On veut des masques -On n'en a pas... mème internet de la pandémie de Covid-19]]> Mèmes masqués. Humour viral autour d’une pénurie

Parmi les polémiques générées durant la pandémie de Covid-19 en France, le débat sur la question de l’approvisionnement national en masques chirurgicaux, non seulement pour les personnels soignants du système de santé publique, mais aussi pour la population générale, a été particulièrement virulent.

Ce mème, reposté sur de multiples réseaux sociaux numériques durant l’été 2020, démontre la prégnance du sujet, et renvoie plus largement à la perception, par une certaine opinion publique, de la façon dont les autorités politiques ont géré cette crise sanitaire.

Posté le 6 août 2020 par l’usagère de Twitter @Nini_MacBright, compte humoristique ouvert début 2016 aux plus de 600.000 abonnés, ce mème comptabilise 187.000 retweets et 599.000 mentions 'j'aime' (fin 2022). Dans ce post, le mème est accompagné de ce seul commentaire : « 2020… » Cette légende  lui confère une portée générale : il figurerait ainsi, au milieu de l’année 2020, non pas une séquence isolée du feuilleton de la pandémie de Covid-19, mais une représentation allégorique de l’ensemble de la crise.

Pourtant, il n’a trait qu’à une seule, parmi bien d’autres, des polémiques et controverses qu’a suscitées cette pandémie. En France, au premier semestre 2020, la pénurie de matériel d’hygiène due à une rupture des stocks publics, notamment de masques de protection efficaces pour les soignants et le personnel médical, a été l’un des points d’achoppement du débat public (voir les documents de cette galerie sur les manifestations des soignants et la crise de l'hôpital).
Arnaud Mercier (2020) explique à ce propos que malgré des rapports parlementaires précoces (2005) alertant l’État français sur les risques épidémiques présents et à venir, et l’incitant à s’équiper en matériel prophylactique dans cette perspective, le principe de précaution a fini par être supplanté par une logique d’économie des deniers publics: à l’adage « gouverner, c’est prévoir » c’est substitué celui-ci : « être sûr de ne pas trop stocker car il est essentiel de ne pas dépenser plus qu’il ne faut ».

Au-delà des personnels soignants, les autorités ont aussi placé nombre de travailleurs et leurs employeurs face à une injonction contradictoire, en leur demandant d’aller travailler, tout en leur expliquant que l’État ne pouvait leur fournir des moyens de protection minimale. En France, l’exemple des déclarations de porte-parole du gouvernement tels Sibeth Ndiaye et Olivier Véran sur l’inutilité du port du masque en population générale, diffusées à l’envi dans l’émission Quotidien sur TMC, témoigne des difficultés des acteurs politiques à répondre publiquement de leur gestion de la crise, alors même que l’état des savoirs sur le virus n’était pas stabilisé.

À ces injonctions contradictoires émanant des autorités, l’opinion a répondu par la défiance, dans une symétrie inversée : clamant « On veut des masques ! » lorsque les autorités n’en avaient pas ; et répliquant, lorsqu’État est parvenu à en fournir: « On les mettra pas ! ». Ce mème figure ainsi le face-à-face virtuel entre le "pouvoir" (incarné ici par le chat blanc) et "l’opinion", représentée par la femme en colère, au doigt accusateur pointé face à elle et dont les 'propos' imaginaires sont transcrits en lettres capitales, équivalent typographique du cri dans la culture numérique.
Il s’agit d’un template de mème très célèbre, connu sous le nom de « Woman yelling at a cat », reposant lui-même sur la juxtaposition de deux images : celle d’une participante de l’émission de télé-réalité nord-américaine The Real Housewives of Beverly Hills, en pleine dispute, à côté de la photo d’un chat blanc à l’air méfiant, attablé devant une assiette de légumes. Le mème, posté le 1er mai 2019 par l’utilisatrice @MissingeGirl sur Twitter, est devenu aussitôt viral : c’est l’un des plus échangés de l’année 2019, voire de la décennie 2010. Le chat a par la suite été identifié comme Smudge the Cat, personnage d’une autre fameuse série mémétique, d’après le répertoire en ligne Know your meme.  

