Epître aux médecins français partis pour Barcelone

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Titre

Epître aux médecins français partis pour Barcelone

Description

A une époque où, selon la formule des Lettres champenoises, on estimait que « la prose s’envole ; la poésie reste », on ne tarda pas à chanter en vers l’Odyssée de ces médecins français et sœurs de Saint-Camille partis au péril de leur vie soigner les victimes de la « peste » qui ravageait Barcelone. Ainsi, dès le 22 novembre 1821 Léon Halévy, un jeune homme de 19 ans, lut à l’Athénée royal, une Epître aux médecins français partis pour Barcelone qui fut immédiatement imprimée et devait être le premier des multiples hommages rendus en vers à ces héros nationaux. Au début de 1822, l’Académie française décida que son prix de poésie de l’année suivante serait consacré au « dévouement des médecins français et sœurs de Sainte-Camille [sic] dans la peste [sic] de Barcelone ». Mais Louis XVIII, estimant qu’un tel délai risquait de faire retomber l’enthousiasme unanime suscité par ces sujets qui prouvaient au monde entier que l’héroïsme n’était pas réservé qu’aux militaires, décida de créer, sous l’égide de l’Académie, un concours spécifique qui serait remis en août 1822, et qu’il dota sur sa cassette, de 1 500 francs (l’équivalent d’un peu plus de que percevait en sept mois un colonel en demi-solde, alors que, par exemple, le prix le plus important accordé par les Jeux floraux de Toulouse, l’amarante d’or, n’était que d’une valeur de 400 francs). Quelque 130 poètes et rimailleurs (le quadruple du nombre habituel de concurrents à ce prix) adressèrent leurs œuvres quai Conti et la récompense échut à Edouard Alletz qui (la picaresque n’étant pas le propre que des Espagnols) trempa son manuscrit dans du vinaigre (le désinfectant de l’époque) faisant croire qu’il l’expédiait de Barcelone où il prétendait être né pour mieux émouvoir les académiciens. Sans avoir participé au concours de l’Académie française, d’autres poètes et rimailleurs firent imprimer le fruit de leur labeur, noyant la France sous un déluge d’alexandrins, avec leur lot de chevilles, hyperboles tremblotantes, poncifs en tous genres, voire de stupidité insigne comme lorsque, Bézout de Marmande, voulant pousser au paroxysme l’héroïsme de Mazet eut la niaiserie de s’exclamer :

Hommage aux sœurs de Sainte-Camille,
A Mazet, content de finir,
Et de laisser à sa famille
L’honneur d’un noble souvenir !

Comme le déclara l’auteur d’un compte rendu d’un ouvrage intitulé Manuel préservatif et curatif de la peste, suivi d’un précis sur la fièvre jaune paru dans le Journal complémentaire du dictionnaire des sciences médicales en 1822: « Il est rare qu’on laisse échapper l’occasion de faire de mauvais vers ou un mauvais livre ». Mais pour exécrables que fussent nombre d’entre eux, ils n’en contribuèrent pas moins à propager l’aura de ceux que l’on tenait de toutes parts pour des héros, ce qui constituait bien le seul point d’unanimité entre ses sujets dont pouvait se prévaloir Louis XVIII.

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Relation

Dufour, Gérard, Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille lors de la « peste » de Barcelone de 1821. Médecine, humanitaire et politique sous le règne de Louis XVIII (à paraître).
Hoffmann, Léon-François, La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration, New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches. http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666

Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.), MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.

Référence bibliographique

Epître aux médecins français partis pour Barcelone par Léon Halévy lue à la séance de l’Athénée Royal le 22 novembre 1821, Paris, imprimerie de A. Bobée, rue de la Tablerie n° 9, 1821, 15 p. in-8°.

Source

Bibliothèque nationale de France: YE-24009

Notice du catalogue
Document numérique: NUMM-6209192

Droits

Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF