Naissance du Bondy Blog, média (de banlieue) en ligne sur fonds de révoltes dans les quartiers populaires de France
Le décès de Zyed Benna et Bouna Traoré le 27 octobre 2005, électrocutés dans un transformateur EDF à Clichy- sous-Bois alors qu'ils fuyaient des policiers, constitue l'étincelle de plus de deux mois de révoltes urbaines. Perçu comme la conséquence des violences policières, il donne naissance à plusieurs collectifs et associations des quartiers populaires. C'est le cas de l'emblématique BondyBlog fondé le 11 novembre 2005 et dont l'objectif est de diffuser le point de vue des habitants des quartiers populaires sur les révoltes. La page archivée par Internet Archive date d'octobre 2006, un an après le décès des deux adolescents.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Bondy+Blog">Bondy Blog</a>
Internet Archive, Wayback Machine, <a href="https://web.archive.org/web/20061204103425/http://yahoo.bondyblog.fr/news/535.shtml">https://web.archive.org/web/20061204103425/http://yahoo.bondyblog.fr/news/535.shtml</a>
Bondy Blog
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2005-11-11">2005-11-11</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
Gebeil, Sophie, <em>Les mémoires de l'immigration maghrébine (1999-2014) : un parcours dans les archives de l'Internet de la Bibliothèque nationale de France</em>, 2 octobre 2017, <br /><a href="https://www.bnf.fr/sites/default/files/2018-11/les_m%C3%A9moires_de_limmigration_maghrebine_parcours.pdf">https://www.bnf.fr/sites/default/files/2018-11/les_mémoires_de_limmigration_maghrebine_parcours.pdf</a>, <br />consulté le 22 septembre 2019
Gebeil, Sophie, « Les mémoires de l’immigration maghrébine sur le web français de 1999 à 2014 », <em>Les Cahiers du numérique</em>, 2016/3 (Vol. 12), pp. 115-138. URL : <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2016-3-page-115.htm">https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2016-3-page-115.htm</a>
LIEUX DE CONTRE-MÉMOIRE UNE HISTOIRE DES MÉMOIRES DE L’IMMIGRATION MAGHRÉBINE À TRAVERS LES ARCHIVES DU WEB, 28 novembre 2017, org. Sophie Gebeil, Bibliothèque nationale de France, <a href="https://bnf.hypotheses.org/2202">https://bnf.hypotheses.org/2202</a>
Gebeil, Sophie, « Les mémoires de l’immigration maghrébine sur le web français de 1999 à 2014 »,<em> Les Cahiers du numérique</em>, 2016/3 (Vol. 12), p. 115-138. URL : <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2016-3-page-115.htm">https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2016-3-page-115.htm</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Archive
Site web
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
Le MIB (Mouvement immigration banlieue), un héritier des luttes de l'immigration
À l'image du MIB, nombreuses sont les associations nées dans les quartiers populaires qui se considèrent comme les héritières légitimes des luttes de l'immigration en tant que représentantes des descendants de l'immigration, par opposition aux associations antiracistes des années 1980 perçues comme paternalistes et instrumentalisées par le monde politique. Ici le collectif du MIB se rattache aux luttes anticoloniales à travers la mémoire du 17 octobre 1961. Il dénonce les violences policières et la marginalisation des quartiers populaires.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Mouvement+immigration+banlieue+%28MIB%29">Mouvement immigration banlieue (MIB)</a>
Internet Archive : <a href="https://web.archive.org/web/20010206215228/http://mibmib.free.fr/mib01.html">https://web.archive.org/web/20010206215228/http://mibmib.free.fr/mib01.html</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2001-02-06">2001-02-06</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
Gebeil, Sophie, « Les mémoires de l’immigration maghrébine sur le web français de 1999 à 2014 », Les Cahiers du numérique, 2016/3 (Vol. 12), p. 115-138. URL : <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2016-3-page-115.htm">https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2016-3-page-115.htm</a>
png
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Archive
Site web
Internet Archive, <a href="https://web.archive.org/web/20010206215228/http://mibmib.free.fr/mib01.html">https://web.archive.org/web/20010206215228/http://mibmib.free.fr/mib01.html</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Alg%C3%A9rie">Algérie</a>
« Affiche homilétique » nº 489, publiée avec la revue <em>Eucaristía</em>
<p class="western" style="margin-bottom:0cm;line-height:150%;"><em><span style="font-family:'Times New Roman', serif;">« ¿Œil pour œil… ? Nous deviendrons tous aveugles ! »</span></em></p>
<p class="western" style="margin-bottom:0cm;line-height:150%;"><span style="font-family:'Times New Roman', serif;"><span style="font-size:medium;"><span>La revue </span></span></span><span style="font-family:'Times New Roman', serif;"><span style="font-size:medium;"><span><i>Eucaristía</i></span></span></span><span style="font-family:'Times New Roman', serif;"><span style="font-size:medium;"><span> est publiée lors des dernières années du franquisme par un groupe de prêtres progressistes qui utilisent ce moyen d'expression, fondé sur la structure de la messe, pour diffuser leurs idées politiques et sociales. Ils éditent également des « affiches homilétiques » qui sont placées sur les portes de certaines églises. Ces posters mêlent des faits d'actualité au calendrier liturgique, pour dénoncer des situations considérées comme injustes. Ces supports sont publiés dans un contexte de crise et de division que l'on retrouve à plusieurs niveaux : entre le régime franquiste et une partie de l'Église espagnole, ainsi qu'au sein même de l'institution ecclésiale.</span></span></span></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%C3%89quipe+de+r%C3%A9daction+de+la+revue+%3Cem%3EEucarist%C3%ADa.%3C%2Fem%3E">Équipe de rédaction de la revue <em>Eucaristía.</em></a>
Biblioteca general de la Universidad de Zaragoza.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1975-12">1975-12</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Esteban+Zuriaga%2C+Mar%C3%ADa+Jos%C3%A9+">Esteban Zuriaga, María José </a>
Avec l'aimable autorisation de José Bada, directeur de la publication.
