigt » contre lesquels est mobilisée toute la population pour les écraser. Ce sont également les sauterelles qui attaquent la campagne arlésienne ruinant les récoltes en quelques heures. En mai 1720, l’archevêque Jacques de Forbin-Janson conduit une procession, pieds nus et corde au cou, pour demander l’aide du ciel contre ce fléau qui peut en annoncer un autre. Le terrible orage qui a frappé Marseille dans la nuit du 21 au 22 juillet 1720 a également été regardé comme « le funeste signal de la plus affreuse mortalité qu’on ait jamais vue », ainsi que le rapporte le docteur Jean-Baptiste Bertrand qui se garde toutefois « d’adopter les préventions du peuple touchant l’apparition des signes célestes qui précèdent les grandes calamités. »
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Archives municipales de La Valette-du-Var. II-20
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public
Buti, Gilbert, « Lettres de Toulon pendant l’épidémie de peste de 1720-1722 », dans Signoli Michel, Dutour Olivier, Boëtsch Gilles, Cheve Dominique, Abadian Pascal, (dir.), <em>Peste : entre épidémies et sociétés</em>, Florence, Firenze university Press, 2007, pp. 155-162.
Buti, Gilbert, <em>La peste à La Valette</em>, Marseille, Autres Temps, 1996.
Bertrand, Régis, « La dernière grande peste » dans Philippe Joutard (dir.), <em>Histoire de Marseille en treize événements</em>, Marseille, Jeanne Laffitte, 1988.
Biraben, Jean-Noël, <em>Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens</em>, 2 volumes, Paris-La Haye, Mouton, 1975-1976.
Caylux, Odile, <em>Arles et la peste de 1720-1721</em>, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2009.
Navarranne, Pierre, « M. d’Antrechaus, maire de Toulon: son empirisme organisateur », <em>Bulletin de l’académie du Var,</em> 1995, pp. 83-110.
Vignal, Robert, <em>De la Peste à la Révolution, Tarascon au XVIIIe siècle</em>, Montpellier, Presses du Languedoc-Max Chaleil éditeur, 1989.
36 cm x 25 cm
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Archive
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Mur de la peste, Vaucluse
La progression de la maladie en direction du Comtat Venaissin au cours de l’été 1721 conduit au renforcement de la surveillance des lignes. Le Régent ordonne l’établissement d’un cordon militaro-sanitaire autour du Languedoc, du Rouergue et du Vivarais : 33 000 soldats et 3 000 cavaliers sont établis sur les routes, les chemins et près des ponts. À l’automne, un autre cordon est déployé autour du Comtat assailli par le mal, malgré la création quelques mois plus tôt d’une « muraille » de pierres sèches. La décision de construire le « mur de la peste » ou « muraille de la ligne », selon la terminologie du temps, a été prise au début de l’année 1721 par l’État d’Avignon et le Comtat Venaissin, terres pontificales, mais à la demande de la France, afin de compléter le dispositif en place le long de la rive droite de la Durance. Chaque communauté est tenue de fournir un nombre d'ouvriers en fonction de son importance numérique. Construit dans la hâte à partir de mars 1721 par des maçons expérimentés et des ouvriers non-qualifiés, le mur, découpé en plusieurs sections adaptées au terrain, est jalonné de guérites (40), de corps de garde (50) destinés à la vie de petites unités de soldats (cinq à six) et d’enclos (20) pour entreposer les vivres et le fourrage pour les chevaux et les mulets. Une série de barrières permettent également le contrôle des principales voies de communication. La muraille, dont il reste toujours des traces dans l’actuel département du Vaucluse, avait une hauteur de près de deux mètres et une largeur d’environ soixante-cinq centimètres. Elle était parfois précédée d’un fossé, également large et profond de deux mètres, de Cabrières jusqu'à la « ligne de la Durance ». Terminée en juillet et s’étendant de Bonpas à Sisteron, elle est surveillée par un millier de soldats comtadins. Mais, à la fin du mois d’août, l’épidémie déclarée à Avignon, amène les troupes royales à remplacer celles du pape pour empêcher, ou tout au moins contrôler, le passage du Comtat vers la Provence. Construite par le Comtat pour se garder de la Provence infectée, la muraille sert finalement à cette dernière pour se protéger du Comtat et n’a pas contenu l’avancée de l’épidémie qui gagne la basse vallée du Rhône et atteint, en franchissant le fleuve, les Cévennes et le Gévaudan.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%C3%89tat+d%27Avignon">État d'Avignon</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Comtat+Venaissin">Comtat Venaissin</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1721-1722">1721-1722</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Buti, Gilbert, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
Buti, Gilbert, « Se protéger et repousser l’ennemi invisible en Provence, 1720-1722 », <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 88-97.
Bertrand, Régis, « L’iconographie de la peste à Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », dans <em>Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen-âge au milieu du xx<sup>e</sup> siècle</em>, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1992, pp. 75-87, texte repris complété dans Bertrand Régis, <em>Mort et mémoire. Provence xviii<sup>e</sup>-xx<sup>e</sup> s. Une approche d’historien</em>, Marseille, La Thune, 2011, pp. 209-222.
Larcena, Danièle, Azorin Jean-Marc, Coutant Yvette, Dumeste Alice et Jacques, Gueffier Christiane, Salvini André, <em>La Muraille de la Peste</em>, Forcalquier, Alpes de Lumière, 1993.
Magnaudeix, Irène, <em>Et en cas de peste, ce qu’à Dieu ne plaise… Chronique d’une ville close : Sisteron (1719-1723)</em>, Saint-Michel l’Observatoire, C’est-à-dire Éditions, 2010.
Mouysset, Henry, <em>La Peste en Gévaudan, 1720-1722</em>, Sète, Nouvelles Presses du Languedoc, 2013.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Photographie
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Billet de santé Joseph Mingeaud établi par les intendants de la santé de Cabasse
« Nous Intendants de la santé établis en ce lieu de Cabasse certifions que Joseph Mingeaud, soldat de Marine portant trois chemises de coton et une paire bas et une paire soulier est parti de ce lieu où il n’y a aucun soupçon de mal contagieux, pour aller à Toulon, passant par Le Luc et Collobrières et Solliès. Prions de le laisser passer librement. À Cabasse, ce vingt six octobre 1721 [signé] Agnelly, consul. Vu au Luc le vingt six décembre 1721 : [signé] Barbarroux, officier de santé. Vu à Solliès le 27 décembre 1721 [signature] Vu à Collobrières le 27 décembre 1721 où il a couché [signé] Brémond, capitaine de garde. Vu à Solliès le 27 décembre 1721 [signé] Gensollen, officier de santé. Vu à la barrière de Raganas le où M. Blanc l’a refusé disant que le lieu d’où il est parti était consigné. A Toulon, Desaretier. » <br /><br />Dès l’annonce de la contagion chaque localité adopte, pour se protéger, des mesures inédites ou en réveille d’anciennes en privilégiant le contrôle de la circulation des hommes et des marchandises. Des barrières sont placées sur les routes et les chemins, des fossés sont creusés et des postes de gardes sont aménagés avec des sentinelles et des hommes en armes affectés à tour de rôle pour vérifier l’identité des personnes s’y présentant munis d’indispensables billets de santé. Ainsi, à Salon, près d’Aix, outre une garde sur les voies de communication, les consuls préconisent dès le 4 août 1720 d’établir, de jour comme de nuit, des cavaliers ou archers autour de la ville, de confier la porte où sera le corps de garde à d’anciens capitaines d’infanterie et de mettre à chaque poste une personne sachant lire afin d’examiner les « billettes » ou « bullettes ». Les cités du littoral provençal suivent rapidement de semblables précautions. À Bandol comme à Saint-Tropez, dès août 1720, les conseils de ville obligent les pêcheurs à se munir de tels billets. L’arrêt du conseil d’État du 14 septembre 1720, interdit de franchir les lignes matérialisées par le Rhône, la Durance et le Verdon sans avoir fait une quarantaine et sans présenter des billets de santé, « à peine de galère à temps contre les hommes, de fouet et de bannissement à temps contre les femmes et filles pour la première contravention, et de mort en cas de récidive. » L’usage dépasse le cadre provençal : les parlements de Toulouse, Dijon et Besançon exigent des « billettes de santé » dans tous les lieux de passage et repoussent les marchands et marchandises venant de Provence. Sur ces billets, délivrés par les responsables sanitaires, sont indiqués, à l’instar des patentes des navires exigés à l’entrée des ports, l’état sanitaire du lieu d’origine, l’identité du porteur, sa qualité, parfois la nature des marchandises ou le contenu des bagages, ainsi que le jour du départ. Toutefois, alors que les patentes portent les noms des lieux qui ont été visités, les billets mentionnent parfois ceux qui le seront par le porteur au fur et à mesure de son déplacement. Ces éléments permettent aux divers gardes de vérifier la progression du parcours et d’accorder ou non l’entrée, comme c’est le cas pour le soldat Mingeaud qui se présente à la barrière de Réganas, près de Toulon. Un tel refus, passible selon le parlement d’Aix de 3 000 livres d’amende, est parfois brièvement justifié sur la « billette », comme fait pour le soldat Mingeaud. Ces pièces essentielles pour se déplacer sont quelquefois pré imprimées à l’instar de celles de Cabasse ou de Draguignan, où les consuls ont fait « menuiser une planche pour mouler les billets de santé [qui seront ensuite] imprimés et marqués aux armes de la ville » afin d’authentifier le document. Néanmoins, la découverte près d’Oraison (vallée de la Durance) d’un portefeuille appartenant à des marchands de Valensole « plein de billets de santé non signés et non datés », laissent entrevoir de possibles trafics et malversations…
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bureau+de+la+sant%C3%A9+de+la+ville+de+Cabasse+%281721%29">Bureau de la santé de la ville de Cabasse (1721)</a>
Intendances de santé de Marseille et de Toulon
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Buti, Gilbert, « L’Intendance de la Santé de Marseille au XVIIIe siècle : service sanitaire ou bureau de renseignements ? », in P. Calcagno et D. Palermo (dir.), <em>La quotidiana emergenza. Il molteplici impieghi delle istituzioni sanitarie nel Mediterraneo moderno</em>, Palerme, New Digital Frontiers, 2017, pp. 43-61.
Audouin-Rouzeau, Frédérique, <em>Les Chemins de la peste. Le rat, la puce et l’homme</em>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
Gardiol Pierre, « Contribution à l’histoire de la peste de 1720 dans le Var actuel », <em>Bulletin de la Société d’Études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var</em>, t. 35, 1991, pp. 6-55.
Mouysset, Sylvie, <em>La peste en Rouergue au XVIIe siècle</em>, Pont-les-Bains, Pour le Pays d’Oc, 1992.
Windsor, John, « Valensole. La peste de 1720 », Amis du vieux Valensole, 1984.
Hildesheimer, Françoise, « <a href="https://doi.org/10.3406/rhmc.1980.1108">La protection sanitaire des côtes françaises au XVIIIe siècle</a> », <em>Revue d’Histoire moderne et contemporaine</em>, 1980, oct.-déc., pp. 443-467.
Buti Gilbert, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
Biraben, Jean-Noël, <em>Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens</em>, 2 volumes, Paris-La Haye, Mouton, 1975-1976.
12 cm x 10 cm
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Archive
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Modèle du navire <em>Grand Saint-Antoine</em>
Le <em>Grand Saint-Antoine</em>, qui a introduit la peste à Marseille en 1720, devait être assez proche d’un trois mâts carrés ou flûte. Nous ne disposons pas de représentation de ce bâtiment mais, qualifié dans l’acte d’achat de vaisseau « de fabrique hollandaise », il devait être assez proche de cette flûte illustrant un ouvrage publié à Amsterdam au début du XVIIIe siècle. On ignore également le nom du constructeur ou « maître d’hache » mais les essences variées de la quille, des membrures et des bordées, mis au jour par les archéologues, proviennent majoritairement de forêts du bassin méditerranéen. Le vaisseau a effectué plusieurs voyages outre-Atlantique avant sa vente le 9 août 1717 par Jean-Baptiste Magy, puissant négociant marseillais, à Jean Chaud, autre négociant, pour un montant de 12 000 livres-tournois. Nommé <em>Saint Jean-Baptiste</em> lors de la transaction, et pouvant changer de nom en pareille occasion en vertu de l’ordonnance de marine de Colbert, ce navire, fort de 7 000 quintaux ou 280 tonneaux et dit désormais <em>Grand Saint-Antoine</em>, est un « gros porteur » pour l’époque en Méditerranée. En revanche il était bien adapté aux précédents voyages à destination du continent américain. Comme c’est généralement l’usage dans le monde maritime, le navire est une propriété divisée en 24 parts ou quirats. En 1720, les copropriétaires ou quirataires sont au nombre de quatre. Ils sont intéressés pour « un quart chacun » au corps du navire, apparaux et agrès compris. Ces associés sont alors Antoine Bourguet, négociant genevois, le capitaine Jean-Baptiste Chataud, à qui est confié le vaisseau, la société « Guillermy, Chaud et Cie », négociants et beaux-frères du capitaine Chataud, et Jean-Baptiste Estelle, négociant, premier échevin (ou maire) de Marseille et parrain, depuis 1718, d’Élisabeth Chataud, fille du capitaine. Celui-ci, qui a fait escale à plusieurs reprises à Seyde, de 1708 à 1711, y a certainement rencontré le consul alors en poste dans cette échelle du Levant, à savoir Jean-Baptiste Estelle. Par ailleurs, comme c’est souvent le cas dans les grands ports les capitaines ou patrons ne sont pas de simples « conducteurs de navires » mais sont intéressés à la propriété du bâtiment de mer, voire aux opérations commerciales réalisées pendant les expéditions. <br /><br />Équipé, chargé de marchandises diverses, assuré et monté par un équipage de 39 hommes, capitaine compris, le <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/226"><em>Grand Saint-Antoine</em> quitte Marseille pour Smyrne</a>, le 22 juillet 1719. De retour à Marseille le 25 mai 1720, il est dirigé à la fin du mois suivant, sur ordre du Régent après le constat de plusieurs décès de « mort précipitée », vers l’île de Jarre située à l’est de Marseille. Des hommes descendent à terre avec des caisses, des ballots et des couffes de marchandises pour y être « aérées ». Mais le 26 septembre, alors que la contagion frappe durement Marseille depuis le début du mois d’août, on procède sur ordre du pouvoir central au « brulement des marchandises, des pacotilles et du vaisseau » à la pointe de l’îlot de Jarron. L’épave calcinée du <em>Grand Saint-Antoine</em> a été découverte en 1978 par une équipe d’archéologues subaquatiques pilotée par Christian Barsacq et Daniel Mouyssinat. Outre quelques objets mis au jour peu après (boulets, poulies, pipes en terre cuite, cordage, étoupe…), une des ancres, identifiée en 1982, a été remontée à la surface en septembre 2012 et soumise à des traitements de conservation-restauration (retrait de la gangue et procédé anticorrosion) avant de pouvoir être exposée au musée d’histoire de Marseille.<br /><br /><ul><li>Voir également dans cette exposition la <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/226">carte du voyage du <em>Grand Saint-Antoine</em> (1719-1720)</a> de Gilbert BUTI et Michel COURTIES (2020).</li>
</ul><br /><p></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Covens%2C%C2%A0Jean">Covens, Jean</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Mortier%2C+Corneille+">Mortier, Corneille </a>
<em>Dictionnaire de Marine contenant les termes de la navigation et de l’architecture navale</em>, Amsterdam, Jean Covens et Corneille Mortier, 1736 (2nde édition).
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Buti%2C+Gilbert">Buti, Gilbert</a>
Domaine public. Gallica / BnF
Buti, Gilbert, <em>Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020</em>, Paris, Le Cerf, 2020.
Carrière (Charles), Courdurié (Marcel), « Un document nouveau sur la peste de Marseille », <em>Provence historique</em>, n°131, janvier-mars, 1983, pp. 103-108 (document signalé par Pierre Viatte dans les archives hospitalières de Toulon).
Goury, Michel, « Hypothèse de la transmission de la peste à bord du <em>Grand Saint-Antoine</em> », dans Signoli Michel, Dutour Olivier, Boëtsch Gilles, Chevé Dominique, Abadian Pascal (dir.), <em>Peste : entre épidémies et sociétés</em>, Florence, Firenze univ. Press, 2007, pp. 163-176.
Goury, Michel, « Déposition du capitaine Jean-Baptiste Chataud. Complaisance d’un Bureau de la Santé défaillant », <em>Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 71-81.
Goury, Michel, <em>Un homme, un navire : la peste de 1720</em>, Marseille, Jeanne Laffitte, 2013.
Goury, Michel, « Le Grand Saint-Antoine. Les fouilles archéologiques sous-marines d’un navire maudit », C<em>atalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Ville de Marseille, 2022, pp. 33-44.
Saman, Édouard, « Le dernier voyage du Grand Saint-Antoine », revue <em>Marseille</em>, 1984, n°137-138, pp. 39-49.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Lettres de Marseille, <em>Gazette d’Amsterdam</em>
<p class="western"><span style="font-size:medium;"><span>Le périodique que l’on appelle couramment au XVIII</span></span><sup><span style="font-size:medium;"><span>e</span></span></sup><span style="font-size:medium;"><span> siècle </span></span><span style="font-size:medium;"><i><span>Gazette d’Amsterdam </span></i></span><span style="font-size:medium;"><span>(son titre exact est </span></span><span style="font-size:medium;"><i><span>Amsterdam</span></i></span><span style="font-size:medium;"><span>) est entre 1690 et 1796 </span></span><span style="font-size:medium;"><span>un des principaux rédigés en français, grâce à ses rédacteurs et son réseau de correspondants, parmi lesquels un ou des Marseillais. </span></span><span style="font-size:medium;"><span>Il paraît deux fois par semaine. </span></span>Comment a-t-il informé ses lecteurs de l’apparition et la progression de la contagion ? De deux façons très différentes.</p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;"><span>Des notes parfois très brèves sont glissées dans la rubrique « France » ; elles semblent souvent refléter la version des bureaux de Versailles : elles minimisent la gravité du « mal contagieux », mettent en valeur l’envoi de vivres ou de chirurgiens et affirment que la maladie est maîtrisée. La rubrique contient avant tout des informations au sujet de la cour, la controverse janséniste et surtout la banqueroute de Law. En revanche, les notes et lettres des rubriques « Italie » ou « Suisse » peuvent révéler la situation marseillaise à travers les précautions et les mesures prise par les autorités de ces pays à l’égard des bateaux ou des marchandise provenant de Marseille. </span></span></p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;"><span>Des lettres « De Marseille », fournissent des données précises, compte tenu de leur délai d’acheminement jusqu’à la rédaction et peut-être du retard à les publier, compte tenu des autres nouvelles. Le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_06_08_1720">6 août 1720</a>, une première, datée du 19 Juillet, fournit un bon état des débuts de la contagion, qui y est nommée « peste ». Son auteur insiste sur l’hostilité de Mgr de Belsunce à l’égard des « appelants » (qui appellent au concile général contre la condamnation du jansénisme par la bulle </span></span><span style="font-size:medium;"><i><span>Unigenitus</span></i></span><span style="font-size:medium;"><span>), les pères de l’Oratoire et les religieuses présentines (ursulines). <br /></span></span></p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;">La livraison du <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_30_08_1720">30 août</a> (n° 70), annonce d’abord en première page, une lettre de Rome du 10 août qui signale l’« interdiction de tout commerce avec la ville de Marseille et autres places voisines ». Une lettre de Gênes du même jour, donne en revanche des nouvelles rassurantes du « mal contagieux » de Marseille. Dans la « Suite des nouvelles », une lettre de Marseille est datée du 16 août : « Nous sommes dans une situation bien triste » écrit son auteur anonyme, qui assure néanmoins que le « soupçon de peste » qui a causé une désolation universelle en cette ville » est en fait « des fièvres malignes ». Elle est suivie de « quelques lettres de Suisse des 17 et 21 août » qui indiquent que le canton de Berne et Genève ferment leurs frontières « jusqu’à ce que les maladies contagieuses ayent cessé à Marseille ».</span></p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;"><span>Les <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_20_09_1720">20</a> et <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_27_09_1720">27 septembre</a> revient l’affirmation que « les maladies commençoient à cesser à Marseille depuis les bons ordres donnés pour la nourriture et le soulagement des pauvres ». Le 1</span></span><sup><span style="font-size:medium;"><span>er</span></span></sup><span style="font-size:medium;"><span> octobre, un entrefilet fait l’éloge du commandant de Langeron et indique que l’évêque s’est retiré à l’arsenal, ce qui est faux. </span></span></p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;">Le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_08_10_1720">8 octobre</a> des lettres tentent de chiffrer la mortalité et le 15 octobre, la Suite des nouvelles est pour l’essentiel occupée par une lettre datée du 13 septembre (d’un officier des galères?) qui fait un récit détaillé de l’état de la ville et n’hésite pas à employer les mots de « peste » et « bubons ». </span></p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;"><span>Le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_15_10_1720">15 octobre</a>, un entrefilet affirme que « le mal contagieux » continue de diminuer à Marseille et à Aix » ; le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_18_10_1720">18</a> un extrait d’une lettre de Marseille du 20 septembre insiste sur la forte mortalité mais affirme que « le mal diminue considérablemetn » - « un peu » seulement concède la livraison du <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_29_10_1720">29 octobre</a>. Le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_05_11_1720">5 novembre</a>, une lettre confirme que la mortalité diminue et fait l’éloge du chevalier Roze. Mais le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_19_11_1720">19 novembre</a> est publiée l’arrêt des États généraux des Provinces-unies qui interdit tout contact avec la France méditerranéenne. Le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_29_11_1720">29 novembre</a>, la Gazette reproduit la « Lettre de M. l’évêque de Marseille à l’abbé Plomet », datée du 18 octobre, que Mgr de Belsunce fait circuler pour justifier son attitude à l’égard des oratoriens jansénistes. La peste n’apparait plus ensuite que par des entrefilets qui indiquent les précautions que continuent de prendre divers États à l’égard de ce qui vient de Marseille. Enfin le <a href="https://www.gazettes18e.fr/Gazette_Amsterdam_du_03_01_1721">3 janvier 1721</a>, une lettre défend l’attitude de Belsunce à l’égard des oratoriens et signale tardivement « la procession qu’il fit le jour de la Toussaint, les piedz nuds, la corde au col, en récitant le </span></span><span style="font-size:medium;"><i><span>miserere </span></i></span><span style="font-size:medium;"><span>jusqu’au bout du cours, où il dit la messe ».</span></span></p>
<p class="western"><span style="font-size:medium;">Un lecteur qui reprend à la fin de l’année l’ensemble des livraisons a une assez bonne idée, grâce aux correspondants locaux, de ce qui s’est passé à Marseille.</span></p>
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<p>Ministère des Affaires étrangères, archives pour les bureaux politiques de Versailles</p>
Voltaire Foundation, Oxford
Édition en CD Rom : Pierre Rétat, Pascale Ferrand, Daniel Roux, « Collection des gazettes de langue française des XVIIe et XVIIIe siècles. Gazette d’Amsterdam 1691-1796 », Oxford, VF, et CNRS/U. Lyon 2, 2000
Réédition en ligne complétée sous la direction de Pierre Rétat : <a href="https://gazetier-universel.gazettes18e.fr/periodique/gazette-damsterdam-2-1688-1796">https://gazetier-universel.gazettes18e.fr/periodique/gazette-damsterdam-2-1688-1796</a>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Rétat, Pierre <em>La "Gazette d'Amsterdam", miroir de l'Europe au XVIIIe siècle</em>, Oxford, Voltaire foundation, 2001.
