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Envoyées par leur supérieure, Madeleine Mauroie, avec l’autorisation au moins tacite du gouvernement français, deux religieuses de la communauté parisienne de Saint-Camille, soeur Joseph et sœur Saint-Vincent ( Joseph Morelle et Anne Merlin dans le monde) vinrent rapidement rejoindre les membres de la commission sanitaire mandés à Barcelone par le ministre de l’Intérieur pour déterminer les causes de l’épidémie de fièvre jaune qui y sévissait et les moyens d’endiguer la maladie.
La lithographie de Langrume reproduite ci-dessus ne correspond nullement à la réalité car les médecins pénétrèrent dans une ville déserte et les religieuses n’arrivèrent que plusieurs jours après eux, début novembre. Mais, dans l’opinion publique, leurs sorts furent associés, et le dévouement de ces faibles femmes, mues uniquement par l’amour de Dieu et du prochain, fut souvent l’objet d’une admiration encore plus vive que celle dont furent l’objet les médecins eux-mêmes.
En réalité, leur rôle fut assez effacé : l’une d’elle (sœur Saint-Vincent) atteinte de la maladie, ne sortit pas du consulat de France à Barcelone, et l’autre fut affectée à l’hôpital du Séminaire où, selon le docteur Audouard, les risques de contagion étaient moindres qu’en ville.
Grâce, notamment, à la publication dans la presse des lettres que sœur Saint-Vincent adressa à leur supérieure, ces religieuses n’en acquirent pas moins une gloire prodigieuse qui fit d’elles des héroïnes de romans comme La Sœur de Saint-Camille ou la Peste de Barcelone du chevalier de Propiac (Paris, 1822) et Les Sœurs de Saint-Camille ou Lettres de Julie à Sophie du chevalier Blanc-Saint-Bonnet (Paris, 1823) tandis que les poètes leur prodiguaient louanges et hommages. Ainsi, cette congrégation, dont on ignorait jusque-là jusqu’au nom (puisque l’on parla généralement de l’ordre de Sainte-Camille) et qui ne figurait pas parmi la liste de celles qui étaient établies à Paris publiée par l’Almanach ecclésiastique ou l’Almanach du clergé, acquit ainsi du jour au lendemain une célébrité qui lui permit, grâce à l’abondance des dons qui lui furent adressés, d’échapper à une faillite imminente. Cette retombée financière du dévouement de ces religieuses poussa même un abbé indélicat, nommé Méricot, à prétendre quêter pour elles, alors qu’il gardait par devers lui le produit de sa collecte, provoquant la dénonciation indignée dans les journaux de la supérieure et la réprobation unanime des sujets de S. M.
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Hoffmann, Léon-François, La peste à Barcelone : en marge de l'histoire politique et littéraire de la France sous la Restauration, New Jersey, Université de Princeton ; Paris, Presses universitaires de France, 1964, 102 p. + 5 p. de planches. http://ark.bnf.fr/ark:/12148/cb330437666
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