Traité de la peste du docteur Jean-Jacques Manget, écrit au moment de la « grande contagion » de 1720, et est accompagné d’une minutieuse description : « Le nez en forme de bec, remplit de parfums et oint intérieurement de matières balsamiques, n’a véritablement que deux trous, un de chaque côté, à l’endroit des ouvertures du nez naturel, mais cela peut suffire pour la respiration et pour porter avec l’air que l’on respire l’impression des drogues renfermées plus avant dans le bec. Le masque a des yeux de cristal. Sous le manteau, on porte ordinairement des bottines, à peu près à la Polonaise, faites de maroquin du Levant, des culottes de peau unie qui s’attachent aux dites bottines et une chemisette aussi de peau unie dont on renferme le bas dans les culottes ; le chapeau et les gants sont aussi de la même peau. » La baguette portée à la main était destinée à la fois à tenir le malade à distance et à soulever ses vêtements pour examiner sans contact direct les éventuelles traces du mal sur le corps (bubons). Cet habit et ces accessoires, appelé « contre la mort » sur une gravure montpelliéraine, ont-ils été portés à Marseille et en Provence en 1720-1722, tout au moins par ceux qui considéraient la peste comme contagieuse ? Force est de reconnaître que les médecins vêtus de ce costume sont absents de l’iconographie de cette épidémie. Les sources textuelles sont également discrètes indiquant simplement parfois le port d’une « robe de toile cirée qui va jusqu’au talon, un bonnet du même, des gants et des lunettes ». De même il est demandé, dans cette Manière de donner les parfums distribuée à Salon en août 1721, que « les parfumeurs et leurs aides avant que d’entrer dans les maisons soient habillés de toile cirée, avec des gants et des lunettes, qui les couvriront entièrement. » La toile cirée ou trempée dans des « liqueurs préservatrices » composées d’huile de camphre, de millepertuis, de suc de gentiane et d’eau-de-vie avait pour objectif d’empêcher le mauvais air chargé de miasmes pestilentiels d’atteindre le corps du médecin. Elle pouvait réduire les risques de piqûres de puces dont le rôle dans la transmission du mal était toutefois encore ignoré ! Étroitement associée à la peste dans l’imaginaire collectif, cette tenue illustre souvent jusqu’à nos jours les publications qui lui sont dédiées, à commencer par leurs couvertures, sans que les auteurs aient été vraiment consultés. Le docteur Manget, lui-même, dont on reproduit à souhait depuis le XVIIe siècle la gravure du frontispice de son ouvrage ne semble pas avoir été, ainsi qu’il l’avouera ultérieurement, responsable de ce choix...]]> Fürst, Paul]]> Anonyme ]]> Der Doctor Schnabel von Rom (Holländer version), vers 1656.]]> Traité de la peste, recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes, et enrichi de remarques et observations théoriques et pratiques, Genève, Philippe Planche, 1721.]]> 1620-1722]]> Buti, Gilbert]]> Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020, Paris, Le Cerf, 2020.]]> Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722, Ville de Marseille, 2022, pp. 116-120.]]> Pourquoi la peste ? Le rat, la puce et le bubon, Paris, Découvertes Gallimard, 1994.]]> Contre un ennemi invisible : épidémies et structures sanitaires en Italie de la Renaissance au XVIIe siècle, Paris, Balland, 1992 (édition originale italienne : Bologne, Il Mulino, 1985)]]> français]]> latin]]> Der Doctor Schnabel von Rom (Holländer version), vers 1656]]> Traité de la peste, recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes, et enrichi de remarques et observations théoriques et pratiques, Genève, Philippe Planche, 1721.]]> France]]> Italie]]> XVIIIe s.]]> La circulation de l’information sur les modes et les costumes grâce aux gravures, du fait de la vive curiosité suscitée par les coutumes et les tenues d’autres pays ou d’autres régions, généra dans l’Europe du XVIIIe siècle un important commerce d’estampes.

La Colección de trajes de España tanto antiguos como modernos (1777-1788), gravée par Juan de la Cruz définit les stéréotypes régionaux de l’Espagne et donna à connaître hors de la monarchie espagnole la richesse et la diversité de ses régions et de ses habitants. C’est pourquoi les légendes qui permettent d’identifier les personnages sont données en espagnol et en français. La « Gazetera » (la « Crieuse de Gasette et d’Almanachs ») est la deuxième estampe de cette collection et représente l’un des types urbains du Madrid de l’époque.

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Cruz, Manuel de la (dessinateur)]]> Cruz, Juan de la (graveur)]]> Biblioteca Digital Hispánica]]]> 1777]]> 1788]]> Molina Martín, Álvaro]]> https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/]]> Vestir la identidad, construir la apariencia. La cuestión del traje en la España del siglo XVIII, Madrid, Ayuntamiento de Madrid, 2005, pp. 191-221 [open access]]]> espagnol]]> Colección de trajes de España, tanto antiguos como modernos, que comprehende todos los de sus dominios, Madrid, Casa de M. Copin, 1777-1788.]]> Espagne]]> XVIIIe s.]]>