Bertrand, Régis, <em>Henri de Belsunce (1670-1755), l’évêque de la peste de Marseille</em>, Marseille, Gaussen, 2020.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion
La peste de 1720-1722 a fait naître nombre de textes narratifs, de longueur et surtout de qualité très variables, selon que leurs auteurs ont exercé des responsabilités ou bien ont été des témoins prudents et distants, ou même ont répété les échos qui leur parvenaient de la ville, s’ils s’étaient réfugiés dans leur bastide (maison de campagne du terroir ou des communes voisines). Deux acteurs de premier plan ont publié un récit détaillé de ce qu’ils ont vécu et fait. Nicolas Pichatty de Croissainte (vers 1674-1737) était « conseil[ler] et orateur de la communauté et procureur du roi de la police ». Cet homme de loi était un personnage essentiel de l’hôtel de ville, qui assurait auprès des échevins le rôle que dans les autres villes provençales l’assesseur (conseiller juridique) jouait auprès des consuls. Il a arrêté le 10 décembre 1720 son <em>Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion</em> et l’a aussitôt publié. Le rôle de l’auteur auprès des autorités en fait un observateur privilégié et aussi un acteur direct. Selon le docteur Jean-Baptiste Bertrand, il a été blâmé pour avoir révélé des délibérations entre les dirigeants ; de plus, certains de ces derniers s’estimaient moins loués que d’autres. Les échevins auraient empêché la vente de son ouvrage. Une seconde édition modifiée sur quelques points paraît l’année suivante. En revanche, une publication plus ample qu’il annonçait ne verra pas le jour. Le docteur Jean-Baptiste Bertrand (1670-1752) est un des vingt médecins du collège de médecine de Marseille. Il prend une part active à la lutte contre le fléau et selon ses dires, il aurait été atteint lui-même à trois reprises par la peste, qui frappe durement sa famille. Sa <em><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/228">Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste</a>,</em> est prétendument éditée à Cologne chez Pierre Marteau en 1721, avec réédition en 1723. Cet imprimeur fictif a servi de raison sociale aux auteurs qui ne souhaitaient pas soumettre leurs écrits à la censure et en particulier en France, à des presses clandestines jansénistes de Paris ou Rouen. Cet acteur de terrain n’hésite pas à écrire que ses observations contredisent les théories universitaires des médecins de Montpellier. Ancien élève des oratoriens et jansénisant, il faire preuve d’objectivité au sujet de l’action de l’évêque et du dévouement des jésuites. En 1722 paraît une <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/227">réfutation anonyme de quelques-uns de ses propos</a>, en particulier au sujet de la consécration de la ville au Sacré-Coeur. Elle est réputée imprimée à Turin et la précision de ses informations suggère qu’elle ne peut guère venir que de l’évêché. Bertrand modifie légèrement son texte dans la seconde édition, parue en 1723. Il fera partie des vingt fondateurs de l’académie des belles-lettres de Marseille en 1726. Mgr de Belsunce, inquiet de voir figurer parmi eux plusieurs jansénistes ou réputés tels, exigera d’en être le vingt-et-unième membre. L’historiographie de l’événement a commencé très tôt à s’élaborer à partir de ces deux ouvrages fondamentaux. D’autres témoignages manuscrits seront ensuite publiés, tel celui du trinitaire Paul Giraud. Certains de ceux restés manuscrits ont été tardivement mis par écrit, ce qui pose les questions du travail de la mémoire et de l’utilisation inavouée des textes déjà parus.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition <br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/228"><em>Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste</em></a>, Jean-Baptiste Bertrand, à Cologne, chez Pierre Marteau, 1721, seconde édition corrigée et augmentée, id., 1723, réédition, Amsterdam, et se vend à Marseille, J. Mossy, 1779.<br /><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/227"><em>Notes sur la Relation historique de la peste de Marseille en 1720 (...)</em></a>, Anonyme, Turin, Fontana, 1722</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Pichatty+de+Croissainte%2C+Nicolas">Pichatty de Croissainte, Nicolas</a>
Bibliothèque Nationale de France<span>, département Arsenal, 8-H-14132<br /></span>Identifiant de la notice: <span class="notice-label"> </span><a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb31104997b"><span>ark:/12148/cb31104997b</span></a><br /><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1520296h">Permalien du document</a>
Impression marseillaise et impression parisienne
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1721">1721</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Bertrand, Régis, « Étudier la « peste de Provence ».Trois siècles d’historiographie », actes du colloque <em>Loimos, pestis, pestes – Regards croisés sur les grands fléaux épidémiques</em>, Marseille, 27-30 octobre 2020, Aix, PuP, à paraître.
Jauffret, Louis.-François (éd.), <em>Pièces historiques sur la peste de Marseille et d'une partie de la Provence, en 1720, 1721 et 1722 [...]</em>, Marseille, chez les principaux libraires, 1820, 2 vol. procure les textes de Pichatty de Croissainte, 1ère éd., au t. I, pp. 34-126 (et observations de Jauffret, p. 127-133), des passage de l’ouvrage de Bertrand, t. I, p. 201-229 et le texte de l’Anonyme de 1822, t. I, pp. 230-311.
Giraud, Père Paul, « Journal de 1720 », publié dans [Jauffret Louis-François éd.], <em>Le conservateur marseillais, contenant des fragments inédits, tirés des manuscrits les plus curieux de la bibliothèque de Marseill</em>e, Marseille, chez les principaux libraires, 1830, t. II, pp. 41-247.
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Livre
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette
<strong>Que faire des morts ? L'action du chevalier Nicolas Roze à la Tourette (Marseille)</strong><br /><br />La toile <em>Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette</em>, considérée comme anonyme lors de son entrée au Musée Atger de Montpellier en 1950, a été rendue par Marie-Claude Homet à Michel Serre lors de la grande exposition La peinture provençale au XVIIe siècle tenue à Marseille en 1978 où elle put être confrontée aux deux autres tableaux de l’artiste. Elle n’est pas documentée mais pourrait avoir été commandée par le héros de la scène, le chevalier Nicolas Roze, car elle correspond par ses dimensions à un tableau « représentant l’enlèvement des cadavres de la peste de 1720 » qui est signalé dans son inventaire après-décès. La scène représentée eut lieu le 16 septembre 1720. De nombreux cadavres issus des maisons de la vieille ville avaient été accumulés sur l’esplanade de la Tourette, qui surplombait le mur d’enceinte et dominait la mer entre le fort Saint-Jean et la cathédrale Sainte-Marie Majeure - la silhouette de cette dernière ferme la scène. <br /><br />Nicolas Roze (1675-1733), qui a été consul au Levant et y a été témoin de la peste, est commissaire général du quartier de Rive-Neuve, au sud du port. Il a l’idée de faire dégager la Tourette par des galériens en précipitant les corps dans deux bastions de l’enceinte dont il fait crever les voûtes - on en aperçoit un au second plan à gauche. Il est lui-même au centre de la composition, à cheval, en compagnie du commandant des galériens et de celui des soldats qui les encadrent. On a distribué aux galériens des mouchoirs imbibés de vinaigre qui leur servent de « préservatifs » selon la théorie aériste de la contamination par le « mauvais air », ici la puanteur qu’exhalent les cadavres. On avait promis aux galériens la liberté mais cinq seulement survécurent. Roze fut atteint de la peste mais en « réchappa », comme l’on disait alors. <br /><br />La représentation du grand portail plaqué vers le milieu du XVIIe siècle contre le flanc méridional de la cathédrale de la Major est sans égale par sa précision. Cette partie de l’édifice a été détruite sous le Second Empire. <br /><br />Claude Roze, frère du chevalier, aurait commandé en 1725 une autre toile au peintre parisien Jean-François de Troy (1679-1752). Ce vaste tableau (h., 2,27 x l., 3,77 m, Musée des Beaux-Arts de Marseille) fut gravé à l’eau-forte en 1727 par Simon Thomassin ou son fils Henri-Simon. Le chevalier Roze possédait un exemplaire de cette gravure selon son inventaire après décès. Un autre exemplaire figurait à la fin de l’Ancien Régime dans l’hôtel de ville de Marseille. L’oeuvre originale a reçu maintes repeints abusifs qui ont fait disparaître des détails et ses glaçures. Sa restauration récente les a supprimés ; mais privée de ses couches superficielles et de ses touches de finition, la toile a désormais l’apparence d’une immense esquisse. <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/230">La gravure de Thomassin</a> a donc été préférée. Comme la plupart des gravures du temps, elle est inversée par rapport au tableau. Aussi, pour faciliter l’identification du paysage, lui avons-nous fait subir ici un retournement horizontal. <br /><br />Son point de vue est pris depuis les alentours de la cathédrale, en direction du sud. On reconnaît le clocher de l’église Saint-Laurent, le fort Saint-Jean et au large les îles du Frioul. On ignore si de Troy est venu à Marseille - il a peut-être pu voir dans ce cas l’oeuvre de Serre. Il a pu se faire envoyer des croquis pris sur place par un artiste local. À la différence de Serre, il n’était pas témoin de la peste et il est bien moins fiable dans la représentation de l’action des forçats (qui ne sont pas protégés du mouchoir vinaigré et sont prétextes à de belles interprétations du nu masculin). On notera les anges exterminateurs dans les nuées, à la différence des trois tableaux de Serre qui en sont dépourvus. On sait qu’ils figurent dans une des deux versions des gravures de J. Rigaud. <br /><br />Ces deux commandes privées sont les seules à ne montrer que des pestiférés morts. Leur propos est de témoigner de la bravoure du chevalier Roze et de la part qu’il prit à la lutte contre le fléau. Il en fut de fait assez peu récompensé.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition S. Thomassin d’après Jean-François de Troy, <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/230"><em>La peste dans la ville de Marseille en 1720</em></a>, gravure</li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Serre%2C+Michel+%281658-1733%29">Serre, Michel (1658-1733)</a>
Musée Atger, Montpellier
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public
Wytenhove , Henri (dir.), <em>La peinture en Provence au XVIIe siècle</em>, Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 203, pp. 148-149.
Potet, L.-Robert, <em>Nicolas Roze, chevalier de Saint-Lazare de Jérusalem et de Notre-Dame du Mont-Carmel (1675-1733), essai de biographie critique</em>, Marseille, 1938, en particulier pp. 131-134.
Homet, Marie-Claude, <em>Michel Serre et la peinture baroque en Provence</em>, Aix-en-Provence, 1987, n° 124.A, pp. 144-145.
Leribault, Christophe, <em>Jean-François de Troy, 1675-1752</em>, Paris, Arthéna, 2002.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Peinture
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<p class="western">Vue du Cours de Marseille (avec détails)<i><br /></i></p>
<b>Un fléau d’un autre âge dans un magnifique décor urbain: <br />l</b><b>a </b><i><b>Vue du Cours </b></i><i><b>de Marseille </b></i><i><b>pendant la peste de 1720 </b></i><b></b><b>par </b><b>Michel Serre et celle de Jacques Rigaud</b><br /><br />Le Grand cours est la réalisation majeure de l’agrandissement de Marseille décidé par Louis XIV en 1666. Sa largeur est sans équivalent dans le tissu urbain, de même que ses plantations d’arbres et ses bancs qui devaient inviter à la promenade et à la sociabilité. Sur ses deux côtés, les îlots, au gabarit identique, sont constitués par une rangée de maisons dont les façades sont unifiées par un parti décoratif baroque chaque fois différent, de façon à donner l’impression d’autant de vastes palais. Il constitue alors la plus belle réalisation d’urbanisme de la ville, très admirée des contemporains, en particulier les voyageurs de passage à Marseille. Comme dans la Vue de l’hôtel de ville, Serre y montre une situation tragique dont les échevins, aidés par le commandant de Langeron, nommé par le roi, commencent à prendre la maîtrise, d’où la présence de « gens du bel air », comme l’on dit alors, à cheval ou à pied, qui donnent des ordres. Ils sont identifiés par une légende sur le bord inférieur gauche. <em>La Vue du Cours</em> montre en position centrale le petit groupe formé par l’évêque, Henri de Belsunce, et ses proches. Au second plan à gauche, un vicaire général est également entouré de prêtres et de religieux. L’œuvre regorge de scènes de charité, de confession ou d’absolution par des membres du clergé, en particulier franciscains, jésuites, dominicains, carmes, trinitaires, servites, etc. Elle pourrait illustrer le dévouement religieux. Cette toile n’est pas documentée. Sans doute réalisée au cours de l’année 1722, elle n’est mentionné qu’à partir de son exposition à Paris en 1723. Elle offre, comme celle de l’hôtel de ville, une description de la situation qui est corroborée par des témoignages écrits. Les pestiférés tendaient à s’établir le long du cours, où ils espéraient être plus aisément secourus que s’ils restaient chez eux ou dans des rues voisines. On y note en particulier l’action des galériens qui emportent les cadavres, celle des médecins et chirurgiens et surtout l’état des malades et des mourants. Serre a su représenter des bubons sur certains d’entre eux, suggérer les convulsions et le raidissement cadavérique, ménager des contrastes. Une marchande de légumes est établie sur un banc. Au dernier étage du grand îlot de droite, un galérien aidé par un autre homme entreprend la descente par une fenêtre d’un cadavre suspendu par les pieds à une corde, cependant qu’un spectateur est accoudé au balcon de l’étage noble (le premier, au-dessus de l’entresol). La représentation de l’architecture est précieuse. Les vues ultérieures et les éléments qui subsistent permettent d’en vérifier l’exactitude. Le dessinateur et graveur Jacques Rigaud, né à Puyloubier, près d’Aix-en-Provence, en 1680, mort à Paris en 1754, a publié deux versions gravées d’une <em><a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/229">Vue du Cours</a></em> et d’une <em>Vue de l’hôtel de ville</em>. La variante dans les deux cas est la présence ou l’absence de deux anges exterminateurs, correspondant au récit biblique de la peste du temps du règne de David (qui n’évoque cependant qu’un seul ange). Les ressemblances avec les deux tableaux de Serre sont évidentes mais la vue de l’hôtel de ville est selon un angle différent, qui a permis à l’artiste de représenter le débarcadère qui le précède (le « carré du port ») et une large partie du quai, jusqu’à la passe encadrée des deux forts. L’hypothèse d’une libre interprétation des oeuvres de Serre semble possible. Ses gravures seront imitées, en général avec des simplifications, au cours du XVIIIe siècle, en particulier pour des vues d’optique. Les scènes de peste s’amenuiseront puis disparaîtront de ces répliques qui, à la fin du siècle, ne présenteront plus que le décor architectural.<br /><ul><li>Voir également dans cette exposition Rigaud, Jacques, <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/229"><em>Vue du Cours de Marseille dessinée sur le lieu pendant la peste arrivée en 1720</em></a></li>
</ul>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Serre%2C+Michel+%281658-1733%29">Serre, Michel (1658-1733)</a>
Musée des Beaux-Arts de Marseille / Ville de Marseille
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1722+%3F">1722 ?</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Régis, Bertrand, « L’iconographie de la peste de Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », actes du colloque <em>Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen Age au milieu du XXe siècle</em>, Marseille, 30 mai-1er juin 1991, Aix, Public. de l’Université de Provence, 1992, pp. 75-87, ill.
<p>Wytenhove, Henri (dir.), <em>La peinture en Provence au XVII<sup>e</sup> siècle,</em> Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 201, pp. 145-146 (notice de M.-Cl. Homet).</p>
<p>Homet, Marie-Claude, <em>Michel Serre et la peinture baroque en Provence</em>, Aix, 1987, n° 121.A. pp. 141-142.</p>
<p>Chevé Dominique, Signoli Michel, Dutour Olivier, Gilles Boêtsch Gilles, « Réalité et imaginaire de la peste en Europe : représentations iconographiques de l’épidémie », <em>Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques</em>, Année 2002, t. <a href="https://www.persee.fr/issue/acths_0000-0001_2002_act_125_3?sectionId=acths_0000-0001_2002_act_125_3_4820">125-3</a>, Paris, Cths, pp. 137-152.</p>
huile sur toile : 3,17 x l. 4,40
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Peinture
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Vue de l’hôtel de ville de Marseille pendant la peste de 1720 (avec détails)
<strong>Montrer la peste, en garder le souvenir : <br />la <em>Vue de l’hôtel de ville de Marseille pendant la peste de 1720</em> par Michel Serre</strong><br /><br />Né à Tarragone en 1658, Michel Serre a séjourné à Rome, Naples et Gênes. Il s’est installé à Marseille en 1675 et a vite obtenu la clientèle de notables et des couvents. Il est depuis la fin du XVIIe siècle « l’artiste le plus en vue de Marseille » selon sa biographe, Marie-Claude Homet, et il a été reçu à l’Académie royale de peinture en 1704. Il est mort en 1733. Il a été commissaire du quartier Saint-Ferréol pendant la peste et il est donc un témoin direct et un acteur de premier plan. Il a peint ce tableau entre mai et octobre 1721 (Serre s’est représenté à bord d’une barque en train de l’exécuter). Il réalise ensuite une <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/163"><em>Vue du Cours</em></a>. Les deux toiles étaient approximativement de même dimension mais la <em>Vue de l’hôtel de ville</em> a été amputée de sa partie gauche avant la Révolution. Ces deux tableaux sont présentés à Paris par les fils de Serre au Régent puis ils les montrent à la foire Saint-Germain de 1723 et « ils prennent de l’argent pour les faire voir », ce qui scandalise les membres de l’Académie royale de peinture : ils votent l’exclusion de Michel Serre le 21 août 1723. Serre fait cesser l’exposition et s’excuse auprès de l’Académie, laquelle le 30 octobre, selon ses procès-verbaux, « l’a rétably dans sa qualité d’académicien, ainsy qu’il étoit auparavant, joint aussi à la forte recommandation de Monseigneur l’evesque de Marseille ». Henri de Belsunce est donc venu à la défense de son peintre favori. On ignore ce que ces tableaux deviennent au cours des décennies suivantes. Une acquisition par Mgr de Belsunce est possible. Les deux toiles se trouvent au collège Belsunce, le collège marseillais des jésuites, fondé par l’évêque, lors de sa fermeture en 1764. L’historiographie jésuite avance qu’elles avaient fait partie d’un don consenti en 1747 par l’évêque au collège. Elles sont acquises par les échevins qui les placent dans la salle des pas perdus de l’hôtel de ville d’où elles entreront au musée en 1845. Michel Serre a sans doute vu lors de son séjour à Naples la toile de Micco Spadaro, <em>La peste à Naples en 1656</em> qui a pu lui inspirer la représentation réaliste des corps pestiférés. Mais Spadaro montre la Piazza Mercatello où l’on déposait les cadavres. L’audace de Serre est de montrer le cœur monumental de la ville et de peindre des malades, mourants et morts et ceux qui s’occupent d’eux. Ces deux œuvres sont fondées sur le contraste entre l’architecture moderne de la ville et le spectacle d’effroi, digne d’un autre âge, qui s’y déroule. L’artiste a voulu montrer le paroxysme de l’épidémie et le moment où les autorités commencent à reprendre le contrôle de l’espace public. La <em>Vue de l’hôtel de ville</em> semble avoir initialement montré peu de membres du clergé et pourrait mettre l’accent sur le rétablissement de l’ordre, le courage et le dévouement civil. Mais plusieurs jésuites, avec leur bonnet carré, ont été rajoutés a posteriori, sans doute lorsque les deux toiles sont entrées au collège Belsunce. Ces deux tableaux constituent, en dépit de leurs conventions picturales, de très intéressants témoignages de l’état de la ville pendant le fléau. À quelques détails près, les architectures semblent exactes. Pour les scènes de la peste, il est aisé de les confronter aux récits d’autres témoins et acteurs majeurs, ceux de Pichatty de Croissainte ou du docteur Bertrand, avec cette légère réserve que ces derniers étaient parus lorsque ces tableaux furent achevés. Ces toiles ont eu au collège Belsunce puis à l’hôtel de ville pendant plus d’un siècle valeur de mémorial et d’exemplarité.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Serre%2C+Michel+%281658-1733%29">Serre, Michel (1658-1733)</a>
<p class="western">Musée des Beaux-Arts de Marseille / ville de Marseille</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1721">1721</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Domaine public
<p>Bertrand, Régis, « L’iconographie de la peste de Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », actes du colloque <i>Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen Age au milieu du XX</i><sup>e</sup><i> siècle</i>, Marseille, 30 mai-1<sup>er</sup> juin 1991, Aix, Public. de l’université de Provence, 1992, pp. 75-87, ill.</p>
Wytenhove, Henri (dir.), <em>La peinture en Provence au XVIIe siècle</em>, Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 202, pp. 147-148 (notice de M. Cl. Homet).
