Titre
Description
Pour soustraire la population de Barcelone aux miasmes porteurs de la fièvre jaune qui se propageaient dans les rues étroites et mal aérées de la ville où il n’était pas rare de trouver un tas de fumier auprès d’une porte de maison et où l’on déposait ordures et cadavres, la Junte sanitaire de Catalogne, persuadée du caractère contagieux de la maladie, décida (assez tardivement, dans la seconde quinzaine de septembre 1821) de déplacer une partie de la population dans un campement installé sur les pentes de la colline de Monjuich, alors extra muros et qui n’était occupée en son sommet que par le fort qui domine la capitale catalane et son port.
Les affaires ne perdant jamais leurs droits, les terrains susceptibles d’accueillir cet hébergement provisoire furent immédiatement l’objet d’une forte spéculation dès que ce projet fut rendu public. Les autorités politiques n’en firent pas moins construire un grand nombre de baraquements, représentés quelque peu naïvement sur ce dessin de Maurin, lithographié par Villain de Sèvres, publié comme illustration de l’ouvrage (fort bien documenté) intitulé Relation historique des malheurs de la Catalogne ou Mémoires de ce qui s’est passé à Barcelone en 1821, paru à Paris en 1822 par l’archiviste de la préfecture des Pyrénées-Orientales, D. M. J. Henry.
Quelque 1 500 personnes purent être ainsi hébergées et les membres de la commission sanitaire française envoyés pour observer l’épidémie songèrent à s’installer dans ces constructions provisoires mais préférèrent finalement continuer à bénéficier du confort douillet de l’hôtel du consulat de France à Barcelone. Contrairement à ce que d’aucuns auraient pu espérer, personne ne put profiter de ce changement provisoire de domicile pour fuir la ville, car le cordon sanitaire, qui séparait jusque-là Barcelone de Monjuich fut déplacé pour englober dans sa surveillance ces habitations temporaires.
La population se montra tout d’abord rétive à habiter ces demeures, d’autant plus que des rumeurs circulèrent sur l’insalubrité du terrain sur lequel elles étaient construites. En particulier, les classes les moins aisées de la population (par choix ou par manque de moyens financiers ?) préférèrent rester dans leurs foyers, et continuèrent à être massivement exposées aux ravages de la fièvre jaune. Et quand, une fois l’épidémie sinon disparue, du moins en bonne voie d’extinction, la municipalité de Barcelone envisagea de vider la ville, quartier par quartier, de ses habitants pour procéder à un nettoyage systématique de la cité, elle proposa par voie d'affiche (voir ci-dessus) d’offrir une demi-piécette (deux réaux et demi, soit 50 centimes de franc, la moitié pour les nourrissons) et un demi-pain par jour et par personne pour convaincre les habitants les moins fortunés de participer à cette translation. Toutefois, les Barcelonais finirent par se convaincre de la protection qu’était censée leur apporter des demeures convenablement aérées : tous les bâtiments finirent par être occupés et l’on établit même un hôpital dans ce « petit village de chaume », comme le qualifia une correspondance particulière publiée par La Ruche d’Aquitaine au début du mois de décembre 1821.
Cette question de l’insalubrité des villes comme source de propagation des épidémies se posa également à Tortosa où pour éviter toute récidive, on envisagea de raser la ville en la faisant bombarder par la marine de guerre avant de finalement renoncer à ce projet.
Couverture spatiale
Couverture temporelle
Type
Contributeur
Relation
Référence bibliographique
Source
Notice n° FRBNF30593671
Notice du catalogue
Document numérique: NUMM-6227331