Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette

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Titre

Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette

Description

Que faire des morts ? L'action du chevalier Nicolas Roze à la Tourette (Marseille)

La toile Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette, considérée comme anonyme lors de son entrée au Musée Atger de Montpellier en 1950, a été rendue par Marie-Claude Homet à Michel Serre lors de la grande exposition La peinture provençale au XVIIe siècle tenue à Marseille en 1978 où elle put être confrontée aux deux autres tableaux de l’artiste. Elle n’est pas documentée mais pourrait avoir été commandée par le héros de la scène, le chevalier Nicolas Roze, car elle correspond par ses dimensions à un tableau « représentant l’enlèvement des cadavres de la peste de 1720 » qui est signalé dans son inventaire après-décès. La scène représentée eut lieu le 16 septembre 1720. De nombreux cadavres issus des maisons de la vieille ville avaient été accumulés sur l’esplanade de la Tourette, qui surplombait le mur d’enceinte et dominait la mer entre le fort Saint-Jean et la cathédrale Sainte-Marie Majeure - la silhouette de cette dernière ferme la scène.

Nicolas Roze (1675-1733), qui a été consul au Levant et y a été témoin de la peste, est commissaire général du quartier de Rive-Neuve, au sud du port. Il a l’idée de faire dégager la Tourette par des galériens en précipitant les corps dans deux bastions de l’enceinte dont il fait crever les voûtes - on en aperçoit un au second plan à gauche. Il est lui-même au centre de la composition, à cheval, en compagnie du commandant des galériens et de celui des soldats qui les encadrent. On a distribué aux galériens des mouchoirs imbibés de vinaigre qui leur servent de « préservatifs » selon la théorie aériste de la contamination par le « mauvais air », ici la puanteur qu’exhalent les cadavres. On avait promis aux galériens la liberté mais cinq seulement survécurent. Roze fut atteint de la peste mais en « réchappa », comme l’on disait alors.

La représentation du grand portail plaqué vers le milieu du XVIIe siècle contre le flanc méridional de la cathédrale de la Major est sans égale par sa précision. Cette partie de l’édifice a été détruite sous le Second Empire.

Claude Roze, frère du chevalier, aurait commandé en 1725 une autre toile au peintre parisien Jean-François de Troy (1679-1752). Ce vaste tableau (h., 2,27 x l., 3,77 m, Musée des Beaux-Arts de Marseille) fut gravé à l’eau-forte en 1727 par Simon Thomassin ou son fils Henri-Simon. Le chevalier Roze possédait un exemplaire de cette gravure selon son inventaire après décès. Un autre exemplaire figurait à la fin de l’Ancien Régime dans l’hôtel de ville de Marseille. L’oeuvre originale a reçu maintes repeints abusifs qui ont fait disparaître des détails et ses glaçures. Sa restauration récente les a supprimés ; mais privée de ses couches superficielles et de ses touches de finition, la toile a désormais l’apparence d’une immense esquisse. La gravure de Thomassin a donc été préférée. Comme la plupart des gravures du temps, elle est inversée par rapport au tableau. Aussi, pour faciliter l’identification du paysage, lui avons-nous fait subir ici un retournement horizontal.

Son point de vue est pris depuis les alentours de la cathédrale, en direction du sud. On reconnaît le clocher de l’église Saint-Laurent, le fort Saint-Jean et au large les îles du Frioul. On ignore si de Troy est venu à Marseille - il a peut-être pu voir dans ce cas l’oeuvre de Serre. Il a pu se faire envoyer des croquis pris sur place par un artiste local. À la différence de Serre, il n’était pas témoin de la peste et il est bien moins fiable dans la représentation de l’action des forçats (qui ne sont pas protégés du mouchoir vinaigré et sont prétextes à de belles interprétations du nu masculin). On notera les anges exterminateurs dans les nuées, à la différence des trois tableaux de Serre qui en sont dépourvus. On sait qu’ils figurent dans une des deux versions des gravures de J. Rigaud.

Ces deux commandes privées sont les seules à ne montrer que des pestiférés morts. Leur propos est de témoigner de la bravoure du chevalier Roze et de la part qu’il prit à la lutte contre le fléau. Il en fut de fait assez peu récompensé.

Couverture

Couverture spatiale

Marseille, esplanade de la Tourette

Couverture temporelle

Type

Peinture

Langue

Contributeur

Relation

Wytenhove , Henri (dir.), La peinture en Provence au XVIIe siècle, Marseille, Musée des Beaux-Arts, 1978, n° 203, pp. 148-149.
Potet, L.-Robert, Nicolas Roze, chevalier de Saint-Lazare de Jérusalem et de Notre-Dame du Mont-Carmel (1675-1733), essai de biographie critique, Marseille, 1938, en particulier pp. 131-134.
Homet, Marie-Claude, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Aix-en-Provence, 1987, n° 124.A, pp. 144-145.
Leribault, Christophe, Jean-François de Troy, 1675-1752, Paris, Arthéna, 2002.

Référence bibliographique

Serre, Michel, Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette, huile sur toile, h. 1,25 x l. 2,10 m.

Source

Musée Atger, Montpellier

Droits

Domaine public

Support

Serre: huile sur toile
Thomassin : papier

Original Format

Serre, Michel, Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette
huile sur toile
S. Thomassin d’après Jean-François de Troy, La peste dans la ville de Marseille en 1720
gravure, eau-forte et burin sur plaque de cuivre

Physical Dimensions

Serre, Michel Serre, Scène de la peste de 1720. Le chevalier Roze à la Tourette, h., 1,25 x l., 2,10 m.
S. Thomassin d’après Jean-François de Troy, La peste dans la ville de Marseille en 1720, h : 0, 61 x l : 0, 93 m