Homet, Marie-Claude, <em>Michel Serre et la peinture baroque en Provence</em>, Aix, 1987, n° 122.A, pp. 142-143.
Chevé, Dominique; Signoli, Michel; Dutour, Olivier ; Boêtsch, Gilles, « Réalité et imaginaire de la peste en Europe : représentations iconographiques de l’épidémie » , <em>Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques</em>, Année 2002, t. 125-3, Paris, Cths, pp. 137-152.
h. 3, 06 m x l. 2,77 m.
Peinture
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Plaque de fondation du lazaret d’Arenc
<h4><strong>Le système sanitaire marseillais : <br />plaque de fondation du lazaret d’Arenc</strong></h4>
<em>Plaque de cuivre découverte en 1859 à l’emplacement du lazaret lors de la démolition de cet établissement.</em> <br /><br />Sens général de l’inscription latine, d’une très belle calligraphie : Acte religieux [digne] de mémoire. Louis XIV « Dieudonné » détenant l’entier pouvoir sur les Gaules, Louis Vendôme, duc de Mercoeur, administrant le gouvernement de Provence, Paul de Fortias (sic), seigneur de Piles [étant] gouverneur-viguier de Marseille, afin que les entreprises commerciales exotiques ne fassent pas partager les calamités exotiques, les fondements d’un nouvel hôpital de la peste ont été jetés sous d’heureux auspices par les consuls de Marseille, Ange de Bonin, Jean Lefèvre, Louis Boutassy, Louis Callamand, chevaliers, et François Lion, assesseur, Aux remerciements publics des citoyens et à l’applaudissement de chacun de cette ville.19e calende de septembre de l’année réparatrice du salut 1663 [14 août 1663]. <br /><br />Le nouveau lazaret (« infirmeries » à Marseille) est établi au quartier d’Arenc au nord de la ville, à quatre cents mètres de l’enceinte (l’ancien était situé au quarter de Saint-Lambert, aujourd’hui les Catalans). L’auteur du texte, peut-être François Lion, a forgé le néologisme de loemocomium à partir du grec loimos, peste et komeion, hôpital. Pour tenter de contenir la peste, Marseille était dotée d’un bureau de la santé dont dépendait un complexe sanitaire. Le conseil de ville nommait chaque année les intendants de santé, quatorze notables bénévoles, dont deux échevins sortis de charge. Ils siégeaient en 1720 sur un ponton près du fort Saint-Jean dans l’attente du bâtiment actuel de la consigne sanitaire, alors en cours de construction. Un bateau qui arrivait dans la rade en provenance de Barbarie (Afrique du Nord) et surtout du Levant (Méditerranée orientale) n’entrait pas dans le port. Il relâchait aux îles du Frioul, dans le port de l’île de Pomègues. Le capitaine allait alors en barque jusqu’au siège du bureau de la santé. Dans un tonneau de vinaigre désinfectant, il déposait ses « patentes », certificats délivrés par les consuls de France à chaque port où son bateau avait jeté l’ancre. Les intendants de santé s’en saisissaient avec des pinces et les examinaient. Ils recevaient la déclaration du capitaine. Les patentes déterminaient l’état sanitaire de chaque escale : <br /><ul><li>patente nette lorsque ce lieu était jugé sain,</li>
<li>soupçonnée lorsqu’une épidémie était signalée dans une région proche,</li>
<li>brute lorsqu’elle sévissait au point de relâche.</li>
</ul>
Les intendants décidaient alors pour le bâtiment, sa cargaison, son équipage, ses éventuels passagers, du lieu, des modalités et de la durée des quarantaines, un isolement pendant un laps de temps d’observation. Le complexe sanitaire marseillais associait les îles du Frioul, celle de Jarre pour l’exposition des marchandises les plus suspectes, et les vastes installations des Infirmeries (lazaret). Ce système avait fait ses preuves. 16 153 navires provenant du Levant sont arrivés à Marseille entre 1710 et 1792, parmi eux 140 (0,6 %) eurent la peste à leur bord (estimation qui pourrait être basse) et la maladie ne se manifesta qu’à 16 reprises seulement dans les infirmeries. Une fois seulement elle semble en avoir franchi les limites : ce fut à la fin du printemps 1720.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Conseil+de+la+ville+de+Marseille">Conseil de la ville de Marseille</a>
Musée d'histoire de Marseille
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1663-08-14">1663-08-14</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bertrand%2C+R%C3%A9gis">Bertrand, Régis</a>
Bertrand, Régis, « Danger de peste et culte de saint Roch, l’épigraphie des infirmeries », dans <em>Marseille en temps de peste, 1720-1722</em>, Gand-Marseille, Snoeck- Ville de Marseille, 2022, p. 64-69.
Carrière (Charles), Courdurié (Marcel), Rébuffat (Ferréol ), <em>Marseille ville morte : La peste de 1720, Marseille</em>, Éd. Garçon, 1968, et rééd., p. 210.
Hildesheimer, Françoise, <em>Le Bureau de la santé de Marseille sous l'Ancien Régime : le renfermement de la contagion</em>, Marseille, Fédération historique de Provence, 1980.
Bertrand (Bertrand), Buti (Gilbert), « Le risque de peste dans la culture et la vie de la France d’Ancien Régime », dans Antoine Leca et François Vialla éd., <a href="https://presses-universitaires.univ-amu.fr/risque-epidemique"><em>Le risque épidémique. Droit, histoire, médecine et pharmacie</em></a>, Aix, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2003, pp. 97-112.
Goury (Michel), Gassend (Jean-Marie), <em>Un homme, un navire : la peste de 1720</em>, Marseille, éd. Jeanne Laffitte, 2013.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=latin">latin</a>
Plaque
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
La fièvre jaune ou les Malheurs et les désastres causés par cette effroyable Maladie en Catalogne
<p>L’auteur de cette gravure, publiée en double page hors texte, non signée, comme illustration de l’ouvrage <em>La fièvre jaune ou les Malheurs et les désastres causés par cette effroyable Maladie en Catalogne, en Andalousie et autres provinces d’Espagne… </em>paru en 1822, n’avait assurément jamais mis les pieds à Barcelone. Et si l’important trafic maritime que l’on peut voir en arrière-plan peut effectivement évoquer l’activité du port de la capitale de la Catalogne (encore qu’aucun navire ne fut autoriser à accoster ou appareiller de celui-ci pendant l’épidémie de fièvre jaune de 1821), le drapeau tricolore à bandes verticales qui flotte sur le fortin au bord de la mer, ne correspond en aucun cas au pavillon espagnol, sang, gueules et sang, en bandes horizontales, en usage depuis 1785, voire à la « señera » catalane aux quatre barres de sang sur fond de gueules.</p>
<p>Les scènes de la vie quotidienne dans une ville qui, selon la légende placée en dessous de la gravure, n’était plus qu’un « immense tombeau » sont en revanche plus conformes à la réalité. On y voit effectivement des malades extrêmement affaiblis qui prennent l’air sur le pas de leur porte et reçoivent des soins de la part de leurs proches et de prêtres et religieuses qui exposent ainsi leur propre vie pour venir en aide à leurs prochains ; un homme foudroyé par le mal en pleine rue et qui reçoit, en présence de sa femme éplorée, des soins sans doute d’un médecin (encore que la fièvre jaune étant une affection évolutive, la mort n’intervenait que plusieurs jours après l’apparition des premiers symptômes, généralement chez soi ou à l’hôpital) ; des cadavres abandonnés qui jonchent le sol ; des brancardiers qui conduisent les défunts au cimetière, effectivement situé en bordure de mer (même si, sur cette gravure, les porteurs de civières prennent des chemins différents, ce qui n’est guère logique) ; et enfin le détachement de soldats qui croisent la baïonnette devant un groupe de civils.</p>
<p>Ces militaires font évidemment partie du premier cordon sanitaire chargé d’empêcher toute communication entre Barcelone et l’extérieur. Mais qui sont ces hommes dont deux d’entre eux sont munis d’armes blanches, sabres ou épées ? Ce détail pourrait suggérer qu’il s’agit de contrebandiers récemment débarqués sur la côte et prêts à en découdre avec la troupe. Mais il pourrait aussi s’agir de Barcelonais qui, voulant fuir les horreurs quotidiennes qui les entourent, tentent de sortir de la ville de vive force, au péril d’une vie qu’ils savent de toute façon condamnée.</p>
Bibliothèque Nationale de France: <span>8-OC-945</span><br /><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb333920490">Notice du catalogue</a><br />Document numérique: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62142479"><span>NUMM-6214247</span></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%5B1822%5D">[1822]</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821">1821</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour<strong>, </strong>Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<em>Confinados</em>: une de l'édition du 15 mars 2020, premier jour du confinement
<h4>Le confinement à la une<br /><br /></h4>
<p>Alarmiste, cette une du quotidien catalan <em>El Periódico</em> ? Datée du 15 mars 2020, c’est-à-dire du premier jour du confinement général de la population espagnole, elle fait état de la sidération collective qui s’est emparée des citoyens de nombreux pays où de telles mesures ont été adoptées contre la pandémie de Covid-19. Mais aussi de la réception particulière dont elles ont pu fait l’objet en Catalogne, où la crise sanitaire s’est superposée à une crise politique préalable.</p>
<p>Sur cette page de couverture, une photographie occupe pratiquement un tiers de la page. L’image montre une grande avenue de Barcelone presque totalement désertée. Une seule présence humaine visible, au premier plan : la silhouette d’un membre de la police municipale, en faction dans une ville vide. Une image expressive du choc collectif ressenti à l’annonce de ces mesures, qui met plus spécialement l’accent sur la désertion soudaine de l’espace collectif urbain et sur le « travail de l’ombre » effectué par les forces de l’ordre pour veiller à la sécurité de tous : un véritable classique de la ‘une de confinement’ telle qu’en ont publié quantité de journaux lors de la phase la plus aiguë de cette pandémie (Tejedor <em>et al.</em>, 2021).</p>
<p>Après la photographie, c’est vers le titre, placé dans la manchette, que se porte l’attention du lecteur : « Confinados », <em>confinés</em>, un titre qui frappe l'attention autant par sa concision, qui autorise de grands caractères, que sa saveur de mot inaccoutumé, témoin de l’inconnu auquel tous étaient alors confrontés.</p>
<p>Avec ce titre, cette photographie, ainsi que quatre points clés de l’information du jour bien mis en relief en sous-tribune par une numérotation en lettrines rouges, et enfin trois articles annoncés en pied de page, la crise du coronavirus est donc l’unique sujet d’information présenté en une de ce journal, comme c’est le cas pour la quasi-totalité de la presse espagnole (Monjas-Eleta <em>et al.,</em> 2020) et des pays les plus touchés par l’épidémie en ce mois de mars 2020 (Valles et Pérez Montoro, 2020), que ce soit sur support traditionnel ou numérique (Lázaro-Rodríguez et Herrera-Viedma, 2020).</p>
<p>Un contenu textuel assez dense, sur cette page, permet de baliser certains des aspects majeurs de la crise sanitaire à cet instant. Les points du dossier annoncés sont la mobilité des citoyens, la réaction des services de santé, les conséquences de l’état d’alarme pour les forces policières locales, et enfin les dégâts économiques du confinement (un article sur la question de l’afflux de chômeurs étant mis en exergue en pied de page). Ce traitement de l’information relative à la crise sanitaire est complété par deux témoignages autour du vécu individuel de la crise, livrés au moyen d'une entrevue (avec une psychologue, sur la peur paralysante que peut susciter la menace diffuse d’un virus inconnu) et d’un reportage (sur le sentiment d'insécurité des caissiers de supermarché face à l'afflux de clientèle).</p>
<p>Cette 'une' capte donc tout un ensemble de préoccupations qui sont celles de la société civile espagnole à l’annonce d’une mesure sans précédent dans l’histoire mondiale. Nombre d’études ont constaté la place décuplée qu’occupent les médias « traditionnels » (télévisions nationales et presse écrite) parmi les sources d’information consultées par les citoyens en temps de crise sanitaire (Westlund et Ghersetti, 2015): les journaux y font figure de véritables « valeur-refuge » dans un torrent d’information médiatique. <br />La presse contribue à la fois à modeler les opinions et représentations de la crise, et à relayer le discours des autorités politiques : elle est un moyen stratégique, pour les autorités décisionnaires, d’informer et de communiquer sur les mesures adoptées (Grijelmo, 2020).</p>
<p>Cependant, on peut douter que la seconde photographie visible sur cette page, un portrait du chef du gouvernement Pedro Sánchez —pris lors de son discours de la veille annonçant l’état d’urgence—, soit seulement une façon pour ce quotidien catalan de relayer le discours du pouvoir central. Ce quotidien de centre gauche, doté d'une édition en castillan et d'une autre édition en catalan, est le journal affichant le deuxième plus gros tirage de la presse catalane (après <em>La Vanguardia</em>) ; il affiche une ligne idéologique proche de celle du parti socialiste catalan (PSC), qui, depuis l’exacerbation de la crise indépendantiste catalane à partir de 2013-2014, a cherché à se repositionner sur la scène politique régionale avec un rapprochement mesuré des nouvelles coalitions de gauche comme <em>Barcelona en Comú</em> ou <em>Catalunya Sí que es Pot</em>, tout en maintenant une posture fédéraliste vis-à-vis de la question territoriale, volontiers critique à l’égard des positions centralistes du gouvernement de Madrid, fût-il socialiste.</p>
<p>Sur cette une, le portrait de Pedro Sánchez, réduit à une vignette en pied de page, est ainsi accompagné d’un court extrait de son discours qui concerne directement la situation catalane : « La autoridad en todo el territorio es del Gobierno español », lit-on ici, c’est-à-dire « l’autorité sur tout le territoire ressort du Gouvernement espagnol ». La citation choisie fait écho au point 3 de la tribune : « les polices autonomique et locales [sont passées] sous contrôle [du Ministère] de l'Intérieur». L’enjeu de la crise sanitaire est donc déplacé vers le terrain politique ; et en commentaire de cet extrait, le journal s’abrite derrière l’opinion de Joaquim Torra, président de la <em>Generalitat de Catalunya </em>et indépendantiste convaincu, qui « critique la confiscation de compétences » que suppose l’état d’urgence.</p>
<p>De même peut-on soumettre à plusieurs lectures la représentation d’un membre des forces de l’ordre en premier plan de la large photographie choisie pour illustrer cette une. Comme le montre G. López García (2020), la mise en scène de membres de l’armée dans la communication de crise des autorités politiques espagnoles —du « jamais vu » depuis le coup d’État du 23 février 1981— montre la gravité de cette crise. Dans la communication politique espagnole de cette première phase de la pandémie, la mise en avant des forces de l’ordre a pour fonction de promettre la sécurité qu’ils attendent, mais aussi de leur démontrer que l'État conserve le contrôle de la situation et exerce efficacement sa capacité coercitive (Amoedo-Souto, 2020). Les autorités politiques locales ont joué de ce même argument : ainsi Joaquim Torra a-t-il fait des éloges continus aux<em> Mossos d'Esquadra</em> dans son discours sur Twitter, construisant une image de contrôle et de pouvoir à l'heure où l'État intervenait dans les compétences de la <em>Generalitat</em> en matière de santé. De même que l'armée nationale et la Guardia Civil n'apparaissent pas dans ses discours, sur la « une de confinement » du quotidien <em>El Periódico</em>, c’est un représentant des forces de l’ordre municipales, et non nationales, qui est représenté. La guerre contre le virus, on le voit, n’a pas étouffé la rivalité entre Barcelone et Madrid.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.elperiodico.com%2Fes%2F%22%3E%3Cem%3EEl+Peri%C3%B3dico%3C%2Fem%3E%3C%2Fa%3E"><a href="https://www.elperiodico.com/es/"><em>El Periódico</em></a></a>
<em>El Periódico</em> : <a href="https://www.elperiodico.com/es/">https://www.elperiodico.com/es/</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
(c) <em>El Periódico</em>
<p>Grijelmo, Álex, « El periodismo en tiempos de coronavirus », <em>El País</em>, 24 avril 2020. En ligne : <a href="https://elpais.com/elpais/2020/04/24/el_pais_que_hacemos/1587714100_071847.html">https://elpais.com/elpais/2020/04/24/el_pais_que_hacemos/1587714100_071847.html</a></p>
<p>Lázaro-Rodríguez, Pedro, y Herrera-Viedma, Enrique, « Noticias sobre COVID-19 y 2019-nCoV en medios de comunicación de España: el papel de los medios digitales en tiempos de confinamiento », <em>El Profesional de la Información</em>, n°29, vol. 3, 2020. DOI : <a href="https://doi.org/10.3145/epi.2020.%20may.02https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.02">https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.02</a></p>
<p>López-García, Guillermo, « Vigilar y castigar: el papel de militares, policías y guardias civiles en la comunicación de la crisis del Covid-19 en España », <em>Profesional de la información</em>, vol. 29 / 3, mai 2020. En ligne : <a href="https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.11">https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.11</a></p>
<p>Monjas Eleta, Maria, Holguín, Alejandro et Gil-Torres, Alicia, « Covid-19 en las portadas de los diarios de difusión nacional en España », <em>Revista de Comunicación y Salud</em>, vol. 10, 2020, pp. 265‑286. En ligne: <a href="https://doi.org/10.35669/rcys.2020.10(2).265-286">https://doi.org/10.35669/rcys.2020.10(2).265-286</a></p>
<p>Tejedor, Santiago, Cervi, Laura, Tusa Jumbo, Fernanda, [<em>et al.</em>], « La información de la pandemia de la Covid-19 en las portadas de los diarios. Estudio comparativo de Italia, Reino Unido, España, Francia, Portugal, Estados Unidos, Rusia y Alemania », <em>Revista mexicana de ciencias políticas y sociales</em>, vol. 66, n°242, 2021, p. 251‑291. En ligne : <a href="http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_abstract&pid=S0185-19182021000200251&lng=es&nrm=iso&tlng=es">http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_abstract&pid=S0185-19182021000200251&lng=es&nrm=iso&tlng=es</a>.</p>
<p>Vállez, Mari et Pérez-Montoro, Mario, «La comunicación periodística en tiempos de pandemia: análisis del tratamiento de la COVID-19 en la prensa europea». <em>Hipertext.net</em>, 2020, n.º 21, pp. 1-13, <a href="https://doi.org/10.31009/hipertext.net.2020.i21.01" title="https://doi.org/10.31009/hipertext.net.2020.i21.01">https://doi.org/10.31009/hipertext.net.2020.i21.01</a></p>
<p>Westlund, Oscar et Ghersetti, Marina, « Modelling news media use. Positing and applying the GC/MC model to the analysis of media use in everyday life and crisis situations », <em>Journalism studies</em>, vol. 16, n°2, p. 133-151. DOI : <a href="https://doi.org/10.1080/1461670X.2013.868139">https://doi.org/10.1080/1461670X.2013.868139</a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<em>Coronavirgen</em>, collage mural, Madrid, 13 mars 2020<em><br /></em>
<p><strong>Contagion et religion dans le street art du coronavirus </strong></p>
<br />Cette image est la photographie d'une œuvre de l'artiste Ernesto Muñiz, collée sur les murs de Madrid le 12 mars 2020, c'est à dire l'avant-veille du confinement généralisé en Espagne. L’artiste ne se doutait pas, en affichant le premier exemplaire de cette « Coronavirgen » à côté de chez lui, en plein centre de la ville, que sa photographie allait connaître une diffusion virale sur le net. L’œuvre a frappé les consciences en fusionnant plusieurs thèmes qui se rapportent à l'imaginaire des pandémies : religion, maladie et guerre mondiale. Sa diffusion, au tout début de l’épidémie de Covid-19, la dotait d’une sorte de valeur prophétique, qui en ferait l’une des icônes du Madrid confiné.