En plaçant dans une structure de chiasme deux copies inversées du double template initial, ce mème figure les deux temps d'un dialogue, qui se présente comme non un dialogue de sourds -les deux personnages étant respectivement enfermés dans leur boîte qu'est la vignette, et leur attitude ne bougeant pas d'un iota...
Ce mème moque ainsi la simplicité argumentative et l'aspect mécanique et binaire des discours respectifs de « l’opinion » et du « gouvernement » sur la question des masques, et notamment l’esprit de contradiction caractéristique des secteurs d’opinion dits « complotistes » —prendre le contrepied systématique des discours officiels étant l’un de leur biais de raisonnements habituels (Taguieff, 2005). Mais il attire aussi l’attention sur la composante émotionnelle de cette réaction de l’opinion publique face au discours politique sur la crise. La colère de l’actrice de téléréalité Taylor Armstrong dans cette capture d’écran était loin d’être feinte, et le template du mème utilisé ici est classé parmi les séries qui illustrent comiquement des émotions subjectives.

Ce mème fait donc état de plusieurs thématiques qui sont récurrentes dans le corpus sélectionné, ainsi que dans d’autres corpus, nord-américains notamment, tel que celui étudié par Marta Dynel (2020). Ces mèmes ne témoignent pas seulement du vécu, par les particuliers, de la mesure restrictive et contraignante qu’est l’obligation du port du masque dans les espaces publics, ou de l’inventivité populaire à imaginer ou confectionner des masques « maison » tous plus absurdes les uns que les autres (et copieusement raillés sur les réseaux dans une polyphonie de commentaires imbriqués). Les mèmes peuvent aussi fournir un aperçu des questions sociales et politiques actuelles : ils sont des vaisseaux condensés, conçus pour le partage public, d'informations et d'opinions sérieuses (Curchod et. al., 2021). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, ils témoignent de la politisation du débat citoyen sur la politique sanitaire à mener, et menée jusque-là, contre la pandémie.

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Anonyme]]> https://twitter.com/nini_macbright/status/1291299756321509381]]> 2020]]> Fourmont Giustiniani, Eve]]> Curchod, Marion ; Sieber, Victorine ; Stern, Guillaume, « Rire en contexte pandémique : les memes, analyse d’une pratique digitale », Cahiers du Centre de Linguistique et des Sciences du Langage, n°64, 2021, pp. 117‑126. En ligne : https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033.

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Dynel, Marta, « Covid-19 memes going viral: On the multiple multimodal voices behind face masks », Discourse & Society, vol. 32, n°2, nov. 2020. DOI: https://doi.org/10.1177/0957926520970385 SM.

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Mercier, Arnaud, « La France en pénurie de masques : aux origines des décisions d’État », The Conversation, 22 mars 2020, [En ligne : http://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371].

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Taguieff, Pierre-André, La foire aux illuminés : ésotérisme, théorie du complot, extrémisme, Paris, Mille et une nuits, 2005.

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knowyourmeme.com, notice créée le 20 juin 2019. En ligne: https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat ]]> français]]> "On veut des masques/On n'en a pas...", mème  anonyme ayant circulé sur les réseaux sociaux en France en 2020.]]> France]]> XXIe s.]]>
Savant de Marseille. Mème internet de la pandémie de Covid-19]]> De quoi l’affaire Raoult est-elle le nom ? 

Ce mème anonyme, qui a circulé sur les réseaux sociaux numériques au premier semestre de l’année 2020, offre l'image typique du célèbre savon de Marseille, dont le nom a été altéré en « savant de Marseille ». Le ‘savant’ qui agite les réseaux ? Celui dont le savon porte l’effigie, reconnaissable entre tous malgré une photo pixelisée et grossièrement détourée: le professeur Didier Raoult, professeur de microbiologie spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU). Un authentique « savant de Marseille », qui est soudainement devenu, au début de la crise du Covid-19, une personnalité nationale voire internationale. 

L’image du savon, qui renvoie aussi, dans ce contexte, à la consigne sanitaire généralisée du « lavage de mains », est apposée sur un arrière-plan presqu'entièrement masqué : une photographie du Vieux-Port de Marseille. Objet d'une fierté toute particulière pour les Marseillais, qui y ont trouvé un nouvel argument dans leur éternelle rivalité et guerre d’image avec Paris, le savant de Marseille a dans le même temps (et entre autres, pour cette raison), été abondamment raillé sur les réseaux sociaux autant que décrié dans les médias. La réalisation de ce mème montre bien le processus de « mythification médiatique » dont a soudainement été l’objet la figure de ce chercheur, jusque-là méconnu du grand public, au début de la crise sanitaire.

« L’Affaire Raoult » est un exemple frappant des controverses scientifiques —et médiatiques— qu’a pu susciter la pandémie de Covid-19. Le débat, en l’occurrence, a porté sur la proposition de prescription d'hydroxychloroquine (HCQ) contre le Covid-19, lancée par le chercheur marseillais fin janvier 2020, qui lui a permis de faire une entrée fracassante sur la scène médiatique.

