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Quelles pratiques info-documentaires pour les étudiants face aux cours à distance imposés par le confinement ?
Ce graphique représente les ressources en ligne utilisées par plus de 11 000 étudiants ayant répondu à une enquête par questionnaire concernant la façon dont ils et elles vivaient les cours à distance de décembre 2020 à février 2021.Le présent graphique permet de visualiser les réponses de 11516 étudiants interrogés par questionnaire concernant les ressources documentaires qu’ils ont mobilisé lors des cours à distance imposés, et met en évidence les spécificités des étudiants inscrits en premier cycle. L’analyse des expériences vécues par ces derniers confrontés aux cours à distance lors du deuxième confinement s’appuie sur une enquête par questionnaire en ligne diffusée du 7 décembre 2020 au 21 janvier 2021, en collaboration avec Perrine Martin et Christine Félix. Sa conception ainsi que l’exploitation des données recueillies articulent trois disciplines : les sciences de l’éducation, les sciences de l’information et de la communication (SIC) et les sciences du travail. Comment ces étudiants, ayant déjà fait l’expérience du distanciel, déclarent-ils s’y être pris pour organiser leur travail universitaire et s’approprier les ressources offertes par les établissements d’enseignement supérieur ? Nous sommes intéressées aux représentations que les étudiants ont des conditions de leur mise au travail dans cette situation, et tout particulièrement aux déclarations des étudiants de cycle 1 en première année universitaire de licence (L1). Ce document permet de mettre en évidence le rôle crucial de la maîtrise des compétences info-documentaires en contexte de distanciel subi.
En effet, lorsque les étudiants de première année sont interrogés sur ce qui leur semble le plus difficile à réaliser à distance, ils évoquent en priorité l’organisation de leur travail personnel (54 %, contre 46,7 % chez les autres étudiants). En ce qui concerne la planification de leur travail personnel, les écarts sont révélateurs d’une difficulté à s’approprier une méthodologie de travail universitaire de manière autonome.
Un autre facteur renforçant les difficultés qui pèsent sur le travail personnel de ces jeunes étudiants réside dans la plus faible maîtrise des compétences info-documentaires. Si nous prenons l’exemple des ressources numériques de la bibliothèque universitaire (BU), dont la consultation constitue un critère favorisant la réussite selon l’OVE (2020), 28,5 % des répondants de première année déclarent y avoir recours en ligne contre 40,5 % pour les autres étudiants. N’ayant pas eu le temps de bénéficier de formation dédiée ou de s’approprier les ressources institutionnelles, les L1 se tournent davantage vers des sites web médiatiques ou des plateformes de réseaux socionumériques pour réaliser leur recherche info-documentaire. On constate d’ailleurs que parmi les L1 qui utilisent le site web de la BU, 22,9 % déclarent l’avoir déjà consulté mais aussi avoir utilisé régulièrement des ENT avant ce deuxième confinement, corroborant ainsi les chiffres de l’OVE. Si certaines variations entre secteurs disciplinaires peuvent être observées (une plus forte utilisation de ces ressources de la part des étudiants de ALLSH par rapport aux étudiants de Santé), les étudiants de L1 qui consultent le site de la BU sont aussi plus enclins à se considérer en réussite dans les apprentissages. 54,4 % estiment de manière déclarative être d’un bon, voire d’un très bon niveau scolaire, corroborant le constat déjà effectué par l’OVE lors du premier confinement et les travaux de recherche déjà menés sur les liens entre usage par les étudiants d’encyclopédie en ligne ou des ressources mises à disposition par les enseignants sur Internet et obtention de meilleurs résultats (Alava & Romainville, 2001 ; Dahmani & Ragni, 2009).
L’enquête conduite confirme que l’organisation de l’enseignement, la fréquence des cours ou encore la mise au travail à distance n’ont pas été sans effet sur le suivi et la compréhension des cours proposés. Pour plus de la moitié des étudiants interrogés, le sentiment de solitude ou d’isolement social a impacté la poursuite de leurs études. Le distanciel ne leur a semble-t-il pas totalement permis d’identifier les contenus du travail à maîtriser ainsi que les moyens nécessaires pour se familiariser avec l’ensemble des règles et des codes qui organisent le savoir universitaire. Seuls 8,7 % des étudiants estiment avoir mieux appris pendant cette période d’enseignement à distance.