<p>L’iconographie pieuse du christianisme voire de la « santería » latino-américaine est au centre de ce collage, qui présente la figure la Vierge, vêtue de la traditionnelle étoffe bleue et coiffée d'un voile crème, soulignée par une guirlande de roses aussi rouges que sa robe, qui dans les icones populaires évoquent la présence des défunts. La maladie est évoquée avec ce virus couronné et luminescent que la Vierge désigne en son sein, qui entretient une parenté à la fois sémantique et graphique avec le sacré cœur et la couronne d'épines du Christ. L'idée que ce virus constitue une menace mortelle saute au regard avec le masque à gaz que porte le personnage, qui laisse néanmoins voir son regard implorant, connectant l’imagerie religieuse à celle de la guerre, et notamment des armes chimiques déployées des Première et Seconde guerres mondiales. <br />L’image suggère ainsi la létalité de l’attaque chimique, aussi menaçante qu’invisible, autant qu’elle fait écho à la phraséologie politique et médiatique de la « guerre contre le virus ». Enfin, la dimension mondiale de ce combat est évoquée par la planète bleue qui coiffe la vierge à la manière d'une auréole, dont les océans couleur cyan font écho au bleu azur du manteau de cette <em>Coronavirgen</em>.</p>
<p>Ernesto Muñiz, artiste multidisciplinaire né à Mexico en 1974 et résidant actuellement en Espagne, a débuté comme photojournaliste avant de se spécialiser dans le collage (papier comme numérique). Ses œuvres, de foisonnants assemblages d’images issues de la culture populaire et jouant avec le répertoire de la contre-culture underground et l’esthétique du kitsch, lui ont conféré une notoriété internationale, qui témoignent du phénomène d’institutionnalisation du <em>street art</em>, bien étudié dans le cas madrilène (Puech, 2014 ; Garcia, 2020 ; Giacomaso <em>et al.</em>, 2022). Muñiz est ainsi représenté par des agents et exposé dans des galeries du monde entier. Pourtant, nombre de ses œuvres ont été censurées sur les réseaux sociaux, et certaines autres ont fait polémique, comme son travail pour les affiches de la série <em>Narcos México</em> produite par Netflix (2019).</p>
<p>La <em>Coronavirgen </em>« fait partie de ma série <em>Altares de Guerrilla</em> (<em>Autels de guerrilla</em>), que j'ai commencé à coller dans les rues vers 2010 », relate l'artiste en évoquant ses débuts professionnels difficiles dans le champ artistique, après son licenciement comme photojournaliste du journal <em>Excelsior </em>de México. Au cours d’un entretien donné à Perla Sánchez pour <em>La Vanguardia </em>en avril 2020, l’artiste explique que dans cette série, « les vierges et les saints perdent leur aura divine pour refléter notre condition d'humains ». Et se surprend que des Madrilènes soient venus disposer des cierges devant des exemplaires de son collage ! On voit ainsi, dans le reportage photo accompagnant <a href="https://www.lavanguardia.com/participacion/retos/20200430/48819759567/coronavirgen-streetart-arte-ernesto-muniz-covid-19-narcos-netflix.html" target="_blank" rel="noreferrer noopener">cet article</a>, <a href="https://www.lavanguardia.com/files/content_image_desktop_filter/uploads/2020/04/29/5fa8fd9550f5f.jpeg">le cliché</a> d’un employé des services de propreté de Madrid ôter respectueusement un cierge posé sur la poubelle au-dessus de laquelle est collée l’affiche, avant d’entreprendre de la décoller du mur… (Sánchez, 2020).</p>
<p>Pourtant, bien que cette œuvre éphémère relève de la pratique illicite du collage d’affiches et intègre la perspective de sa propre destruction dans son propos esthétique (l’arrachage partiel du papier créant d’intéressants effets graphiques), elle n’en prétend pas moins atteindre une certaine pérennité, notamment grâce à sa diffusion en série sur les murs de la ville puis proprement virale, sur les réseaux sociaux —où l’artiste possède divers comptes sous le nom @munizer. L'artiste en a décliné depuis 2020 plusieurs versions et variantes, et elle figure encore en 2022 en bandeau sur ses profil Twitter et Facebook.</p>
<p>Cette iconographie fusionnant les références aux univers de la religion et de la guerre a été développée, durant la pandémie, dans de multiples œuvres de <em>street art</em> réalisées de par le monde : relayées par les médias et les réseaux, elles ont contribué à forger une représentation visuelle globale de cette maladie nouvelle (Mitman, 2020). Objet de travaux universitaires autant que de commandes publiques, d’expositions, de promotion touristique ou de projets d’urbanismes, le <em>street art</em> est aujourd’hui pleinement institutionnalisé —ce qui reviendrait pour certains à dire qu’il est « fini » (Parisi, 2016).</p>
<p>Proclamant fièrement son « je vous salis ma rue » (Grandhomme, 2014), cette <em>Coronavirgen</em>, devenue virale, figure d’ores et déjà dans divers livres recueillant des photographies des « murs du confinement » (Christian et Benhamou, 2020 ; Tapies, 2020), documentant ainsi une partie de la mémoire visuelle urbaine et globalisée de la pandémie.</p>
<p></p>
<p><a href="#_ftnref1"><span></span></a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Mu%C3%B1iz%2C+Ernesto">Muñiz, Ernesto</a>
Compte Instagram @munizer, 12 mars 2020 : <a href="https://www.instagram.com/p/B9osATuqR-A/?utm_source=ig_web_copy_link">https://www.instagram.com/p/B9osATuqR-A/?utm_source=ig_web_copy_link</a>
Page Facebook d'Ernesto Muñiz, 1er mars 2020 : <br /><a href="https://www.facebook.com/ernestomuniz.artistavisual">https://www.facebook.com/ernestomuniz.artistavisual</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-03-12">2020-03-12</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Tous droits réservés : Ernesto Muñiz
<p>Christian, Marie et Benhamou, Cyrille, <em>Les murs du confinement: street art et Covid-19</em>, Bordeaux, Librairie Mollat, 2020, 286 p.</p>
<p>Garcia, Lisa, « Entre ville brouillon et ville chef-d’œuvre : le graffiti et le <em>street art</em> dans la construction du paysage urbain à Madrid, 2015-2020 », <em>HispanismeS. Revue de la Société des Hispanistes Français</em>, n°14, 2019. En ligne : <a href="https://journals.openedition.org/hispanismes/374?lang=es">https://journals.openedition.org/hispanismes/374</a>.</p>
<p>Giacomasso, María Vanesa, Mariano, Mercedes et Conforti, María Eugenia, « Procesos de comunicación urbana en la producción de grafitis. El patrimonio como escenario de disputas », <em>Ánfora: Revista Científica de la Universidad Autónoma de Manizales</em>, vol. 29, n°53, 2022, pp. 214‑242. En ligne : <a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=8512332">https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=8512332</a>.</p>
<p>Grandhomme, Virginie, <em>Je vous salis ma rue</em>, film documentaire, CNRS-Images, 2014, 37 min. En ligne : <a href="https://images.cnrs.fr/video/4167">https://images.cnrs.fr/video/4167</a>.</p>
<p>Mitman, Tyson, « Quand la pandémie inspire le <em>street art</em> », <em>The Conversation</em>, 27 mai 2020, publication originale en anglais le 18 mai 2020. En ligne : <a href="http://theconversation.com/quand-la-pandemie-inspire-le-street-art-139312">http://theconversation.com/quand-la-pandemie-inspire-le-street-art-139312</a>.</p>
<p>Parisi, Vittorio, « Le « <em>street art</em> » est-il fini ? », <em>Cahiers de Narratologie. Analyse et théorie narratives</em>, REVEL, n°30, 2016. En ligne : <a href="http://journals.openedition.org/narratologie/7511">http://journals.openedition.org/narratologie/7511</a>.</p>
<p>Puech, Anne, <em>Street art</em> <em>contestataire et revendicatif en Espagne : formes et pouvoir, d’un engagement esthétique, social et politique contemporain</em>, thèse de doctorat, Université d’Angers, 2014<em>.</em> En ligne: <a href="https://theses.hal.science/tel-01704611">https://theses.hal.science/tel-01704611</a><em><br /></em></p>
<p>Tapies, Xavier, <em>La street art ai tempi del coronavirus. Edizione illustrata</em>, Milan, L’Ippocampo, 2020, 128 p.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<em>De la peste au Covid-19... Mask Story, </em>fresque murale, Caen, avril 2020 <em><br /></em>
<p><strong>Peste soit du Covid ! Art urbain et pandémie</strong></p>
<p>Cette image est la photographie d’une fresque murale réalisée par le <em>street artist</em> français Oré au mois d’avril 2020, en pleine période de confinement due à la pandémie de Covid-19. Cette œuvre de vaste dimensions, localisée à Caen, a également pu être vue sur les réseaux sociaux numériques : l’artiste a relayé sur ses comptes Twitter et Instagram des photos de l’œuvre en cours de réalisation (le 16 avril, avec une publication proposée ici en second document) puis le 20 avril, une fois terminée.<br />Ce post du 20 avril, montrant la fresque terminée, vue de face et sans la présence de l’artiste, est accompagné de cette légende : « Le masque du Docteur de Peste, d'après la gravure de P. Fürst datant du 17ème siècle. Appelé aussi "Docteur Bec". C'est l'origine du fameux masque de carnaval de Venise. De la peste au #COVIDー19... »<br />Ces commentaires indiquent donc quelle est la source d’inspiration directe de cette œuvre, qu’elle copie presque trait pour trait tout en la simplifiant : ne figure ici que la tête du « docteur peste », affublée de son masque en forme de bec d’oiseau (censé protéger des émanations toxiques), d’un vaste chapeau (dont on ne voit que le bord), de petites lunettes et d’un foulard noué autour du cou –autant d’accessoires supposés garantir l’étanchéité prophylactique de cette tenue, aussi légendaire que peu documentée historiquement (voir la description du costume du <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/174" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Médecin de peste</a> dans la salle 1 cette exposition).<br />Le profil original est ici inversé de façon à ce que le regard du personnage soit orienté vers la droite, conformément au sens de lecture occidental. Le personnage semble donc regarder vers l’avenir, et on remarquera que le trait qui figure l’ouverture de son bec esquisse une sorte de demi-sourire où l’on peut percevoir, au choix, grimace ironique ou message d’espoir.<br />Par la monochromie en dégradés de noir, cette fresque évoque l’univers plastique de la gravure ; mais à la précision du trait gravé elle substitue les contours charbonneux dus aux reliefs de la paroi, et la figuration des ombres par de petits aplats successifs réalisés au moyen d’un étroit rouleau télescopique. On notera aussi comment l’œuvre se superpose aux graffitis antérieurement réalisés sur le mur, qu’elle respecte et intègre comme une sorte de socle coloré à ce portrait tronqué du Docteur Bec. L’œuvre finale englobe ainsi non seulement le dessin d’Oré mais aussi le mur dégradé et taggé d’un espace urbain en friche, ainsi que les végétaux qui encadrent l’œuvre sur la photographie: un amas de ronces au pied du mur, les faîtes des arbres affleurant derrière lui sur un ciel de printemps. Dans ce qui apparaît comme un « interstice urbain », les plantes et les graffitis semblent partager un même « élan vital », dit Vittorio Parisi (2019), qui « prend la forme d’une invasion créative de l’espace, une ‘esthétique de l’infestation’ à travers laquelle tant la végétation que les auteurs de graffiti se réapproprient l’environnement bâti ». <br />Enfin, tout comme ces <em>taggeurs</em> illégaux à la graphie caractéristique, Oré signe son œuvre; mais avec un logo très lisible qu’il s’est appliqué à rendre célèbre en le relayant sur les réseaux sociaux. Dans ce post, il prend également soin de titrer la fresque, recourant à une formule bilingue et à des mots-clés (<em>hashtags</em>) en français et en anglais qui ne font pas redondance avec la légende de l’image. Cela dénote une maîtrise des codes de la communication sur les réseaux sociaux et le souhait d’exposition publique de cet artiste, né en 1975 à Évreux, qui a débuté le « tag » à la fin des années 80 et exerce à présent son art de façon professionnelle, quoique plus ou moins anonyme.<br />Dans une autre publication sur Twitter où il montre une œuvre inspirée du Covid en cours de réalisation (un portrait noyé dans la forme rouge d’un virus couronné de tentacules), l’artiste écrit : « Dans cette période sidérante de #COVIDー19, la peinture me sert de catharsis. Cette pandémie révèle aussi violemment les grandes inégalités de notre société (logement, travail, école, santé). Pensée respectueuse à toutes les personnes touchées ». (compte Twitter @ore_urban_art, « <a href="https://twitter.com/ore_urban_art/status/1254750095205163008?s=20&t=9i--g6nH5YcKLBaOWuXRlA" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Pandemia, réalité infectée</a> », 27 avril 2020).</p>
<p>Le street art, malgré son institutionnalisation au sein des pratiques admises de l’art contemporain, conserve-t-il son potentiel critique et contestataire ? Cette œuvre en particulier ne semble pas se « prononcer » sur les aspects politiques de la pandémie, bien que son auteur manifeste par ailleurs un engagement militant continu (notamment contre les violences policières). Elle montre en tout cas comment l’imaginaire graphique de la pandémie de Covid-19 a pu puiser dans les représentations culturelles préalables de la maladie et de la contagion, et en particulier de la peste noire, pour tenter de domestiquer la peur suscitée par un virus inconnu et destructeur. </p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Or%C3%A9">Oré</a>
Site internet de l'artiste : <a href="https://www.artore.org/#WALLS">https://www.artore.org/#WALLS</a>
Compte Twitter de l'artiste : <a href="https://twitter.com/ore_urban_art/status/1252248966344867840?s=20&t=808vY9xwayvgh1MT-Q6LXA">https://twitter.com/ore_urban_art/status/1252248966344867840?s=20&t=808vY9xwayvgh1MT-Q6LXA</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-04-20">2020-04-20</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
Tous droits réservés : Oré
<p>Oré, « Pandemia, réalité infectée », 27 avril 2020, compte Twitter @ore_urban_art, en ligne : <a href="https://twitter.com/ore_urban_art/status/1254750095205163008?s=20&t=9i--g6nH5YcKLBaOWuXRlA.)">https://twitter.com/ore_urban_art/status/1254750095205163008?s=20&t=9i--g6nH5YcKLBaOWuXRlA</a><br /><br /></p>
Parisi, Vittorio, « Entre tags et mauvaises herbes. L’interstice urbain comme expérience esthétique », <em>HispanismeS. Revue de la Société des Hispanistes Français</em>, n°14, 2019. En ligne : <a href="http://journals.openedition.org/hispanismes/360">http://journals.openedition.org/hispanismes/360</a>.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Peinture
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Bibliographie : Recherches sur la fièvre jaune
<p>Le triomphe réservé à leur retour de Barcelone aux médecins de la commission sanitaire m’empêcha pas bon nombre de leurs collègues de douter du bien fondé de leurs conclusions sur la nature de la fièvre jaune et le monde médical continua d’être divisés entre <em>contagionistes</em> (avec Pariset comme chef de file) et <em>anticontagionistes</em> (dont le principal représentant était le docteur Devèze).</p>
<p>Les publications sur cette question se multiplièrent et firent l’objet de multiples annonces et comptes rendus comme ceux de Lassis (qui se rendit à Barcelone quand Pariset et ses compagnons rentrèrent en France, c’est-à-dire, quand l’épidémie était pratiquement terminée) et Rochoux, tous deux anticontagionistes, que l’on trouve dans le numéro du 5 février 1822 de la <em>Gazette de santé </em>partiellement reproduit ci-dessus.</p>
<p>Outre l’étude sur la fièvre jaune qu’il avait pu observer aux Antilles à laquelle il est fait référence dans cet article, Rochoux publia à Paris, au début de 1822, des <em>Recherches sur la fièvre jaune</em> dans lesquelles, bien qu’il se fût séparé de ses collègues dont il ne partageait pas le point de vue sur l’origine et les causes de la propagation de l’épidémie, il continua à se présenter comme « l’un des médecins français envoyés par le gouvernement à Barcelone ». La <em>Gazette de santé</em> reconnût que son travail méritait considération. Mais Rochoux pâtit grandement de la réputation de lâcheté qu’il avait acquise en abandonnant ses compagnons pour, dit-on alors, fuir le péril et renter en France. En fait, après avoir annoncé qu’il se rendrait à Tortosa, il resta à Barcelone où il se livra lui aussi, à l’écart de ses confrères, à des observations sur l’épidémie. Mais ne se releva jamais de ce qui fut unanimement considéré comme une véritable désertion, tant par le monde médical que par l’ensemble des Français.</p>
<p>Malgré les multiples controverses dont cet article de la <em>Gazette de santé </em>n’est qu’un exemple parmi bien d’autres, la théorie de la contagiosité de la fièvre jaune soutenue par les docteurs Bally, François et Pariset dans le rapport qu’ils adressèrent au ministre de l’Intérieur dès leur retour en France en janvier 1822, et dans leur <em>Histoire médicale de la fièvre jaune observée en Espagne, et particulièrement en Catalogne, en 1821, </em>parue l’année suivante ainsi que par Audouard dans sa Re<em>lation historique et médicale de la Fièvre jaune qui a régné à Barcelone en 1821 </em>(Paris 1822) convainquit en France la majorité du corps médical. Du moins jusqu’en 1827 date à laquelle l’Académie royale de médecine (dont Bally et François étaient membres et Pariset avait été nommé par le roi secrétaire perpétuel), au terme de séance houleuses consacrées à l’examen d’une étude extrêmement minutieuse de la fièvre jaune dans le monde réalisée par le docteur Chervin, proclama officiellement le caractère non-contagieux de cette maladie.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=A.+%28membre+d%27une+soci%C3%A9t%C3%A9+de+m%C3%A9decins%29">A. (membre d'une société de médecins)</a>
München, Bayerische Staatsbibliothek -- 4 Med.g. 89 cy-49/50<br /><a href="https://mdz-nbn-resolving.de/details:bsb10054486">Notice du catalogue</a><br /><p>URN : <a href="https://mdz-nbn-resolving.de/urn:nbn:de:bvb:12-bsb10054486-8">https://mdz-nbn-resolving.de/urn:nbn:de:bvb:12-bsb10054486-8</a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1822-02-05">1822-02-05</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
<a href="http://rightsstatements.org/vocab/NoC-NC/1.0/">Domaine public</a>
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Pietas Gallica
<p>A leur retour de mission de Barcelone, les docteurs Bally, François, Pariset et Audouard furent comblés d’honneurs et de récompenses parmi lesquels figura la frappe de la médaille d’or à leur gloire et à celle de « l’infortuné Mazet » reproduite ci-dessus et qui fut l’œuvre de M. Gayrard.</p>
<p>Le mérite d’une telle initiative revint au journal <em>ultra</em> <em>La Quotidienne </em>qui, pour une fois, fut approuvé (non sans ironie) par son rival libéral <em>Le Miroir</em> qui, le 4 novembre 1821, fit paraître cet entrefilet : « GRAND MIRACLE !!! La Quotidienne contenait hier une proposition noble et généreuse : c’est de faire frapper une médaille aux médecins français qui se sont rendus en Catalogne et dont l’héroïque dévouement doit passer à la postérité ». Pour cela fut lancée une souscription dont les modalités furent les suivantes : quiconque aurait versé une somme d’au moins 5 frs. se verrait remettre un modèle en bronze de la médaille et ceux qui auraient fait un don de plus de 20 frs. un modèle en argent, tandis que les noms de tous les donateurs seraient publiés dans le journal<em>. </em></p>
<p>Pour assurer la régularité des opérations, on créa une commission à laquelle participa Chateaubriand. Il fut précisé que « l’excédent de montant de la souscription, après le prélèvement des frais des médailles et de leurs modèles, sera<em>it</em> employés à secourir les Français indigents qui se trouvaient en ce moment à Barcelone ». <em>Le Drapeau blanc</em> (journal royaliste) s’associa à l’initiative de <em>La Quotidienne</em> dont rendirent compte avec enthousiasme <em>La Bibliothèque de famille</em> et la <em>Gazette de santé. </em>A l’étranger la <em>Gazette universelle d’Hesse-Cassel, </em>en Westphalie, non seulement signala le fait à ses lecteurs, mais collecta les souscriptions que ceux-ci voulurent bien lui adresser. <em>La Quotidienne </em>reçut ainsi 527 dons, provenant parfois de lecteurs regroupés, pour un montant total de 5071 francs auxquels vinrent s’ajouter 99 francs déposés par 11 personnes au bureau de la <em>Gazette universelle de Hesse-Cassel. </em>La plus faible participation fut d’un franc, versé par un chef de service au ministère de la Guerre; la plus forte (500 fr.) celle du Ministre de l’Intérieur. <em>La Quotidienne </em>avait ainsi mobilisé presque un de ses abonnés sur huit. Mais on peut s’étonner de l’absence parmi les donateurs de célèbres ultra-royalistes, comme Victor Hugo (qui ne suivit pas en la circonstance l’exemple de son frère Abel) et du peu d’ecclésiastiques qui apportèrent leur obole (sept au total, dont un évêque qui garda l’anonymat, l’aumônier du roi, l’abbé de Bouves, et celui de la duchesse de Berry, l’abbé de Chevanne). Mais à cette remarque près, toutes les classes de la société, tous les états et toutes les catégories sociales répondirent à l’appel de <em>La Quotidienne </em>pour honorer les médecins de la commission médicale envoyée à Barcelone et les sœurs de la charité qui les avaient rejoints.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gayrard%2C+Raymond+%281777-1858%29">Gayrard, Raymond (1777-1858)</a>
<a href="https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/epidemie-de-barcelone-1821#infos-principales">Musée Carnavalet</a>. numéro inv: ND6093
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821">1821</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Dufour<strong>, </strong>Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em>, à paraître.