Les vidéos de Didier Raoult sur le compte YouTube de l’IHU (qui à partir de la mi-janvier 2020 comptabilisent des centaines de milliers, puis des millions de vues) ; ou encore les contenus de son compte Twitter (qui enregistre 250.000 abonnements la première semaine de sa création, le 25 mars), ont été massivement relayés sur les réseaux sociaux, Facebook notamment. Le Pr Raoult et son traitement ont bientôt conquis légitimité et crédibilité médiatique internationale, notamment lorsque Donald Trump a placé ses espoirs dans sa thérapie lors d’un point de presse officiel le 19 mars, ou lorsqu’Emmanuel Macron lui a rendu visite, lors d’un déplacement à Marseille, le 9 avril 2020 (Varga, 2020).

L’affaire a fait l’objet d’une focalisation médiatique telle qu’elle a « exercé une pression très forte sur le cours normal de la recherche » et a « généré des interférences intenses, concentrées dans un temps très court, du champ scientifique avec le système politique et médiatique » (Smyrnaaios et al., 2021). Ces débats, où sont intervenus de multiples acteurs (scientifiques et médecins, responsables politiques, journalistes, mais aussi citoyens ou personnalités publiques) se sont rapidement convertis en polémique, glissant de la discussion sur la pertinence du traitement par l’HCQ à la critique ad hominem de la personnalité du professeur.

L’affaire a été relancée périodiquement par des « rebondissements » de la controverse scientifique, notamment lorsque la prestigieuse revue scientifique nord-américaine The Lancet a publié un article remettant en cause les résultats du Pr Raoult, article qui s’est lui-même révélé par la suite être frauduleux, et que le Lancet a dû rétracter.

L’affaire Raoult pose ainsi, plus largement, la question de la circulation de fausses nouvelles durant la crise du Covid, étroitement liée, ici, à la question du statut de l’expertise scientifique auprès des médias et des autorités politiques. Dans cette polémique, les réseaux sociaux « ont joué un rôle de premier plan dans la circulation de fausses nouvelles, contribuant ainsi à effriter la confiance dans la médecine officielle et à alimenter la méfiance envers les spécialistes » (Vicari, 2022).
Même si, comme le pointe le rapport du comité d’éthique du CNRS du 25 juin 2021, le discours pro-Raoult et le soutien sans partage d’une partie de la population à son traitement « revêt certains traits du populisme scientifique », le discrédit qui a affecté le milieu de la recherche dans son ensemble durant la pandémie de Covid-19 ne relève « pas simplement d’une théorie conspirationniste antiscience », comme l’estime une étude récente de plus d’un million de « tweets » que l’affaire a générés (Smyrnaaios et al., 2021). Le discours des partisans de Raoult, caractéristique du récit contemporain opposant le « peuple » aux « élites », a ainsi fait du savant « une sorte de héros populaire en lutte contre l’establishment parisien et les milliardaires, propriétaires de l’industrie pharmaceutique et des médias, pour sauver le peuple de la pandémie ».

Ainsi, même si la polémique médiatique s’est progressivement tarie après qu’un consensus scientifique a fini par émerger, fin août 2020, sur l’inefficacité du traitement à l’HCQ, la figure du professeur Raoult n’en a pas moins continué d’être icônisée, et iconicisée dans la culture populaire, comme dans ce mème du savon.

Témoins de ce processus de « mythification », des produits à l’effigie de Didier Raoult (tee-shirts, casquettes, mugs, affiches, cierges de « Saint Raoult » et même une bière, la « Chloroquine Dundee ») ont ainsi été commercialisés dès la mi-2020, et connaissent depuis lors un certain succès commercial dans la région marseillaise et au-delà, notamment en ligne. Ces objets montrent que le « savant de Marseille » a peu à peu été érigé en figure héroïque, et son traitement en « remède miracle », occupant dans le récit collectif de la crise sanitaire une fonction salvatrice voire prophétique, dont l’humour populaire a tôt fait de s’emparer.

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Anonyme]]> 2020]]> Fourmont Giustiniani, Eve]]> Brossard, Dominique, « Media, scientific journals and science communication: examining the construction of scientific controversies », Public Understanding of Science, vol. 18, n°3, 2008, pp. 258-274. DOI : 10.1177/0963662507084398

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Quaderni, vol. 106 / 2, 2022, pp. 101‑118. [En ligne : https://www.cairn.info/revue-quaderni-2022-2-page-101.htm].]]> Recherches & éducations, n° hors-série, 2020, http://journals.openedition.org/rechercheseducations/9898]]> Communiquer, n°32, 2021. DOI : https://doi.org/10.4000/communiquer.8309]]> REFSICOM, dossier Communication de crises, médias et gestion des risques du Covid 19, 2020. En ligne : http://www.refsicom.org/783]]> Repères DoRiF, n. 25 – Le lexique de la pandémie et ses variantes, DoRiF Università, Roma, juillet 2022. En ligne:  https://www.dorif.it/reperes/stefano-vicari-quand-les-medecins-deviennent-influenceurs-la-vulgarisation-des-termes-de-la-covid-19-dans-facebook-instagram-et-twitter/]]> français]]> France]]> XXIe s.]]>
Si le Titanic coulait en 2020. Mème internet de la pandémie de Covid-19

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Le bateau coule ! Variations mémétiques sur le Titanic Voici une comparaison trois mèmes, en français, espagnol et anglais, qui ont circulé au début de la pandémie de Covid-19, au milieu de l'année 2020. Ces images sont construites à partir d'une série mémétique bien connue : les célèbres « templates » du Titanic en train de sombrer, photogrammes issus du film de James Cameron (1997), éventuellement truqués au moyen de logiciels de graphisme. Dans les deux premiers, le naufrage du Titanic est  implicitement comparé aux situations la France et de l'Espagne au début de la pandémie de Covid-19. La nouveauté, qui est aussi le caractère commun, de ces deux mèmes, est l’addition à l’image des répliques des naufragés, dans un équivalent simplifié de phylactères de bande dessinée.

Ces mèmes ne font pas que comparer la situation sanitaire de la France et de l’Espagne en 2020 à un véritable naufrage et ironiser sur une mort collective annoncée. Par l’ajout de « surtitres » contextuels à l’image et sous couvert d’humour, ils font montre d’une certaine réception de l'information sur la pandémie en Europe, ainsi que de la circulation de modèles et formes de discours sur la maladie, en France comme en Espagne.

Dans le dialogue imaginaire des futurs « naufragés » sur la pandémie de Covid-19 figuré dans ces mèmes, règne en effet le scepticisme vis-à-vis de la gravité de la maladie, voire de son existence même, et les théories les plus farfelues sur ses origines ou son traitement. Ce sont ainsi la propagation de fausses rumeurs et les travers des raisonnements "complotistes" qui sont singés et raillés dans ces caricatures de dialogue. Ces mèmes témoignent ainsi du regard distancé sur ce phénomène sociologique et son discours de la part des communautés sociales qui créent, prisent et véhiculent les mèmes. En ce sens, les mèmes contribuent à la création de (cyber-)espaces hybrides au sein desquels la culture populaire s’infiltre dans la sphère publique et devient commentaire et prise de position politique (Jenkins, 2015).  

Sont humoristiquement pointés ici le scepticisme anti-science ; la défiance contre les politiques ; la circulation de rumeurs voire « d’infox » et même la lecture « survivaliste » de la crise du Covid . Empruntant les mêmes canaux de diffusion que ces « fake news », à savoir les réseaux sociaux (Brenen et al. , 2020), ces mèmes tournent en dérision la peur viscérale (voire la paranoïa) que suscite la crise sanitaire, et offrent ainsi un support de dédramatisation de cette peur. Les mèmes, durant la pandémie, auraient ainsi été « un moyen efficace de soulager l’anxiété et la peur, de renforcer notre lien social tout en communiquant notre colère vis-à-vis des politiques » (Mrowa-Hopkins et Nicholls, 2020 ; Akram et. al., 2021).

Le célèbre template du Titanic, qui renvoie à une culture populaire de grande consommation et connue d’un public étendu, a déjà été objet de mèmes innombrables dans le monde entier. Malgré la banalité apparente de cette image, ces mèmes présentent une complexité inattendue (Gunthert, 2022). D’une part, ils témoignent du phénomène constant de resignification verbo-sémantique qui est à l’œuvre dans la culture mémétique, marque de sa créativité (Paveau, 2019) ; et d’autre part, ils montrent la claire conscience qu’on leurs concepteurs, les « Memes Lords », de la dimension métadiscursive de leur propos.

La troisième version, anglophone, du mème du Titanic créé durant la pandémie présentée ici porte précisément sur cette auto-conscience réflexive des memers. Le navire qui sombre symbolise, d’après le surtitre, « le monde, en ce moment » (« World right now »), et en regard du naufrage, à droite, est placée une image des imperturbables musiciens de l'orchestre du paquebot, titrée: « Memers ». Tels les musiciens du Titanic qui auraient continué de jouer durant tout le naufrage, la communauté virtuelle des memers ironise sur la crise en pleine pandémie. Il s'agit ainsi d'un "méta-mème", qui prend pour objet le concept même de mème. Il témoigne d'un regard introspectif des "memers", pourtant anonymes, sur eux-mêmes et sur leur pratique: un humour graphique "2.0", international et dématérialisé, aussi modeste et dérisoire qu'il est habile et critique.

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Anonyme]]> 2020]]> Fourmont Giustiniani, Eve]]> Akram, Umair; Irvine, Kamila; Allen, Sarah F., et al., « Internet memes related to the COVID-19 pandemic as a potential coping mechanism for anxiety », Scientific Reports, vol. 11 / 1,  2021. En ligne : https://www.nature.com/articles/s41598-021-00857-8

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Brennen, J. Scott; Simon, Felix; Howard, Philip et Nielsen, Rasmus Kleis, « Types, Sources, and Claims of COVID-19 Misinformation », Factsheet du Reuters Institute for the Study of Journalism, University of Oxford, 7 avril 2020. En ligne: https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/types-sources-and-claims-covid-19-misinformation

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Gunthert, André, « Pour une analyse narrative des images sociales », Revue française des méthodes visuelles, n°1, 2017. En ligne : https://rfmv.fr/numeros/1/articles/pour-une-analyse-narrative-des-images-sociales/.

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Jenkins, ‪Henry, La Culture de la convergence. Des médias au transmédia, Paris, A. Colin/Ina Éd., 2013 [2006].

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Mrowa-Hopkins, Colette et Nicholls, Christine Judith, « Humour et Covid-19 sur les réseaux sociaux : mieux vaut rire que périr ! », The Conversation, Décembre 22, 2020. En ligne : https://theconversation.com/humour-et-covid-19-sur-les-reseaux-sociaux-mieux-vaut-rire-que-perir-152091.

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Paveau, Marie-Anne, « La resignification. Pratiques technodiscursives de répétition subversive sur le web relationnel », Langage et Société, dossier Discours numériques natifs. Des relations sociolangagières connectées, juin 2019. En ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02145765.

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Titanic, 195 min., 20th Century Fox, Paramount Pictures,  Lightstorm Entertainment, 1997.]]> français]]> espagnol]]> Europe méridionale]]> XXIe s.]]>
La ‘gripe española’, entre la risa y el sarcasmo del humor gráfico dialogado en la prensa de Madrid 1918-1919: Luis Bagaria

La conocida como ‘gripe española’ fue una pandemia a nivel mundial que asoló —en distintos momentos— a una gran mayoría de los habitantes (hay cifras diversas sobre los millones de víctimas). En España se contabilizan tres olas diferentes entre 1918 y 1919, aunque, en algunos territorios se dieron casos hasta muy entrado 1920.

Como se ha comprobado a posteriori, la epidemia nació en campos militares de Estados Unidos y, a través de los soldados involucrados en la Gran Guerra (La I Guerra Mundial), llegó a Europa y se propagó con rapidez. Los países envueltos en el conflicto utilizaron la censura para ocultar la enfermedad, pero España, que permanecía neutral, pronto vio reflejada en su prensa los efectos devastadores que suponía.

Frente a las preguntas incontestables que el estallido de una pandemia supone (qué es, qué la produce, cómo se cura, etc.), los diarios abordaron el tema, al principio, con la idea de no causar alarma entre sus lectores. Y ya en junio de 1918 abundaban los géneros periodísticos que destacaban el tema. Entre ellos, uno muy habitual entonces que, desde el siglo anterior, se había hecho habitual en todos los periódicos: el humor gráfico dialogado, una especie de viñeta que abordaba los temas, con cierta sorna casi siempre, a partir de un dibujo y los comentarios de los personajes que aparecían en él —con más del 40 por ciento de la población analfabeta (Liébana Collado, 2009: 11), el lenguaje de la imagen, el dibujo y la fotografía suponían un gran atractivo—.

Entre los autores de estos ‘chistes dialogados’ hay que destacar a Sileno y Tovar, en AbcHeraldo de Madrid; a Aguirre, en El Fígaro; a Auriger, en La Acción; y a Luis Bagaria, en El Sol.

