Titre
Description
Comme en 1804 et 1819 quand s’était déclarée à Cadix une épidémie de fièvre jaune, le gouvernement français dépêcha à Barcelone, en octobre 1821 une commission médicale pour déterminer l’origine de la maladie, observer son évolution et déterminer les moyens les plus efficaces de lutter contre elle. Elle fut composée des docteurs Pariset et Mazet (qui avaient effectué la mission de 1819 à Cadix), Bally, François et Rochoux, qui furent envoyés par le ministère de l’Intérieur, et furent rapidement rejoints par le médecin militaire Audouard, dépêché par celui de la Guerre.
Peu après leur arrivée, alors que le docteur Rochoux, horrifié par l’ampleur du fléau, se sépara de ses compagnons, sans toutefois prendre, comme on le crut alors, le chemin du retour. Mazet succomba à la maladie qu’il avait contractée en visitant un malade, bouleversant l’opinion publique française par son sacrifice (cf. document n° 9).
Tandis que Rochoux fut présenté dans la presse comme un déserteur, ses confrères furent encensés comme des héros au service de l’humanité et eurent droit à la consécration suprême de l’époque : voir leurs portraits ou leurs faits et gestes reproduits dans des gravures que collectionnaient les classes moyennes pour en faire des albums ou en tapisser les murs de leurs demeures.
L’estampe ci-dessus, réalisée par Besselière en 1821 (tandis que les médecins français se trouvaient à Barcelone) et lithographiée par Engelmann, représente au premier plan les docteurs Bally, François et Pariset et, à l’arrière-plan, le docteur Audouard, réalisant l’autopsie d’un cadavre en présence de quelques personnes. En revanche, elle ne fait pas état des deux religieuses de l’ordre de Saint-Camille, d’un étudiant en chirurgie de Montpellier, Jouarry, ainsi que d’un jeune journaliste qui avait fui la France pour échapper aux diverses peines auxquelles il avait été condamné pour motifs politique, Lucien Bousquet-Deschamps, qui s’étaient mis à la disposition des médecins pour soigner les malades et, à ce titre, avaient pleinement intégré la commission sanitaire comme le reconnut d’ailleurs le gouvernement en faisant voter par les chambres, en 1822, (sauf pour Bousquet-Deschamps) une pension viagère destinée à récompenser leur dévouement.
La scène est censée se passer au consulat de France à Barcelone où Pariset, Bally et François s’étaient installés mais le décor représenté (d’un grand, voire trop grand classicisme) est sans doute dû à l’imagination du dessinateur, qui prit également quelque liberté en montrant en arrière-plan (sans doute pour ménager la sensibilité du public) la dissection d’un corps par Audouard alors que celui-ci ne pratiqua les nécropsies qu’à l’hôpital du Séminaire. Mais ce serait une erreur de voir une critique à l’égard des trois médecins qui discourent tandis que le quatrième se livre, peut-être au péril de sa vie, à cet examen clinique post mortem : comme l’indique le titre de la lithographie, il s’agissait de rendre hommage à l’ensemble des membres de la commission. Et de rien d’autre.
Couverture spatiale
Couverture temporelle
Date
Type
Langue
Contributeur
Relation
Dufour, Gérard, « Le dévouement des médecins français et des sœurs de Saint-Camille dans la peste de Barcelone de 1821: un modèle de communication réussie », communication présentée lors de la Journée d’études L’information à l’épreuve des crises sanitaires (France-Espagne, XVIII°s. - XXI°s.) I, MMSH, Aix-en-Provence, 27 novembre 2020.
Référence bibliographique
Appartient à : [Recueil. Collection Michel Hennin. Estampes relatives à l'Histoire de France. Tome 170, Pièces comprises entre les numéros 82 et 14791, période : 1350-1844].
Source
Notice du catalogue (recueil)
Notice n° : FRBNF41510989
Document numérique: IFN-694515