<p>Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=1345"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.)</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.</p>
Diamètre: 4,7 cm. Poids: 54,65 g
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=latin">latin</a>
Médaille
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Proyecto de reglamento general de sanidad presentado a las Cortes (Projet de règlement sanitaire général présenté aux Cortès)
<p>Comme en France, les mesures d’exception prises en Espagne par les responsables politiques, à la demande des autorités sanitaires locales lors de l’épidémie de fièvre jaune qui sévit en Catalogne en 1821, ne reposaient sur aucune base légale, et s’accordaient mal avec les principes de liberté proclamés dans la Constitution de la monarchie espagnole rétablie en mars 1820. Aussi, au vu du rapport adressé, au terme de leur séjour à Barcelone, par les membres de la commission française au chef politique de la Catalogne (voir document n° 15), ainsi que de divers documents formulés par des institutions ou personnalités médicales espagnoles, le gouvernement de Madrid, à la tête duquel se trouvait Martínez de la Rosa, soumit aux Cortès extraordinaires de 1822 un projet de règlement sanitaire qui fut transmis à la commission ad hoc de cette assemblée et donnait force de loi aux dispositions drastiques d’isolement prises pendant l’épidémie de fièvre jaune en Catalogne et notamment l’établissement d’un cordon sanitaire destiné à séparer les zones contaminées de celles qui ne l’étaient pas. Ce projet fut aussitôt attaqué par les libéraux <em>exaltés</em>, notamment par le député Seoane qui dénonça les mesures « tyranniques » qui avaient alors été prises au détriment des libertés individuelles, du bon fonctionnement du commerce et de l’industrie, tandis que d’aucuns faisaient observer que les cordons sanitaires installés sur le territoire national coûtaient des millions et ruinaient les finances de l’Etat.</p>
<p>La majorité des députés se refusa toutefois à se prononcer sur des considérations exclusivement politiques et préféra s’en tenir (au moins en apparence) à des critères strictement médicaux. Aussi l’assemblée demanda-t-elle officiellement l’avis de sociétés savantes comme les académies ou écoles de médecine de Barcelone, Cadix et autres lieux généralement affectés par des épidémies de fièvre jaune. La commission médicale créée en son sein se chargea donc de présenter aux députés la synthèse des réponses obtenues, ainsi que l’opinion d’éminents médecins <em>anticontagionistes</em> comme l’Espagnol Alonso de María ou le Français Devèze qui exercèrent un véritable <em>lobbying </em>auprès des Cortès, érigées en la circonstance en comité national scientifique dans un domaine où fort peu de ses membres avaient une quelconque compétence.</p>
<p>Lorsqu’il vint fort tardivement en discussion devant les Cortès ordinaires de 1822-1823, sous le gouvernement de San Miguel, les 19 et 20 novembre 1822, ce projet de loi sanitaire fut purement et simplement rejeté. On était loin de l’harmonisation en la matière entre les législations française et espagnole dont avaient rêvé certains.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Cortes+generales+-+Comisi%C3%B3n+de+salud+p%C3%BAblica+%28Espa%C3%B1a%29">Cortes generales - Comisión de salud pública (España)</a>
Biblioteca Nacional de España: VC/1698/40<br /><a href="http://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/bdh0000069304">Notice du catalogue</a><br /><a href="http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000069304&page=1">Biblioteca Digital Hispánica</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1822">1822</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public
Image provenant des fonds de la Biblioteca Nacional de España
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Texte
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Loi relative à la police sanitaire, n° 508, 3 mars 1822.
<p>Le 3 mars 1822 (un mois avant que les troupes du « cordon sanitaire » transformé en « armée d’observation des Pyrénées » ne franchissent la Bidassoa sous les ordres du duc d’Angoulême, pour aller faire régner en Espagne l’ordre bourbonien et rétablir Ferdinand VII dans la plénitude de ses droits supposés, Louis XVIII signa en son palais des Tuileries la <em>Loi relative à la police sanitaire </em>qui donnait une base juridique aux mesures d’exception à prendre en cas d’épidémie.</p>
<p>Ces mesures, et notamment le recours à la force armée, pour empêcher tout individu de sortir de la zone contaminée et ainsi propager la maladie hors de celle-ci, étaient d’ailleurs jusque-là systématiquement appliquées en l’absence de tout cadre légal par les autorités aussi bien en France (où le département de l’Oise où s’était déclarée une épidémie de <em>suette picarde</em> fut coupé pour ce motif du reste du royaume en 1820) qu’en Espagne où Cadix, en 1819, puis Barcelone et Tortosa en 1821, pour cause de fièvre jaune, furent également encerclées par la troupe qui ne laissa entrer ou sortir personne de ces villes. Toutefois, l’établissement d’un « cordon sanitaire » tout le long des Pyrénées, pour préserver la France de ce mal suscita ce que Louis XVIII, dans son discours d’ouverture de la session de 1822 des chambres des pairs et des députés qualifia de « médisance », c’est-à-dire de virulentes critiques parmi les libéraux qui crièrent (non sans motif) à l’utilisation politique d’une mesure prétendument sanitaire.</p>
<p>Pour faire cesser de telles critiques, le gouvernement <em>ultra </em>dirigé par Villèle fit adopter cette loi après des débats qui, dans les deux assemblées, firent une très large place aux arguments médicaux assénés avec force par des parlementaires qui se réclamaient, selon leur appartenance politique, du rapport des membres de la commission sanitaire mandée à Barcelone en 1821, ou des travaux de leurs adversaires <em>anticontagionistes,</em> qui comptaient dans leurs rangs quelques sommités médicales comme le docteur Devèze. Sans surprise, ce texte, qui n’avait évidemment suscité en novembre 1821 aucune critique lors de sa présentation à la chambre des pairs, entièrement nommée par le souverain, fut approuvé par les députés le 22 février 1822 par 219 voix contre 89 conformément à la répartition des sièges entre la droite (royalistes et ultra) et la gauche (libéraux) de l’assemblée.</p>
Bibliothèque Nationale, Gallica <br /><a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb32726274t">Notice du catalogue</a> (périodique)<br /><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6524721s/f221.item">Document numérique</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1822-03-03">1822-03-03</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Texte
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<p>El ‘Soldado de Nápoles’</p>
<p>Ya la primera ola de la gripe que asoló España en la primavera de 1918 —sobre todo en Madrid— hizo nacer aquí un nombre muy particular que no se entendía en ningún otro lugar de los muchos por donde se extendió la pandemia. Entre la población afectada se la comenzó a denominar como ‘El Soldado’, no porque su origen hubiera estado en los cuarteles, sino porque la gripe era tan pegadiza — es decir, tan contagiosa— como la melodía que centraba el cuadro ‘Soldado de Nápoles’ en una zarzuela entonces de moda y que cantaba media España. Era uno de los números musicales de <em>La canción del olvido</em>, obra del maestro José Serrano (1873-1941) que se representaba en marzo del mismo año con gran éxito en el Teatro de la Zarzuela de la capital, aunque su estreno había sido dos años atrás en Valencia.</p>
<p>Se puede escuchar desde <span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=vJDcLEKNQ74">aquí.</a></span> </p>
<p>Esta relación originada en el hablar popular hizo que los principales dibujantes en los diarios dedicaran algunas de sus viñetas al tema del «Soldado de Nápoles» y, con ello, trazaran muy eficazmente el gráfico de la preocupación —al principio, exigua y, más tarde, dramática— que la enfermedad iba tomando en el pueblo llano y en sus dirigentes.</p>
<p>Uno de los primeros autores que acudió a la idea fácil del juego de palabras con el que se traducía la palabra «soldado» fue Lorenzo Aguirre (1884-1942), quien publicó su visión en la página cinco del diario <a href="http://www.memoriademadrid.es/buscador.php?accion=VerFicha&id=48270&num_id=&num_total=576"><em>El Fígaro</em></a> del 14 de septiembre de 1918.</p>
<p>Es —si se quiere ver así— un chiste prosaico y facilón a raíz del juego de palabras que llama a la risa y que todo el mundo entendía a la perfección sin mayor explicación. Todos andaban entonces «con el soldado», es decir, contagiados con la gripe, lo que resultaba comparativamente degradante para cualquier otra clase del escalafón militar que no fuera la más baja.</p>
<p>Este primer chiste gráfico dialogado, de fácil interpretación, refleja al mismo tiempo la desesperación de los médicos que no saben cómo abordar el problema de la epidemia y recurren a soluciones ingeniosas, tan ingeniosas como las situaciones que diseñan los dibujantes.</p>
<p>Con respecto al tipo de dibujo que emplea aquí el autor, la composición de Aguirre conforma una viñeta muy armada y compacta —se nota que es pintor— donde el uso del rayado en una reproducción de grabado por línea le sirve para simular tramas y, con ellas, distintas texturas que dan profundidad a la escena.</p>
<p>Pero a finales de septiembre el «soldado» ya no da risa. Lo que produce es pánico y frustración, y Aguirre, que ya no se toma a broma el tema de la gripe, compone una viñeta en la que alerta de la necesidad de tomar ciertas medidas de manera urgente. <a href="http://www.memoriademadrid.es/buscador.php?accion=VerFicha&id=48281&num_id=1&num_total=576">El día 25</a>, en el mismo diario, publica 'Última hora', una composición acertada de la situación en España donde se ha extendido la pandemia —el soldado yace por toda la geografía patria representada en los carteles— y comienzan a faltar cementerios.</p>
<p>A pesar de la ironía, queda claro el aviso que propone Aguirre en esta composición que desmiente los comunicados oficiales sobre el control de la pandemia y urge a tomar medidas concretas, no ya únicamente en Madrid sino en todo el país.</p>
<p>A juicio de Barreda Pérez (2019), «Lorenzo Aguirre fue depurando sus dibujos, convirtiéndose en un gran sintetista del trazo. Elaboraba unos tipos que servían de arquetipos generales, es decir, personajes que pueden quedar en la memoria popular… convirtiendo a todos estos personajes en protagonistas de sus escenas y significándose como el humorista de rasgos morales. Convirtió su obra en reportajes de su época».</p>
<p>En la misma línea, y con claros indicios de una inspiración ligeramente interpretada del tema, aparece en <em>Heraldo de Madrid,</em> el <a href="http://hemerotecadigital.bne.es/issue.vm?id=0000721755&search=&lang=fr">dos de octubre de 1918</a>, otra viñeta de Sileno (Pedro Antonio Villahermosa Borao, 1869-1945), que, si bien no representa al soldado raso —en su lugar dibuja a un general para dejar claro que la enfermedad ha subido de rango—, insiste a través de los carteles de la poblaciones en la anterior idea de Aguirre y utiliza la palabra «general» para conferir un doble sentido: la más alta graduación militar y la extensión generalizada a todo el país.<br /><br />Estos juegos de palabras serán habituales en las publicaciones de la prensa madrileña de la época —fueran sobre la gripe o no— y, por extensión, en todos los diarios de provincias. Sileno también publicaba en <em>Abc</em> y otras revistas varias (López de Zuazo, 1981: 586).</p>
<strong>"Le Soldat de Naples"<br /><br /></strong><span>La première vague de grippe qui a frappé l’Espagne au printemps 1918 – notamment à Madrid- avait déjà donné naissance ici à un nom très particulier qui n’était entendu nulle part ailleurs où la pandémie s’était propagée. Parmi la population touchée, on commença à l'appeler</span><span> « Le Soldat », non pas parce que son origine se serait trouvée dans les casernes, mais parce la grippe était aussi accrocheuse -c’est-à-dire, aussi contagieuse- que la mélodie au centre du tableau le « Soldat de Naples » d’une zarzuela, alors en vogue </span>et chantée par la moitié de l'Espagne.<span> Il s’agit de l’une des pièces musicales de <em>La chanson de l’oubli</em>, œuvre du compositeur José Serrano (1873-1941) jouée en mars de la même année avec un grand succès au Théâtre de la Zarzuela de la capitale, </span><span>bien que la première ait eu lieu deux ans auparavant à Valence.</span>
<p><span>On</span><span> </span><span>peut</span><span> </span><span>l'entendre</span><span> </span><span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=vJDcLEKNQ74"><strong>ici</strong></a>.</span></p>
<p>Cette relation issue du parler populaire a conduit les principaux dessinateurs des journaux à consacrer certaines de leurs vignettes au thème du « Soldat de Naples » et, ce faisant, à représenter graphiquement, de façon très efficace, l’inquiétude —faible d’abord, puis, dramatique— que la maladie provoquait chez les gens du peuple et leurs dirigeants.</p>
<p>L’un des premiers auteurs à recourir à l’idée facile du jeu de mots par lequel était traduit le terme « soldat » est Lorenzo Aguirre (1884-1942), qui a publié sa vision en page cinq du quotidien <a href="http://www.memoriademadrid.es/buscador.php?accion=VerFicha&id=48270&num_id=&num_total=576"><em>El Fígaro</em></a> du 14 septembre 1918.</p>
<p><span>C’est </span>— si l'on veut — <span>une blague facile et prosaïque à partir du jeu de mots qui provoque le rire et que tout le monde comprenait parfaitement sans qu’il faille plus d’explications. Tout le monde était « comme le soldat » c’est-à-dire infecté par la grippe, ce qui, dans les rangs de l’armée, était en comparaison dégradant </span>pour tous ceux qui n’appartenaient pas à la classe la plus basse.<span style="text-decoration:line-through;"></span></p>
<p>Cette première blague graphique dialoguée, facile à interpréter, reflète en même temps le désespoir des médecins qui <span>ne</span><span> </span><span>savent</span><span> </span><span>pas</span><span> </span><span>comment</span><span> </span><span>aborder</span><span> </span><span>le</span><span> </span><span>problème</span><span> </span><span>de</span><span> </span><span>l'épidémie</span><span> et ont recours à des solutions ingénieuses, aussi ingénieuses que les situations créées par les dessinateurs.</span></p>
<p>En ce qui concerne le type de dessin employé ici par l’auteur, la composition d’Aguirre donne une vignette très bien conçue et compacte <span>—</span><span> </span>on sent qu’il est peintre <span>—</span><span> où l’utilisation des hachures dans une reproduction de la gravure au trait sert à simuler des trames et, avec elles, différentes textures qui donnent de la profondeur à la scène.</span></p>
<p>Mais, fin septembre, le « soldat » ne fait plus rire. Ce qu’il engendre, c’est la panique et la frustration, et Aguirre, qui ne prend plus la grippe pour une plaisanterie, compose une caricature dans laquelle il alerte sur la nécessité de prendre des mesures de toute urgence. <a href="http://www.memoriademadrid.es/buscador.php?accion=VerFicha&id=48281&num_id=1&num_total=576">Le 25</a>, dans le même journal, il publie « Última hora » (Dernière heure), une composition précise de la situation en Espagne, où la pandémie s'est répandue <span>—</span><span> </span>le soldat gît à travers le pays tout entier représenté sur les affiches <span>— </span>et où les cimetières commencent à manquer.</p>
<p>Malgré l'ironie, l'avertissement lancé par Aguirre dans cette composition est clair ; il contredit les déclarations officielles sur le contrôle de la pandémie et exhorte à prendre des mesures concrètes, non plus seulement à Madrid mais dans tout le pays.</p>
<p>Selon Barreda Pérez (2019), « Lorenzo Aguirre a progressivement épuré ses dessins, devenant un grand synthétiste du trait. Il élaborait des types qui servaient d'archétypes généraux, c'est-à-dire, des personnages qui pouvaient rester dans la mémoire populaire... faisant de tous ces personnages les protagonistes de ses scènes et s'imposant comme un humoriste à caractère moral. Il a fait de son œuvre un reportage sur son époque ».</p>
<p>Dans la même lignée, et avec des indices évidents d'une inspiration légèrement interprétée du thème, une autre caricature de Sileno (Pedro Antonio Villahermosa Borao, 1869-1945) apparaît dans l'<em>Heraldo de Madrid</em> le <a href="http://hemerotecadigital.bne.es/issue.vm?id=0000721755&search=&lang=fr">2 octobre 1918</a>. Quoi qu'elle ne représente pas le simple soldat, mais un général pour montrer que la maladie est montée en grade, elle insiste, à travers les panneaux des localités sur l'idée précédente d'Aguirre et utilise le mot « général » pour lui conférer un double sens : le plus haut grade militaire et la propagation généralisée à l’ensemble du pays.</p>
<p>Ces jeux de mots <span>seront</span><span> </span><span>monnaie</span><span> </span><span>courante</span><span> dans</span> les publications de la presse madrilène de l'époque <span>—</span><span> </span>qu'elles traitent ou non de la grippe<span>—</span><span> et</span>, par extension, dans tous les quotidiens de province. Sileno a également publié dans <em>ABC</em> et dans diverses autres revues (López de Zuazo, 1981 : 586).</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Aguirre%2C+Lorenzo+%281885-1942%29">Aguirre, Lorenzo (1885-1942)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Sileno%2C+Pedro+Antonio+Villahermosa+Borao+%281869-1945%29">Sileno, Pedro Antonio Villahermosa Borao (1869-1945)</a>
Hemeroteca Municipal de Madrid <br /><a href="http://catalogos.madrid.es/cgi-bin/hemeroteca?TITN=84301">Notice du catalogue</a><em><br />El Fígaro</em>, <a href="http://www.memoriademadrid.es/buscador.php?accion=VerFicha&id=48270&num_id=&num_total=576">14 septiembre 1918</a><em><br />El Fígaro</em>, <a href="http://www.memoriademadrid.es/buscador.php?accion=VerFicha&id=48281&num_id=1&num_total=576">25 septiembre 1918</a><br /><br />Biblioteca Nacional de España. Hemeroteca digital<br /><a href="http://catalogo.bne.es/uhtbin/cgisirsi/0/x/0/05?searchdata1=biseBNE19940343785%7B016%7D">Notice du catalogue</a><br /><em>Heraldo de Madrid</em>, <a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/viewer?oid=0000721755">2 octubre 1918</a><br /><a href="http://www.bne.es/es/NavegacionRecursiva/Pie/avisoLegal/" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Derechospúblicos BNE</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-09-14">1918-09-14</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-09-25">1918-09-25</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-02">1918-10-02</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gonz%C3%A1lez+D%C3%ADez%2C+Laura">González Díez, Laura</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=P%C3%A9rez+Cuadrado%2C+Pedro">Pérez Cuadrado, Pedro</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Tescari+Santiago%2C+Carmen+%28traduction%29">Tescari Santiago, Carmen (traduction)</a>
Domaine public. <br />- Images 1 et 2: fournies par la Hemeroteca Municipal de Madrid, <br />- Image 3: Image provenant des fonds de la Biblioteca Nacional de España.
<p>González-Díez, Laura y Pérez Cuadrado, Pedro, "L'humour graphique à l'image de la presse quotidienne madrilène pendant la ‘grippe espagnole’ 1918-1919: Aguirre dans <em>El Fígaro". </em>Journée d'Etudes <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585"> </a><em><a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585">L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France -Espagne, XVIIIe – XXIe s.) – II.</a>, </em> UMR TELEMMe, AMU, CNRS, 25 février 2022, MMSH, Aix-en-Provence.</p>
González-Díez, Laura y Pérez Cuadrado, Pedro, "El humor gráfico dialogado en la prensa diaria madrileña durante la ‘gripe española’ (1918-1919). Aguirre en <em>El Fígaro", in</em> <em>El Argonauta Español,</em> 2022, n° 19.<br />A paraître
Barreda Pérez, María Dolores, "Lorenzo Victoriano Aguirre Sánchez", in <em>Gaceta de Bellas Artes</em>, febrero de 2019. Asociación española de pintores y escultores. URL: <a href="Barreda%20P%C3%A9rez,%20Mar%C3%ADa%20Dolores%20(2019).%20Lorenzo%20Victoriano%20Aguirre%20S%C3%A1nchez,%20en%20Gaceta%20de%20Bellas%20Artes,%20febrero%20de%202019.%20Asociaci%C3%B3n%20espa%C3%B1ola%20de%20pintores%20y%20escultores.%20Recuperado%20desde%3A%20%20https%3A//apintoresyescultores.es/lorenzo-victoriano-aguirre-y-sanchez/">https://apintoresyescultores.es/lorenzo-victoriano-aguirre-y-sanchez/ </a>
López de Zuazo Algar, Antonio, <em>Catálogo de periodistas españoles del siglo xx, </em>Madrid<em>,</em> Gráficas Chapado. Universidad Complutense de Madrid, 1981.