Esteban Zuriaga, María José, "Conflits intra-ecclésiaux et crise finale de la dictature franquiste: la revue <em>Eucaristía</em> et les "affiches homilétiques" comme moyen d'expression du catholicisme progressiste". Communication présentée à la Journée d'Études <a href="https://telemme.mmsh.univ-aix.fr/activites/rencontre.aspx?id=1265"><em>Supports de l'information et pratiques d'écriture en temps de crise (XIXe-XXI siècles)</em></a>, Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme, TELEMMe, AMU-CNRS, Aix-en-Provence, 10 avril 2019.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Affiche
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<em>El cocodrilo Leopoldo</em>, 25 janvier 1975
« Des amendes à cause des homélies ». <br /><br />Un dessin satirique réproduit une messe:<br />- « ...et donc nous sommes tous exactement égaux; le pauvre comme le riche... » <br />- Objection ! <br />- Objection acceptée, et amende de 15.000 pesetas » <br /><br />Une partie du clergé espagnol s'est opposée à la dictature franquiste (1939-1975) pendant les années 1960 et 1970, dénonçant l'oppression politique et les injustices sociales et économiques. L'un des instruments de leur engagement était les sermons, qui ont fait l'objet de nombreuses sanctions économiques, comme en témoigne cette Une de la revue satirique <em>El cocodrilo Leopoldo</em>.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%22LPO+75%22+%28Luis+P%C3%A9rez+Ortiz%29%2C+%3Cem%3EEl+Cocodrilo+Leopoldo%3C%2Fem%3E">"LPO 75" (Luis Pérez Ortiz), <em>El Cocodrilo Leopoldo</em></a>
Biblioteca Nacional de España, AHS 10096 (nº 8).
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1975-01-25">1975-01-25</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Esteban+Zuriaga%2C+Mar%C3%ADa+Jos%C3%A9+">Esteban Zuriaga, María José </a>
Disponible sur le site Internet de la BNE: <a href="http://www.bne.es/es/Micrositios/Exposiciones/Transicion/Exposicion/Seccion1/Obra16.html?origen=galeria">http://www.bne.es/es/Micrositios/Exposiciones/Transicion/Exposicion/Seccion1/Obra16.html?origen=galeria</a>
<span>Esteban Zuriaga, María José , « Prêtres progressistes sous l’Espagne de Franco. Du national catholicisme à l’antifranquisme », <i>Histoire, monde et cultures religieuses</i><span>, 2017/2 (n° 42), p. 85-101. DOI : <a href="http://dx.doi.org/10.3917/hmc.042.0085">10.3917/hmc.042.0085</a><span><a class="smash-link" href="https://sh2hh6qx2e.search.serialssolutions.com/?rft_id=info:doi/10.3917/hmc.042.0085&sid=lama-browser-addon" target="_blank" rel="noreferrer noopener"> SMASH</a></span>. URL : https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-religieuses-2017-2-p-85.<br /><br /><br /></span></span>
Esteban Zuriaga, María José , « El clero contestario. "Los nuevos curas" », in SABIO Alberto (Coord.), <em>El coste de la libertad. Presos políticos, represión y censura en Zaragoza (1958-1977)</em>, Saragosse, Doce Robles, 2018, pp. 83-105.
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<em>Confinados</em>: une de l'édition du 15 mars 2020, premier jour du confinement
<h4>Le confinement à la une<br /><br /></h4>
<p>Alarmiste, cette une du quotidien catalan <em>El Periódico</em> ? Datée du 15 mars 2020, c’est-à-dire du premier jour du confinement général de la population espagnole, elle fait état de la sidération collective qui s’est emparée des citoyens de nombreux pays où de telles mesures ont été adoptées contre la pandémie de Covid-19. Mais aussi de la réception particulière dont elles ont pu fait l’objet en Catalogne, où la crise sanitaire s’est superposée à une crise politique préalable.</p>
<p>Sur cette page de couverture, une photographie occupe pratiquement un tiers de la page. L’image montre une grande avenue de Barcelone presque totalement désertée. Une seule présence humaine visible, au premier plan : la silhouette d’un membre de la police municipale, en faction dans une ville vide. Une image expressive du choc collectif ressenti à l’annonce de ces mesures, qui met plus spécialement l’accent sur la désertion soudaine de l’espace collectif urbain et sur le « travail de l’ombre » effectué par les forces de l’ordre pour veiller à la sécurité de tous : un véritable classique de la ‘une de confinement’ telle qu’en ont publié quantité de journaux lors de la phase la plus aiguë de cette pandémie (Tejedor <em>et al.</em>, 2021).</p>
<p>Après la photographie, c’est vers le titre, placé dans la manchette, que se porte l’attention du lecteur : « Confinados », <em>confinés</em>, un titre qui frappe l'attention autant par sa concision, qui autorise de grands caractères, que sa saveur de mot inaccoutumé, témoin de l’inconnu auquel tous étaient alors confrontés.</p>
<p>Avec ce titre, cette photographie, ainsi que quatre points clés de l’information du jour bien mis en relief en sous-tribune par une numérotation en lettrines rouges, et enfin trois articles annoncés en pied de page, la crise du coronavirus est donc l’unique sujet d’information présenté en une de ce journal, comme c’est le cas pour la quasi-totalité de la presse espagnole (Monjas-Eleta <em>et al.,</em> 2020) et des pays les plus touchés par l’épidémie en ce mois de mars 2020 (Valles et Pérez Montoro, 2020), que ce soit sur support traditionnel ou numérique (Lázaro-Rodríguez et Herrera-Viedma, 2020).</p>
<p>Un contenu textuel assez dense, sur cette page, permet de baliser certains des aspects majeurs de la crise sanitaire à cet instant. Les points du dossier annoncés sont la mobilité des citoyens, la réaction des services de santé, les conséquences de l’état d’alarme pour les forces policières locales, et enfin les dégâts économiques du confinement (un article sur la question de l’afflux de chômeurs étant mis en exergue en pied de page). Ce traitement de l’information relative à la crise sanitaire est complété par deux témoignages autour du vécu individuel de la crise, livrés au moyen d'une entrevue (avec une psychologue, sur la peur paralysante que peut susciter la menace diffuse d’un virus inconnu) et d’un reportage (sur le sentiment d'insécurité des caissiers de supermarché face à l'afflux de clientèle).</p>
<p>Cette 'une' capte donc tout un ensemble de préoccupations qui sont celles de la société civile espagnole à l’annonce d’une mesure sans précédent dans l’histoire mondiale. Nombre d’études ont constaté la place décuplée qu’occupent les médias « traditionnels » (télévisions nationales et presse écrite) parmi les sources d’information consultées par les citoyens en temps de crise sanitaire (Westlund et Ghersetti, 2015): les journaux y font figure de véritables « valeur-refuge » dans un torrent d’information médiatique. <br />La presse contribue à la fois à modeler les opinions et représentations de la crise, et à relayer le discours des autorités politiques : elle est un moyen stratégique, pour les autorités décisionnaires, d’informer et de communiquer sur les mesures adoptées (Grijelmo, 2020).</p>
