Vue du Cours de Marseille (avec détails)

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Titre

Vue du Cours de Marseille (avec détails)

Description

Un fléau d’un autre âge dans un magnifique décor urbain:
l
a Vue du Cours de Marseille pendant la peste de 1720 par Michel Serre et celle de Jacques Rigaud

Le Grand cours est la réalisation majeure de l’agrandissement de Marseille décidé par Louis XIV en 1666. Sa largeur est sans équivalent dans le tissu urbain, de même que ses plantations d’arbres et ses bancs qui devaient inviter à la promenade et à la sociabilité. Sur ses deux côtés, les îlots, au gabarit identique, sont constitués par une rangée de maisons dont les façades sont unifiées par un parti décoratif baroque chaque fois différent, de façon à donner l’impression d’autant de vastes palais. Il constitue alors la plus belle réalisation d’urbanisme de la ville, très admirée des contemporains, en particulier les voyageurs de passage à Marseille. Comme dans la Vue de l’hôtel de ville, Serre y montre une situation tragique dont les échevins, aidés par le commandant de Langeron, nommé par le roi, commencent à prendre la maîtrise, d’où la présence de « gens du bel air », comme l’on dit alors, à cheval ou à pied, qui donnent des ordres. Ils sont identifiés par une légende sur le bord inférieur gauche. La Vue du Cours montre en position centrale le petit groupe formé par l’évêque, Henri de Belsunce, et ses proches. Au second plan à gauche, un vicaire général est également entouré de prêtres et de religieux. L’œuvre regorge de scènes de charité, de confession ou d’absolution par des membres du clergé, en particulier franciscains, jésuites, dominicains, carmes, trinitaires, servites, etc. Elle pourrait illustrer le dévouement religieux. Cette toile n’est pas documentée. Sans doute réalisée au cours de l’année 1722, elle n’est mentionné qu’à partir de son exposition à Paris en 1723. Elle offre, comme celle de l’hôtel de ville, une description de la situation qui est corroborée par des témoignages écrits. Les pestiférés tendaient à s’établir le long du cours, où ils espéraient être plus aisément secourus que s’ils restaient chez eux ou dans des rues voisines. On y note en particulier l’action des galériens qui emportent les cadavres, celle des médecins et chirurgiens et surtout l’état des malades et des mourants. Serre a su représenter des bubons sur certains d’entre eux, suggérer les convulsions et le raidissement cadavérique, ménager des contrastes. Une marchande de légumes est établie sur un banc. Au dernier étage du grand îlot de droite, un galérien aidé par un autre homme entreprend la descente par une fenêtre d’un cadavre suspendu par les pieds à une corde, cependant qu’un spectateur est accoudé au balcon de l’étage noble (le premier, au-dessus de l’entresol). La représentation de l’architecture est précieuse. Les vues ultérieures et les éléments qui subsistent permettent d’en vérifier l’exactitude. Le dessinateur et graveur Jacques Rigaud, né à Puyloubier, près d’Aix-en-Provence, en 1680, mort à Paris en 1754, a publié deux versions gravées d’une Vue du Cours et d’une Vue de l’hôtel de ville. La variante dans les deux cas est la présence ou l’absence de deux anges exterminateurs, correspondant au récit biblique de la peste du temps du règne de David (qui n’évoque cependant qu’un seul ange). Les ressemblances avec les deux tableaux de Serre sont évidentes mais la vue de l’hôtel de ville est selon un angle différent, qui a permis à l’artiste de représenter le débarcadère qui le précède (le « carré du port ») et une large partie du quai, jusqu’à la passe encadrée des deux forts. L’hypothèse d’une libre interprétation des oeuvres de Serre semble possible. Ses gravures seront imitées, en général avec des simplifications, au cours du XVIIIe siècle, en particulier pour des vues d’optique. Les scènes de peste s’amenuiseront puis disparaîtront de ces répliques qui, à la fin du siècle, ne présenteront plus que le décor architectural.

Couverture

Couverture spatiale

Marseille, actuel cours Belsunce

Couverture temporelle

Date

Type

Peinture

Langue

Contributeur

Relation

Régis, Bertrand, « L’iconographie de la peste de Marseille ou la longue mémoire d’une catastrophe », actes du colloque Images de la Provence. Les représentations iconographiques de la fin du Moyen Age au milieu du XXe siècle, Marseille, 30 mai-1er juin 1991, Aix, Public. de l’Université de Provence, 1992, pp. 75-87, ill.

Wytenhove, Henri  (dir.), La peinture en Provence au XVIIe siècle, Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 201, pp. 145-146 (notice de M.-Cl. Homet).

Homet, Marie-Claude, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Aix, 1987, n° 121.A. pp. 141-142.

Chevé Dominique,  Signoli Michel, Dutour Olivier, Gilles Boêtsch Gilles, « Réalité et imaginaire de la peste en Europe : représentations iconographiques de l’épidémie », Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2002, t. 125-3, Paris, Cths,  pp. 137-152.

Référence bibliographique

Serre, Michel, Vue du Cours de Marseille pendant la peste de 1720, huile sur toile, 3,17 x l. 4,40
Musée des Beaux-Arts de Marseille.

Source

Musée des Beaux-Arts de Marseille / Ville de Marseille

Ayants droit

Clichés Frédérique Bertrand architecte dplg

Format

huile sur toile : 3,17 x l. 4,40

Support

tableau sur toile