Médecin de peste

Médecin de peste, dans Paul Fürst, Der Doctor Schnabel von Rom (Holländer version), vers 1656
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Titre

Médecin de peste

Description

Nombreuses sont les relations de peste qui évoquent des médecins portant, dès avant le XVIIIe siècle, une étrange tenue destinée à les protéger du mal, en évitant tout contact avec les malades, au risque de les épouvanter par leur apparence. Ce costume aurait été imaginé en 1619 par Charles de Lorme, premier médecin de Louis XIII, à l’occasion d’une peste à Paris, et porté à Rome en 1656. Il figure ultérieurement au frontispice du Traité de la peste du docteur Jean-Jacques Manget, écrit au moment de la « grande contagion » de 1720, et est accompagné d’une minutieuse description : « Le nez en forme de bec, remplit de parfums et oint intérieurement de matières balsamiques, n’a véritablement que deux trous, un de chaque côté, à l’endroit des ouvertures du nez naturel, mais cela peut suffire pour la respiration et pour porter avec l’air que l’on respire l’impression des drogues renfermées plus avant dans le bec. Le masque a des yeux de cristal. Sous le manteau, on porte ordinairement des bottines, à peu près à la Polonaise, faites de maroquin du Levant, des culottes de peau unie qui s’attachent aux dites bottines et une chemisette aussi de peau unie dont on renferme le bas dans les culottes ; le chapeau et les gants sont aussi de la même peau. » La baguette portée à la main était destinée à la fois à tenir le malade à distance et à soulever ses vêtements pour examiner sans contact direct les éventuelles traces du mal sur le corps (bubons). Cet habit et ces accessoires, appelé « contre la mort » sur une gravure montpelliéraine, ont-ils été portés à Marseille et en Provence en 1720-1722, tout au moins par ceux qui considéraient la peste comme contagieuse ? Force est de reconnaître que les médecins vêtus de ce costume sont absents de l’iconographie de cette épidémie. Les sources textuelles sont également discrètes indiquant simplement parfois le port d’une « robe de toile cirée qui va jusqu’au talon, un bonnet du même, des gants et des lunettes ». De même il est demandé, dans cette Manière de donner les parfums distribuée à Salon en août 1721, que « les parfumeurs et leurs aides avant que d’entrer dans les maisons soient habillés de toile cirée, avec des gants et des lunettes, qui les couvriront entièrement. » La toile cirée ou trempée dans des « liqueurs préservatrices » composées d’huile de camphre, de millepertuis, de suc de gentiane et d’eau-de-vie avait pour objectif d’empêcher le mauvais air chargé de miasmes pestilentiels d’atteindre le corps du médecin. Elle pouvait réduire les risques de piqûres de puces dont le rôle dans la transmission du mal était toutefois encore ignoré ! Étroitement associée à la peste dans l’imaginaire collectif, cette tenue illustre souvent jusqu’à nos jours les publications qui lui sont dédiées, à commencer par leurs couvertures, sans que les auteurs aient été vraiment consultés. Le docteur Manget, lui-même, dont on reproduit à souhait depuis le XVIIe siècle la gravure du frontispice de son ouvrage ne semble pas avoir été, ainsi qu’il l’avouera ultérieurement, responsable de ce choix...

Couverture

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Provence

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Type

Illustration

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Contributeur

Relation

Buti, Gilbert, Colère de Dieu, mémoire des hommes. La peste en Provence, 1720-2020, Paris, Le Cerf, 2020.
Bertrand, Régis, « L’habit du médecin de peste ou l’imaginaire de la peste », Catalogue de l’exposition Marseille en temps de peste, 1720-1722, Ville de Marseille, 2022, pp. 116-120.
Brossolet, Jacqueline, Mollaret Henri, Pourquoi la peste ? Le rat, la puce et le bubon, Paris, Découvertes Gallimard, 1994.
Cipolla, Carlo Maria, Contre un ennemi invisible : épidémies et structures sanitaires en Italie de la Renaissance au XVIIe siècle, Paris, Balland, 1992 (édition originale italienne : Bologne, Il Mulino, 1985)

Référence bibliographique

Médecin de peste, dans Paul Fürst, Der Doctor Schnabel von Rom (Holländer version), vers 1656
Médecin de peste, dans Manget, Jean-Jacques, Traité de la peste, recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes, et enrichi de remarques et observations théoriques et pratiques, Genève, Philippe Planche, 1721.

Source

Paul Fürst, Der Doctor Schnabel von Rom (Holländer version), vers 1656.

Droits

Domaine public

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illustrations d'ouvrages