<p>Cependant, on peut douter que la seconde photographie visible sur cette page, un portrait du chef du gouvernement Pedro Sánchez —pris lors de son discours de la veille annonçant l’état d’urgence—, soit seulement une façon pour ce quotidien catalan de relayer le discours du pouvoir central. Ce quotidien de centre gauche, doté d'une édition en castillan et d'une autre édition en catalan, est le journal affichant le deuxième plus gros tirage de la presse catalane (après <em>La Vanguardia</em>) ; il affiche une ligne idéologique proche de celle du parti socialiste catalan (PSC), qui, depuis l’exacerbation de la crise indépendantiste catalane à partir de 2013-2014, a cherché à se repositionner sur la scène politique régionale avec un rapprochement mesuré des nouvelles coalitions de gauche comme <em>Barcelona en Comú</em> ou <em>Catalunya Sí que es Pot</em>, tout en maintenant une posture fédéraliste vis-à-vis de la question territoriale, volontiers critique à l’égard des positions centralistes du gouvernement de Madrid, fût-il socialiste.</p>
<p>Sur cette une, le portrait de Pedro Sánchez, réduit à une vignette en pied de page, est ainsi accompagné d’un court extrait de son discours qui concerne directement la situation catalane : « La autoridad en todo el territorio es del Gobierno español », lit-on ici, c’est-à-dire « l’autorité sur tout le territoire ressort du Gouvernement espagnol ». La citation choisie fait écho au point 3 de la tribune : « les polices autonomique et locales [sont passées] sous contrôle [du Ministère] de l'Intérieur». L’enjeu de la crise sanitaire est donc déplacé vers le terrain politique ; et en commentaire de cet extrait, le journal s’abrite derrière l’opinion de Joaquim Torra, président de la <em>Generalitat de Catalunya </em>et indépendantiste convaincu, qui « critique la confiscation de compétences » que suppose l’état d’urgence.</p>
<p>De même peut-on soumettre à plusieurs lectures la représentation d’un membre des forces de l’ordre en premier plan de la large photographie choisie pour illustrer cette une. Comme le montre G. López García (2020), la mise en scène de membres de l’armée dans la communication de crise des autorités politiques espagnoles —du « jamais vu » depuis le coup d’État du 23 février 1981— montre la gravité de cette crise. Dans la communication politique espagnole de cette première phase de la pandémie, la mise en avant des forces de l’ordre a pour fonction de promettre la sécurité qu’ils attendent, mais aussi de leur démontrer que l'État conserve le contrôle de la situation et exerce efficacement sa capacité coercitive (Amoedo-Souto, 2020). Les autorités politiques locales ont joué de ce même argument : ainsi Joaquim Torra a-t-il fait des éloges continus aux<em> Mossos d'Esquadra</em> dans son discours sur Twitter, construisant une image de contrôle et de pouvoir à l'heure où l'État intervenait dans les compétences de la <em>Generalitat</em> en matière de santé. De même que l'armée nationale et la Guardia Civil n'apparaissent pas dans ses discours, sur la « une de confinement » du quotidien <em>El Periódico</em>, c’est un représentant des forces de l’ordre municipales, et non nationales, qui est représenté. La guerre contre le virus, on le voit, n’a pas étouffé la rivalité entre Barcelone et Madrid.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=%3Ca+href%3D%22https%3A%2F%2Fwww.elperiodico.com%2Fes%2F%22%3E%3Cem%3EEl+Peri%C3%B3dico%3C%2Fem%3E%3C%2Fa%3E"><a href="https://www.elperiodico.com/es/"><em>El Periódico</em></a></a>
<em>El Periódico</em> : <a href="https://www.elperiodico.com/es/">https://www.elperiodico.com/es/</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
(c) <em>El Periódico</em>
<p>Grijelmo, Álex, « El periodismo en tiempos de coronavirus », <em>El País</em>, 24 avril 2020. En ligne : <a href="https://elpais.com/elpais/2020/04/24/el_pais_que_hacemos/1587714100_071847.html">https://elpais.com/elpais/2020/04/24/el_pais_que_hacemos/1587714100_071847.html</a></p>
<p>Lázaro-Rodríguez, Pedro, y Herrera-Viedma, Enrique, « Noticias sobre COVID-19 y 2019-nCoV en medios de comunicación de España: el papel de los medios digitales en tiempos de confinamiento », <em>El Profesional de la Información</em>, n°29, vol. 3, 2020. DOI : <a href="https://doi.org/10.3145/epi.2020.%20may.02https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.02">https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.02</a></p>
<p>López-García, Guillermo, « Vigilar y castigar: el papel de militares, policías y guardias civiles en la comunicación de la crisis del Covid-19 en España », <em>Profesional de la información</em>, vol. 29 / 3, mai 2020. En ligne : <a href="https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.11">https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.11</a></p>
<p>Monjas Eleta, Maria, Holguín, Alejandro et Gil-Torres, Alicia, « Covid-19 en las portadas de los diarios de difusión nacional en España », <em>Revista de Comunicación y Salud</em>, vol. 10, 2020, pp. 265‑286. En ligne: <a href="https://doi.org/10.35669/rcys.2020.10(2).265-286">https://doi.org/10.35669/rcys.2020.10(2).265-286</a></p>
<p>Tejedor, Santiago, Cervi, Laura, Tusa Jumbo, Fernanda, [<em>et al.</em>], « La información de la pandemia de la Covid-19 en las portadas de los diarios. Estudio comparativo de Italia, Reino Unido, España, Francia, Portugal, Estados Unidos, Rusia y Alemania », <em>Revista mexicana de ciencias políticas y sociales</em>, vol. 66, n°242, 2021, p. 251‑291. En ligne : <a href="http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_abstract&pid=S0185-19182021000200251&lng=es&nrm=iso&tlng=es">http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_abstract&pid=S0185-19182021000200251&lng=es&nrm=iso&tlng=es</a>.</p>
<p>Vállez, Mari et Pérez-Montoro, Mario, «La comunicación periodística en tiempos de pandemia: análisis del tratamiento de la COVID-19 en la prensa europea». <em>Hipertext.net</em>, 2020, n.º 21, pp. 1-13, <a href="https://doi.org/10.31009/hipertext.net.2020.i21.01" title="https://doi.org/10.31009/hipertext.net.2020.i21.01">https://doi.org/10.31009/hipertext.net.2020.i21.01</a></p>
<p>Westlund, Oscar et Ghersetti, Marina, « Modelling news media use. Positing and applying the GC/MC model to the analysis of media use in everyday life and crisis situations », <em>Journalism studies</em>, vol. 16, n°2, p. 133-151. DOI : <a href="https://doi.org/10.1080/1461670X.2013.868139">https://doi.org/10.1080/1461670X.2013.868139</a></p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Presse
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Espagne">Espagne</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<em>Savant de Marseille.</em> Mème internet de la pandémie de Covid-19