Luis Bagaria Bou (1882-1940) fue un dibujante de Barcelona que trabajó para El Sol en Madrid y, más tarde, para La Vanguardia catalana (López de Zuazo, 1981: 57). Está considerado un renovador del género debido a la limpieza de sus trazos y la expresión sintética de sus obras, donde dominaban las líneas curvas que tanto usó (Mihura, 1966: 442).

«Si durante muchos años estuvo olvidado el nombre de Luis Bagaria, sepultado en la lucha cainita de la España enterrada por la otra media, en el sentir de Larra, […] el sarcástico Bagaria habría de convertirse en tema resurrecto y trascendente, a través del ímpetu intelectual de un joven universitario español, el catedrático Antonio Elorza, al dedicarle un cuidadoso y exhaustivo estudio, titulado: 'Luis Bagaria, el humor y la política', penetrante interpretación del liberalismo español, a través de la geometría curva de uno de los más agudos lápices de nuestro periodismo» (Altabella, 1991: 68).

Luis Bagaria publicó su primera viñeta sobre la gripe española el 7 de junio de 1918, en la página tres de El Sol, un trabajo que se corresponde —como decíamos— a la idea de averiguar dónde está el origen del mal que ya afecta a gran parte de la población. En el encuadre, un grupo de biólogos pregunta figuradamente al que entonces consideraban un bacilo por su esencia. Es un trabajo que lleva a la risa por dos sencillas razones: una, por la forma en que Bagaria representa a un bicho de líneas curvas con apariencia de insecto —más que otra cosa—; y dos, por la crítica directa que lanza a los expertos que, en aquel momento, se corresponde con la primera ola de la pandemia.

Cuando la epidemia se hizo más notoria, y aumentaron exponencialmente el número de fallecidos, la preocupación se hizo más patente por el hecho de que determinados sectores de la población siguieran haciendo gala de un optimismo que difícilmente se entendía ya. Es entonces cuando se terminan las bromas y aparece una especie de humor negro, como el que se aprecia en la viñeta de Bagaria que hemos elegido como principal ejemplo de esta referencia. 

Para captar la fina ironía del chiste hay que tener en cuenta cómo en Madrid, el 14 de octubre de 1918 —en plena segunda ola—, día de la publicación en la portada de El Sol, aún no se habían tomado medidas enérgicas porque las autoridades sanitarias pensaban que la epidemia estaba ahora afectando sobre todo «en provincias». Ya ese mismo día 14, en su página cuatro, bajo el título ‘Los estragos de la epidemia’, el mismo diario informaba de las primeras medidas en la capital de España.

La crítica a la inacción vuelve a la obra de Bagaria en la última referencia que el autor hace a la enfermedad, el día 18 del mismo mes, en la página cuatro, donde otra representación del microbio Pfeiffer se regodea de lo bien que le va en España y «cómo engorda sin que nadie le moleste».

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La "grippe espagnole", entre le rire et le sarcasme de l'humour graphique dialogué dans la presse de Madrid en 1918-1919: Luis Bagaria

Ce que l’on connaît sous le nom de « grippe espagnole » fut une pandémie à l’échelle mondiale qui faucha  — à différents moments — une très large partie de la population (il y a divers chiffres sur les millions de victimes). On comptabilise pour l’Espagne trois vagues distinctes entre 1918 et 1919, bien que des cas aient été avérés dans certaines régions courant 1920.

Comme cela a été démontré a posteriori, l’épidémie est née dans des campements militaires aux Etats-Unis et, par l’entremise des soldats ayant pris part à la Grande Guerre (la Première Guerre mondiale), elle arriva en Europe et s’y propagea rapidement. Les pays impliqués dans le conflit utilisèrent la censure pour occulter la maladie, mais en Espagne, demeurée neutre, ses effets dévastateurs furent rapidement visibles dans la presse.

Face aux questions qu’entraîne obligatoirement le déclanchement d’une épidémie (de quoi s’agit-il, quelle en est la cause, quels sont les remèdes, etc.), les journaux abordèrent le sujet, initialement, avec l’intention de pas alarmer leurs lecteurs. Dès  juin 1918, de nombreux genres journalistiques sont mobilisés pour traiter de la question. Parmi ceux-là, il s’en trouve un alors particulièrement usuel alors et qui depuis le siècle antérieur était monnaie courante dans tous les périodiques : l’humour graphique dialogué, une espèce de vignette qui aborde les sujets, presque toujours sur le ton de la moquerie, en combinant un dessin et les commentaires des personnages qui y sont représentés. Avec une population à 40 % analphabète (Liébana Collado, 2009: 11), le langage de l’image, le dessin et la photographie offraient un grand attrait.

