Modèle du navire Grand Saint-Antoine

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Titre

Modèle du navire Grand Saint-Antoine

Description

Le Grand Saint-Antoine, qui a introduit la peste à Marseille en 1720, devait être assez proche d’un trois mâts carrés ou flûte. Nous ne disposons pas de représentation de ce bâtiment mais, qualifié dans l’acte d’achat de vaisseau « de fabrique hollandaise », il devait être assez proche de cette flûte illustrant un ouvrage publié à Amsterdam au début du XVIIIe siècle. On ignore également le nom du constructeur ou « maître d’hache » mais les essences variées de la quille, des membrures et des bordées, mis au jour par les archéologues, proviennent majoritairement de forêts du bassin méditerranéen. Le vaisseau a effectué plusieurs voyages outre-Atlantique avant sa vente le 9 août 1717 par Jean-Baptiste Magy, puissant négociant marseillais, à Jean Chaud, autre négociant, pour un montant de 12 000 livres-tournois. Nommé Saint Jean-Baptiste lors de la transaction, et pouvant changer de nom en pareille occasion en vertu de l’ordonnance de marine de Colbert, ce navire, fort de 7 000 quintaux ou 280 tonneaux et dit désormais Grand Saint-Antoine, est un « gros porteur » pour l’époque en Méditerranée. En revanche il était bien adapté aux précédents voyages à destination du continent américain. Comme c’est généralement l’usage dans le monde maritime, le navire est une propriété divisée en 24 parts ou quirats. En 1720, les copropriétaires ou quirataires sont au nombre de quatre. Ils sont intéressés pour « un quart chacun » au corps du navire, apparaux et agrès compris. Ces associés sont alors Antoine Bourguet, négociant genevois, le capitaine Jean-Baptiste Chataud, à qui est confié le vaisseau, la société « Guillermy, Chaud et Cie », négociants et beaux-frères du capitaine Chataud, et Jean-Baptiste Estelle, négociant, premier échevin (ou maire) de Marseille et parrain, depuis 1718, d’Élisabeth Chataud, fille du capitaine. Celui-ci, qui a fait escale à plusieurs reprises à Seyde, de 1708 à 1711, y a certainement rencontré le consul alors en poste dans cette échelle du Levant, à savoir Jean-Baptiste Estelle. Par ailleurs, comme c’est souvent le cas dans les grands ports les capitaines ou patrons ne sont pas de simples « conducteurs de navires » mais sont intéressés à la propriété du bâtiment de mer, voire aux opérations commerciales réalisées pendant les expéditions.

Équipé, chargé de marchandises diverses, assuré et monté par un équipage de 39 hommes, capitaine compris, le Grand Saint-Antoine quitte Marseille pour Smyrne, le 22 juillet 1719. De retour à Marseille le 25 mai 1720, il est dirigé à la fin du mois suivant, sur ordre du Régent après le constat de plusieurs décès de « mort précipitée », vers l’île de Jarre située à l’est de Marseille. Des hommes descendent à terre avec des caisses, des ballots et des couffes de marchandises pour y être « aérées ». Mais le 26 septembre, alors que la contagion frappe durement Marseille depuis le début du mois d’août, on procède sur ordre du pouvoir central au « brulement des marchandises, des pacotilles et du vaisseau » à la pointe de l’îlot de Jarron. L’épave calcinée du Grand Saint-Antoine a été découverte en 1978 par une équipe d’archéologues subaquatiques pilotée par Christian Barsacq et Daniel Mouyssinat. Outre quelques objets mis au jour peu après (boulets, poulies, pipes en terre cuite, cordage, étoupe…), une des ancres, identifiée en 1982, a été remontée à la surface en septembre 2012 et soumise à des traitements de conservation-restauration (retrait de la gangue et procédé anticorrosion) avant de pouvoir être exposée au musée d’histoire de Marseille.


Couverture

Couverture spatiale

Marseille-Amsterdam

Couverture temporelle

Date

Type

Illustration

Langue

Contributeur

Relation

Buti, Gilbert, Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020, Paris, Le Cerf, 2020.
Carrière (Charles), Courdurié (Marcel), « Un document nouveau sur la peste de Marseille », Provence historique, n°131, janvier-mars, 1983, pp. 103-108 (document signalé par Pierre Viatte dans les archives hospitalières de Toulon).
Goury, Michel, « Hypothèse de la transmission de la peste à bord du Grand Saint-Antoine », dans Signoli Michel, Dutour Olivier, Boëtsch Gilles, Chevé Dominique, Abadian Pascal (dir.), Peste : entre épidémies et sociétés, Florence, Firenze univ. Press, 2007, pp. 163-176.
Goury, Michel, « Déposition du capitaine Jean-Baptiste Chataud. Complaisance d’un Bureau de la Santé défaillant », Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722, Ville de Marseille, 2022, pp. 71-81.
Goury, Michel, Un homme, un navire : la peste de 1720, Marseille, Jeanne Laffitte, 2013.
Goury, Michel, « Le Grand Saint-Antoine. Les fouilles archéologiques sous-marines d’un navire maudit », Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722, Ville de Marseille, 2022, pp. 33-44.
Saman, Édouard, « Le dernier voyage du Grand Saint-Antoine », revue Marseille, 1984, n°137-138, pp. 39-49.

Référence bibliographique

Modèle du navire Grand Saint-Antoine, dans Dictionnaire de Marine contenant les termes de la navigation et de l’architecture navale, Amsterdam, Jean Covens et Corneille Mortier, 1736 (2nde édition). Gallica / BnF.

Source

Dictionnaire de Marine contenant les termes de la navigation et de l’architecture navale, Amsterdam, Jean Covens et Corneille Mortier, 1736 (2nde édition).

Droits

Domaine public. Gallica / BnF

Original Format

papier

Physical Dimensions

21x27