<p><strong>De quoi l’affaire Raoult est-elle le nom ? </strong><br /><br />Ce mème anonyme, qui a circulé sur les réseaux sociaux numériques au premier semestre de l’année 2020, offre l'image typique du célèbre savon de Marseille, dont le nom a été altéré en « <em>savant</em> de Marseille ». Le ‘savant’ qui agite les réseaux ? Celui dont le savon porte l’effigie, reconnaissable entre tous malgré une photo pixelisée et grossièrement détourée: le professeur Didier Raoult, professeur de microbiologie spécialiste des maladies infectieuses à l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille (IHU). Un authentique « savant de Marseille », qui est soudainement devenu, au début de la crise du Covid-19, une personnalité nationale voire internationale. </p>
<p>L’image du savon, qui renvoie aussi, dans ce contexte, à la consigne sanitaire généralisée du « lavage de mains », est apposée sur un arrière-plan presqu'entièrement masqué : une photographie du Vieux-Port de Marseille. Objet d'une fierté toute particulière pour les Marseillais, qui y ont trouvé un nouvel argument dans leur éternelle rivalité et guerre d’image avec Paris, le savant de Marseille a dans le même temps (et entre autres, pour cette raison), été abondamment raillé sur les réseaux sociaux autant que décrié dans les médias. La réalisation de ce mème montre bien le processus de « mythification médiatique » dont a soudainement été l’objet la figure de ce chercheur, jusque-là méconnu du grand public, au début de la crise sanitaire.</p>
<p>« L’Affaire Raoult » est un exemple frappant des controverses scientifiques —et médiatiques— qu’a pu susciter la pandémie de Covid-19. Le débat, en l’occurrence, a porté sur la proposition de prescription d'hydroxychloroquine (HCQ) contre le Covid-19, lancée par le chercheur marseillais fin janvier 2020, qui lui a permis de faire une entrée fracassante sur la scène médiatique.</p>
<p>Les vidéos de Didier Raoult sur le compte YouTube de l’IHU (qui à partir de la mi-janvier 2020 comptabilisent des centaines de milliers, puis des millions de vues) ; ou encore les contenus de son compte Twitter (qui enregistre 250.000 abonnements la première semaine de sa création, le 25 mars), ont été massivement relayés sur les réseaux sociaux, Facebook notamment. Le Pr Raoult et son traitement ont bientôt conquis légitimité et crédibilité médiatique internationale, notamment lorsque Donald Trump a placé ses espoirs dans sa thérapie lors d’un point de presse officiel le 19 mars, ou lorsqu’Emmanuel Macron lui a rendu visite, lors d’un déplacement à Marseille, le 9 avril 2020 (Varga, 2020).</p>
<p>L’affaire a fait l’objet d’une focalisation médiatique telle qu’elle a « exercé une pression très forte sur le cours normal de la recherche » et a « généré des interférences intenses, concentrées dans un temps très court, du champ scientifique avec le système politique et médiatique » (Smyrnaaios et al., 2021). Ces débats, où sont intervenus de multiples acteurs (scientifiques et médecins, responsables politiques, journalistes, mais aussi citoyens ou personnalités publiques) se sont rapidement convertis en polémique, glissant de la discussion sur la pertinence du traitement par l’HCQ à la critique <em>ad hominem</em> de la personnalité du professeur.</p>
<p>L’affaire a été relancée périodiquement par des « rebondissements » de la controverse scientifique, notamment lorsque la prestigieuse revue scientifique nord-américaine <em>The Lancet </em>a publié un article remettant en cause les résultats du Pr Raoult, article qui s’est lui-même révélé par la suite être frauduleux, et que le <em>Lancet</em> a dû rétracter.</p>
<p>L’affaire Raoult pose ainsi, plus largement, la question de la circulation de fausses nouvelles durant la crise du Covid, étroitement liée, ici, à la question du statut de l’expertise scientifique auprès des médias et des autorités politiques. Dans cette polémique, les réseaux sociaux « ont joué un rôle de premier plan dans la circulation de fausses nouvelles, contribuant ainsi à effriter la confiance dans la médecine officielle et à alimenter la méfiance envers les spécialistes » (Vicari, 2022). <br />Même si, comme le pointe le rapport du comité d’éthique du CNRS du 25 juin 2021, le discours pro-Raoult et le soutien sans partage d’une partie de la population à son traitement « revêt certains traits du populisme scientifique », le discrédit qui a affecté le milieu de la recherche dans son ensemble durant la pandémie de Covid-19 ne relève « pas simplement d’une théorie conspirationniste antiscience », comme l’estime une étude récente de plus d’un million de « tweets » que l’affaire a générés (Smyrnaaios et al., 2021). Le discours des partisans de Raoult, caractéristique du récit contemporain opposant le « peuple » aux « élites », a ainsi fait du savant « une sorte de héros populaire en lutte contre l’<em>establishment</em> parisien et les milliardaires, propriétaires de l’industrie pharmaceutique et des médias, pour sauver le peuple de la pandémie ».</p>
<p>Ainsi, même si la polémique médiatique s’est progressivement tarie après qu’un consensus scientifique a fini par émerger, fin août 2020, sur l’inefficacité du traitement à l’HCQ, la figure du professeur Raoult n’en a pas moins continué d’être icônisée, et <em>iconicisée</em> dans la culture populaire, comme dans ce mème du savon.</p>
<p>Témoins de ce processus de « mythification », des produits à l’effigie de Didier Raoult (tee-shirts, casquettes, mugs, affiches, cierges de « Saint Raoult » et même une bière, la « Chloroquine Dundee ») ont ainsi été commercialisés dès la mi-2020, et connaissent depuis lors un certain succès commercial dans la région marseillaise et au-delà, notamment en ligne. Ces objets montrent que le « savant de Marseille » a peu à peu été érigé en figure héroïque, et son traitement en « remède miracle », occupant dans le récit collectif de la crise sanitaire une fonction salvatrice voire prophétique, dont l’humour populaire a tôt fait de s’emparer.</p>
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<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Brossard, Dominique, « Media, scientific journals and science communication: examining the construction of scientific controversies », <em>Public Understanding of Science</em>, vol. 18, n°3, 2008, pp. 258-274. DOI : <a href="http://dx.doi.org/10.1177/0963662507084398">10.1177/0963662507084398</a></p>
Devars, Thierry, « Médiatisations et polarisations dans la crise du Covid-19. Entretien avec François Allard-Huver », <em>Quaderni</em>, vol. 106 / 2, 2022, pp. 101‑118. [En ligne : <a href="https://www.cairn.info/revue-quaderni-2022-2-page-101.htm">https://www.cairn.info/revue-quaderni-2022-2-page-101.htm</a>].
Monnier, Angeliki, « Covid-19 : de la pandémie à l’infodémie et la chasse aux fake news », <em>Recherches & éducations</em>, n° hors-série, 2020, <a href="http://journals.openedition.org/rechercheseducations/9898">http://journals.openedition.org/rechercheseducations/9898</a>
Smyrnaios, Nikos, Tsimboukis, Panos et Loubère, Lucie, « La controverse de Didier Raoult et de sa proposition thérapeutique contre la COVID-19 sur Twitter : analyse de réseaux et de discours », <em>Communiquer</em>, n°32, 2021. DOI : <a href="https://doi.org/10.4000/communiquer.8309">https://doi.org/10.4000/communiquer.8309</a>
Varga, Renata, « “La polémique Raoult” : brouillage de la communication », <em>REFSICOM, </em>dossier <em>Communication de crises, médias et gestion des risques du Covid 19</em>, 2020. En ligne : <a href="http://www.refsicom.org/783">http://www.refsicom.org/783</a>
Vicari, Stefano, « Quand les médecins deviennent influenceurs : la vulgarisation des termes de la Covid-19 dans Facebook, Instagram et Twitter », <em>Repères DoRiF,</em> n. 25 – <em>Le lexique de la pandémie et ses variantes</em>, DoRiF Università, Roma, juillet 2022. En ligne: <a href="https://www.dorif.it/reperes/stefano-vicari-quand-les-medecins-deviennent-influenceurs-la-vulgarisation-des-termes-de-la-covid-19-dans-facebook-instagram-et-twitter/">https://www.dorif.it/reperes/stefano-vicari-quand-les-medecins-deviennent-influenceurs-la-vulgarisation-des-termes-de-la-covid-19-dans-facebook-instagram-et-twitter/</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<em>On veut des masques -On n'en a pas... </em>mème internet de la pandémie de Covid-19
<h4>Mèmes masqués. Humour viral autour d’une pénurie</h4>
<p>Parmi les polémiques générées durant la pandémie de Covid-19 en France, le débat sur la question de l’approvisionnement national en masques chirurgicaux, non seulement pour les personnels soignants du système de santé publique, mais aussi pour la population générale, a été particulièrement virulent.</p>
<p>Ce mème, reposté sur de multiples réseaux sociaux numériques durant l’été 2020, démontre la prégnance du sujet, et renvoie plus largement à la perception, par une certaine opinion publique, de la façon dont les autorités politiques ont géré cette crise sanitaire.</p>
<p>Posté le 6 août 2020 par l’usagère de Twitter @Nini_MacBright, compte humoristique ouvert début 2016 aux plus de 600.000 abonnés, ce mème comptabilise 187.000 retweets et 599.000 mentions 'j'aime' (fin 2022). Dans ce post, le mème est accompagné de ce seul commentaire : « 2020… » Cette légende lui confère une portée générale : il figurerait ainsi, au milieu de l’année 2020, non pas une séquence isolée du feuilleton de la pandémie de Covid-19, mais une représentation allégorique de l’ensemble de la crise.</p>
<p>Pourtant, il n’a trait qu’à une seule, parmi bien d’autres, des polémiques et controverses qu’a suscitées cette pandémie. En France, au premier semestre 2020, la pénurie de matériel d’hygiène due à une rupture des stocks publics, notamment de masques de protection efficaces pour les soignants et le personnel médical, a été l’un des points d’achoppement du débat public (voir les documents de cette galerie sur les <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/208" target="_blank" rel="noreferrer noopener">manifestations des soignants</a> et la <a href="https://80docsalaune.nakalona.fr/items/show/222" target="_blank" rel="noreferrer noopener">crise de l'hôpital</a>). <br />Arnaud Mercier (2020) explique à ce propos que malgré des rapports parlementaires précoces (2005) alertant l’État français sur les risques épidémiques présents et à venir, et l’incitant à s’équiper en matériel prophylactique dans cette perspective, le principe de précaution a fini par être supplanté par une logique d’économie des deniers publics: à l’adage « gouverner, c’est prévoir » c’est substitué celui-ci : « être sûr de ne pas trop stocker car il est essentiel de ne pas dépenser plus qu’il ne faut ».</p>
<p>Au-delà des personnels soignants, les autorités ont aussi placé nombre de travailleurs et leurs employeurs face à une injonction contradictoire, en leur demandant d’aller travailler, tout en leur expliquant que l’État ne pouvait leur fournir des moyens de protection minimale. En France, l’exemple des déclarations de porte-parole du gouvernement tels Sibeth Ndiaye et Olivier Véran sur l’inutilité du port du masque en population générale, diffusées à l’envi dans l’émission <em>Quotidien</em> sur TMC, témoigne des difficultés des acteurs politiques à répondre publiquement de leur gestion de la crise, alors même que l’état des savoirs sur le virus n’était pas stabilisé.</p>
<p>À ces injonctions contradictoires émanant des autorités, l’opinion a répondu par la défiance, dans une symétrie inversée : clamant « On veut des masques ! » lorsque les autorités n’en avaient pas ; et répliquant, lorsqu’État est parvenu à en fournir: « On les mettra pas ! ». Ce mème figure ainsi le face-à-face virtuel entre le "pouvoir" (incarné ici par le chat blanc) et "l’opinion", représentée par la femme en colère, au doigt accusateur pointé face à elle et dont les 'propos' imaginaires sont transcrits en lettres capitales, équivalent typographique du cri dans la culture numérique. <br />Il s’agit d’un template de mème très célèbre, connu sous le nom de « Woman yelling at a cat », reposant lui-même sur la juxtaposition de deux images : celle d’une participante de l’émission de télé-réalité nord-américaine <em>The Real Housewives of Beverly Hills,</em> en pleine dispute, à côté de la photo d’un chat blanc à l’air méfiant, attablé devant une assiette de légumes. Le mème, posté le 1er mai 2019 par l’utilisatrice @MissingeGirl sur Twitter, est devenu aussitôt viral : c’est l’un des plus échangés de l’année 2019, voire de la décennie 2010. Le chat a par la suite été identifié comme Smudge the Cat, personnage d’une autre fameuse série mémétique, d’après le répertoire en ligne <a href="https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat">Know your meme</a>. </p>
<p>En plaçant dans une structure de chiasme deux copies inversées du double template initial, ce mème figure les deux temps d'un dialogue, qui se présente comme non un dialogue de sourds -les deux personnages étant respectivement enfermés dans leur boîte qu'est la vignette, et leur attitude ne bougeant pas d'un iota...<br />Ce mème moque ainsi la simplicité argumentative et l'aspect mécanique et binaire des discours respectifs de « l’opinion » et du « gouvernement » sur la question des masques, et notamment l’esprit de contradiction caractéristique des secteurs d’opinion dits « complotistes » —prendre le contrepied systématique des discours officiels étant l’un de leur biais de raisonnements habituels (Taguieff, 2005). Mais il attire aussi l’attention sur la composante émotionnelle de cette réaction de l’opinion publique face au discours politique sur la crise. La colère de l’actrice de téléréalité Taylor Armstrong dans cette capture d’écran était loin d’être feinte, et le template du mème utilisé ici est classé parmi les séries qui illustrent comiquement des émotions subjectives.</p>
<p>Ce mème fait donc état de plusieurs thématiques qui sont récurrentes dans le corpus sélectionné, ainsi que dans d’autres corpus, nord-américains notamment, tel que celui étudié par Marta Dynel (2020). Ces mèmes ne témoignent pas seulement du vécu, par les particuliers, de la mesure restrictive et contraignante qu’est l’obligation du port du masque dans les espaces publics, ou de l’inventivité populaire à imaginer ou confectionner des masques « maison » tous plus absurdes les uns que les autres (et copieusement raillés sur les réseaux dans une polyphonie de commentaires imbriqués). Les mèmes peuvent aussi fournir un aperçu des questions sociales et politiques actuelles : ils sont des vaisseaux condensés, conçus pour le partage public, d'informations et d'opinions sérieuses (Curchod <em>et. al.</em>, 2021). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, ils témoignent de la politisation du débat citoyen sur la politique sanitaire à mener, et menée jusque-là, contre la pandémie.</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
Compte Twitter @Nini_MacBright, contenu publié le 6 août 2020 : <a href="https://twitter.com/nini_macbright/status/1291299756321509381">https://twitter.com/nini_macbright/status/1291299756321509381</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020">2020</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Curchod, Marion ; Sieber, Victorine ; Stern, Guillaume, « Rire en contexte pandémique : les memes, analyse d’une pratique digitale », <em>Cahiers du Centre de Linguistique et des Sciences du Langage</em>, n°64, 2021, pp. 117‑126. En ligne : <a href="https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033">https://www.cahiers-clsl.ch/article/view/1033</a>.</p>
<p>Dynel, Marta, « Covid-19 memes going viral: On the multiple multimodal voices behind face masks », <em>Discourse & Society</em>, vol. 32, n°2, nov. 2020. DOI: <a href="https://doi.org/10.1177/0957926520970385">https://doi.org/10.1177/0957926520970385</a><a href="https://sh2hh6qx2e.search.serialssolutions.com/?rft_id=info:doi/10.1177/0957926520970385&sid=lama-browser-addon"> SM</a>.</p>
<p>Mercier, Arnaud, « La France en pénurie de masques : aux origines des décisions d’État », <em>The Conversation</em>, 22 mars 2020, [En ligne : <a href="http://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371">http://theconversation.com/la-france-en-penurie-de-masques-aux-origines-des-decisions-detat-134371</a>].</p>
<p><span>Taguieff, Pierre-André, </span><em>La foire aux illuminés : ésotérisme, théorie du complot, extrémisme</em><span>, Paris, Mille et une nuits, 2005.</span></p>
Fiche du template "Woman Yelling at a Cat" sur le dictionnaire des mèmes en ligne <strong>knowyourmeme.com</strong>, notice créée le 20 juin 2019. En ligne: <a href="https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat">https://knowyourmeme.com/memes/woman-yelling-at-a-cat </a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Illustration
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=France">France</a>
<em>'El virus nos mata... los irresponsables también'</em>: banderole de balcon à Madrid, 2020
<h4><strong><span>De la contestation en temps de confinement</span>. Quand la rue reprend ses droits<br /></strong></h4>
<p>Cette image montre une banderole de balcon, photographiée à Madrid en octobre 2020, alors que les Espagnols subissaient, comme les Français, un énième « reconfinement » partiel, dont ils n’entendaient guère la logique (Costa-Sánchez et López-García, 2020).</p>
<p>Cette photographie a été publiée en ligne par le présentateur de télévision Jesús Vázquez, sur ses comptes Twitter et Instagram, le 20 octobre 2020, avec le commentaire : « visto ayer en la calle Carretas de Madrid », c’est-à-dire « vu hier dans la rue Carretas à Madrid ». Sur l’image, on voit en effet la fenêtre d’un immeuble typique de l’hypercentre de la capitale espagnole, dont le balcon est orné d’une pancarte, réalisée à la main sur un support de couleur kraft, portant ce slogan soigneusement calligraphié :</p>
<p>« <em>le virus</em> <em>nous</em> TUE, <em>les </em>IRRESPONSABLES <em>aussi</em> ».</p>
<p>Nous sommes donc ici en présence d’une forme très particulière d’expression de l’opinion individuelle sur la place publique : la banderole de balcon. Pratique aux usages multiples (Morant Marco et Martín López, 2013), elle ici montrée dans sa fonction « messagère », qui exprime plus précisément une forme de protestation passive contre un fait d’actualité. Cette forme d’expression de l’opinion a été particulièrement développée en Espagne dans les années 2010, depuis le mouvement dit des « Indignés » ou lors de la montée de l’indépendantisme catalan. Tout comme les applaudissements à la fenêtre à 20 heures, cette pratique s’est généralisée, lors de la crise sanitaire internationale du Covid-19, dans différents pays qui ont connu, comme l’Espagne ou la France, des périodes de confinements successifs durant cette pandémie.</p>