<p>41 x 57 cm</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
« Dice una víctima », « Los Biólogos » y el «microbio Pfeiffer»
<p><strong>La ‘gripe española’, entre la risa y el sarcasmo del humor gráfico dialogado en la prensa de Madrid 1918-1919: Luis Bagaria</strong><br /><br />La conocida como ‘gripe española’ fue una pandemia a nivel mundial que asoló —en distintos momentos— a una gran mayoría de los habitantes (hay cifras diversas sobre los millones de víctimas). En España se contabilizan tres olas diferentes entre 1918 y 1919, aunque, en algunos territorios se dieron casos hasta muy entrado 1920.</p>
<p>Como se ha comprobado a posteriori, la epidemia nació en campos militares de Estados Unidos y, a través de los soldados involucrados en la Gran Guerra (La I Guerra Mundial), llegó a Europa y se propagó con rapidez. Los países envueltos en el conflicto utilizaron la censura para ocultar la enfermedad, pero España, que permanecía neutral, pronto vio reflejada en su prensa los efectos devastadores que suponía.</p>
<p>Frente a las preguntas incontestables que el estallido de una pandemia supone (qué es, qué la produce, cómo se cura, etc.), los diarios abordaron el tema, al principio, con la idea de no causar alarma entre sus lectores. Y ya en junio de 1918 abundaban los géneros periodísticos que destacaban el tema. Entre ellos, uno muy habitual entonces que, desde el siglo anterior, se había hecho habitual en todos los periódicos: el humor gráfico dialogado, una especie de viñeta que abordaba los temas, con cierta sorna casi siempre, a partir de un dibujo y los comentarios de los personajes que aparecían en él —con más del 40 por ciento de la población analfabeta (Liébana Collado, 2009: 11), el lenguaje de la imagen, el dibujo y la fotografía suponían un gran atractivo—.</p>
<p>Entre los autores de estos ‘chistes dialogados’ hay que destacar a Sileno y Tovar, en <em>Abc</em> y <em>Heraldo de Madrid;</em> a Aguirre, en <em>El Fígaro;</em> a Auriger, en <em>La Acción;</em> y a Luis Bagaria, en <em>El Sol.</em></p>
<p>Luis Bagaria Bou (1882-1940) fue un dibujante de Barcelona que trabajó para <em>El Sol</em> en Madrid y, más tarde, para <em>La Vanguardia</em> catalana (López de Zuazo, 1981: 57). Está considerado un renovador del género debido a la limpieza de sus trazos y la expresión sintética de sus obras, donde dominaban las líneas curvas que tanto usó (Mihura, 1966: 442).</p>
<p>«Si durante muchos años estuvo olvidado el nombre de Luis Bagaria, sepultado en la lucha cainita de la España enterrada por la otra media, en el sentir de Larra, […] el sarcástico Bagaria habría de convertirse en tema resurrecto y trascendente, a través del ímpetu intelectual de un joven universitario español, el catedrático Antonio Elorza, al dedicarle un cuidadoso y exhaustivo estudio, titulado: 'Luis Bagaria, el humor y la política', penetrante interpretación del liberalismo español, a través de la geometría curva de uno de los más agudos lápices de nuestro periodismo» (Altabella, 1991: 68).</p>
<p>Luis Bagaria publicó su primera viñeta sobre la gripe española el 7 de junio de 1918, en la página tres de <em>El Sol,</em> un trabajo que se corresponde —como decíamos— a la idea de averiguar dónde está el origen del mal que ya afecta a gran parte de la población. En el encuadre, un grupo de biólogos pregunta figuradamente al que entonces consideraban un bacilo por su esencia. Es un trabajo que lleva a la risa por dos sencillas razones: una, por la forma en que Bagaria representa a un bicho de líneas curvas con apariencia de insecto —más que otra cosa—; y dos, por la crítica directa que lanza a los expertos que, en aquel momento, se corresponde con la primera ola de la pandemia.</p>
<p>Cuando la epidemia se hizo más notoria, y aumentaron exponencialmente el número de fallecidos, la preocupación se hizo más patente por el hecho de que determinados sectores de la población siguieran haciendo gala de un optimismo que difícilmente se entendía ya. Es entonces cuando se terminan las bromas y aparece una especie de humor negro, como el que se aprecia en la viñeta de Bagaria que hemos elegido como principal ejemplo de esta referencia. </p>
<p>Para captar la fina ironía del chiste hay que tener en cuenta cómo en Madrid, el 14 de octubre de 1918 —en plena segunda ola—, día de la publicación en la portada de <em>El Sol,</em> aún no se habían tomado medidas enérgicas porque las autoridades sanitarias pensaban que la epidemia estaba ahora afectando sobre todo «en provincias». Ya ese mismo día 14, en su página cuatro, bajo el título ‘Los estragos de la epidemia’, el mismo diario informaba de las primeras medidas en la capital de España.</p>
<p>La crítica a la inacción vuelve a la obra de Bagaria en la última referencia que el autor hace a la enfermedad, el día 18 del mismo mes, en la página cuatro, donde otra representación del microbio Pfeiffer se regodea de lo bien que le va en España y «cómo engorda sin que nadie le moleste».</p>
<strong>La "grippe espagnole", entre le rire et le sarcasme de l'humour graphique dialogué dans la presse de Madrid en 1918-1919: Luis Bagaria</strong><br /><br /><p>Ce que l’on connaît sous le nom de « grippe espagnole » fut une pandémie à l’échelle mondiale qui faucha — à différents moments — une très large partie de la population (il y a divers chiffres sur les millions de victimes). On comptabilise pour l’Espagne trois vagues distinctes entre 1918 et 1919, bien que des cas aient été avérés dans certaines régions courant 1920.</p>
<p style="text-align:justify;">Comme cela a été démontré a posteriori, l’épidémie est née dans des campements militaires aux Etats-Unis et, par l’entremise des soldats ayant pris part à la Grande Guerre (la Première Guerre mondiale), elle arriva en Europe et s’y propagea rapidement. Les pays impliqués dans le conflit utilisèrent la censure pour occulter la maladie, mais en Espagne, demeurée neutre, ses effets dévastateurs furent rapidement visibles dans la presse.<br /><br />Face aux questions qu’entraîne obligatoirement le déclanchement d’une épidémie (de quoi s’agit-il, quelle en est la cause, quels sont les remèdes, etc.), les journaux abordèrent le sujet, initialement, avec l’intention de pas alarmer leurs lecteurs. Dès juin 1918, de nombreux genres journalistiques sont mobilisés pour traiter de la question. Parmi ceux-là, il s’en trouve un alors particulièrement usuel alors et qui depuis le siècle antérieur était monnaie courante dans tous les périodiques : l’humour graphique dialogué, une espèce de vignette qui aborde les sujets, presque toujours sur le ton de la moquerie, en combinant un dessin et les commentaires des personnages qui y sont représentés. Avec une population à 40 % analphabète (Liébana Collado, 2009: 11), le langage de l’image, le dessin et la photographie offraient un grand attrait.<br /><br />Parmi les auteurs de ces « plaisanteries dialoguées » se distinguent Sileno et Tovar, pour <em>ABC</em> et <em>Heraldo de Madrid</em> ; Aguirre, pour <em>El Fígaro</em><em>;</em> Auriger, pour <em>La Acción</em><em>;</em> et Luis Bagaria, pour <em>El Sol.<br /><br /></em>Luis Bagaria Bou (1882-1940) fut un dessinateur barcelonais qui travailla pour <em>El Sol </em>à Madrid et, plus tard, pour <em>La Vanguardia </em>catalane (López de Zuazo, 1981: 57). On le considère comme celui qui renouvela le genre par la pureté de son trait de crayon et le caractère synthétique de ses œuvres, où dominent les lignes courbes qu’il a tant utilisées. « Si pendant de nombreuses années le nom de Luis Bagaria fut oublié, enseveli dans la lutte fratricide de l’Espagne enterrée par son autre moitié, comme disait Larra, […] le sarcastique Bagaria allait ressusciter et devenir un sujet capital, grâce à la fougue intellectuelle d’un jeune universitaire espagnol, le professeur Antonio Elorza, qui lui consacra une étude rigoureuse et exhaustive, intitulée : ‘Luis Bagaria, l’humour et la politique’, pénétrante interprétation du libéralisme espagnol, à travers la géométrie courbe de l’un des crayons les plus affilés de notre journalisme » (Altabella, 1991 : 68). </p>
<div>Luis Bagarria publia son premier dessin le 7 juin 1918, en page 3 de <i>El Sol</i>, un travail visant —comme nous le disions— à déterminer l’origine du mal qui affectait déjà une ample partie de la population. Dans l'encadré, un groupe de biologistes interroge <span>celui qu’ils considéraient à l’époque comme d’origine bactérielle</span>. Ce travail provoque le rire pour deux raisons simples: d'abord, par l'allure que donne Bariaga à une bestiole aux lignes courbes et aux apparence d'insecte; ensuite par la critique directe qu'il adresse aux experts lors de ce qui correspond à la première vague de la pandémie</div>
<p style="text-align:justify;">Lorsque l’épidémie devint plus notoire et que le nombre de morts augmenta de manière exponentielle, l’inquiétude s’accentua car plusieurs secteurs de la population faisaient toujours montre d’un optimisme difficile à comprendre à ce stade. C’est alors que les plaisanteries s’effacent et qu’apparaît une sorte d’humour noir, comme en témoigne le dessein de Bagaria que nous avons choisie ici comme principal exemple.</p>
<p>Pour capter la fine ironie de cette plaisanterie, il faut tenir compte du fait qu’à Madrid, le 14 octobre 1918 —en pleine deuxième vague—, jour de sa publication à la une de <em>El Sol, </em>aucune mesure énergique n’avait encore été prise par les autorités sanitaires qui pensaient que l’épidémie sévissait alors surtout « en province ». Ce même 14 octobre, en page 4, sous le titre « les ravages de l’épidémie », ce même journal rendaient compte des premières mesures adoptées dans la capitale.</p>
<p style="text-align:justify;"></p>
<p></p>
<p style="text-align:justify;">La dénonciation de cette inaction est à nouveau présente dans l’œuvre de Bagaria dans la dernière référence faite par l’auteur à la maladie, le 18 du même mois, en page quatre, où le microbe Pfeiffer, représenté sous une autre forme, se félicite de sa réussite en Espagne et du fait « qu’il grossit sans que personne ne le gêne ».</p>
<p></p>
<p style="text-align:justify;"></p>
<p></p>
<p></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bagaria+Bou%2C+Luis%2C+en+el+diario+%3Cem%3EEl+Sol%3C%2Fem%3E+%281917-1936%29">Bagaria Bou, Luis, en el diario <em>El Sol</em> (1917-1936)</a>
<p>Biblioteca Nacional de España. <a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/card?sid=181721">Hemeroteca Digital</a><br /><a href="http://catalogo.bne.es/uhtbin/cgisirsi/0/x/0/05?searchdata1=biseBNE19960005982%7B016%7D">Notice du catalogue</a></p>
<p>Permalien document: <em>El Sol, </em><a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=9ade05af-36b1-4e4b-9eff-fff97db00673">14 de octubre de 1918</a>.<br />Permalien document:<em> El Sol</em>, <a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=c4721244-61cf-46be-aaeb-f09ed45e982f">7 de junio de 1918</a>.<br />Permalien document:<em> El Sol, </em><a href="https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/viewer?id=ac115b3d-f4fb-4542-9e28-c8c33e765c4b">18 de octubre de 1918</a><em>.</em></p>
<a href="http://www.bne.es/"></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-14">1918-10-14</a>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1918-10-18">1918-10-18</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gonz%C3%A1lez+D%C3%ADez%2C+Laura">González Díez, Laura</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=P%C3%A9rez+Cuadrado%2C+Pedro">Pérez Cuadrado, Pedro</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Larriba%2C+Elisabel+%28traduction%29">Larriba, Elisabel (traduction)</a>
Images provenant des fonds de la Biblioteca Nacional de España<br /><a href="http://www.bne.es/es/NavegacionRecursiva/Pie/avisoLegal/" target="_blank" rel="noreferrer noopener">Derechospúblicos BNE</a>
González-Díez, Laura y Pérez Cuadrado, Pedro (2022), "L'humour graphique à l'image de la presse quotidienne madrilène pendant la ‘grippe espagnole’ 1918-1919: Aguirre dans <em>El Fígaro", </em>en la Journée d'Etudes <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585"> </a><em><a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585">L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France -Espagne, XVIIIe – XXIe s.) – II.</a>, </em> UMR TELEMMe, AMU, CNRS, 25 février 2022, MMSH, Aix-en-Provence.
Laura González-Díez y Pérez Cuadrado, Pedro, "El humor gráfico dialogado en la prensa diaria madrileña durante la ‘gripe española’ (1918-1919): Aguirre en <em>El Fígaro</em>", in <em>El Argonauta Español</em>, 2022, n°19, à paraître.
<span>Altabella,</span><span> José, "Fuentes en torno a la caricatura y el humorismo en el periodismo español", in AA.VV. <em>150 años de prensa satírica,</em> Ayuntamiento de Madrid, Concejalía de Cultura, 1991, pp. 59-68. </span>
Liébana Collado, Alfredo, "La educación en España en el primer tercio del siglo xx: la situación del analfabetismo y la escolarización", in <em>Cuadernos de U.M.E.R,</em> núm. 58. Conferencia pronunciada en la Universidad de Mayores Experiencia Recíproca, Madrid, 2009.
López de Zuazo Algar, Antonio, <em>Catálogo de periodistas españoles del siglo xx, </em>Madrid<em>, Gráficas Chapado, </em> Universidad Complutense de Madrid, 1981.
Mihura, Miguel, <em>Periodismo de humor,</em> in<em> Enciclopedia del Periodismo (4ª edición revisada)</em>, Barcelona-Madrid, Editorial Noguer, 1966, pp. 435-449.
410 x 570 mm
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Protesta del médico fiscal (Protestation du médecin procureur)
<p>Face à la fièvre jaune, le corps médical se divisa, en France comme en Europe, aux Etats-Unis d’Amérique ou au Canada, entre <em>contagionistes</em> et <em>anticontagionistes </em>qui s’affrontèrent, dans des polémiques, qui dépassèrent parfois les limites de la confrontation scientifique de bon aloi, sur les causes de la propagation de la maladie et par conséquent les moyens de l’éradiquer.</p>
<p>L’un des plus virulents tenants de la thèse anticontagioniste fut le docteur Jean Leymerie. Cet ancien médecin-chef de l’hôpital Saint-Jacques à Paris, avait renoncé à la nationalité française pour devenir citoyen des Etats-Unis d’Amérique et s’était installé à Madrid où il exploitait une société de bains. Ardant libéral, il avait publié en 1820 un ouvrage intitulé <em>La medicina constitucionalizada y revolucionada por las ciencias exactas o la muerte de los falsos médicos </em>(la médecine constitutionalisée et révolutionnée par les sciences exactes ou la mort des faux médecins) qui ne laissait aucun doute sur son engagement politique. Malgré cela, et bien qu’il ne fût plus sujet de S. M. Louis XVIII, il obtint en octobre 1821 de l’ambassadeur de France en Espagne, le comte de Lagarde (qui ne tarda guère à se repentir de sa décision) des fonds qui lui permirent de rejoindre les médecins envoyés à Barcelone pour observer l’épidémie de fièvre jaune qui s’y était déclarée.</p>
<p>S’il prétendit avoir assisté jusqu’à son ultime soupir le docteur Mazet, victime selon lui « du grand Pariset » (alors qu’il n’arriva à Barcelone que quelques jours après le décès de son jeune collègue), ses rapports avec les « médecins du roi de France » (comme on les qualifia parfois) furent exécrables, notamment avec Pariset qui lui aurait déclaré, à bout d’arguments, qu’à tout ce qu’il dirait, ils déclareraient, eux, que cela n’était pas vrai et que l’on les croirait, eux, et pas lui.</p>
<p>Il attendit le départ de Barcelone des membres de la commission sanitaire française de retour en France pour publier, en janvier 1822, l’opuscule intitulé <em>Protesta del médico fiscal… </em>dont on peut voir ci-dessus la première page. Se disant abusivement avoir été commissionné par la France et les Etats-Unis d’Amérique pour observer l’épidémie qui sévissait à Barcelone il s’en prenait violemment à ses collègues et notamment à Pariset qu’il accusait (non sans raison) d’avoir accompli une mission plus politique que médicale. Cet ouvrage eut d’autant plus de retentissement que le secrétaire du consulat de Barcelone y répondit dans une longue réfutation publiée dans un supplément au <em>Diario de Barcelona </em>qui eut surtout pour effet d’attirer l’attention du grand public sur un opuscule dont, sans cela, il n’aurait jamais eu connaissance. L’ouvrage resta ignoré en France, mais contribua en Espagne (malgré les nombreux honneurs qui leurs furent rendus) à dégrader l’image des membres de la commission sanitaire française et est l’exemple le plus achevé des luttes qui divisèrent alors le corps médical.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Leymerie%2C+Jean">Leymerie, Jean</a>
Biblioteca de Catalunya, Res 504/15-4º. <br />Numérisé par <a href="https://books.google.fr/books?vid=BNC:1001967484&printsec=frontcover&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false">Google Livres</a>.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-12">1821-12</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public.
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Texte
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Bulletin sanitaire. (Lettres du docteur Bally)
<p>Au cours de leur mission à Barcelone pour y observer l’évolution de l’épidémie de fièvre jaune, en déterminer l’origine et la nature et trouver un traitement susceptible de la vaincre, les docteurs Pariset, Bally, François et Audouard ainsi que la sœur Saint-Vincent de l’ordre de Saint-Camille écrivirent pas moins de 80 lettres dont le contenu, partiel ou total, fut communiqué à la presse (de Paris comme de province) par leurs destinataires (épouses de Mazet et de François, amis et relations des médecins, supérieure de la congrégation parisienne de Saint-Camille), sans doute incités à cela par les autorités gouvernementales voire le souverain lui-même car on imagine mal, comme c’est le cas dans le document reproduit ci-dessus, la princesse Louise de Bourbon-Condé, prieure du couvent du Temple, aller spontanément communiquer à un journal (surtout le très libéral <em>Constitutionnel </em>!) une missive adressée par son médecin attitré, le docteur Bally.</p>
<p>Les périodiques de toutes les opinions bénéficièrent de telles communications qui parfois furent faites simultanément à des organes de presse de tendances diamétralement opposées (comme ce fut notamment le cas de la lettre de Pariset à son épouse en date du 24 octobre 1821 annonçant le décès de Mazet qui parut simultanément le 4 novembre dans <em>Le Constitutionnel </em>et <em>Le Courrier français –</em>libéraux<em>– ainsi que Le Journal</em> <em>des</em> <em>débats –</em>ministériel<em>–</em> et <em>Le Journal de Paris, </em>ultra). Par ailleurs, selon l’usage du temps, les feuilles qui n’avaient pas bénéficié d’une telle largesse ne manquèrent pas de reprendre dans leurs colonnes (en en citant ou non la provenance) les textes publiés par leurs confrères. C’est ainsi que certaines de ces missives comme celle qu’envoya son mari à Mme Pariset le 26 octobre 1821, figurèrent dans des publications aussi diverses que la <em>Gazette de santé,</em> <em>Le Journal des débats, Le Courrier français, Le Journal de Paris, Le Constitutionnel, Le Moniteur Universel,</em> le J<em>ournal du Cher</em>, et <em>Le mémorial bordelais</em>.</p>
<p>Les membres de la commission sanitaire envoyée à Barcelone par le gouvernement français devinrent ainsi les correspondants de presse de leur propre mission, ce qui donna à leurs témoignages une marque d’authenticité auquel les lecteurs n’étaient guère habitués à une époque où il était notoire que bon nombre des « lettres particulières » (notamment en provenance de l’étranger) étaient écrites dans les locaux mêmes du journal qui prétendait les avoir reçues.</p>
<p>Cette correspondance, qui tint en haleine la France entière anxieuse du sort réservé aux autres médecins après la mort du jeune Mazet contribua amplement à forger la légende de leur dévouement dans la lutte de ce que l’on ne tarda pas à appeler la « peste » de Barcelone.</p>
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Bibliothèque nationale de France: Arsenal <span>FOL-JO-240<br /></span><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p">Notice du catalogue (périodique)</a><br /><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6503583">Document numérique</a> (exemplaire du 18 novembre 1821)<br /><span>Identifiant :<a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6503583" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k6503583</a></span><span><br /></span>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-11-18">1821-11-18</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-11-08">1821-11-08</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
Dufour, Gérard, « <em>Le dévouement mal payé d’un journaliste français, </em><em>Lucien Bousquet-Deschamps, </em><em>lors de l’épidémie de fièvre jaune de Catalogne de 1821. »,</em> <em>communication présentée lors de la Journée d’études </em><em><a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585">L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.) II</a>, </em>MMSH, Aix-en-Provence, 25 février 2022.
<p>Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=1345"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.)</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Arrivée des Médecins Français et des sœurs de Saint- Camille à Barcelone
<p>Envoyées par leur supérieure<em>, </em>Madeleine Mauroie, avec l’autorisation au moins tacite du gouvernement français, deux religieuses de la communauté parisienne de Saint-Camille, soeur Joseph et sœur Saint-Vincent ( Joseph Morelle et Anne Merlin dans le monde) vinrent rapidement rejoindre les membres de la commission sanitaire mandés à Barcelone par le ministre de l’Intérieur pour déterminer les causes de l’épidémie de fièvre jaune qui y sévissait et les moyens d’endiguer la maladie.</p>
<p>La lithographie de Langrume reproduite ci-dessus ne correspond nullement à la réalité car les médecins pénétrèrent dans une ville déserte et les religieuses n’arrivèrent que plusieurs jours après eux, début novembre. Mais, dans l’opinion publique, leurs sorts furent associés, et le dévouement de ces faibles femmes, mues uniquement par l’amour de Dieu et du prochain, fut souvent l’objet d’une admiration encore plus vive que celle dont furent l’objet les médecins eux-mêmes.</p>
<p>En réalité, leur rôle fut assez effacé : l’une d’elle (sœur Saint-Vincent) atteinte de la maladie, ne sortit pas du consulat de France à Barcelone, et l’autre fut affectée à l’hôpital du Séminaire où, selon le docteur Audouard, les risques de contagion étaient moindres qu’en ville.</p>
<p>Grâce, notamment, à la publication dans la presse des lettres que sœur Saint-Vincent adressa à leur supérieure, ces religieuses n’en acquirent pas moins une gloire prodigieuse qui fit d’elles des héroïnes de romans comme <em>La Sœur de Saint-Camille ou la Peste de Barcelone </em>du chevalier de Propiac (Paris, 1822) et <em>Les Sœurs de Saint-Camille ou Lettres de Julie à Sophie </em>du chevalier Blanc-Saint-Bonnet (Paris, 1823) tandis que les poètes leur prodiguaient louanges et hommages. Ainsi, cette congrégation, dont on ignorait jusque-là jusqu’au nom (puisque l’on parla généralement de l’ordre de Sainte-Camille) et qui ne figurait pas parmi la liste de celles qui étaient établies à Paris publiée par l’<em>Almanach ecclésiastique </em>ou l’<em>Almanach du clergé</em>, acquit ainsi du jour au lendemain une célébrité qui lui permit, grâce à l’abondance des dons qui lui furent adressés, d’échapper à une faillite imminente. Cette retombée financière du dévouement de ces religieuses poussa même un abbé indélicat, nommé Méricot, à prétendre quêter pour elles, alors qu’il gardait par devers lui le produit de sa collecte, provoquant la dénonciation indignée dans les journaux de la supérieure et la réprobation unanime des sujets de S. M.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Langlum%C3%A9%2C+Pierre+%28lithographe%29">Langlumé, Pierre (lithographe)</a>
Bibliothèque municipale de Lyon: 340274 - T02<br /><a href="https://books.google.fr/books?id=mv4MD4Yp5csC&dq=editions%3AQoL0cLohV5IC&hl=fr&pg=PA3#v=onepage&q&f=false">Numérisé par Google</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-11">1821-11</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public.