Parmi les auteurs de ces « plaisanteries dialoguées » se distinguent Sileno et Tovar, pour ABC et Heraldo de Madrid ; Aguirre, pour El Fígaro; Auriger, pour La Acción; et Luis Bagaria, pour El Sol.

Luis Bagaria Bou (1882-1940) fut un dessinateur barcelonais qui travailla pour El Sol à Madrid et, plus tard, pour La Vanguardia catalane (López de Zuazo, 1981: 57). On le considère comme celui qui renouvela le genre par la pureté de son trait de crayon et le caractère synthétique de ses œuvres, où dominent les lignes courbes qu’il a tant utilisées. « Si pendant de nombreuses années le nom de Luis Bagaria fut oublié, enseveli dans la lutte fratricide de l’Espagne enterrée par son autre moitié, comme disait Larra, […]  le sarcastique Bagaria allait ressusciter et devenir un sujet capital, grâce à la fougue intellectuelle d’un jeune universitaire espagnol, le professeur Antonio Elorza, qui lui consacra une étude rigoureuse et exhaustive, intitulée : ‘Luis Bagaria, l’humour et la politique’, pénétrante interprétation du libéralisme espagnol, à travers la géométrie courbe de l’un des crayons les plus affilés de notre journalisme » (Altabella, 1991 : 68). 

Luis Bagarria publia son premier dessin le 7 juin 1918, en page 3 de El Sol, un travail visant —comme nous le disions— à déterminer l’origine du mal qui affectait déjà une ample partie de la population.  Dans l'encadré, un groupe de biologistes interroge celui qu’ils considéraient à l’époque comme d’origine bactérielle. Ce travail provoque le rire pour deux raisons simples: d'abord, par l'allure que donne Bariaga à une bestiole aux lignes courbes et aux apparence d'insecte; ensuite par la critique directe qu'il adresse aux experts lors de ce qui correspond à la première vague de la pandémie

Lorsque l’épidémie devint plus notoire et que le nombre de morts augmenta de manière exponentielle, l’inquiétude s’accentua car plusieurs secteurs de la population faisaient toujours montre d’un optimisme difficile à comprendre à ce stade. C’est alors que les plaisanteries s’effacent et qu’apparaît une sorte d’humour noir, comme en témoigne le dessein de Bagaria que nous avons choisie ici comme principal exemple.

Pour capter la fine ironie de cette plaisanterie, il faut tenir compte du fait qu’à Madrid, le 14 octobre  1918 —en pleine deuxième vague—, jour de sa publication à la une de El Sol, aucune mesure énergique n’avait encore été prise par les autorités sanitaires qui pensaient que l’épidémie sévissait alors surtout « en province ». Ce même 14 octobre, en page 4, sous le titre « les ravages de l’épidémie », ce même journal rendaient compte des premières mesures adoptées dans la capitale.

La dénonciation de cette inaction est à nouveau présente dans l’œuvre de Bagaria dans la dernière référence faite par l’auteur à la maladie, le 18 du même mois, en page quatre, où le microbe Pfeiffer, représenté sous une autre forme, se félicite de sa réussite en Espagne et du fait « qu’il grossit sans que personne ne le gêne ».

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Bagaria Bou, Luis, en el diario El Sol (1917-1936)]]> Biblioteca Nacional de España. Hemeroteca Digital
Notice du catalogue

Permalien document: El Sol, 14 de octubre de 1918.
Permalien document: El Sol, 7 de junio de 1918.
Permalien document: El Sol, 18 de octubre de 1918.