<p>Ainsi, on a pu observer (de nombreux florilèges ayant paru dans la presse, traditionnelle ou en ligne, pendant l’année 2020), comment les citoyens « confinés » exprimaient par ce moyen leur vécu ou leur opinion sur la crise. Dans un premier temps, ce sont surtout des messages de soutien au personnel soignant que l’on a vu fleurir sur les balcons, ou encore des messages d’espoir, accompagnés de dessins, souvent réalisés par des enfants qui découvraient cette étrange situation que celle de « l’école à la maison » (Galloso Camacho, 2021). Le post initial de Jesús Vázquez est d’ailleurs accompagné d’émojis (un bras musclé, un visage portant un masque chirurgical et un cœur rouge) qui signifient son soutien à la « lutte contre le virus », message de rigueur pour une personnalité médiatique populaire.</p>
<p>Ici, le slogan constitue une protestation ouverte contre les « politiques ». Le slogan indique clairement que cette posture critique ne relève pas du « complotisme », puisqu’il prend soin de préciser que « le virus nous tue », ne contestant donc pas la réalité de la maladie ; mais il prend pour cible les dégâts, tout aussi mortels que le virus, causés par une gestion politique jugée calamiteuse de cette crise.</p>
<p>Les enquêtes réalisées sur la perception de la gravité de la pandémie et de la gestion publique de la crise sanitaire font état, en Espagne, d’une certaine ambivalence. En effet, les Espagnols se montrent, au début de l’épidémie, plus favorables que le reste des Européens à des mesures restrictives (comme le confinement) pour lutter contre la propagation de la maladie, et affichent davantage de confiance dans le gouvernement central que dans les autorités locales pour établir ces mesures (Amat <em>et. al.</em>, 2020). Mais ils sont parallèlement ceux qui manifestent le plus de défiance envers leurs personnalités politiques, les tenant par exemple pour responsables de la diffusion de fausses nouvelles (Kleis Nielsen <em>et al.</em>, 2020).</p>
<p>Sur cette banderole, la classe politique espagnole est directement taxée de meurtrière, en raison de sa négligence et de son incurie : les politiques sont taxés d’« irresponsables », un terme qu’on a beaucoup vu circuler lors du mouvement des ‘Indignés’ en 2011, lequel s’est notamment enraciné dans une protestation populaire contre des scandales de corruption politique répétés.</p>
<p>La banderole de balcon apparaît ainsi comme une forme alternative de contestation, lorsque les populations confinées, captives dans leur espace privé, cherchent des moyens d’expression publique : M.V. Galloso parle « d’espace public personnalisé ». En Espagne, le message « d’union sacrée » face à la crise sanitaire s’est ainsi vite mué en une protestation contre la gestion publique du système de santé qui, depuis la crise de 2008, a été considérablement affaibli par des coupes budgétaires successives.</p>
<p>À notre connaissance, aucun projet organisé de collecte d’images témoignant de cette forme « confinée » de manifestation publique qu’est la banderole de balcon n’a eu lieu en Espagne, à l’instar du défi collaboratif français « Nos vitrines parlent à l’heure du confinement », lancé par Sara Gensburger et Marta Severo, qui a permis de récolter plus de 4000 photographies. Équivalents "confinés" de graffiti, témoins éphémères du vécu de la pandémie, ces banderoles sont les traces précieuses de l’expression d’un dissensus citoyen lorsque l’accès à l’espace public est restreint, voire impossible: le signe, en quelque sorte, que la rue finit toujours par reprendre ses droits. </p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=39&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Anonyme">Anonyme</a>
Compte Twitter de Jesús Vázquez <a href="https://twitter.com/_JesusVazquez_" class="css-4rbku5 css-18t94o4 css-1dbjc4n r-1loqt21 r-1wbh5a2 r-dnmrzs r-1ny4l3l"><span class="css-901oao css-16my406 r-poiln3 r-bcqeeo r-qvutc0">@_JesusVazquez_</span></a>, statut du 20 octobre 2020, <a href="https://twitter.com/_JesusVazquez_/status/1318481609230778371">https://twitter.com/_JesusVazquez_/status/1318481609230778371</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-10-19">2020-10-19</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
<p>Costa-Sánchez, Carmen et López-García, Xosé, « Comunicación y crisis del coronavirus en España. Primeras lecciones », <em>Profesional de la información</em>, vol. 29, n°3, mai 2020. En ligne : <a href="https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.04">https://revista.profesionaldelainformacion.com/index.php/EPI/article/view/epi.2020.may.04</a>.</p>
<p>Galloso Camacho, María Victoria, « El discurso de los balcones en tiempos del confinamiento COVID », <em>Revista Latinoamericana de Estudios del Discurso</em>, vol. 21, n°1, juillet 2021, p. 168‑189. En ligne : <a href="https://periodicos.unb.br/index.php/raled/article/view/36514">https://periodicos.unb.br/index.php/raled/article/view/36514</a>.</p>
<p>Kleis Nielsen, Rasmus ; Fletcher, Richard ; Newman, Nic, [<em>et al.</em>], « Navegando la “infodemia”: así consume y califica las noticias y la información sobre el coronavirus la gente en seis países », Reuters Institute for the Study of Journalism / Oxford University, 18 avril 2020. En ligne : <a href="https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/navegando-la-infodemia-asi-consume-noticias-e-informacion-sobre-coronavirus-espana-argentina-otros-paises#sub8">https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/navegando-la-infodemia-asi-consume-noticias-e-informacion-sobre-coronavirus-espana-argentina-otros-paises#sub8</a>.</p>