<p>Hoffmann, Léon-François, <em>La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration</em>, New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches. <a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666">http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666</a></p>
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
Dufour, Gérard, « Le dévouement mal payé d’un journaliste français, Lucien Bousquet-Deschamps, lors de l’épidémie de fièvre jaune de Catalogne de 1821. », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.) II</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 25 février 2022.
Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=1345"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.)</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Mort de Mazet
<p>L’annonce de la mort du plus jeune des médecins envoyés à Barcelone par le gouvernement français pour observer l’épidémie de fièvre jaune, le docteur André Mazet, qui n’était âgé que de 25 ans et avait été contaminé en auscultant un malade, bouleversa une opinion publique tenue en haleine sur son sort par une presse qui annonça, démentit, puis confirma son décès.</p>
<p>De Monsieur, le comte d’Artois, frère du roi, qui fit parvenir à la mère du défunt une somme de 2 000 francs pour l’aider à subvenir à ses besoins, au modeste employé qui contribua pour quelques francs à l’une des collectes qui furent organisées en faveur de celle dont le fils avait sacrifié sa vie en soignant ses semblables ou pour ériger un monument en mémoire de ce héros, chacun voulut contribuer à rendre hommage à son abnégation.</p>
<p>Les hommes de lettres (surtout les poètes, mais aussi des romanciers) en firent un héros national et peintres et dessinateurs ne furent pas en reste. C’est ainsi qu’au salon de peinture de 1822, le public put contempler deux œuvres ayant pour thème la mort de « l’infortuné Mazet », l’une de Xavier Le Prince, l’autre d’Augustin Vinchon dont fut tirée la gravure publiée en hors-page dans les <em>Annales du Musée et de l’école moderne des Beaux Arts. Salon de 1822</em> reproduite ci-dessus.</p>
<p>La scène, imaginée par l’artiste à partir de ce qui fut rapporté dans les journaux, contient des éléments sinon réels, du moins plausibles, comme la présence de deux femmes voilées dont l’une tient dans ses bras le moribond (les sœurs de l’ordre de Saint-Camille venues se mettre au service des membres de la commission sanitaire) et du jeune homme effondré de désespoir au pied du lit (le journaliste Bousquet-Deschamps, qui s’était réfugié en Espagne pour échapper à la rigueur de la justice et s’était lui aussi mis à la disposition des « médecins du roi de France » comme on disait alors). En revanche, celle, sur le pas de la porte, d’un prêtre portant le viatique accompagné d’un enfant de chœur ne relève que de la volonté de l’artiste de rendre plus édifiant encore le trépas de Mazet car aucun témoin des derniers jours de celui-ci n’a rapporté qu’il avait rendu l’âme muni des sacrements de l’Eglise. En outre, on observe avec quelque étonnement la présence, dans une pièce contiguë, d’une femme en train de se reposer et surtout l’absence des autres médecins de la commission : Pariset (qui affirma avoir assisté son malheureux disciple jusque dans ses derniers moments), Bally ou François.</p>
<p>L’œuvre n’en connut pas moins un vif succès auprès du public, sans convaincre toutefois la critique de sa qualité. Ainsi <em>L’Observateur et Arlequin aux Salons </em>après avoir rendu compte de cette toile et de celle de Bessalière intitulée <em>Les médecins français à Barcelone, </em>déclara sans ambages : « Il y a toujours du mérite pour un peintre à rappeler des traits qui honorent sa nation et l’humanité ; aussi, quoique ces deux derniers tableaux laissent à désirer sous le rapport de l’exécution, ils doivent cependant attirer à leurs auteurs les suffrages du public. » Rendre hommage à la mémoire de Mazet pouvait être un devoir pour un artiste ; c’était surtout une garantie de succès.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Vinchon%2C+Auguste-Jean-Baptiste+%28peintre%29">Vinchon, Auguste-Jean-Baptiste (peintre)</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=R%C3%A9veil%2C+Etienne+Achille+%28graveur%29">Réveil, Etienne Achille (graveur)</a>
Bibliothèque nationale de France: D<span>épartement Littérature et Art, V-24758<br /></span><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb424522026">Notice du catalogue</a><br /><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5488376t/f19.item">Document numérique</a><br /><span>Identifiant <b>: </b></span><span></span><span><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5488376t" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k5488376t</a></span>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1822">1822</a>
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Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
<span>Hoffmann, Léon-François, </span><em>La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration</em><span>, New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches. </span><a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666">http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666</a>
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
Dufour, Gérard, « Le dévouement mal payé d’un journaliste français, Lucien Bousquet-Deschamps, lors de l’épidémie de fièvre jaune de Catalogne de 1821. », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.</em>)</a><em>, </em>MMSH, Aix-en-Provence, 25 février 2022.
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Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
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Commission des médecins français
<p>Comme en 1804 et 1819 quand s’était déclarée à Cadix une épidémie de fièvre jaune, le gouvernement français dépêcha à Barcelone, en octobre 1821 une commission médicale pour déterminer l’origine de la maladie, observer son évolution et déterminer les moyens les plus efficaces de lutter contre elle. Elle fut composée des docteurs Pariset et Mazet (qui avaient effectué la mission de 1819 à Cadix), Bally, François et Rochoux, qui furent envoyés par le ministère de l’Intérieur, et furent rapidement rejoints par le médecin militaire Audouard, dépêché par celui de la Guerre.</p>
<p>Peu après leur arrivée, alors que le docteur Rochoux, horrifié par l’ampleur du fléau, se sépara de ses compagnons, sans toutefois prendre, comme on le crut alors, le chemin du retour. Mazet succomba à la maladie qu’il avait contractée en visitant un malade, bouleversant l’opinion publique française par son sacrifice (cf. document n° 9).</p>
<p>Tandis que Rochoux fut présenté dans la presse comme un déserteur, ses confrères furent encensés comme des héros au service de l’humanité et eurent droit à la consécration suprême de l’époque : voir leurs portraits ou leurs faits et gestes reproduits dans des gravures que collectionnaient les classes moyennes pour en faire des albums ou en tapisser les murs de leurs demeures.</p>
<p>L’estampe ci-dessus, réalisée par Besselière en 1821 (tandis que les médecins français se trouvaient à Barcelone) et lithographiée par Engelmann, représente au premier plan les docteurs Bally, François et Pariset et, à l’arrière-plan, le docteur Audouard, réalisant l’autopsie d’un cadavre en présence de quelques personnes. En revanche, elle ne fait pas état des deux religieuses de l’ordre de Saint-Camille, d’un étudiant en chirurgie de Montpellier, Jouarry, ainsi que d’un jeune journaliste qui avait fui la France pour échapper aux diverses peines auxquelles il avait été condamné pour motifs politique, Lucien Bousquet-Deschamps, qui s’étaient mis à la disposition des médecins pour soigner les malades et, à ce titre, avaient pleinement intégré la commission sanitaire comme le reconnut d’ailleurs le gouvernement en faisant voter par les chambres, en 1822, (sauf pour Bousquet-Deschamps) une pension viagère destinée à récompenser leur dévouement.</p>
<p>La scène est censée se passer au consulat de France à Barcelone où Pariset, Bally et François s’étaient installés mais le décor représenté (d’un grand, voire trop grand classicisme) est sans doute dû à l’imagination du dessinateur, qui prit également quelque liberté en montrant en arrière-plan (sans doute pour ménager la sensibilité du public) la dissection d’un corps par Audouard alors que celui-ci ne pratiqua les nécropsies qu’à l’hôpital du Séminaire. Mais ce serait une erreur de voir une critique à l’égard des trois médecins qui discourent tandis que le quatrième se livre, peut-être au péril de sa vie, à cet examen clinique <em>post mortem</em> : comme l’indique le titre de la lithographie, il s’agissait de rendre hommage à l’ensemble des membres de la commission. Et de rien d’autre.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=+Besseli%C3%A8vre%2C+Claude-Jean.+Lithographe"> Besselièvre, Claude-Jean. Lithographe</a>
Bibliothèque nationale de France :<span><span>RESERVE QB-201 (170)-FT 4 [Hennin, 14184</span></span>
<p class="notice"><a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb41445987q">Notice du catalogue</a> (recueil)<br /><span class="notice-label">Notice n° : </span><span><span> FRBNF41510989<br />Document numérique: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6945154d">IFN-694515</a></span></span><br /><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb41445987q"></a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821">1821</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour<strong>, </strong>Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII </em>(à paraître).
Dufour, Gérard, « Le dévouement mal payé d’un journaliste français, Lucien Bousquet-Deschamps, lors de l’épidémie de fièvre jaune de Catalogne de 1821», communication présentée lors de la Journée d’études <em><a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=10585">L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.) II</a></em>, MMSH, Aix-en-Provence, 25 février 2022.
<p>Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=1345"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.) I</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Lecture des journaux aux Tuileries
<p>La deuxième lithographie (due à Marlet) présentée dans les <em>Nouveaux tableaux de Paris</em>, œuvre parue en 1821 ou 1822, sans indication de nom d’auteur, de date ni de lieu et qui alliait au pittoresque des gravures le charme des descriptions littéraires, représentait « La lecture des journaux aux Tuileries » et était accompagnée en regard du commentaire suivant : « De tous les lecteurs de journaux, il n’en est pas un seul sur qui cette manière de commencer la journée n’exerce une grande influence. Où est-il le temps où le prince des feuilletons, feu Geoffroy, et Geoffroy tout seul, occupait l’oisiveté de tant de badauds ! Pourvu que ce public railleur eût tous les matins un pauvre auteur à dévorer avec son chocolat, il rentrait satisfait chez lui. Maintenant il veut des batailles, des constitutions, des tremblements de terre, la fièvre jaune ou les élections. »</p>
<p>L’épidémie de fièvre jaune qui ravagea la Catalogne espagnole d’août 1821 à janvier 1822, fut effectivement l’un des sujets les plus fréquemment abordés par la presse pendant cette période et, de façon apparemment paradoxale, bien davantage en France qu’en Espagne à partir du début du mois d’octobre.</p>
<p>En effet, si les deux quotidiens de Barcelone (le <em>Diario</em> et le <em>Diario constitucional</em>) consacrèrent chaque jour une rubrique à l’état sanitaire de la ville, en fournissant les statistiques des morts, malades hospitalisés et convalescents et en publiant les mesures prises par les autorités pour lutter contre l’expansion du mal (cfr. document n° 3), les principaux journaux madrilènes à diffusion nationale (La <em>Gaceta de Madrid</em> ou <em>El Universal</em>, par exemple) ne firent, au mieux, état de la synthèse des statistiques des décès enregistrés qu’une fois par semaine et ne rendirent compte des dispositions sanitaires destinées à enrayer la propagation du fléau que dans la mesure où elles pouvaient affecter les habitants de la capitale du royaume. Quant à la presse régionale ou locale, elle manifesta une indifférence pratiquement totale à l’égard des terribles ravages causés par l’épidémie notamment à Barcelone et à Tortosa, et, par exemple, pendant toute la période où l’infection fit ses ravages dans la province voisine, le <em>Diario constitucional de Zaragoza </em>ne daigna informer ses lecteurs sur ce sujet qu’en une seule circonstance, lorsque l’épidémie atteint Mezquinenza, aux portes de l’Aragon.</p>
<p>Pour <em>La Ruche d’Aquitaine, </em>journal ultra si oncques en fut, ce manque d’information de la presse espagnole sur la situation sanitaire en Catalogne était dû à la volonté délibérée des <em>libéralès </em>d’éviter de rendre l’hommage qui leur était dû aux ecclésiastiques qui payèrent un lourd tribut en assistant les victimes de la maladie. L’explication est plus qu’hasardeuse et cette relative indifférence est sans doute due à deux phénomènes, nullement exclusifs l’un de l’autre : d’une part, l’accoutumance aux épidémies de fièvre jaune qui sévissaient très régulièrement dans le royaume, notamment en Andalousie ; et d’autre part, le souci de ne pas affoler l’ensemble d’une population déjà fort inquiète de l’évolution de la situation politique vers une guerre civile qui s’annonçait inévitable.</p>
<p>En France en revanche les journalistes trouvèrent de quoi faire pleurer Margot et flatter l’orgueil national quelque peu en berne depuis les défaites militaires de Napoléon en faisant de véritables héros des médecins envoyés par le gouvernement à Barcelone fin septembre 1821 pour déterminer l’origine de la maladie, observer son évolution et déterminer les moyens de l’enrayer, ainsi que des sœurs de l’ordre de Saint-Camille qui vinrent de Paris se mettre à leur service pour les aider dans leur tâche (voir documents 8, 9, 10, 11, 13 et 14).</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Marlet%2C+Jean-Henri+%28illustrateur%29+">Marlet, Jean-Henri (illustrateur) </a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufey%2C+Pierre-Marie-Joseph-Spiridon">Dufey, Pierre-Marie-Joseph-Spiridon</a>
Bibliothèque nationale de France : FOL-LI3-108<br /><a href="https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30367877m">Notice du catalogue</a> <br /><span class="notice-label">Notice n° : </span><span> FRBNF30367877<br /></span>Document numérique: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3137890"><span>NUMM-313789</span></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-1822">1821-1822</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Infanterie. Légion.
<p>Bien que réalisée en 1816 pour une série de gravures représentant les uniformes de l’armée française sous la Restauration, cette image d’un fantassin sur fond de montagnes boisées évoque le cordon sanitaire que déploya le gouvernement français tout au long de la frontière des Pyrénées lors de l’épidémie de fièvre jaune qui sévit en Catalogne en 1821.</p>
<p>Une telle mesure n’avait rien d’exceptionnel et l’Espagne aussi eut recours à la force armée pour isoler les zones contaminées : non seulement les deux agglomérations les plus touchées par le fléau, Barcelone et Tortosa, furent entourées d’un double cordon, mais pratiquement toutes les villes de Catalogne furent encerclées par la troupe et la Catalogne fut coupée du reste du royaume sur ses frontières avec l’Aragon et le royaume de Valence par un dispositif militaire qui ne laissait passer que ceux qui pouvaient exhiber un passeport (que l’on appellerait de nos jours<em> pass sanitaire</em>) attestant qu’ils n’étaient pas atteints par la maladie.</p>
<p>En revanche, l’ampleur du dispositif mis en place en France (qui s’étendait de la Méditerranée à l’Atlantique, à presque 600 km du foyer de l’épidémie) et la présence de régiments d’artillerie parmi les forces chargées de la surveillance de la frontière, ne laissèrent aucun doute, pour les Espagnols et les libéraux français, sur le fait qu’il s’agissait en réalité de la mise en place d’une armée prête à intervenir à tout moment dans le pays voisin.</p>
<p>Louis XVIII, lors de l’ouverture des séances des chambres des pairs et des députés le 5 novembre 1821, protesta bien qu’il s’agissait uniquement de « précautions » destinées à préserver la France de la contagion, et que « seule la malignité pouvait leur attribuer d’autres causes ». Mais les <em>ultra</em> se réjouirent ouvertement d’une telle mesure destinée à empêcher que ne se répande en France la « peste révolutionnaire » comme le réclamait une chanson d’un certain M. T de Terrefort publiée en 1822 dans <em>L’Anti libéral ou le Chansonnier des braves gens, </em>et intitulée précisément « Le cordon sanitaire » :</p>
<p> « Craignons un fléau plus fatal</p>
<p> Que Mégère, que Tisiphone :</p>
<p> Le jacobin fait plus de mal</p>
<p> Mille fois que la fièvre jaune :</p>
<p> Faisons plus que réprouver</p>
<p> L’odieuse jacobinière,</p>
<p> Formons pour nous en préserver</p>
<p> Le cordon sanitaire. »</p>
<p>La surveillance de la frontière fut des plus rigoureuses, et, par exemple, à Pont-le-Roi (département de la Garonne) un pauvre mendiant espagnol qui avait déjà tenté de passer en France fut abattu par une sentinelle pour ne pas s’être arrêté à son ordre. Et, selon un député aux Cortès, des marins des îles ioniennes débarqués clandestinement sur le littoral près de Collioure furent passés par les armes, sans autre forme de procès.</p>
<p>Mais cette sévérité dans l’application de la consigne m’empêcha pas le gouvernement d’avoir quelques inquiétudes sur l’attitude des militaires qui composaient le cordon sanitaire puisqu’il dut, au Boulou, faire relever la garnison du fort de Bellegarde qui avait fraternisé avec les militaires espagnols qui leur faisaient face de l’autre côté de la frontière… et se vit dans l’obligation, pour le même motif, de remplacer presque immédiatement les nouveaux arrivants. De tels faits suscitèrent bien des espoirs parmi les libéraux, espagnols et français. Mais cela n’empêcha pas les troupes françaises de rester fidèle aux Bourbons et, juste avant de franchir la Bidassoa, de tirer à mitraille sur leurs anciens camarades passés au service de l’Espagne constitutionnelle qui, en arborant le drapeau tricolore, tentaient de les débaucher.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Joly+%28colonel%29">Joly (colonel)</a>
Bibliothèque Nationale de France. <br />Département des Estampes et photographie, PETFOL-0A-381<br /><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb403564190">Notice du catalogue</a> <br />Document numérique: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8426884x"><span>IFN-8426884</span></a> <br /><h3 class="window-manifest-title"></h3>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1816-1830">1816-1830</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
Hoffmann, Léon-François, <em>La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration</em>, New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches. <a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666">http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
El Sr gobernador del obispado de Barcelona […] al Sr. Jefe político superior de esta provincia. (M. le gouverneur ecclésiastique de l’évêché de Barcelone […] au chef politique supérieur de cette province)
<p>Plusieurs moines ayant déclaré dans des sermons prêchés dans diverses paroisses de Barcelone que l’épidémie de fièvre jaune n’était qu’un juste châtiment que Dieu infligeait à l’Espagne pour avoir instauré un régime constitutionnel, le chef politique de Catalogne enjoignit au gouverneur ecclésiastique (qui dirigeait le diocèse en l’absence de l’évêque, déporté à l’île de Majorque pour avoir manifesté des sentiments anticonstitutionnels) d’intervenir auprès de son clergé pour mettre un terme à de tels propos.</p>
<p>Pour assurer la plus grande diffusion auprès de l’ensemble des citoyens de la réponse que lui fit ledit gouverneur ecclésiastique qui l’assura qu’il avait signifié aux prêtres du diocèse d’employer tout leur zèle à persuader les fidèles que les malheurs qui affligeaient Barcelone et Tortosa n’étaient pas dus au changement de régime politique, mais à la dépravation des mœurs qui avait provoqué la colère divine, le chef politique fit publier ce texte le même jour (23 octobre 1821) aussi bien dans le <em>Diario de Barcelona</em> que dans le <em>Diario Constitucional de Barcelona </em>dont est tiré le cliché reproduit ci-dessus.</p>
<p>La dénonciation de la prétendue impiété des libéraux –alors que la <em>Constitution de la monarchie espagnole</em> affirmait, dans son article 12, que la religion catholique, apostolique et romaine était et serait à jamais la seule tolérée dans le royaume et qu’elle était protégée par des lois justes et sages– fut l’un des arguments les plus efficaces pour discréditer le régime constitutionnel de ceux utilisés par les absolutistes qui, en la circonstance firent feu de tout bois. Ainsi propagea-t-on la rumeur que, depuis la suppression de l’Inquisition, le nombre de sorcières avait considérablement augmenté et, dans son premier numéro, daté du 9 octobre 1821, le <em>Diario de Urgel</em> (organe de presse de la contre-révolution politique et militaire) n’hésita pas à affirmer –contre toute vérité– que le cri de guerre des troupes constitutionnelles était « à bas Dieu, la Vierge, el roi et vive le diable ! »</p>
<p>De telles billevesées ne furent pas l’apanage des <em>serviles</em> espagnols puisque qu’en France un journal ultra comme <em>La Quotidienne </em>déclara lui aussi que la « peste » qui sévissait en Catalogne était un châtiment divin provoqué par les bouleversements politiques apportés par l’établissement du régime constitutionnel en Espagne.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Spa%2C%C2%A0+Tom%C3%A1s+%28gobernador+eclesi%C3%A1stico+del+obispado+de+Barcelona+-+gouverneur+eccl%C3%A9siastique+de+l%E2%80%99%C3%A9v%C3%AAch%C3%A9+de+Barcelone%29">Spa, Tomás (gobernador eclesiástico del obispado de Barcelona - gouverneur ecclésiastique de l’évêché de Barcelone)</a>
Biblioteca Virtual de Prensa Histórica, Ministerio de Cultura y Deporte, España. <br /><span>Ateneo Barcelonés — Signatura: 11</span><br /><a href="https://prensahistorica.mcu.es/es/consulta/registro.do?id=8061">Notice du catalogue</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-10-23">1821-10-23</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. BVPH.
