Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion

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Titre

Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion

Description

La peste de 1720-1722 a fait naître nombre de textes narratifs, de longueur et surtout de qualité très variables, selon que leurs auteurs ont exercé des responsabilités ou bien ont été des témoins prudents et distants, ou même ont répété les échos qui leur parvenaient de la ville, s’ils s’étaient réfugiés dans leur bastide (maison de campagne du terroir ou des communes voisines). Deux acteurs de premier plan ont publié un récit détaillé de ce qu’ils ont vécu et fait. Nicolas Pichatty de Croissainte (vers 1674-1737) était « conseil[ler] et orateur de la communauté et procureur du roi de la police ». Cet homme de loi était un personnage essentiel de l’hôtel de ville, qui assurait auprès des échevins le rôle que dans les autres villes provençales l’assesseur (conseiller juridique) jouait auprès des consuls. Il a arrêté le 10 décembre 1720 son Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion et l’a aussitôt publié. Le rôle de l’auteur auprès des autorités en fait un observateur privilégié et aussi un acteur direct. Selon le docteur Jean-Baptiste Bertrand, il a été blâmé pour avoir révélé des délibérations entre les dirigeants ; de plus, certains de ces derniers s’estimaient moins loués que d’autres. Les échevins auraient empêché la vente de son ouvrage. Une seconde édition modifiée sur quelques points paraît l’année suivante. En revanche, une publication plus ample qu’il annonçait ne verra pas le jour. Le docteur Jean-Baptiste Bertrand (1670-1752) est un des vingt médecins du collège de médecine de Marseille. Il prend une part active à la lutte contre le fléau et selon ses dires, il aurait été atteint lui-même à trois reprises par la peste, qui frappe durement sa famille. Sa Relation historique de tout ce qui s’est passé à Marseille pendant la dernière peste, est prétendument éditée à Cologne chez Pierre Marteau en 1721, avec réédition en 1723. Cet imprimeur fictif a servi de raison sociale aux auteurs qui ne souhaitaient pas soumettre leurs écrits à la censure et en particulier en France, à des presses clandestines jansénistes de Paris ou Rouen. Cet acteur de terrain n’hésite pas à écrire que ses observations contredisent les théories universitaires des médecins de Montpellier. Ancien élève des oratoriens et jansénisant, il faire preuve d’objectivité au sujet de l’action de l’évêque et du dévouement des jésuites. En 1722 paraît une réfutation anonyme de quelques-uns de ses propos, en particulier au sujet de la consécration de la ville au Sacré-Coeur. Elle est réputée imprimée à Turin et la précision de ses informations suggère qu’elle ne peut guère venir que de l’évêché. Bertrand modifie légèrement son texte dans la seconde édition, parue en 1723. Il fera partie des vingt fondateurs de l’académie des belles-lettres de Marseille en 1726. Mgr de Belsunce, inquiet de voir figurer parmi eux plusieurs jansénistes ou réputés tels, exigera d’en être le vingt-et-unième membre. L’historiographie de l’événement a commencé très tôt à s’élaborer à partir de ces deux ouvrages fondamentaux. D’autres témoignages manuscrits seront ensuite publiés, tel celui du trinitaire Paul Giraud. Certains de ceux restés manuscrits ont été tardivement mis par écrit, ce qui pose les questions du travail de la mémoire et de l’utilisation inavouée des textes déjà parus.

Couverture

Couverture spatiale

Marseille

Couverture temporelle

Date

Type

Livre

Langue

Contributeur

Relation

Bertrand, Régis, « Étudier la « peste de Provence ».Trois siècles d’historiographie », actes du colloque Loimos, pestis, pestes – Regards croisés sur les grands fléaux épidémiques, Marseille, 27-30 octobre 2020, Aix, PuP, à paraître.
Jauffret, Louis.-François (éd.), Pièces historiques sur la peste de Marseille et d'une partie de la Provence, en 1720, 1721 et 1722 [...], Marseille, chez les principaux libraires, 1820, 2 vol. procure les textes de Pichatty de Croissainte, 1ère éd., au t. I, pp. 34-126 (et observations de Jauffret, p. 127-133), des passage de l’ouvrage de Bertrand, t. I, p. 201-229 et le texte de l’Anonyme de 1822, t. I, pp. 230-311.
Giraud, Père Paul, « Journal de 1720 », publié dans [Jauffret Louis-François éd.], Le conservateur marseillais, contenant des fragments inédits, tirés des manuscrits les plus curieux de la bibliothèque de Marseille, Marseille, chez les principaux libraires, 1830, t. II, pp. 41-247.

Référence bibliographique

[Nicolas] Pichatty de Croissainte, Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu'elle est affligée de la contagion. Tiré du Mémorial de la Chambre du Conseil de l'Hôtel de ville […], Marseille, Jean-Baptiste Boy, 1720, 66 p., in-4° et Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille depuis qu’elle est affligée de la contagion. Tiré du Mémorial de la Chambre du Conseil de l’Hôtel de ville […], Paris, Henry Charpentier, Jacques Josse et Pierre Prault, 1721, 172 p. in-12. Réédition, Marseille, Auguste Mossy, an II.

Source

Bibliothèque Nationale de France, département Arsenal, 8-H-14132
Identifiant de la notice:  ark:/12148/cb31104997b
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Droits

Domaine public. Source gallica.bnf.fr / BnF

Éditeur

Impression marseillaise et impression parisienne