Antienne à la Sainte Vierge contre la peste / Antienne à Saint Roch aussi contre la peste

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Titre

Antienne à la Sainte Vierge contre la peste / Antienne à Saint Roch aussi contre la peste

Description

Formulaires de prières et talismans individuels

Comme lors des pestes précédentes circulent des occasionnels (feuilles volantes) imprimés ou manuscrits qui portent des prières à la Vierge, saint François, saint Antoine ou saint Roch. Elles pouvaient être lues mentalement par les alphabétisés et aussi lues à voix haute par eux à des analphabètes jusqu’à ce qu’ils les mémorisent et puissent les réciter. Certains de ces occasionnels pouvaient aussi servir de préservatifs. Ils étaient réputés susceptibles d’avoir une fonction protectrice d’amulette pour qui les portait sur lui. Il en était de même de la médaille de saint Benoît, qui était bénie et portée au cou par une chaîne, ou de la croix à double croisetée dite de saint Zacharias  (patriarche de Jérusalem qui préserva la « Vraie croix » lorsque la ville fut prise par les Perses en 614). Des exemplaires de ces deux derniers objets ont été réédités et vendus sur Internet lors de la dernière pandémie de Covid 19.

Prières et cérémonies publiques

Au début de l’épidémie, Mgr de Belsunce, évêque de Marseille, et d’autres évêques ont ordonné au clergé de réciter quotidiennement des prières à saint Roch de Montpellier. Ce pèlerin aurait vécu au XIVe siècle. Il aurait soigné des pestiférés avec succès puis aurait été lui-même atteint par la peste. Il fut mis en isolement mais un petit chien (le « roquet ») serait venu chaque jour lui apporter un pain dans sa gueule et il guérit. Il était donc un intercesseur par excellence. Sur la vignette de l’occasionnel reproduit, un ange dévoile le bubon sur la cuisse de Roch et le roquet est derrière lui.

Les voeux collectifs

Les dirigeants civils et religieux d’une cité pestiférée suivent souvent le schéma biblique de la « peste du roi David » (2 Samuel 24, 7-30) : pour que « Dieu arrête la main de son ange exterminateur », David, sur le conseil de l’ange, a élevé un autel à Dieu. Des conseils de ville font vœu d’élever une chapelle, de financer un hôpital, de célébrer particulièrement la fête d’un membre de la cour céleste qui devient le saint patron de leur communauté.

Henri de Belsunce, les échevins de Marseille et le culte du Sacré-Coeur

Au pire moment de la contagion, Mgr de Belsunce cherche un culte d’intercession nouveau. Il opte pour un culte christique récent, celui du Sacré-Cœur de Jésus, encore très controversé, en particulier par les jansénistes. Il va avoir l’audace de lui consacrer son diocèse, ce qui est sans précédent. Il décide d’organiser à l’occasion de la fête de tous les saints, le 1er novembre, une grande cérémonie expiatoire : une procession, la célébration de la messe sur le Cours et la consécration de son diocèse au Sacré-Cœur. Il traverse Marseille pieds nus, sans mitre et la corde au cou, comme l’avait fait saint Charles Borromée, pour montrer qu’il prend à sa charge tous les péchés de la ville. Il met le diocèse sous la protection du Sacré-Cœur et « en réparation de tous les crimes qui ont attiré sur (la ville) la vengeance du Ciel », il établit la fête du Sacré-Cœur, qui sera célébrée « tous les ans, le premier vendredi qui suit immédiatement l’octave du Saint-Sacrement ». Il sera suivi par la plupart des autres évêques provençaux.

Lorsque la peste revient à nouveau en avril 1722. Mgr de Belsunce obtient des échevins que la ville elle-même soit placée sous la protection du Sacré-Cœur : le 28 mai, les échevins font vœu d’assister à la messe du Sacré-Cœur et d’offrir un cierge de 4 livres portant les armes de la ville. Ils promettent de renouveler ce geste chaque année. Il a depuis 1986 pour cadre la basilique du Sacré-Cœur du Prado. Le texte de la consécration qui est lu chaque année par l’archevêque est une version modernisée de celui composé par Mgr de Belsunce.

La gravure reproduite, due sans doute à l’Avignonnais Jean Michel, est postérieure à 1731 : H. de Belsunce reçut à cette date le pallium, bande d’étoffe qui entoure ses épaules. L’iconographie est encore hésitante. Le Christ tient son coeur entouré d’une couronne d’épines ; il sera ultérieurement représenté sur sa poitrine. La Vierge est figurée en intermédiaire entre lui et les hommes alors que la spécificité du culte du Sacré-Coeur est qu’il s’adresse directement au Christ et à Dieu, figuré sur la gravure.

Couverture

Couverture spatiale

Marseille

Couverture temporelle

Date

Type

Texte

Langue

Contributeur

Relation

Régis, Bertrand, Henri de Belsunce (1670-1755). L’évêque de la peste de Marseille, Marseille, Gaussen, 2020, pp. 157-192.

Référence bibliographique

Antienne à la Sainte Vierge contre la peste / Antienne à Saint Roch aussi contre la peste, vers 1720.

Source

BMVR 2263 77, fonds spéciaux, ville de Marseille

Droits

Domaine public

Ayants droit

Cliché: Régis Bertrand