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Salud pública (Santé publique)
<p>Dès l’apparition de la fièvre jaune à Barcelonette (quartier de Barcelone situé près du port) au début du mois d’août jusqu’à la fin novembre 1821, les autorités sanitaires de la capitale catalane (la <em>Junta de sanidad de Barcelona) </em>établirent un bilan quotidien de la situation qui fut publié dans le <em>Diario de Barcelona,</em> journal semi-officiel de la Catalogne fondé en 1792 et son rival, le <em>Diario constitucional de Barcelona, </em>créé en mars 1820 à la proclamation du rétablissement du régime constitutionnel en Espagne, avant d’être repris, sous forme de synthèse hebdomadaire, par les principaux journaux madrilènes à diffusion nationale comme <em>El Universal</em> ou la <em>Gaceta de Madrid.</em> </p>
<p>Comme on peut le voir sur la page du <em>Diario Constitucional de Barcelona</em> du 31 octobre 1821 reproduite ci-dessus, ce bulletin sanitaire précisait, pour Barcelonette et Barcelone le nombre de malades, d’entrées et de sorties enregistrées dans les hôpitaux, de convalescents et de morts. Ces chiffres officiels, qui permettaient à la population de se faire une idée de l’évolution de l’épidémie, étaient toutefois inférieurs à la réalité car ils étaient établis sur les déclarations des médecins, et ne prenaient pas en compte les malades qui ne pouvaient faire appel à eux pour des raisons financières et dont les cadavres étaient abandonnés dans les rues en attendant d’être ramassés pêle-mêle dans le chariot qui les conduirait au cimetière.</p>
<p>Ce caractère manifestement lacunaire du nombre des victimes de la fièvre jaune fourni par la <em>Junta de sanidad</em> <em>de Barcelona</em> à travers la presse locale n’empêcha pas les protestations de ceux qui, au nom de la liberté du commerce et d’entreprise, réclamaient l’abrogation des mesures d’isolement imposées à la population (comme l’établissement d’un cordon sanitaire autour de l’agglomération de Barcelone) et crièrent à la surestimation volontaire, appuyés en cela par quelques médecins dont le Français naturalisé citoyen des Etats Unis d’Amérique Jean Leymerie, qui prétendait « constitutionnaliser la médecine » (voir document n° 16).</p>
<p>Au-delà du caractère parfaitement infondé de ces protestations, le fait est que la presse joua un rôle prépondérant, voire unique, dans la diffusion des diverses mesures prises pour endiguer l’épidémie de fièvre jaune et améliorer le sort des habitants (fermeture du port ; création d’une soupe populaire pour les indigents de Barcelonette ; prohibition des bains de mer de jour à la plage de Santa Madona ; interdiction -pas toujours respectée- faite aux médecins de quitter Barcelone ; obligation aux notaires de prendre les testaments des malades ; limitation du nombre des clients dans les cafés etc.). Naguère, sous l’Ancien Régime, ces informations auraient été diffusées du haut de la chaire dans les églises par un clergé sur lequel les autorités constitutionnelles ne pouvaient plus compter car, parmi les dispositions prises pour limiter la diffusion de la maladie, figurait la recommandation de ne pas assister aux cérémonies religieuses, qui, par la concentration de fidèles, constituaient de redoutables « clusters », comme nous disons de nos jours.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Junta+Municipal+de+Sanidad+%28Barcelona%29.+Francisco+Subirachs+%28secr%C3%A9taire+de+la+Junte%29">Junta Municipal de Sanidad (Barcelona). Francisco Subirachs (secrétaire de la Junte)</a>
Biblioteca Virtual de Prensa Histórica, Ministerio de Cultura y Deporte, España. <br /><a href="https://prensahistorica.mcu.es/es/consulta/registro.do?id=8061">Notice du catalogue</a> <br />Ateneo barcelonés. Signatura: 11<br /><a href="Biblioteca%20Virtual%20de%20Prensa%20Hist%C3%B3rica%20"></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-10-31">1821-10-31</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Biblioteca Virtual de Prensa Histórica, Ministerio de Cultura y Deporte, España.
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Vue du campement sanitaire dit de la Constitution construit en 8bre 1821 sur la plate-forme nord de la montagne de Montjoui à Barcelone
<p>Pour soustraire la population de Barcelone aux miasmes porteurs de la fièvre jaune qui se propageaient dans les rues étroites et mal aérées de la ville où il n’était pas rare de trouver un tas de fumier auprès d’une porte de maison et où l’on déposait ordures et cadavres, la Junte sanitaire de Catalogne, persuadée du caractère contagieux de la maladie, décida (assez tardivement, dans la seconde quinzaine de septembre 1821) de déplacer une partie de la population dans un campement installé sur les pentes de la colline de Monjuich, alors <em>extra muros</em> et qui n’était occupée en son sommet que par le fort qui domine la capitale catalane et son port.</p>
<p>Les affaires ne perdant jamais leurs droits, les terrains susceptibles d’accueillir cet hébergement provisoire furent immédiatement l’objet d’une forte spéculation dès que ce projet fut rendu public. Les autorités politiques n’en firent pas moins construire un grand nombre de baraquements, représentés quelque peu naïvement sur ce dessin de Maurin, lithographié par Villain de Sèvres, publié comme illustration de l’ouvrage (fort bien documenté) intitulé <em>Relation historique des malheurs de la Catalogne </em><em>ou Mémoires de ce qui s’est passé à Barcelone en 1821, </em>paru à Paris en 1822 par l’archiviste de la préfecture des Pyrénées-Orientales, D. M. J. Henry.</p>
<p>Quelque 1 500 personnes purent être ainsi hébergées et les membres de la commission sanitaire française envoyés pour observer l’épidémie songèrent à s’installer dans ces constructions provisoires mais préférèrent finalement continuer à bénéficier du confort douillet de l’hôtel du consulat de France à Barcelone. Contrairement à ce que d’aucuns auraient pu espérer, personne ne put profiter de ce changement provisoire de domicile pour fuir la ville, car le cordon sanitaire, qui séparait jusque-là Barcelone de Monjuich fut déplacé pour englober dans sa surveillance ces habitations temporaires.</p>
<p>La population se montra tout d’abord rétive à habiter ces demeures, d’autant plus que des rumeurs circulèrent sur l’insalubrité du terrain sur lequel elles étaient construites. En particulier, les classes les moins aisées de la population (par choix ou par manque de moyens financiers ?) préférèrent rester dans leurs foyers, et continuèrent à être massivement exposées aux ravages de la fièvre jaune. Et quand, une fois l’épidémie sinon disparue, du moins en bonne voie d’extinction, la municipalité de Barcelone envisagea de vider la ville, quartier par quartier, de ses habitants pour procéder à un nettoyage systématique de la cité, elle proposa par voie d'affiche (voir ci-dessus) d’offrir une demi-piécette (deux réaux et demi, soit 50 centimes de franc, la moitié pour les nourrissons) et un demi-pain par jour et par personne pour convaincre les habitants les moins fortunés de participer à cette translation. Toutefois, les Barcelonais finirent par se convaincre de la protection qu’était censée leur apporter des demeures convenablement aérées : tous les bâtiments finirent par être occupés et l’on établit même un hôpital dans ce « petit village de chaume », comme le qualifia une correspondance particulière publiée par <em>La Ruche d’Aquitaine </em>au début du mois de décembre 1821.</p>
<p>Cette question de l’insalubrité des villes comme source de propagation des épidémies se posa également à Tortosa où pour éviter toute récidive, on envisagea de raser la ville en la faisant bombarder par la marine de guerre avant de finalement renoncer à ce projet.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Henry%2C+Dominique-Marie-Joseph">Henry, Dominique-Marie-Joseph</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Cabanes%2C+Jos%C3%A9+Mariano+%28Alcalde+primero+de+Barcelona%29">Cabanes, José Mariano (Alcalde primero de Barcelona)</a>
Bibliothèque nationale de France: 8-OL-107 <br />Notice n° FRBNF30593671<br /><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb305936710">Notice du catalogue</a><br />Document numérique: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62273310"><span>NUMM-6227331</span></a>
Hemeroteca Municipal de Madrid. F 73-73 c/12
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1822">1822</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821-10-30">1821-10-30</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Domaine public. Image fournie par la Hemeroteca municipal de Madrid
Dufour, Gérard , <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Illustration
Affiche
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Epître aux médecins français partis pour Barcelone
A une époque où, selon la formule des <em>Lettres champenoises</em>, on estimait que « la prose s’envole ; la poésie reste », on ne tarda pas à chanter en vers l’Odyssée de ces médecins français et sœurs de Saint-Camille partis au péril de leur vie soigner les victimes de la « peste » qui ravageait Barcelone. Ainsi, dès le 22 novembre 1821 Léon Halévy, un jeune homme de 19 ans, lut à l’Athénée royal, une <em>Epître aux médecins français partis pour Barcelone</em> qui fut immédiatement imprimée et devait être le premier des multiples hommages rendus en vers à ces héros nationaux. Au début de 1822, l’Académie française décida que son prix de poésie de l’année suivante serait consacré au « dévouement des médecins français et sœurs de Sainte-Camille [sic] dans la peste [sic] de Barcelone ». Mais Louis XVIII, estimant qu’un tel délai risquait de faire retomber l’enthousiasme unanime suscité par ces sujets qui prouvaient au monde entier que l’héroïsme n’était pas réservé qu’aux militaires, décida de créer, sous l’égide de l’Académie, un concours spécifique qui serait remis en août 1822, et qu’il dota sur sa cassette, de 1 500 francs (l’équivalent d’un peu plus de que percevait en sept mois un colonel en demi-solde, alors que, par exemple, le prix le plus important accordé par les Jeux floraux de Toulouse, l’amarante d’or, n’était que d’une valeur de 400 francs). Quelque 130 poètes et rimailleurs (le quadruple du nombre habituel de concurrents à ce prix) adressèrent leurs œuvres quai Conti et la récompense échut à Edouard Alletz qui (la picaresque n’étant pas le propre que des Espagnols) trempa son manuscrit dans du vinaigre (le désinfectant de l’époque) faisant croire qu’il l’expédiait de Barcelone où il prétendait être né pour mieux émouvoir les académiciens. Sans avoir participé au concours de l’Académie française, d’autres poètes et rimailleurs firent imprimer le fruit de leur labeur, noyant la France sous un déluge d’alexandrins, avec leur lot de chevilles, hyperboles tremblotantes, poncifs en tous genres, voire de stupidité insigne comme lorsque, Bézout de Marmande, voulant pousser au paroxysme l’héroïsme de Mazet eut la niaiserie de s’exclamer :<br /><br /> Hommage aux sœurs de Sainte-Camille, <br />A Mazet, content de finir, <br />Et de laisser à sa famille <br />L’honneur d’un noble souvenir !<br /><br />Comme le déclara l’auteur d’un compte rendu d’un ouvrage intitulé <em>Manuel préservatif et curatif de la peste, suivi d’un précis sur la fièvre jaune</em> paru dans le <em>Journal complémentaire du dictionnaire des sciences médicales</em> en 1822: « Il est rare qu’on laisse échapper l’occasion de faire de mauvais vers ou un mauvais livre ». Mais pour exécrables que fussent nombre d’entre eux, ils n’en contribuèrent pas moins à propager l’aura de ceux que l’on tenait de toutes parts pour des héros, ce qui constituait bien le seul point d’unanimité entre ses sujets dont pouvait se prévaloir Louis XVIII.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Hal%C3%A9vy%2C+L%C3%A9on">Halévy, Léon</a>
Bibliothèque nationale de France: YE-24009<br /><br /><a href="http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30569949g">Notice du catalogue</a><br />Document numérique: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62091922"><span>NUMM-6209192</span></a><br /><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62091922"></a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1821">1821</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
Hoffmann, Léon-François, <em>La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration</em>, New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches. <a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666">http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666</a>
<p>Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=1345"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.)</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.</p>
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Texte
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
Portrait du docteur Etienne Pariset
Au début du XIXème siècle, la collection d’estampes est, pour les classes moyennes, l’équivalent des galeries de tableaux de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie. A tel point qu’un périodique de province, le <em>Journal de la Marne</em>, qui ne se préoccupait pourtant guère de la vie culturelle du pays, reprit régulièrement, <em>in extenso</em>, les listes des « gravures dont la publication et la vente ont été autorisées conformément à l’article 12 de l’ordonnance Royale du 1er avril 1820 » publiées chaque semaine par la <em>Bibliographie de la France</em>. Comme la peinture, la gravure accueille tous les sujets, des paysages bucoliques aux scènes de batailles, des représentations historiques à l’actualité la plus récente. Les portraits de ceux qui se sont rendus célèbres par leurs vertus ou par leurs crimes (pour reprendre la formule de l’<em>Annuaire nécrologique</em>… que publiait alors Mahul) ont, dans cet ensemble disparate, une place de choix, permettant à chacun de se constituer, selon ses opinions politiques, son propre panthéon d’images ou de constituer un album de célébrités du moment. Accueillis en héros à leur retour en France, les médecins envoyés par le gouvernement pour observer la fièvre jaune qui sévit à Barcelone en 1821, ne pouvaient manquer de faire partie de ces personnages dont la gravure transmettrait les traits à la postérité. Quoiqu’il n’y eut officiellement pas de chef à la mission qui leur avait été confiée, le docteur Pariset réussit à se faire passer pour tel aux yeux de l’opinion publique. Médecin mondain (Stendhal, qui l’exécrait à cause de son « jésuitisme » voyait en lui le plus brillant « causeur » des salons parisiens de l’époque), et politique (il avait accepté la charge de censeur des journaux en 1820), il était incontestablement un maître dans l’art du « faire savoir », ce qui explique les diverses estampes qui lui furent consacrées. Ainsi le 12 décembre 1821» ; <em>L’Album</em>, publia un portrait de Pariset réalisé par Mauraisse et lithographié par Engelmann, qu’il présenta comme un hommage à tous les membres de la mission qui s’était rendue à Barcelone ; le 17 avril 1822, fut déposée à la Bibliothèque Royale une autre gravure le représentant due à Langlainé et deux jours plus tard, Le Miroir faisait savoir que l’on vendait « chez tous les marchands de nouveautés, un portrait fort ressemblant de M. le docteur Pariset » et que « ce portrait lithographié par M. Gabriel était du prix de un franc» ; le <em>Journal complémentaire du Dictionnaire des Sciences médicales</em>, dans son tome 13 (1822), offrit également un portrait du célèbre médecin, dû au talent d’Ambroise Tardieu (reproduit ci-dessus) ainsi que ceux des confrères qui l’avaient accompagné et enfin, Devaria exécuta lui aussi les portraits de ces médecins qui furent mis en vente, lithographiés par Langlumé, fin mars 1823. On observera la part importante prise par la presse dans la diffusion de cette iconographie, malgré les coûts que cela pouvait entraîner pour les périodiques.
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<span>Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-T33-83.</span><br />Gallica document: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543056t">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543056t</a><br />Gallica page: <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543056t/f306.item#">https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543056t/f306.item#</a><br /><span>Identifiant<b> : </b></span><span></span><span><a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543056t" target="_blank" rel="noreferrer noopener">ark:/12148/bpt6k6543056t</a></span>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1822">1822</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Dufour%2C+G%C3%A9rard">Dufour, Gérard</a>
Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF
Dufour, Gérard, <em>Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII</em> (à paraître).
Hoffmann, Léon-François, <span><strong> </strong></span><em>La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration</em>, <span><strong> </strong></span>New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches.<br /><a href="http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666">http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666</a>
<p>Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études <a href="https://telemme.mmsh.fr/?post_type=evenement&p=1345"><em>L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.)</em></a>, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.</p>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Capture d'écran du site web éducatif <a href="https://www.lumni.fr">Lumni</a> (France TV), mise en regard avec celle de son ancêtre <a href="https://web.archive.org/web/20031202143502/lesite.tv/">Le Site TV</a>.
<h4><strong>Des ressources numériques pour l'école à distance</strong></h4>
<p>Ce document illustre le succès de Lumni en novembre 2020 en France, héritage de plusieurs années de mise à disposition de ressources éducatives de la part du service public, déjà mobilisées lors de la grippe H1N1 en 2009.</p>
<p>Le site <a href="https://www.lumni.fr/">Lumni</a> a été créé en 2019 par les acteurs de l’audiovisuel public, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, le ministère de la Culture, Canopé et le CLEMI à destination des élèves du primaire au lycée, des familles, des enseignants et des éducateurs. Proposant plus de 10 000 contenus (vidéos, jeux, articles, audios, infographies), son ambition est de « contribuer à développer le savoir et la connaissance en proposant des ressources gratuites, expertisées et sans publicité ».</p>
<p>Le confinement imposé en mars 2020 a entraîné la fermeture des établissements scolaires et la mise en œuvre, dans l’urgence, d’une « continuité pédagogique ». Ce sont donc 12,3 millions d'élèves de l'enseignement primaire et secondaire<a><span>[1]</span></a> et environ 870 000 enseignants qui ont été contraints d’inventer de nouvelles manières d’enseigner et prendre en charge leurs élèves, le tout à distance de leur établissement scolaire, depuis leur propre domicile et en l’espace de quelques jours. C’est dans ce contexte inédit que s’inscrit une recherche conduite par un collectif de quatre chercheurs des laboratoires ADEF et TELEMMe d’Aix-Marseille Université (P. Martin, C. Félix, P.-A. Filippi, S. Gebeil), ayant fondé dans l’urgence un <a href="https://zenodo.org/communities/educationcovid-19/?page=1&size=20">Observatoire des Usages numériques dans l'activité enseignante à distance à des fins de Formation</a>. Reposant sur trois questionnaires mis en ligne le 9 avril 2020 et clôturés deux mois plus tard, le 5 juin 2020, l’enquête totalise 4074 réponses d’enseignants du 1<sup>er</sup> et du 2<sup>nd</sup> degré, ainsi que 2411 réponses d’élèves de la maternelle au lycée. Ces données permettent de documenter les conditions dans lesquelles, les enseignants et les élèves ont dû inventer de nouvelles modalités pédagogiques. Elles confirment le recours massif des enseignants à la plateforme Lumni lors du confinement. Ainsi, plus de 41% des enseignants interrogés conseillent à leurs élèves de se rendre sur le site Lumni. Le confinement a ainsi contribué à une diversification des pratiques de consultation de ressources éducatives disponibles en ligne. Largement commenté, le succès de la plateforme s’inscrit dans la continuité de l’engagement de l’audiovisuel public à des fins éducatives, elle est bien antérieure à la pandémie de Covid-19, à l’image de la télévision des années 1960. Dans les années 2000, le web s’impose comme un nouvel environnement pour diffuser des ressources et développer de nouveaux usages pédagogiques. L’Institut national de l’audiovisuel a créé en 2006 la fresque interactive « Jalons pour l’histoire du temps présent », les vidéos de ce site web sont ont depuis rejoints le site Lumni. De son côté, France TV avait dès 2003 inauguré Le Site TV, plateforme de vidéos éducatives à la demande adressée aux enseignants. Lors de l’épidémie de grippe H1N1, un nombre réduit d’établissements scolaires ont été contraints de fermer. Les ressources audiovisuels en ligne ont alors été mises à disposition dans le cadre de ce qui était déjà appelé un « plan d’éducation pédagogique » donnant lieu à une préparation intense. Les archives du web permettent en effet de retrouver les anciennes versions de le Site.tv et de Curiosphere (2008) au moment de la pandémie. Celles-ci illustrent le soin apporté à la mise à disposition de ressources en cas de fermeture des établissements, finalement minoritaires pour ne concerner qu’une poignée de collèges et de lycées. Quelques jours après le début de la vaccination dans les écoles, le 30 novembre 2009, la capture montre que Le Site TV propose un accès gratuit et illimité aux établissements scolaires tout en annonçant l’ouverture prochaine du réseau social Zeprofs (2010). Ce cas illustre la nécessité de mettre en perspective les représentations hâtives concernant la Covid-19 afin de mieux identifier les ruptures et les continuités. Cela passe par la possibilité pour l’historien du temps présent d’accéder aux sources nativement numériques diffusées en ligne dans les années 2000, ce qui est possible grâce aux collectes mises en place en France dans le cadre du dépôt légal du web.</p>
<p></p>
<p><a><span>[1]</span></a> L’éducation nationale en chiffres (MEN) <a href="https://www.education.gouv.fr/l-education-nationale-en-chiffres-2019-6551">https://www.education.gouv.fr/l-education-nationale-en-chiffres-2019-6551</a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France+T%C3%A9l%C3%A9vision+-+service+%C3%A9ducation+%3A+%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.lumni.fr%2F%22%3Ehttps%3A%2F%2Fwww.lumni.fr%2F%3C%2Fa%3E">France Télévision - service éducation : <a href="https://www.lumni.fr/">https://www.lumni.fr/</a></a>
LUMNI, LESITE.TV : <a href="https://www.lumni.fr">https://www.lumni.fr</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-11-21">2020-11-21</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
Gebeil, Sophie, <em>Website Story - Histoire, mémoires et archives du Web</em>, INA, 2021.
Félix, Christine; Filippi, Pierre-Alain; Martin, Perrine; Gebeil, Sophie , « L’externalisation du travail scolaire à la maison », <em>Formation et profession, revue scientifique internationale en éducation</em>, vol. 28, n° 4 hors-série, 2020.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>