Titre
Description
L’annonce de la mort du plus jeune des médecins envoyés à Barcelone par le gouvernement français pour observer l’épidémie de fièvre jaune, le docteur André Mazet, qui n’était âgé que de 25 ans et avait été contaminé en auscultant un malade, bouleversa une opinion publique tenue en haleine sur son sort par une presse qui annonça, démentit, puis confirma son décès.
De Monsieur, le comte d’Artois, frère du roi, qui fit parvenir à la mère du défunt une somme de 2 000 francs pour l’aider à subvenir à ses besoins, au modeste employé qui contribua pour quelques francs à l’une des collectes qui furent organisées en faveur de celle dont le fils avait sacrifié sa vie en soignant ses semblables ou pour ériger un monument en mémoire de ce héros, chacun voulut contribuer à rendre hommage à son abnégation.
Les hommes de lettres (surtout les poètes, mais aussi des romanciers) en firent un héros national et peintres et dessinateurs ne furent pas en reste. C’est ainsi qu’au salon de peinture de 1822, le public put contempler deux œuvres ayant pour thème la mort de « l’infortuné Mazet », l’une de Xavier Le Prince, l’autre d’Augustin Vinchon dont fut tirée la gravure publiée en hors-page dans les Annales du Musée et de l’école moderne des Beaux Arts. Salon de 1822 reproduite ci-dessus.
La scène, imaginée par l’artiste à partir de ce qui fut rapporté dans les journaux, contient des éléments sinon réels, du moins plausibles, comme la présence de deux femmes voilées dont l’une tient dans ses bras le moribond (les sœurs de l’ordre de Saint-Camille venues se mettre au service des membres de la commission sanitaire) et du jeune homme effondré de désespoir au pied du lit (le journaliste Bousquet-Deschamps, qui s’était réfugié en Espagne pour échapper à la rigueur de la justice et s’était lui aussi mis à la disposition des « médecins du roi de France » comme on disait alors). En revanche, celle, sur le pas de la porte, d’un prêtre portant le viatique accompagné d’un enfant de chœur ne relève que de la volonté de l’artiste de rendre plus édifiant encore le trépas de Mazet car aucun témoin des derniers jours de celui-ci n’a rapporté qu’il avait rendu l’âme muni des sacrements de l’Eglise. En outre, on observe avec quelque étonnement la présence, dans une pièce contiguë, d’une femme en train de se reposer et surtout l’absence des autres médecins de la commission : Pariset (qui affirma avoir assisté son malheureux disciple jusque dans ses derniers moments), Bally ou François.
L’œuvre n’en connut pas moins un vif succès auprès du public, sans convaincre toutefois la critique de sa qualité. Ainsi L’Observateur et Arlequin aux Salons après avoir rendu compte de cette toile et de celle de Bessalière intitulée Les médecins français à Barcelone, déclara sans ambages : « Il y a toujours du mérite pour un peintre à rappeler des traits qui honorent sa nation et l’humanité ; aussi, quoique ces deux derniers tableaux laissent à désirer sous le rapport de l’exécution, ils doivent cependant attirer à leurs auteurs les suffrages du public. » Rendre hommage à la mémoire de Mazet pouvait être un devoir pour un artiste ; c’était surtout une garantie de succès.
Couverture spatiale
Couverture temporelle
Type
Langue
Contributeur
Relation
Référence bibliographique
Source
Notice du catalogue
Document numérique
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5488376t