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]]> 1918-10-14]]> 1918-06-07]]> 1918-10-18]]> González Díez, Laura]]> Pérez Cuadrado, Pedro]]> Larriba, Elisabel (traduction)]]> Derechospúblicos BNE]]> El Fígaro", en la Journée d'Etudes  L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France -Espagne, XVIIIe – XXIe s.) – II. UMR TELEMMe, AMU, CNRS, 25 février 2022, MMSH, Aix-en-Provence.]]> El Fígaro", in El Argonauta Español, 2022, n°19, à paraître.]]> Altabella, José, "Fuentes en torno a la caricatura y el humorismo en el periodismo español", in AA.VV. 150 años de prensa satírica, Ayuntamiento de Madrid, Concejalía de Cultura, 1991, pp. 59-68. ]]> Cuadernos de U.M.E.R, núm. 58. Conferencia pronunciada en la Universidad de Mayores Experiencia Recíproca, Madrid, 2009.]]> Catálogo de periodistas españoles del siglo xx, Madrid, Gráficas Chapado,  Universidad Complutense de Madrid, 1981.]]> Periodismo de humor, in Enciclopedia del Periodismo (4ª edición revisada), Barcelona-Madrid, Editorial Noguer, 1966, pp. 435-449.]]> espagnol]]> El Sol. Diario independiente, 14 de octubre de 1918 (n° 316), Madrid, p. 1.]]> El Sol. Diario independiente, 7 de junio de 1918 (n° 187), Madrid, p. 3.]]> El Sol. Diario independiente, 7 de junio de 1918 (n° 320), Madrid, p. 4.]]> Espagne]]> XXe s.]]>
O António Maria (5 janvier 1882, n°136)]]> O Antonio Maria (juin 1879-juillet 1898) présente une savoureuse chronique de la société portugaise de la fin du XIXe siècle dont il décrit l’ambiance politique et les principaux acteurs. Caricatures et autres illustrations au caractère ironique ou satirique fortement marqué caractérisent cette singulière publication dirigée par le journaliste lisboète et artiste aux multiples talents Rafael Bordalo Pinheiro (1846 - 1905).

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Bordalo Pinheiro, Rafael]]> Hemeroteca Municipal de Madrid
Museu Bordalo Pinheiro]]>
1882-01-05]]> Zaragoza García, Inmaculada]]> Utilisation des reproductions. Hemeroteca Municipal de Madrid]]> Séminaire Presse, Image et Histoire, Maison Méditerranéenne des Science de l'Homme, Aix-Marseille Université, CNRS, TELEMMe, Aix-en-Provence, 12 février 2018.]]> Cuatro siglos de noticias en cien años : Hemeroteca Municipal, 1918-2018 / comisariado, coordinación de la exposición y coordinación editorial, Inmaculada Zaragoza García y Jesús A. Martínez Martín.
Exposición conmemorativa del Centenario de la Hemeroteca Municipal de Madrid, del 18 de diciembre de 2018 a 7 de abril de 2019. Centro Cultural Conde Duque.
Especial Centenario Hemeroteca Municipal de Madrid

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Zaragoza García, Inmaculada. De la conquista de Granada al Hyperloop: la formación de una colección excepcional de noticias... (1916-1940), p. 29-69
In: Cuatro siglos de noticias en cien años: Hemeroteca Municipal de Madrid, 1918-2018  

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portugais]]> O António Maria, Lisboa, Guedes, 1879-1898.

Registro bibliográfico

Copia digital]]>
Portugal]]> XIXe s.]]> https://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.5/es/]]>
[Dubuffe, peintre]]]> gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Identifiant: ark:/12148/btv1b69539913]]>
1814]]> Dufour, Gérard]]> El Ogro corso. Poesia francesa antinapoleónica durante la Guerra de la Independencia (1808-1814). Antología bilingüe. Textos recogidos y presentados por Gérard Dufour; traducción de los poemas por Lola Bermúdez Medina, Ayuntamiento de Cadiz, Cadiz (Espagne), 2015, 453 p.]]> En vers et contre Napoléon. Poésie anti-napoléonienne en français à l'époque de la guerre d'Espagne (1808-1814). Textes réunis par Gérard Dufour, Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes, Alicante (Espagne), 2016, 551 pages, 2017,         http://www.cer http://www.cervantesvirtual.com/nd/ark:/59851/bmcbv9c7vantesvirtual.com/nd/ark:/59851/bmcbv9c7]]> El Argonauta español [En ligne], 10 | 2013, mis en ligne le 15 septembre 2013. URL : http://journals.openedition.org/argonauta/1905 ; DOI : 10.4000/argonauta.1905]]> français]]> France]]> Royaume-Uni]]> XIXe s.]]>
La Caricatura del día. Illustration du quotidien ABC, 2 mai 1937]]> ABC de Madrid pendant la Guerre d'Espagne (1936-1939). Cette illustration commémore le 2 mai 1808, date du soulèvement d'une partie des habitants de Madrid contre l'armée napoléonienne.]]> Tejada, Anibal]]> 1937-05-02]]> Rojo Hernandez, Severiano]]> Las elites y la “Revolución de España”(1808-1814), Alicante, Universidad de Alicante - Université de Provence - Casa de Velázquez, 2010, pp. 365-389.]]> espagnol]]> ABC, 2 mai 1937, p. 9.]]> Espagne]]> XXe s.]]>