Lettres de Marseille, Gazette d’Amsterdam

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Titre

Lettres de Marseille, Gazette d’Amsterdam

Description

Le périodique que l’on appelle couramment au XVIIIe siècle Gazette d’Amsterdam (son titre exact est Amsterdam) est entre 1690 et 1796 un des principaux rédigés en français, grâce à ses rédacteurs et son réseau de correspondants, parmi lesquels un ou des Marseillais. Il paraît deux fois par semaine. Comment a-t-il informé ses lecteurs de l’apparition et la progression de la contagion ? De deux façons très différentes.

Des notes parfois très brèves sont glissées dans la rubrique « France » ; elles semblent souvent refléter la version des bureaux de Versailles : elles minimisent la gravité du « mal contagieux », mettent en valeur l’envoi de vivres ou de chirurgiens et affirment que la maladie est maîtrisée. La rubrique contient avant tout des informations au sujet de la cour, la controverse janséniste et surtout la banqueroute de Law. En revanche, les notes et lettres des rubriques « Italie » ou « Suisse » peuvent révéler la situation marseillaise à travers les précautions et les mesures prise par les autorités de ces pays à l’égard des bateaux ou des marchandise provenant de Marseille.

Des lettres « De Marseille », fournissent des données précises, compte tenu de leur délai d’acheminement jusqu’à la rédaction et peut-être du retard à les publier, compte tenu des autres nouvelles. Le 6 août 1720, une première, datée du 19 Juillet, fournit un bon état des débuts de la contagion, qui y est nommée « peste ». Son auteur insiste sur l’hostilité de Mgr de Belsunce à l’égard des « appelants » (qui appellent au concile général contre la condamnation du jansénisme par la bulle Unigenitus), les pères de l’Oratoire et les religieuses présentines (ursulines).

La livraison du 30 août (n° 70), annonce d’abord en première page, une lettre de Rome du 10 août qui signale l’« interdiction de tout commerce avec la ville de Marseille et autres places voisines ». Une lettre de Gênes du même jour, donne en revanche des nouvelles rassurantes du « mal contagieux » de Marseille. Dans la « Suite des nouvelles », une lettre de Marseille est datée du 16 août : « Nous sommes dans une situation bien triste » écrit son auteur anonyme, qui assure néanmoins que le « soupçon de peste » qui a causé une désolation universelle en cette ville » est en fait « des fièvres malignes ». Elle est suivie de « quelques lettres de Suisse des 17 et 21 août » qui indiquent que le canton de Berne et Genève ferment leurs frontières « jusqu’à ce que les maladies contagieuses ayent cessé à Marseille ».

Les 20 et 27 septembre revient l’affirmation que « les maladies commençoient à cesser à Marseille depuis les bons ordres donnés pour la nourriture et le soulagement des pauvres ». Le 1er octobre, un entrefilet fait l’éloge du commandant de Langeron et indique que l’évêque s’est retiré à l’arsenal, ce qui est faux.

Le 8 octobre des lettres tentent de chiffrer la mortalité et le 15 octobre, la Suite des nouvelles est pour l’essentiel occupée par une lettre datée du 13 septembre (d’un officier des galères?) qui fait un récit détaillé de l’état de la ville et n’hésite pas à employer les mots de « peste » et « bubons ».

Le 15 octobre, un entrefilet affirme que « le mal contagieux » continue de diminuer à Marseille et à Aix » ; le 18 un extrait d’une lettre de Marseille du 20 septembre insiste sur la forte mortalité mais affirme que « le mal diminue considérablemetn » - « un peu » seulement concède la livraison du 29 octobre. Le 5 novembre, une lettre confirme que la mortalité diminue et fait l’éloge du chevalier Roze. Mais le 19 novembre est publiée l’arrêt des États généraux des Provinces-unies qui interdit tout contact avec la France méditerranéenne. Le 29 novembre, la Gazette reproduit la « Lettre de M. l’évêque de Marseille à l’abbé Plomet », datée du 18 octobre, que Mgr de Belsunce fait circuler pour justifier son attitude à l’égard des oratoriens jansénistes. La peste n’apparait plus ensuite que par des entrefilets qui indiquent les précautions que continuent de prendre divers États à l’égard de ce qui vient de Marseille. Enfin le 3 janvier 1721, une lettre défend l’attitude de Belsunce à l’égard des oratoriens et signale tardivement « la procession qu’il fit le jour de la Toussaint, les piedz nuds, la corde au col, en récitant le miserere jusqu’au bout du cours, où il dit la messe ».

Un lecteur qui reprend à la fin de l’année l’ensemble des livraisons a une assez bonne idée, grâce aux correspondants locaux, de ce qui s’est passé à Marseille.

Couverture

Couverture spatiale

Marseille

Couverture temporelle

Type

Presse

Langue

Contributeur

Relation

Rétat, Pierre La "Gazette d'Amsterdam", miroir de l'Europe au XVIIIe siècle, Oxford, Voltaire foundation, 2001.
Bertrand, Régis, Henri de Belsunce (1670-1755), l’évêque de la peste de Marseille, Marseille, Gaussen, 2020.

Référence bibliographique

Lettres de Marseille, Gazette d’Amsterdam, août 1720 à janvier 1721, César Tronchin Dubreuil

Source

Ministère des Affaires étrangères, archives pour les bureaux politiques de Versailles

Voltaire Foundation, Oxford
Édition en CD Rom : Pierre Rétat, Pascale Ferrand, Daniel Roux, « Collection des gazettes de langue française des XVIIe et XVIIIe siècles. Gazette d’Amsterdam 1691-1796 », Oxford, VF, et CNRS/U. Lyon 2, 2000
Réédition en ligne complétée sous la direction de Pierre Rétat : https://gazetier-universel.gazettes18e.fr/periodique/gazette-damsterdam-2-1688-1796

Ayants droit

Voltaire Foundation, Oxford

Texte

Amsterdam, dépouillement de juin 1720 à février 2021.