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Dès l’apparition de la fièvre jaune à Barcelonette (quartier de Barcelone situé près du port) au début du mois d’août jusqu’à la fin novembre 1821, les autorités sanitaires de la capitale catalane (la Junta de sanidad de Barcelona) établirent un bilan quotidien de la situation qui fut publié dans le Diario de Barcelona, journal semi-officiel de la Catalogne fondé en 1792 et son rival, le Diario constitucional de Barcelona, créé en mars 1820 à la proclamation du rétablissement du régime constitutionnel en Espagne, avant d’être repris, sous forme de synthèse hebdomadaire, par les principaux journaux madrilènes à diffusion nationale comme El Universal ou la Gaceta de Madrid.
Comme on peut le voir sur la page du Diario Constitucional de Barcelona du 31 octobre 1821 reproduite ci-dessus, ce bulletin sanitaire précisait, pour Barcelonette et Barcelone le nombre de malades, d’entrées et de sorties enregistrées dans les hôpitaux, de convalescents et de morts. Ces chiffres officiels, qui permettaient à la population de se faire une idée de l’évolution de l’épidémie, étaient toutefois inférieurs à la réalité car ils étaient établis sur les déclarations des médecins, et ne prenaient pas en compte les malades qui ne pouvaient faire appel à eux pour des raisons financières et dont les cadavres étaient abandonnés dans les rues en attendant d’être ramassés pêle-mêle dans le chariot qui les conduirait au cimetière.
Ce caractère manifestement lacunaire du nombre des victimes de la fièvre jaune fourni par la Junta de sanidad de Barcelona à travers la presse locale n’empêcha pas les protestations de ceux qui, au nom de la liberté du commerce et d’entreprise, réclamaient l’abrogation des mesures d’isolement imposées à la population (comme l’établissement d’un cordon sanitaire autour de l’agglomération de Barcelone) et crièrent à la surestimation volontaire, appuyés en cela par quelques médecins dont le Français naturalisé citoyen des Etats Unis d’Amérique Jean Leymerie, qui prétendait « constitutionnaliser la médecine » (voir document n° 16).
Au-delà du caractère parfaitement infondé de ces protestations, le fait est que la presse joua un rôle prépondérant, voire unique, dans la diffusion des diverses mesures prises pour endiguer l’épidémie de fièvre jaune et améliorer le sort des habitants (fermeture du port ; création d’une soupe populaire pour les indigents de Barcelonette ; prohibition des bains de mer de jour à la plage de Santa Madona ; interdiction -pas toujours respectée- faite aux médecins de quitter Barcelone ; obligation aux notaires de prendre les testaments des malades ; limitation du nombre des clients dans les cafés etc.). Naguère, sous l’Ancien Régime, ces informations auraient été diffusées du haut de la chaire dans les églises par un clergé sur lequel les autorités constitutionnelles ne pouvaient plus compter car, parmi les dispositions prises pour limiter la diffusion de la maladie, figurait la recommandation de ne pas assister aux cérémonies religieuses, qui, par la concentration de fidèles, constituaient de redoutables « clusters », comme nous disons de nos jours.
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Ateneo barcelonés. Signatura: 11