<p>Morant Marco, Ricard et Martín López, Arantxa, « El lenguaje de los balcones », <em>Signa: Revista de la Asociación Española de Semiótica</em>, vol. 22, janvier 2013, [En ligne : <a href="https://revistas.uned.es/index.php/signa/article/view/6364">https://revistas.uned.es/index.php/signa/article/view/6364</a>].</p>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=espagnol">espagnol</a>
Affiche
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=38&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Europe+m%C3%A9ridionale">Europe méridionale</a>
"On manifeste parce qu'on a pas de matériel, pas de personnel, pas de masque, pas de blouse"
<h4>Des soignants expriment leur détresse en ligne face au manque de personnel et de matériel</h4>
<p>Publiée sur Twitter le 2 avril 2022, durant le premier confinement en France, cette vidéo tournée par un ou une manifestante lors d’un défilé de soignants, est accompagnée d’un texte rappelant leurs revendications : " on manifeste parce qu’on a pas de matériel, pas de personnel, pas de masque, pas de blouse ".</p>
<p>Dans une perspective d’histoire culturelle du temps présent, cette vidéo n’est pas seulement le reflet du « ras-le-bol » des soignants confrontés à la pandémie, elle constitue aussi un document numérique et ainsi une source pour l’historien du temps présent. Face à ces nouveaux matériaux instables, les archives du web de l’INA et de la BNF permettent d’en conserver la trace, mais aussi de « remonter le temps du web » pour exhumer d’anciens contenus diffusés en ligne sur le web français. Dans le cadre d’un contrat de chercheur associé à la BNF en 2019/2020 centré sur l’étude des mouvements sociaux, j’ai souhaité étudier les modes de représentation des mobilisations des soignants à partir des vidéos du web archivées par l’INA.</p>
<p>Une recherche multicritère dans ces vidéos du web archivées par l’équipe du dépôt légal du web de l’INA concernant les mouvements sociaux des soignants, a permis de constituer un corpus d'environ 3400 vidéos sur les fournisseurs d'accès Brut, Youtube, Dailymotion, Facebook, Vimeo et Twitter, collectées de 2007 à 2020.</p>
<p>En combinant une approche statistique et qualitative, ce corpus a permis d'interroger la manière dont les soignants étaient, à la fois, représentés dans les images prises et sélectionnées au montage, mais aussi la manière dont les journalistes les décrivaient ou les interviewaient brièvement lors des manifestations. </p>
<p>Que ce soit dans les métadonnées ou dans la voix off retranscrites de façon automatisée, les vidéos se concentrent sur la masse des manifestants qui sont descendus dans la rue pour protester. Le choix des vidéos les dépeint comme étant unis, un corps de personnes partageant les mêmes idées et rassemblées dans la rue. L’exploration de la voix off montre que le masque, la blouse, sont utilisés depuis les années 2000 comme des marqueurs professionnels. Le terme "blouse" est généralement utilisé pour qualifier les manifestants par les journalistes, mais le terme est également utilisé par les soignants pour dénoncer le manque de matériel : c'était le cas lors du premier confinement en avril 2020.</p>
<p>Cette analyse diachronique, rendue possible par les archives du web, met en évidence le caractère répétitif des motifs de mécontentement des soignants depuis plus de dix ans : les revendications médiatisées concernent principalement les moyens alloués aux hôpitaux publics, et les conditions de travail (notamment aux urgences), et dans une moindre mesure les réformes visant les médecins. Les soignants dénoncent le manque de moyens matériels tels que les lits, et le sous-effectif qui entraînerait une dégradation des conditions de travail se traduisant par des horaires trop longs. Il en résulte le sentiment de ne pas faire correctement son travail, de ne pas traiter correctement les patients, ce qui contredit la vocation initiale du soignant. Le personnel médical s'est senti envoyé "au front sans armes" durant cette crise, comme le résume le slogan porté par une équipe de soignant.es anonymes dans l'image 3, une photographie ayant circulé sur les réseaux sociaux en 2020.</p>
<p>Aussi les revendications du corps médical portées durant la pandémie de Covid-19, telles que celles exprimées dans le tweet évoqué par l'image 1, sont-elles loin d’être inédites. L’exploration du corpus de la recherche montre deux moments particulièrement intenses dans ce discours revendicatif (image 2): l'un en 2014, et l'autre, plus étendu, de 2018 à 2020, avec un pic significatif en 2019. Ce pic de 2019 correspond à un mouvement social massif, qui a débuté avec la grève des urgences en février 2019 qui a continué à s'intensifier jusqu'en mars 2020. L'épidémie de Covid-19 a eu pour effet une atténuation de la contestation, mais son maintien dans le temps, comme dans le contenu.</p>
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Manifestation Sages-femmes Pontoise. Vonews. Dailymotion. 2010-06-18, Dépôt légal du web, INA
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=40&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=2020-04-02">2020-04-02</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gebeil%2C+Sophie">Gebeil, Sophie</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=37&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Fourmont+Giustiniani%2C+Eve">Fourmont Giustiniani, Eve</a>
“Studying caregivers' manifestations through web archives”, 3 February 2022, Body Capital (ERC dir. Pr. Christian Bonah), Final Conference, The Harnack House – Max Planck Society, Berlin, <a href="https://bodycapital.unistra.fr">https://bodycapital.unistra.fr</a>
<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=44&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=fran%C3%A7ais">français</a>
Site web
Illustration
Photographie
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